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Zaxia Tracker - Tome IX: Eurybie les Tours de Babel
Zaxia Tracker - Tome IX: Eurybie les Tours de Babel
Zaxia Tracker - Tome IX: Eurybie les Tours de Babel
Livre électronique734 pages11 heures

Zaxia Tracker - Tome IX: Eurybie les Tours de Babel

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À propos de ce livre électronique

Eurybie, la cousine de Zaxia Tracker, vit avec ses deux sœurs Prisca et Ibona dans un univers reculé : Ismaelion. Son oncle Dockrinne utilise un chapelet pour transporter la jeune fille dans un univers impitoyable où elle devra se battre pour survivre.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Richard Bouskila est né en décembre 1982 à Paris 18. Très tôt, il montre des aptitudes à l’écriture et publie 15 poèmes lors d’un premier concours organisé par la mairie du 19ème arrondissement de Paris. Il est ensuite repéré par une maison d’édition qui publiera en 2005 La vie en poèmes, son tout premier recueil. Après des études en comptabilité et en informatique, il se passionne désormais pour l’écriture de romans, plus précisément de littérature jeunesse et de fantasy.
LangueFrançais
Date de sortie10 févr. 2021
ISBN9791037709028
Zaxia Tracker - Tome IX: Eurybie les Tours de Babel

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    Aperçu du livre

    Zaxia Tracker - Tome IX - Richard Bouskila

    I

    Dans le blizzard

    Après avoir brûlé le cimetière Alakien avec le chaudron anéantisseur, nous montâmes sur les Hiboux Grands-Ducs. Quant à moi, je montai sur Bélios le léopard agile, et nous prenions la direction de la chasse gardée de la citadelle d’Alakranne. Nous arrivâmes devant les soldats du roi Syranth III et de son fidèle lieutenant Azbaron lequel, envoûté, essaya de me tuer. Je me transformai derechef en Seth pour les attaquer tandis que les inénarrables me protégèrent des invasions des monstres et de la soldatesque attaquant sur tous les fronts de la forteresse. Nous fussions pris au dépourvu par la puissance de notre adversaire, mais très vite, et grâce à notre sacrilège commis à Alak, les forces des Lares diminuèrent peu à peu à notre avantage, ils devinrent mortels.

    Nous roulâmes du tambour tandis que le tonnerre gronda d’une force indescriptible dans le ciel d’Erainc pensant aussi lourd que le jour où les aérocarp vinrent à incendier la galaxie d’Alakranne. Nous ne pensions pas revoir de vieilles connaissances pendant notre bataille. J’eus à affronter les Grands Barons d’Or à nouveau que j’éliminai sans coup férir. Quant à mon père, Iricon, ce cruel père qui d’instinct m’aura violée quand j’étais petite, nul ne l’a retrouvé. On pensait qu’il était mort. Pourtant, la jarre aux maléfices des mondes parallèles ramena les putréfactions à la vie, lesquelles déferlèrent en masse au Château pendant que nous nous battions. Derrière moi, je vis mes sœurs de guerre Prisca et Ibona qui n’hésitèrent pas à m’attaquer comme leur pire ennemie. Mais étant toujours Seth, elles ne me reconnurent pas, et moi non plus. Les inénarrables ouvraient le bal et moi je m’assurais de les suivre de loin jusqu’à ce que nous trouvions un passage pour nous faufiler aux confins du Château. Il nous fallait accéder à la chambre du trône. C’est alors que la citadelle d’Alakranne connut ces derniers instants. Le roi Syranth III et la reine Syranth IV s’échappèrent de la forteresse sur deux poneys au loin dans l’immense forêt Niklarienne qui vit sa nuit pleine d’étoiles noires, c’étaient les spectres des Folles Abysses venues du fin fond d’Alak prendre leur revanche, et parmi eux, mon père Iricon et ma mère Jaspéra se manifestèrent, et ils leur infligèrent une défaite. Je fus heureuse de retrouver tombés du ciel d’Erain et du toit de Dragonade le prince Antios, sa princesse Eosia, Héra la sylphe, et Folachustin le Dactylien. Devant les inénarrables, je retrouvai mon apparence normale d’Eurybie Wills tandis que le trésor des Wills s’avéra bien être mon fouet. Je fus reine à compter de ce jour. Mais ma joie ne fut que de courte durée. La lutte contre les Illuminati ne faisait que commencer.

    Nous retrouvâmes le tapuscrit légendaire grâce à Nistra qui en acheva la transcription sanskrite. Toutefois, elle me fit savoir qu’il y avait aussi du langage orphique qu’elle ne connaissait pas et me suggéra de chercher de l’aide auprès de Valaken. Les craintes émises par ce grimoire nous poussèrent à une plus grande vigilance. Sur notre chemin, nous devrions entrer en conflit dans une autre guerre. Azbaron, en guise de récompense pour sa victoire au grand tournoi de Geni Locii, monta sur le trône lors d’une soirée exceptionnelle organisée par l’Ambassadeur Spiritrenk, lequel devint mon ambassadeur et gouverneur en chef. Désormais, il travaillerait pour moi. Ces festivités ne furent que de courte durée sous l’agitation d’un drapeau tricolore représentant le symbole de mon pays. Alakranne tomba. Babylone se leva. Heureusement que mon père n’était pas là pour assister à cela. Il n’avait pas fini de me déclarer la guerre tant que je serais en possession du fouet magique, exhorté en cela par ma mère qui n’abdiqua pas. Prisca et Ibona avaient renoncé depuis longtemps à me tenir tête. Elles comprirent que j’étais la plus forte mais leur vénération envers moi datait du jour où elles surent qui j’étais. La guerrière au cœur de pierre. La réincarnation de Seth. C’était moi. Toute une assemblée de semi-guerriers et de semi-guerrières fut sous mes ordres.

    Avant, ma petite armée ne se comptait que sur le doigt d’une main. Maintenant, j’ai tellement de soldats à mes pieds prêts à se battre pour moi que je ne sais plus ceux que je dois tuer et ceux que je dois laisser en vie. Je laissai ainsi mes Généraux décider pour moi. Les inénarrables me protégèrent. Zéphyr, Notos, Euros et Psyché. Je m’étais attachée à eux autant qu’aux autres. Toute la race Syranthanne était en pleine extinction, ils en étaient les survivants.

