Un croisé en Syrie: Roman d'aventure
Par Jean Jossart
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À propos de ce livre électronique
Geoffroy retrouve, à la mort de son père, des lettres de son aïeul, archéologue, révélant l’existence d’un mystérieux objet découvert en Syrie lors de ses dernières fouilles.
Intrigué et désireux d’en savoir davantage à ce sujet, il se trouvera entraîné dans une aventure à l’issue de laquelle il mettra au jour des informations surprenantes et particulièrement sensibles, ignorées ou volontairement occultées jusqu’alors par... l’humanité toute entière !
Et si la vérité n’était pas celle que l’on vous a enseignée ?
Plongez dans ce récit d'aventures ésotériques qui vous fera voyager en Syrie !
À PROPOS DE L'AUTEUR
Officier au long cours et ingénieur industriel, Jean Jossart a effectué de nombreux voyages à travers le monde, non seulement dans le cadre de sa vie professionnelle, mais également à titre privé.
Outre le domaine maritime qui a naturellement sa préférence, l’histoire, plus particulièrement l’égyptologie, la généalogie et les sciences de l’espace le passionnent.
Il poursuit à présent ses voyages au travers d’anecdotes ou de situations parfois vécues pour aborder un autre monde : celui du rêve, celui du roman !
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Aperçu du livre
Un croisé en Syrie - Jean Jossart
Préface
Le présent roman s’inspire d’un voyage singulier, mais combien intéressant, effectué à travers la Syrie et la Jordanie, il y a plus d’une vingtaine d’années, et plonge au plus profond d’un mystère dans des lieux chargés d’Histoire.
Il risque de bousculer certaines certitudes en matière de croyances religieuses.
Mais est-ce surprenant ?
Combien d’entre elles, s’appuyant sur des sources censées irréfutables pour les rendre légitimes et se réclamant d’un panthéon et d’une Vérité uniques, n’ont-elles pas déjà été balayées au cours des siècles par d’autres mouvements mystiques aux dieux et Vérités tout aussi uniques et incontestables ?
— En qui croyais-tu, toi, « L’homme de Pékin »¹, qui vécus il y a 500 000 ans à Zhoukoudian ? Et toi, l’Assyrien Téglath-Phalasar III² ? Avais-tu conscience qu’un Juif de Palestine imposerait sa propre triade divine dans les territoires occupés par tes descendants et que, 600 ans plus tard, un autre visionnaire en ferait tout autant avec un courant religieux divisé à son tour en factions rivales ?
Mais vous, Horus³, Aton⁴, Mardouk⁵, El⁶, Zeus⁷, Mithra⁸ et tous les autres, qu’êtes-vous donc devenus ?
Que de divinités, de croyances, de prophètes, d’illusions !
A quand la nouvelle Lumière du monde ?
Que de certitudes emportées aujourd’hui par le vent de l’évolution des pensées, par la raison et surtout par le bon sens, parfois même par quelques découvertes… !
*
Malgré la description de la plupart des sites basée sur des notes, des photos, des souvenirs personnels et parfois complétée par les informations touristiques reprises principalement dans le Guide Arthaud. Syrie. Jordanie. 1989 et la « La Syrie Aujourd’hui » de Jean Hureau. Éditions J.A. 1987, le présent récit n’est pas un guide de voyage.
Le lecteur aura conscience que, si les lieux, les dates et la plupart des personnages historiques sont avérés, certains faits ou intervenants pourraient être fictifs… sauf preuve du contraire ! Un roman n’est pas un livre d’Histoire !
Il est à noter aussi sur un plan plus anecdotique, que les incidents quotidiens, dérangeants, surprenants ou cocasses, rapportés au cours du voyage, ont été parfois réellement vécus par l’auteur au cours d’une de ses nombreuses pérégrinations dans le monde ! Nul doute que le lecteur fera aisément le tri.
1 « L’homme de Pékin » : son crâne trouvé à Zhoukoudian en Chine et vieux de 500.000 ans, montre des traces de traitement rituel.
2 Téglath-Phalasar III : fondateur du grand Empire assyrien. 745-727 av. J.-C. Il conquiert la Syrie du Nord, Damas et Gaza.