    Depuis ce jour, nous ne nous quittâmes plus jamais. Je fis leur richesse, je les laissai exploiter des mines, creuser des gisements, découvrir des pierres précieuses à leur profit, sans leur faire signer aucun décret, aucun contrat, aucun engagement stipulant un gain de ma part ou un pourcentage net sur leur profit, comme ce fut le cas pour le roi Syranth III pendant le tournoi de Geni Locii. Ce tournoi d’ailleurs devra être rejoué car la dernière fois, j’eus à me dérober en finale contre Azbaron en usurpant le faux nom de Ganymède quand je n’étais qu’une vagabonde, et une fugitive en cavale recherchée par toutes les douanes d’Obanarek. Nombreux sont ceux qui me vénéraient mais ils furent tout autant à me mépriser. J’eus à entendre, les nuits de pleine lune, les bassesses du campement. Sitôt au pouvoir, j’ordonnai la restauration de tous les royaumes détruits. Les soldats se mirent immédiatement au travail. Ils rassemblèrent des bâtisseurs-forgerons, des cyclopes. Ils permirent à la reine Erhebennia de reprendre la place qui lui revenait et qui lui avait été volée par les Telchines. Je retrouvai ses notes égarées dans les souterrains.

    Puis survint la reconstruction des autres royaumes. Coranne la Stratenne à Schwazani, Annabeth la magicienne de Zoaksize, et Peria d’Huruguard ainsi que tous les autres empires. Les sept petits rois aussi, lesquels durent regagner sans tarder le monde futur en traversant les portes universelles. Le roi Delken s’affairait à ouvrir les mondes parallèles et il permit aux différents chefs de regagner leur état. Ils promirent à Eurybie de faire des tours de Babel l’endroit le plus luxueux et le plus confortable de tout l’Univers et nous souhaitèrent bonne descendance afin que nous puissions avoir un petit prince nommé Thanatos bien que je ne m’y attendais guère. On m’avait imposé un mari dans les obligations qui nous liaient entre roi et reine sous ces régimes dictatoriaux. Le roi Azbaron était heureusement là pour remettre de l’ordre dans ces choses. L’oracle avait scellé mon destin à lui. Je fis néanmoins voter des lois pour m’éloigner le plus possible d’une dictature totalitarisme. Je ne voulais dépendre de personne pour exister.

    Depuis ce jour, nous menâmes une vie paisible mais qui ne dura malheureusement pas. Parfois, Azbaron et ses frères partirent à la chasse en me laissant seule moi qui pourtant leur ai tout donné. Je me sentais lasse. Les seules qui ne me trahirent pas furent mes chauves-souris. Tous les autres se servaient de moi et bien que je fusse reine, mon rôle se limitait à bien des choix. Prisca et Ibona se firent teindre les cheveux en blond et jouaient les apprenties couturières. Elles voulaient sans doute me concurrencer même sur ce point. Moi, j’avais gardé mes courts cheveux roux, je fus jalouse de mes propres sœurs. Je me devais de nommer les marquises et après m’être réconciliée avec mes sœurs en enterrant la hache de guerre, je nommai Prisca et Ibona contre l’avis de mon chef chevalières honorables. Ainsi furent-elles anoblies d’un titre qu’elles ne méritaient pas.

    Un jour ou l’autre, elles finiraient par fomenter un plan pour me détrôner, ou était-ce des mercenaires d’Iricon venus pour dérober le tapuscrit légendaire du monde futur ? Elles avaient bien d’intérêt en se rangeant du côté de Bilial, Grover, Zutrak et Palaph sous la houlette d’Azbaron. J’avais raison depuis le début au sujet de Prisca et Ibona. C’était deux calculatrices qui eurent la chance d’être épargnées par la peste noire. Elles furent bien les seules, mais nous devrions nous prémunir de tout instinct primitif, nous, les bas nobles que nous fussions aux côtés des Barons et des Grands-Ducs.

    Le sanatorium d’Elbabesque perdura et, à la morgue, on retrouva le père Thaumas, Eurydice de Xizion ou encore Lazarus Ducchus, mon brave et fidèle médecin. Après notre triomphe sur l’empire du mal d’Alakranne, un feu d’artifice éclata de mille couleurs avant de nous ramener dans le monde présent presque en quelques instants de liberté. Je m’étais remise à la peinture mais je haïssais toujours les Satyres barbus, moustachus et aux cheveux longs. Azbaron devait m’obéir pour que je continue à l’aimer. Je me sentais légère et libre comme l’air, sitôt rattrapée par mes obligations, je mourrais en silence dans mon coupé court.

    Un matin de plus fit ouvrir les longs cils d’Eurybie dans son beau et grand lit rouge parsemée de fleurs blanches. Ses amours avec le roi Azbaron ne furent en rien dissimulés depuis la naissance de leur premier fils le prince Thanatos. Ils espéraient encore avoir plusieurs autres enfants dans l’exubérance de la folle jeunesse illusoire. Eurybie pensait qu’avoir une longue descendance serait peut-être un bon moyen pour empêcher ses sœurs Prisca et Ibona de prendre le pouvoir. Cela mettrait du piquant aux passations de pouvoir dans le monde futur et causerait bien des indécisions.

    Au bord de l’Étang, Azbaron revint de chasse muni de son porte-étendard, fatigué après le son du Cor. On le vit tout vêtu de harnois au Haubert et au Heaume fier de son écu. Il ôta son casque pour montrer ce qu’il tenait dans la main, un bouquet de houx et de bruyère qu’il cueillit pour Eurybie. Chaque aube, il lui offrit des fleurs, des roses, des joncs et autre pendant la chasse. C’était un grand romantique qui savait se faire charmer par les autres princesses, toutes jalouses et envieuses de la reine Eurybie. Derrière Azbaron, Bilial et Grover à l’estoc et à la cuirasse d’argent, aux gentillettes pourpres arrivèrent aux Tours de Babel, la Hallebarde et la Bardiche collés sur leurs visages miséricordieux.

    Zutrak et Palaph galopaient à petites foulées derrière les tourbières à la queue leu leu, le vent plaqué sur leur Heaume qu’ils ôtèrent pour sentir passer la brise du petit matin. Ils n’avaient point commis de crime mais la capture d’un gibier composé de trois sangliers et douze cerfs ravitaillèrent le camp. De temps à autre, pour respirer l’air de leurs ancêtres, et se remémorer des terres chères à leurs cœurs, les cinq veinards, le roi Azbaron y compris, regagnèrent à dos de mandarque les montagnes de Zoaksize et parmi elles on retrouva aussi bien le mont Folklal, le mont Erhebenne, le mont Dissutran, le mont Zoakel, le mont Folken, le mont Grospan, le mont Annabeth, le mont d’Erfil, le mont Dredanne, et le mont Lila, que des lieux imaginaires d’une beauté démesurée. Ils partageaient leurs vies entre ici et là-bas.

    Quant au prince Antios et à la princesse Eosia, ils devinrent roi et reine d’un nouvel empire baptisé Ismaelion. Eurybie fut heureuse de promulguer une loi à Babylone stipulant qu’ils pourraient garder leur résidence secondaire sur la montagne en Crête. Azbaron et Eurybie donnèrent l’ordre aux cyclopes bâtisseurs de se rendre à Ismaelion pour donner vie à un Château d’Or sur la vieille montagne soufflante d’Isca, là où leur amour pourrait s’épanouir au grand jour comme le leur aux côtés des Dactyles Idéens. Elle fit bâtir une sépulture à leur effigie. Héra et Folachustin se réjouirent de cet heureux dénouement d’autant qu’il en fut de même pour eux. Ils repartirent ainsi chacun de leurs côtés sans se dire adieu dans l’espoir de se retrouver comme avant dans la joie et l’allégresse du bon vieux temps.

    La pyramide Babylonienne naquit comme ce fut écrit dans la prophétie et, après le démantèlement et l’effondrement de l’empire d’Alakranne, les Illuminati regagnèrent tous Alak en ralliement, en grand renfort, non sans faiblir sur le chemin du retour au pays. Iricon et Jaspéra jurèrent la perte des tours de Babel et de cette maudite réincarnation de Seth. Toujours en territoire ennemi, Iricon et Jaspéra s’unirent à nouveau pour former le corps d’élite. Iricon vola tel un oiseau à Alak avant de s’insurger au cimetière incendié devant une assemblée composée de trois cent mille armes pour tout autant de chars. Il ne restait que des ruines et un gigantesque terrain neutre de cylindre et de barillets qui serviraient de nouvelle base et de repaire aux Lares. Ils rassemblèrent de nouveaux éléments en dehors des sorciers, ce que l’on appelait les chirurgiens de Typhon, tout vêtu de tatouages et de balafres tenant des épées ou des haches à la main. Ils détestaient les prêtres, les nones, les magiciens, les chamans, et le clergé, tout ce qui pouvait avoir un lien avec la magie blanche, ils le chassaient. Iricon donna des instructions et des recommandations à ses Satyres qui l’écoutèrent avec la plus grande intention. Il promulgua un traité de guerre qu’il eut bien l’intention de faire signer à sa petite fille chérie avec la complicité de Jaspéra. Le trésor des Wills était toujours sur leurs lèvres flottantes. Leur audace ne connaissait décidément aucune frontière et pour eux tous les gouffres sont bons, même ceux les plus distants. Les fantômes et les âmes errantes jonchaient Alak tandis qu’ils se hâtèrent pour écouter le discours qu’Iricon allait faire à ses soldats. 

    « Aelion le sphinx et Grymp le grype, mes deux fidèles messagers m’ont rapporté de bien mauvaises nouvelles. À présent, nous sommes mortelles ce qui signifie que nous n’avons plus rien à redouter des rayons du soleil. D’un autre côté, c’est le pire des inconvénients qui soit, car si nous perdons cette seule vie, nous mourrons et nous ne ressusciterons plus jamais. La jarre aux maléfices n’existe plus. Elle a été détruite en même temps qu’Alakranne. En tout cas, la Syranthanne ne nous importunera plus. Hormis les inénarrables, ils sont tous morts. Ce cher Syranth II pensait pouvoir me succéder et monter sur le trône, mais comme vous le voyez, il a échoué, et j’ai pu récupérer mon grand amour, celle que j’ai toujours aimé et qui pourtant s’est bien détourné de moi, mais je ne lui en veux pas. Ma chère Jaspéra. Tu as eu une descendance avec mon ennemi, mais ils ne me dérangeront pas dans mes projets. Tu es précieuse à mon cœur. En revanche, je ne peux pas en dire autant de Prisca et d’Ibona. Elles sont comme ces hyènes et ces loups. Elles n’ont pas hésité à nous lâcher pour se ranger du côté d’Eurybie, mais nous le leur ferons payer, à elles, à Seth, à Azbaron, et à Babylone. » Et là, on entend l’assemblée s’extasier par des hourras comme au premier jour.

    Après leur terrible défaite, les Telchines se reposèrent à Alak en réfléchissant sérieusement sur le moyen de vaincre la réincarnation de Seth et de lui dérober le trésor des Wills. En attendant ce grand bonheur, Zéphyr prit la soudaine décision de recruter de nouveaux membres parmi sa petite armée de Syranth à Babylone. On le surnommait le juge car c’est lui qui prenait toutes les décisions et les autres devaient lui obéir et à la reine Eurybie. Seulement, ses motivations étaient tout autre. Le juge et chef des inénarrables prit la décision de recruter un colonel, un sergent, un caporal, un sous-chef et un amiral, le commandeur de l’armée de la Baroud d’Honneur. Pour veiller sur la garde du roi et de la reine de Babylone, il nomma Borée l’introverti génie Syranth XXIV, Hyacinthe l’évasif envahisseur Syranth XXV, Euterpe le fainéant obséquieux, Syranth XXVI, Amphion l’éternel vaseux, Syranth XXVII, notre capitaine aussi notre amiral en chef, qui dirigerait désormais mon armée avec Psyché, Notos et Euros. « Sans compter Zéphyr, ils seraient sept Syranth de 20 à 27. Merci de leur faire bon accueil. » Mais devant Zéphyr, personne ne lui dit qu’on ne voulait pas qu’il prenne sa retraite. En dépit de sa fatigue, on voulait le garder parmi les inénarrables. On ne lui dit pas non plus ce pour quoi il avait l’intention de présenter sa démission. Peu de temps après la bataille contre Alakranne, il aperçut pendant un bain une blessure au genou faite par un Ogre qui l’empêcherait peut-être de disputer d’autres batailles ou qui lui coûterait la vie. Car ne l’oublions pas, à cause d’Eurybie, tous les Telchines devinrent mortelles. Cela signifie en d’autres termes qu’ils vécurent de nouveau une vie normale loin des cures de régénération dans les tombes et la peur des rayons du soleil. Babylone, les tours pyramidales, s’élevaient si haut dans le ciel d’Erainc que l’espoir des Vaplaikiens fut partagé entre les cardinaux vicaires et les seigneurs évêques du clergé séculier après qu’ils eurent à faire vœu de chasteté, ils firent le baptême du petit prince Thanatos, fils d’Azbaron le grand et d’Eurybie la guerrière au cœur de pierre. On fit de Zéphyr un bon pontife. On l’appela aussi sultan en hommage à son vieil âge certainement.