3 Horus : dieu solaire de l’ancienne Egypte.
4 Aton : dieu solaire de l’ancienne Egypte érigé en dieu unique par Aménophis IV devenu Akhenaton. Il est représenté par un disque solaire aux rayons terminés par des mains.
5 Mardouk : le plus important des dieux du panthéon babylonien.
6 El : dieu suprême cananéen, créateur de l’univers des dieux.
7 Zeus : divinité suprême de l’Olympe.
8 Mithra : grand dieu de la Perse antique qui rivalisa un temps avec le christianisme.
1
Syrie
Le Krak des Chevaliers, le 8 avril 1271.
La bataille s’achevait…
Les troupes du sultan Baïbars venaient d’envahir un des derniers bastions des Croisés en Terre sainte : le Krak des Chevaliers.
L’assaut s’était porté sur le flanc sud de la forteresse. Le choc avait été terrible.
Les Arabes par milliers avaient submergé les défenseurs du château qui, malgré un courage hors du commun, s’étaient fait tailler en pièces.
Le royaume de Jérusalem commençait à vaciller…
Aymar gisait, blessé à mort, parmi ses frères d’armes, d’autres Chevaliers du Temple⁹ venus renforcer la garnison du château occupé par les Hospitaliers¹⁰.
De noble lignée, fils de Thibaud, il avait promis au décès de son père d’aller guerroyer comme lui, en Terre sainte.
Malheureusement, le sort ne lui avait pas été favorable.
Maintenant sa vue s’obscurcissait, il partait dans un autre monde…
Il sentit qu’on le fouillait, une dernière pensée effleura son esprit… la clef… le secret… et il expira.
Le soldat arabe emporta son butin et cracha sur le corps en l’insultant : « Chien d’infidèle ! Allah Akbar ! »
Aymar avait vingt-trois ans.
9 Chevaliers du Temple ou Templiers : Ordre de chevalerie créé en 1119 pour protéger les pèlerins sur les chemins menant à Jérusalem. Les Templiers tiennent leur nom du lieu − le Temple de Jérusalem − où fortuitement ils établirent leurs quartiers. Leurs premiers chefs étaient Hugues de Payns, hobereau de Champagne, et Godefroid de Saint-Omer.
10 Hospitaliers : Moines ou laïcs affiliés à un ordre monastique, chargés de l’accueil et de l’hébergement des voyageurs en Terre sainte. L’Ordre, créé en 1099, évolua progressivement en se militarisant.
2
Charleroi, le 8 avril 1971.
— Surtout Geoffroy, fais-y bien attention, ne froisse pas les pages. Prends-les par le haut pour les tourner. Et ne te mouille pas les doigts parce que si ton grand-père savait… !
— Oui, Grand-mère.
— Et dépose le livre sur la table pour le lire.
— Oui, d’accord.
Geoffroy avait toujours été en admiration devant la quantité de livres reliés plein cuir, soigneusement rangés derrière les portes vitrées de l’imposante bibliothèque en chêne de son grand-père paternel, François.
Ce dernier tenait à ses livres comme à la prunelle de ses yeux et personne d’autre que lui n’y avait, en principe, accès.
Pas question que son petit-fils touche à ses précieux ouvrages ! Il considérait sans doute qu’il était encore trop jeune − dix ans à peine − pour s’y intéresser.
Toutefois, contrairement à son idée, deux séries de volumes excitaient vraiment la curiosité de l’enfant.
Il s’agissait d’un Traité d’astronomie contenant de nombreuses et mystérieuses planches en couleurs protégées par une feuille de papier de soie, mais surtout d’une série de gros livres, en papier glacé, traitant des matières les plus diverses et intitulés : Lectures pour tous. Ils étaient enrichis par quantité de dessins et photos.
En l’absence de son grand-père et cédant à son insistance, sa grand-mère l’avait finalement autorisé à en feuilleter l’un ou l’autre, non sans lui avoir donné moult recommandations quant à la manière de les manipuler.
Tous les sujets l’intéressaient mais, plus inhabituellement pour un enfant de son âge, surtout ceux relatant les récentes découvertes en matière d’histoire et d’archéologie.