    Les comtes usaient de la décapitation du Vicomte Savarak pour avoir subjugué le trésor royal avec l’aide de la Baroud d’Honneur. Ce crime demeurait impuni des nobles sieurs. Tous se rappelèrent aussi les circonstances de la mort du Baron Ophion, noyé dans les eaux par les Harpies qui dévorèrent ses os. On reparlait enfin beaucoup du prince Fax avec la Comtesse Ilajate passionnant follement les historiens et les écrivains de l’empire babylonien. Le prince fieux avait fini par réapparaître et élimina son frère au cours d’une bataille. Il fit de la Comtesse Ilajate son épouse au grand dam de son père le Baron Darenk, satisfait néanmoins qu’elle n’eut pas à être la femme de ce lutin Comte Arion. Elle aussi dut répondre comme Eurybie à des engagements et à des obligations contractuelles. Elle se recueillait sur les pierres runiques de ses êtres chers comme Eurybie alla se recueillir sur les tombes d’oncle Dockrinne, oncle Duckenne et oncle Varouchmenk. On avait adressé une sépulture à leur effigie, en hommage à leur titre de noblesse.

    Comme on le sut, Eurybie s’était remise à la peinture. Elle se réjouissait à l’idée de réutiliser la vieille palette gouache des Wills. Peindre de ses beaux pinceaux était toujours sa grande passion, et les Vaplaikiens s’arrachaient toujours à prix d’or de Berhenk ses nouvelles toiles. Une mise aux enchères allait même avoir lieu en son honneur pour commémorer la grande naissance de l’empire Babylonien représentant avec ses souverains la renaissance d’un tout nouveau monde imaginé invulnérable baigné dans la prospérité d’éradiquer les Lares pour de bon.

    Au crépuscule à Babylone, la mise aux enchères des tableaux d’Eurybie commença. Tous les Vaplaikiens et les Babirouakiens avaient fait le déplacement. Ils venaient de bien loin pour conquérir un tableau de la reine Babylonienne. Les cavaliers et les chevaliers se rassemblèrent autour des gladiateurs pour un défilé. Les marquises et les princesses venues de tous les royaumes arrivèrent elles aussi en calèche. Eurybie interrogea les prédictions de l’oracle pour connaître l’issue de cette mise aux enchères. Elle ne pensait pas qu’un jour, ses toiles feraient fureur et pâlir de jalousie toutes celles et tous ceux qui s’en enticheraient. La présence de Lunedemiel fit plaisir à voir. Elle n’était pas retournée dans son chenet avec les autres dryades à Xizion. Elle comptait repartir là-bas avec au moins une toile. Il y avait même ElgrandSaks de Sitarnel. Pour remercier Eurybie de leur avoir bâti de nouvelles forteresses, le roi Nérée et la reine Peria, Coranne la Stratenne, Annabeth la reine de Zoaksize, Erpron le roi de Zoaksize, Nistra, la mère d’Eranne la princesse cartomancienne au cœur pur, la reine de Jezentz, Balbek, le roi de Jezentz, Peria la reine d’Huruguard, et Nérée, le roi d’Huruguard, participèrent eux aussi à la mise aux enchères des toiles en compagnie des mandarques, des dioscures, des Harpies, des oiseaux Perdreaux, des oisillons, des chauves-souris, des Hiboux Grands-Ducs, des dragons, des Minotaures, des centaures, des lutins, des elfes, et toutes les autres créatures terrestres, volantes et aquatiques. Même le roi Antios, la reine Eosia, le roi Folachustin et la reine Héra étaient présents.

    Dans la foule, la Comtesse Ilajate remarqua toujours le Comte Arion qu’elle fit tout pour éviter, mais son cœur la trahit encore une fois. Il ne manquait personne, sauf les deux personnes qui comptèrent le plus pour Eurybie dans le passé, c’est-à-dire son père et sa mère. Elle pourrait compter sur Prisca et Ibona cette fois, même si leurs intentions n’étaient que calculées. Elles restèrent debout, armées de leur Heaume et de leur Haubert, en compagnie de Bilial, Zutrak, Grover et Palaph, lesquelles tinrent toujours cheville enflée au roi vénéré chanceux Azbaron qui trônait fièrement au sommet de Babylone aux côtés d’Eurybie. Les trompettes firent du tam-tam, et la mise aux enchères des premières toiles put commencer. 

    L’ambassadeur et gouverneur Spiritrenk montra les toiles une à une en fixant un prix minimum, et comme on put s’y attendre, on battait déjà des records. On monta jusqu’à mille Berhenk pour une toile, puis on parla après de millions. Les surenchérissements s’élevèrent en querelle jusqu’à la tombée de la nuit. Voici les quelques noms des heureux chanceux qui repartirent de Babylone avec une toile à la main :

    Oseria de Vaplaike, Natralia de Schwazani, Rune d’Ismaelion, Héméra de Zoaksize, Hygie d’Alak, Echidna de Babirouak, Lunedemiel de Xizion, Irène de Dagareth, Elgrandsaks de Sitarnel, Polipa de Palaorma, Bece de Palimos, Narka de Dragonade, Schek d’Ismaelia, les lutins de Jezentz, Peria d’Huruguard, Hestia de Delspirak, Calliope d’Obanarek, Urana de Valvaguard.

    Il y en eut encore beaucoup d’autres qu’on ne nommera pas pour la postérité. Il faisait désormais nuit noire à Babylone tandis que les festivités cessèrent. Toutes les toiles avaient été vendues. Toutes les sommes iraient aux villageois et aux mendiants pour aider les reconstructions de leurs bâtisses. Ce fut une belle journée en perspective, loin des terres du passé, et des guerres répétées. Mais on se doutait bien au camp Babylonien qu’Iricon et Jaspéra réapparaîtraient tôt ou tard. Eurybie, Prisca et Ibona uniraient leurs forces contre leurs parents si jamais cela devait se produire. La reine Héra regagna Vaplaike avec Lialagol la sylphe, heureux que tout soit rentré dans l’ordre. La forgeronne reprit ses bonnes activités tandis que les villageois et les mendiants purent compter sur l’argent récolté pendant la mise aux enchères des toiles d’Eurybie pour refaire peau neuve. 

    Le Comté de Vaplaike redora son blason. Les Dactyles Idéens leur promirent de souvent venir leur rendre visite et de leur écrire autant que possible. Le roi Folachustin tomba amoureux de la reine Héra après s’être convolé à la nuit de noces précédant leur mariage, ils eurent une petite fille ensemble appelée Eunomie. Le roi Antios et son épouse la reine Eosia à Ismaelion eurent aussi une petite fille dans les temps qui suivirent appelée Hespéris. Ces deux enfants représenteraient le futur avec Thanatos. Tous trois jouaient souvent quand ils se retrouvaient. Cette union fut célébrée sur la terre entière, tandis qu’il leur arrivait de recevoir des présents transmis par l’intermédiaire d’humbles serviteurs et de messagers. Ainsi menèrent-ils tous une vie heureuse pleine de sérénité et de jouvences.

    Le tournoi de Geni Locii fut rejoué en terre vaste et dense comme prévu, et ce fut Prisca et Ibona qui arrivèrent en finale. Elles succédèrent à Azbaron et Ganymède. Le prince Fapolenne l’avait parié avec Céto. Ils étaient convaincus tous deux qu’elles se hisseraient jusqu’en finale. Le Comte Arion était toujours la cible préférée de Céto, lui-même revint d’un long apprentissage avec les arpettes Prisca et Ibona de Fapolenne. Ce dernier s’était attaché aux sœurs Wills à leur en faire la cour depuis qu’elles furent anoblies et débarrassées du prince Anchiale Justick Reggan et du prince Phorcys Dickins. Pourtant, ils finirent à leur tour par réapparaître de la jarre aux maléfices en même temps que Prisca et Ibona, et servaient à présent le roi et la reine de Babylone. Fapolenne et eux se provoquèrent souvent, et il leur arrivait bien de régler leurs comptes dans la forêt Niklarienne à coups de sortilèges d’obscurcissements à l’abri des putréfactions et des regards houleux et bien indiscrets.

    Les soldats n’avaient pas la permission de Sa Majesté d’empiéter et chasser sur leur terre. Fapolenne remit les choses à plat et les menaces de se souvenir de comment est mort le Vicomte Savarak. Ils furent conviés par Prisca et Ibona de renoncer à leur pouvoir. Ils renoncèrent. Elles les tuèrent sans vergogne. Ces deux nymphes étaient semble-t-il craintes à Babylone non pas comme guerrière mais comme stratège plein de machiavélisme et de longue magnificence.

    Ce fut Ibona qui l’emporta, et elle réclama à Eurybie le demi-milliard de Berhenk promis. Seulement, la reine n’était pas dupe. Elle demanda à Ibona de la battre, elle, pour avoir droit à cette somme, correspondant aux montants récoltés aux enchères des toiles. Comme on put s’y attendre, Eurybie l’emporta, et elle tint une lance en joue contre sa sœur cadette affaissée et gisante sur le parterre. La reine éleva la voix en lui disant de redescendre sur terre, et qu’elle et Prisca auraient encore du chemin à faire avant de la détrôner. Elle rendit la lance à ses serviteurs en la jetant pour qu’ils la rattrapent de loin, et elle repartit ainsi à la citadelle en marche lente, laissant Ibona dans tous ses états, laquelle jura sur son honneur bafoué de se venger quand le moment sera venu. Elle en arrachait à la main les herbes vertes des vertes collines de la forêt Niklarienne. Azbaron pensait qu’elle avait été loin cette fois. Tout ce que voulait prouver Eurybie, c’était que ses sœurs n’avaient pas intérêt à marcher sur ses pieds. Leur rivalité ne faisait que commencer. Cette époque marqua la fin du premier cycle de guerre entre la magie blanche et la magie noire.

    On apprit plus tard que l’assassin du prince Fax n’était autre que Céto en faisant accabler à sa place le prince Fieux son propre frère au cours d’une croisade. Ce fut le Comte Arion qui le découvrit grâce au Baron Darenk alors qu’il lui expliqua ses motivations qui l’ont contraint à s’opposer au mariage avec sa fille la Comtesse Ilajate pourtant toujours très éprise de lui. Le Comte Arion avait l’intention de déclarer une guerre au prince Fieux pour laver l’affront qu’il avait subi à cause du prince Fax. Il restait sur ses gardes perpétuellement, car il redoutait les manigances et les conspirations. Mais le prince Fieux n’avait rien à redouter du Comte Arion. Il l’attendit de pied ferme. Cette effervescence suscitée attisa la curiosité d’Ibona qui profiterait de la moindre défaillance d’un noble pour se venger de sa sœur aînée et reine Babylonienne.