Au seuil de l’adolescence et curieux de nature, il lui avait toujours semblé extraordinaire de pouvoir découvrir encore de véritables trésors cachés, même si ceux-ci ne correspondaient pas nécessairement à l’image de ceux décrits dans les livres d’aventures pour enfants.
En cela, il ne pouvait nier être l’arrière-petit-fils de Léopold Deroanne, son bisaïeul paternel, archéologue de métier et grand voyageur devant l’Éternel !
Bon sang ne pouvait décidément mentir !
Feuilletant donc avec beaucoup d’attention un « des Lectures pour tous » qu’il avait choisi au hasard, son intérêt se focalisa tout naturellement sur des photos d’objets anciens découverts lors de fouilles entreprises en Syrie, quelques années auparavant, dans les fossés du Krak des Chevaliers.
Il y avait quelques poteries assez bien conservées, des lames rouillées de cimeterres à la forme recourbée et des morceaux de cottes de mailles comme en portaient les chevaliers dans ses bandes dessinées.
Mais qu’était ce Krak des Chevaliers ? Il n’en avait jamais entendu parler. Et où se situait la Syrie ? Franchement, il l’ignorait aussi.
Il s’informa.
— Dis, Grand-mère, c’est quoi le Krak des Chevaliers en Syrie ? Où est la Syrie ?
— Que dis-tu ?
— Où est la Syrie ?
— Euh…, le long de la mer Méditerranée, au sud de la Turquie.
— Et le Krak des Chevaliers ?
— Attends… je regarde.
Sa grand-mère s’empressa de consulter le dictionnaire.
– C’est un château fort bâti par les Croisés en 1170. Tu sais, ces soldats qui partirent en Croisade pour combattre les musulmans au temps de Godefroy de Bouillon. On t’a bien appris cela à l’école, au cours d’histoire ?
— Oui, bien sûr. Il est grand, ce château fort ?
— Le texte mentionne qu’il pouvait abriter une garnison de deux à trois mille hommes.
— C’est beaucoup ?
— D’après moi, oui.
— Et où se trouve-t-il ?
— Je vois qu’il est à la hauteur de la ville de Tartous que tu ne connais pas, comme moi d’ailleurs. Tiens, regarde ici sur la carte. C’est à peu près en face de l’île de Chypre. Tu vois Tartous sur la côte et la route en direction de la ville de Homs ?
— Oui.
— Eh bien le Krak est à environ mi-distance entre ces deux villes.
— Ah, oui, je vois. Quel drôle de nom pour un château fort !
— J’en conviens. Encore deux secondes de patience… on en donne peut-être la signification… ce nom dérive du syriaque karkâ signifiant forteresse.
— C’est quoi le « syriaque », Grand-mère ?
— Geoffroy ! Je ne suis pas une encyclopédie ! C’est une langue ancienne, je pense. Bon maintenant, j’ai autre chose à faire. Continue ta lecture et fais en sorte d’avoir terminé avant le retour de ton grand-père !
Et la conversation en resta là.
Perdu dans ses réflexions, Geoffroy poursuivit attentivement sa lecture.
Arrivé à la dernière page du livre, il eut l’attention attirée par une épaisseur anormale dans la couverture : sous son repli, se cachaient deux feuilles de papier soigneusement pliées.
L’une d’entre elles était partiellement noircie à la mine de crayon.
Il s’agissait, à n’en pas douter, d’une copie rapide et fort artisanale de la surface en relief d’un objet en forme d’écu représentant vraisemblablement un blason aux figures géométriques et aux formes curieuses. On distinguait clairement dans le bas, le dessin de deux cavaliers chevauchant un même cheval. Le reste était imprécis.
La seconde feuille comportait un croquis simplifié, à main levée, en précisant les principales dimensions.
C’était bien un écu long de dix centimètres environ sur six de large.
Curieusement, d’après le dessin, il comportait à l’arrière une tige fixée à angle droit à chacun de ses angles.
Etait-ce pour pouvoir le clouer sur une pièce en bois ou le fixer dans une maçonnerie ?