    Un jour, Les Telchines mirent en place leurs nouvelles recrues à Alak. Cela expliqua leur inertie. Iricon avait fait épier la forteresse Babylonienne par Aelion le Sphynx et Grymp le grippe. Il avait l’intention de les attaquer une nouvelle fois mais Jaspera l’en déconseilla. Ils étaient tous deux en éternel désaccord depuis quelque temps. Les Lares apprirent par leurs messagers les descendances du futur comme Thanathos, Hespéris et Eunomie ainsi que les recrues des inénarrables sélectionnés par Zéphyr lui-même, c’est-à-dire les autres Syranth. Borée, Hyacinthe, Euterpe et Amphion. Ils savaient qu’à présent, la tâche serait plus ardue et la conquête de Babylone plus rude. Iricon pensait que le clergé séculier voulait à tout prix protéger le trésor des Wills. « Las des tempêtes et de la frénésie des pluies autour de moi tournoyantes et tourbillonnantes à souhait » eut-il dit à Jaspéra. C’était un matin comme les autres, mais ce matin-là, Azbaron et ses frères n’allèrent pas à la chasse mais à la guerre. Ils avaient appris en effet que les Telchines avaient envoyé leurs premières armées ravager les terres Babyloniennes.

    Le roi Azbaron et ses frères rempliraient leur devoir pour préserver le trésor des Wills et empêcher quiconque de s’introduire illégalement hors des frontières. Mais Eurybie eut un mauvais pressentiment. L’oracle réagissait, mais le trésor des Wills aussi. Tous deux prédisaient un drame qui allait bientôt se produire. Eurybie redoutait le pire. Il lui était impossible de rester là sans rien faire à attendre bien sagement le retour d’Azbaron. Cela ne lui ressemblait point. Elle convoqua à la rescousse les inénarrables qui n’utiliserait pas les Hiboux Grands-Ducs pour une fois, mais les accompagnerait. Eurybie quant à elle, appela les chauves-souris et Bélios le léopard agile. Elle emporta le tapuscrit légendaire avec elle. Prisca et Ibona jaillirent, suppliant leur sœur de ne pas partir en nouvelle guerre contre les Telchines. Elles aussi redoutaient le pire. La Comtesse Ilajate fut mise à l’abri par le Comte Arion tandis que le prince Fieux était parti en la laissant à son propre sort. Il rejoignit l’armée d’Azbaron à son tour. Fapolenne chevaucherait aux côtés du roi. Il aurait cette chance en sa qualité de grand guerrier. Les frères de combat tinrent les Heaumes et les Hauberts comme s’il s’agissait encore du tournoi de Geni Locii. 

    Le clergé prendrait aussi une part active au combat. Tout vêtu de Harnois, les Hallebardes et les Bardiches étaient prêts à rendre la justice. Ils enfilèrent les gants, un air féroce, et on entendit le bruit aigu de leurs armures. Prisca et Ibona les deux chevalières rejoignirent rapidement les autres sur deux dioscures destriers. Azbaron pensait qu’Eurybie resterait en arrière dans les Tours de Babel, mais elle le suivrait de loin aux côtés de la Baroud d’Honneur à l’amble. Elle espérait simplement ne pas perdre les fuyards de vue dans la brume et le brouillard de la forêt. Zéphyr accompagnerait les nouvelles recrues dans leur première bataille, histoire de leur mettre le pied à l’étrier sur les palefrois. Il pensait ainsi qu’il valait mieux les suivre pour voir comment ils se débrouilleraient et comment l’amiral Amphion dirigerait comme il le surnommait : le troupeau des sept (faisant sans doute référence à la réincarnation de Seth). Zéphyr, bien que blessé, n’abandonnerait pas ses Généraux. Ainsi le voulurent Notos et Euros. Ils avaient encore besoin des enseignements du vieillard pour se perfectionner et assumer pleinement leur rôle de Baroud d’Honneur.

    Le troupeau des sept partit avec quelque temps de retard après qu’Azbaron ait sonné le son du Cor une fois tous les gladiateurs rassemblés autour de lui. Ils étaient au moins cinq cent mille à s’affairer dans les tourbières. Le roi leur donna l’ordre de rengainer leurs armes pour ne pas être gênés pendant la chevauchée, et de bien tenir les rênes, et d’être confortables sur les selles, sauf pour les téméraires comme Fapolenne, qui eux, préférèrent se vouer au grand galop au risque de se faire désarçonner. L’ennemi approche. Il avait envahi l’orée de la forêt Nikla. La bataille se déroulerait certainement dans l’immense forêt. On avait l’impression qu’elle grandissait de jour en jour d’hectare en hectare si bien qu’on n’en distinguait même plus la fin du commencement, excepter au loin la ramification des rameaux pliés en brindille à même la brume taillés dans le roc.

    Aux extrémités, on aperçut sur les pentes douces les fougères des tourbières surplomber les champs de vigne aux kylix exagérées et au blé fin. Une colline d’églantier montait légèrement en hauteur, froid et danse des vents du Nord. Plus loin encore, les houx et les bruyères étaient le point de repère d’Azbaron qui alla là-bas le matin pour cueillir des bouquets à Eurybie avec des joncs et des genêts dans les landes. On distingua des hêtres et des sapins à l’opposé de la forêt cette fois jonchant la forêt de plaine et les rivières aux reflets d’or et d’argent.

    Très vite, l’assaut donné déferla en se dispersant jusque dans le vallon. Le mauvais pressentiment communiqué par l’oracle à l’exégète disait vrai. La brume et le brouillard finirent par semer une redoutable confusion. Eurybie ne repérait même plus les inénarrables tandis qu’elle poussa des Hé et des Ho mais toujours sans réponse. Elle descendit de Belios le léopard agile qui prit la fuite par l’Ouest et demanda aux chauves-souris où elles étaient. La brume blanche se concentrait autour en amont et il ne fut plus possible d’y voir à un hexamètre dactylique. Quelques pas hésitants suffirent à Eurybie pour comprendre qu’elle s’était perdue dans une agitation haute en couleur. Elle ne connaissait même plus la route pour regagner Babylone. Comment allait-elle faire pour revenir sans parchemin et sans boussole pour la diriger ? Elle ne s’était pas parée à cette éventualité. Elle se sentait déconcertée, l’air abattu, fixant ses mains en s’asseyant sur le seul rocher qu’elle trouva près de la cascade. Elle regarda l’écoulement des chutes d’eau, inerte, déboussolées, et ne sachant plus quelle heure il était. La seule chose qui l’empêcha de perdre espoir fut le tapuscrit légendaire qu’elle s’était donné tant de mal à récupérer. Le seul moyen qu’elle trouva pour lancer un cri désespéré fut de jeter le grimoire dans l’eau. Elle pensait ainsi que quelqu’un finirait par le retrouver et saurait où elle était.