Peut-être ? Mais alors, pourquoi avoir prévu des pointes de longueurs inégales ?
Il ne poussa pas plus loin son questionnement.
En dessous du schéma se trouvait un texte annoté au crayon.
L’écriture était fine et soignée.
Mon cher François, je joins aussi ces croquis d’un écu en bronze que je viens tout juste d’acquérir dans le village de Qalaat al-Hosn près du Krak des Chevaliers.
Il m’a été vendu par un vieil Arabe esseulé.
Son père, affirmait-il, le possédait depuis de très nombreuses générations.
Ce brave homme semblait sincère. Il respirait la misère et à voir son état physique lamentable, nul doute qu’il paraissait visiblement à bout de ressources, pour ne pas dire « au bout du rouleau ! ».
Ne doutant pas un instant de l’intérêt d’un tel objet tout à fait curieux, je lui en ai offert un très bon prix.
La pièce en question semble ancienne et me donne, à première vue, l’impression de constituer un élément d’un mécanisme assez sophistiqué, mais à quel usage ?
J’ai peut-être une idée à ce sujet !
PS : Garde précieusement ces documents pour le cas où je viendrais à être délesté de mes bagages ! Ici, ni les routes ni les gens ne sont sûrs et certaines trouvailles issues de fouilles sont avidement convoitées…
Les deux feuilles faisaient visiblement partie d’un courrier adressé à son grand-père François par Léopold, le père de celui-ci, mais la lettre originale n’était pas jointe.
« Curieuse coïncidence que mention y fut faite du même site que celui dont parlait l’article du Lecture pour tous », pensa Geoffroy, mais vu les circonstances hasardeuses de sa découverte, il était bien évidemment impensable pour lui de demander des explications complémentaires.
3
Trente ans plus tard…
Quand, au lendemain de l’enterrement de sa mère, il ouvrit la porte de l’appartement que ses parents occupaient dans la banlieue bruxelloise, Geoffroy fut assailli par une étrange sensation, par un serrement à la gorge comme s’il lui semblait encore deviner une présence indéfinissable.
Il avait envie de crier : « Papa, c’est moi… »
Mais personne ne lui aurait répondu.
Ses parents étaient décédés à cinq jours d’intervalle à peine et il lui était difficile de réaliser que le journal encore ouvert dans le fauteuil ne serait plus jamais lu, ni le verre de porto sur la petite table du salon, plus jamais vidé.
La cuisine même n’avait pas été rangée et la vaisselle du dernier repas se trouvait encore dans le fond du bac en inox de l’évier.
Tout s’était passé si vite.
Hospitalisée de longue date, sa mère, très malade, n’avait pas survécu à l’annonce du décès de son père emporté tout à coup par une crise cardiaque. Effondrée, elle avait lâché prise à son tour et l’avait suivi dans la tombe quelques jours plus tard.
Tout un univers familier s’écroulait en une fois.
Il regarda autour de lui, un peu désemparé, n’osant toucher à rien comme si son père allait réapparaître soudainement.
Hélas, seul le silence lui répondit… « Ils ne reviendront plus jamais, Geoffroy, plus jamais… »
Qu’allait-il faire à présent avec tout ce qui l’entourait, avec tous ces souvenirs ?
Son regard se porta tout naturellement sur la bibliothèque en chêne dont son père avait hérité à la mort de ses parents.
Les livres qu’enfant il avait tant convoités garnissaient toujours les mêmes rayons et à voir leur rangement parfait, ils n’avaient certainement plus été manipulés depuis bien longtemps.
Très curieusement, lui-même n’avait plus jamais eu l’idée de consulter les ouvrages jadis interdits.
La vie l’avait emporté ailleurs, vers d’autres centres d’intérêt, vers d’autres horizons.
C’est alors qu’il se souvint de sa lecture clandestine du Lectures pour tous.
Instinctivement, il prit l’ouvrage qu’il avait parcouru trente ans plus tôt.
Il rechercha la page annonçant la découverte des objets dans un des fossés du Krak des Chevaliers.
Que de souvenirs ne lui revenaient-ils pas en mémoire : sa prime jeunesse et surtout ses vacances chez ses grands-parents à Charleroi, berceau de la famille.