    Azbaron se retrouva seul avec Fapolenne tandis que ses frères qui galopaient à leurs côtés en compagnie de Prisca et Ibona avaient eux aussi disparu, ainsi que toute l’armée, et petit à petit, chacun comprit qu’il faisait face à ses propres doutes. Tout le monde se perdit les après les autres. La chaîne s’étira au point de les avoir tous perdus. Et qu’était-il advenu des Telchines ? Pour couronner le tout, une tempête fit son apparition dans le ciel d’Erainc quand l’orage brumeux éclata en sanglot de grêle.

    Dans l’empire d’Ismaelion, le roi Antios et la reine Eosia apprirent par leurs serviteurs et plus exactement par Bebelia la sorcière, Elgrandsaks et Lunedemiel les malheurs de Babylone – et qu’après être partie en croisade – les armées montées de main de maître par Azbaron étaient disloquées. Et parmi eux, les inénarrables et Eurybie les ayant longtemps traqués derrière s’étaient eux aussi disloqués. Il fallait prévenir la reine Héra désertant son trône à Vaplaike et Folachustin le roi Dactylien sur la vieille montagne soufflante d’Isca dans la demeure des Dactyles Idéens. Il fallait aussi prévenir Coranne la Stratenne à Schwazani. Elle leur dirait quoi faire. Le roi Antios les chargea de ce travail pendant qu’il partirait à la recherche d’Eurybie. Il serait suivi par Eosia qui ne voulut pas le laisser seul. Elle craignait le perdre à nouveau. Ils laissèrent Hespéris leur fille à leur valet. Ils en informèrent le clergé de Babylone, mais la plupart d’entre eux avaient quittés leur poste, étant eux aussi partie en guerre, mais quelques-uns demeuraient encore à couvert longeant le parapet d’angle mort dont les seigneurs évêques et les archevêchés du diocèse. Des artisans sous la solde du roi et de la reine d’Ismaelion s’affairèrent aux armes et aux munitions. Parmi eux, on trouva des meuniers, des forgerons, des cordiers, des charrons, des palefreniers, des charbonniers ouillant le charbon construisant les mandarques de feu prêts à partir. En volant, ils pensaient pouvoir éviter plus facilement la brume et le brouillard pour retrouver Eurybie. Ils partirent ainsi à sa recherche.

    Dans la maison de la forgeronne Lialagol la sylphe, les fées apprirent au même instant ce qui se tramait à Babylone. Elles en informèrent le roi Folachustin et la reine Héra dans leur forteresse qui confièrent Eumonie aux Dactyles Idéennes qui s’occuperaient bien de leur fille. Ils firent pareil que le roi Antios et la reine Eosia à Ismaelion. La hâte de la guerre commença à bouillir en eux. Héra remit ses antennes sur la tête. Sait-on jamais s’ils auraient encore à se battre avec Folachustin, lequel avait perfectionné sa puissance de feu et le seul ordinateur à portée de main qui n’est jamais existé. On leur choisit également deux superbes mandarques de l’espace qui volerait pour avoir à éviter les cumulus des nuages de grêlons.

    Des passereaux, des corbeaux, des aigles, et des faucons blancs volèrent tout autour du cirque en déployant leurs ailes dans la gorge blanchâtre du vallon. Ils furent eux-mêmes attaqués par les Harpies. Les inénarrables s’arrêtèrent depuis longtemps. L’œil de Notos leur fit savoir qu’ils s’étaient perdus. Cependant, les Hiboux Grands-Ducs se repérèrent dans la brume et le brouillard. Ce fut eux qui découvrirent le tapuscrit légendaire égaré dans les eaux de l’Oubli. Zéphyr pensait qu’Eurybie devait être désespérée pour avoir jeté le grimoire dans le fleuve. Il fallait la retrouver à tout prix. Il fallait prendre garde à ne pas entrer dans le champ de tir des Telchines. Zéphyr recommanda la plus grande prudence. Sûrement qu’ils avaient fait placer des mines un peu partout. Les inénarrables pensèrent qu’il valait mieux voler à présent. Ils montèrent sur le dos des Hiboux Grands-Ducs en donnant l’ordre de retrouver Eurybie quitte à sillonner tout le pays. Ils renoncèrent aux palefrois ici qui d’ailleurs n’allaient pas aussi vite, mais envisagèrent furtivement qu’on ne vienne les dérober. Le temps était compté et il ne leur fallait pas perdre une minute. Ils volèrent haut dans le ciel d’Erainc en s’accrochant bien dans une position couchée aux Hiboux Grands-Ducs. Depuis les nouvelles recrues, il avait fallu augmenter leur nombre. Ainsi passa-t-on de quatre à sept. 

    Un grand et prolongé brouillard s’étala même à la tombée de la nuit. C’était plus flou encore qu’en journée. Eurybie ne distinguait même plus ses mains. Elle restait assise sur le rocher par peur de trébucher. Les seules qu’elle vit encore hautes en couleur furent les chauves-souris noires et rouges très distinguables même dans cette blancheur nauséabonde. Elle n’aurait jamais pensé que ce serait si compliqué tandis qu’elle se sentit plus que jamais à la merci de ses ennemies. Dans son silence, elle parla toute seule. Ce n’est pas si grave en somme. Les autres finiront par me retrouver grâce au grimoire. Et puis, mon fouet émet des vibrations. Ne vous inquiétez pas. Nous ne resterons pas longtemps ici. Ayez confiance mes amies. Ce n’est sans doute qu’un mauvais rêve. Je vais me réveiller dans mon petit lit bien douillé comme tous les matins, et Azbaron sera là pour veiller sur moi comme d’habitude. Mon ambassadeur me préviendra que le clergé nous réclame en bas dans la forteresse. Je me chamaillerai avec mon conseiller. Nous sommes toujours en éternel désaccord et elle continua ainsi sur sa lancée en délirant et en poussant quelques chuintements au milieu de ses pommettes rougeoyantes. Elle souffla sur ses mains pour se réchauffer tandis que ses respirations calquées l’une sur l’autre crachaient une bourrasque de fumée blanche. Elle zieutait le lointain blanc et vers minuit, elle entendit quelqu’un arriver dans sa direction. C’étaient les sabots d’un cheval. Clac clac clac en trottinant puis plus rien. Un silence à nouveau. Quelques secondes plus tard, elle entendit derechef clac clac clac régulièrement. Elle tourna la tête à droite tandis que les claquements se concentraient de plus belle en profondeur. C’était un des palefrois que les inénarrables avaient laissés de côté, mais il n’y eut personne sur son dos. Les autres arrivèrent avec un petit temps de retard derrière le premier palefroi. Eurybie se leva du rocher et se dirigea rapidement vers eux.