Puis, il se rappela soudain les deux croquis partiellement cachés sous le repli de la couverture. Il jeta un rapide coup d’œil : ils s’y trouvaient toujours et découvrit en même temps deux autres lettres de son arrière-grand-père Léopold.
Bien chers François et Fernande,
Je vous envoie quelques nouvelles de Syrie où je poursuis, pour la première fois dans ce pays, des recherches au sein de la mission scientifique belge sur le site du Krak des Chevaliers. La campagne de fouilles, débutée par une autre équipe avant la guerre, avait dû être interrompue.
Le château fort est absolument fascinant tant pour son état de conservation remarquable que par l’atmosphère particulière qui se dégage de ces lieux occupés jadis par les Croisés.
J’ai parfois le sentiment qu’au détour d’un couloir, je vais me trouver face à face avec un de leurs chevaliers en armure !
Jamais encore au cours de mes voyages, je n’avais ressenti une telle mystérieuse et insolite présence, comme si le temps s’était arrêté ici en l’an 1200 de notre ère !
Parfois, j’ai l’impression d’entendre encore un galop de cheval sur la rampe d’accès ou le bruit métallique des armes des hommes de guet sur les courtines !
Comme c’est étrange !
Je voulais vous en faire part pour que vous aussi puissiez partager avec moi les sentiments qui m’étreignent.
Nous continuons nos fouilles dans les fossés proches de la tour sud-ouest et tout nous indique que cet endroit est resté inviolé depuis la nuit des temps.
Les recherches sont passionnantes.
Je vous embrasse affectueusement.
Papa.
Cette lettre était probablement celle à laquelle avaient été joints les fameux croquis qu’il avait jadis découverts.
Il y avait aussi une autre lettre datée du mois suivant.
Bien chers François et Fernande,
J’espère que vous avez bien reçu ma précédente missive car ici il n’est pas rare que le courrier expédié n’arrive pas à destination ! Les timbres, même collés sur une enveloppe, représentent toujours une certaine valeur marchande…
Je reviens sur l’objet dont je vous parlais dans ma note.
Comme je vous l’ai précisé, j’ai la quasi-certitude qu’il est authentique.
Ce qui me conforte dans cette idée, ce sont les figures relevées sur sa face supérieure et sa fabrication artisanale, très ancienne. Il aurait appartenu, d’après la composition du dessin et les livres d’héraldique en ma possession, à un seigneur possédant un château dans nos Ardennes, au temps des Croisades. Les ruines de cette fortification existent peut-être encore ?
On pourrait arguer que la contrefaçon d’un tel objet est toujours possible, mais quel trafiquant d’antiquités, même très habile, aurait eu connaissance d’un blason aussi ancien ? Et le fabriquer à l’identique sur un modèle aussi particulier ?
Tout m’incite donc à penser qu’un chevalier, peut-être un lointain ancêtre de la famille si j’en juge par l’identification presque certaine de ses armoiries et par la curieuse similitude de son nom avec le nôtre, l’aurait emporté avec lui lors d’une expédition en Terre sainte, il y a bien longtemps.
Pour quelle raison ?
Si cette hypothèse se vérifie, l’objet en question devait avoir à ses yeux, une très grande importance et pourrait réserver quelques surprises. C’est du moins ce que je pense, mais je ne désire pas être plus explicite à ce sujet pour l’instant.
Je rentrerai en Belgique probablement à la fin du mois.
Je vous embrasse affectueusement.
Papa.
Voilà bien du courrier qui laissait Geoffroy perplexe !
En dehors du croquis et des vagues figures héraldiques sans signification pour lui, il n’avait jamais vu ce mystérieux objet.
Qu’était-il devenu ?
S’il existait réellement et avait été ramené en Belgique par son arrière-grand-père Léopold, il aurait dû avoir été finalement récupéré par la famille, à moins d’avoir été entre-temps vendu, donné, confié à un musée, égaré ou… volé !
Et puis, il lui vint l’idée qu’il aurait peut-être pu avoir été mis à l’abri dans un coffre ?