    Elle ordonna aux chauves-souris de conduire les autres palefrois aux inénarrables pendant qu’elle monterait un des leurs. Il lui fallait d’abord retrouver Belios le léopard géant parti vers l’Ouest de sa position actuelle à condition qu’il ne soit pas dévié sa trajectoire entre temps. Il était très tard, et la fatigue commençait à se lire sur les visages. Eurybie se mit à bâiller. Elle alla au petit trot avec le palefroi pour que les autres puissent suivre. L’essentiel était qu’elle s’éloigne de ce cul-de-sac et qu’elle tente de retrouver les autres.

    Les recherches perdurèrent jusqu’à trois ou quatre heures du matin tandis qu’Eurybie tournait en rond depuis des heures. Elle vit tout à coup un arbre en hauteur qu’elle monta pour avoir une vue d’ensemble surplombante la blancheur obscure. Elle trouva quelques piétons sur le versant de la montagne. C’était ceux que l’on appelait les bagnards et les proscrits, autrement dit des exilés hors des territoires de Babylone, tous pieds et poings liés, se dirigeant à Alak purger leur peine.

    En restant suspendue à l’arbre, Eurybie entendit des ailes déployées fonçant dans sa direction. C’étaient les Harpies. Elle lâcha l’arbre et fit un atterrissage brutal, si brutale qu’elle ne s’en relèvera pas. Elle perdit sa couronne et sa robe était tachée de sang. Des Satyres et des silènes escogriffes sentirent de loin l’odeur du sang de la ménade et s’en approchèrent en dansant comme les aérocarp, trahissant les nymphes de la nature ; mais les Stryges enlevèrent Eurybie sous leurs yeux en l’amenant à Aelion le sphinx et Grymp le grippe ; les deux fidèles messagers du roi Iricon – lequel allait les récompenser –, pensèrent-ils ainsi, pour la réussite de la capture d’Eurybie Wills et du trésor des Wills.

    Le roi Antios et la reine Eosia retrouvèrent le roi Folachustin et la reine Héra chevauchant à dos de mandarque sur la rivière d’Ismaelion. Ils conjuguèrent leurs mandarques ultrarapides pour poursuivre les recherches et se hâtaient de la retrouver, mais à cette heure du jour, ils perdirent espoir. Sur le chemin du retour, ils retrouvèrent néanmoins Belios le léopard agile abandonné d’Eurybie qui errait dans une route serpente. Le pygmée devenu animal par la baguette de la sorcière les mettrait sur la voie. Ils devront néanmoins redouter les Lares tout autour d’eux, montant la garde solennellement dans une sentinelle abandonnée servant de prison aux bagnards et aux proscrits. En l’absence d’Eurybie et d’Azbaron, le roi Antios incita les autres à demeurer extrêmement prudents tandis que la sylphe avait bien envie d’abattre la foudre sur leurs têtes et que Folachustin attendait le rétablissement de son nouveau sortilège appelé : rafale de feu.

    Bebelia la sorcière, Elgrandsaks et Lunedemiel se rendirent à Schwazani prévenir dare-dare Coranne la Stratenne, laquelle était en pleine traduction des caractères orphiques du tapuscrit légendaire envoyé par Nistra. Cette dernière ne connaissait pas l’écriture orphique, seulement le sanskrit, bien qu’elle eût regardé dans ses contes, mais la transcription qu’elle eut à effectuer en s’appuyant sur ses notes et ses connaissances s’avéra d’autant insuffisante que notablement incompréhensible. Coranne la Stratenne, en apprenant ce qui s’était passé de la bouche de Bebelia la sorcière, se hâta aussitôt de faire rédiger des courriers contenant des post-scriptum et des pièces jointes par ses souverains, ceux qui appartenaient jadis à son époux Corang, pour les autres royaumes de chaque empire.

    Les guerriers du passé se réunirent sans le savoir pour une nouvelle mission périlleuse. Antios, Eosia, Héra, et Folachustin comme aux premiers temps de notre histoire. Ils pensaient peut-être trouver de l’aide avec l’oracle révélateur, mais Eurybie l’avait laissée à la Comtesse Ilajate sur les terres Babyloniennes en partant en guerre avec les inénarrables. Et puis, les routes étaient tellement bouchées par le blizzard. De plus, il n’était pas dit qu’ils pourraient arriver à Babylone avant que le ciel ne se déchaîne à nouveau.

    Selon le prince Antios, il valait peut-être mieux jouer les attentistes pour l’instant, et opter une stratégie pour pénétrer la sentinelle, et trouver Eurybie, persuadée malgré eux qu’elle était enfermée à l’intérieur. Elle allait plutôt servir de dessert aux Harpies. Elle finit par se réveiller grièvement blessée à l’orée d’un talweg sous les yeux incandescents d’Aelion le sphinx et Grymp le grippe. Alors qu’elle réalisa les lieux hostiles de son enlèvement, les Hiboux Grands-Ducs apparurent. Ils la retrouvèrent à la merci de leurs ennemies. Depuis le temps qu’ils rêvaient d’en découdre contre Aelion le sphinx et Grymp le grippe, c’est chose faite. Dans l’élan de la bataille, ils prirent Aelion le sphinx et Grymp le grippe à la gorge tandis qu’on distingua pendant le tumulte leurs plumes en dispersion. Les chauves-souris surgirent quant à elles s’attaquant directement aux Harpies qu’elles prirent de chasse. Eurybie fut mise à l’abri par l’arrivée des inénarrables, lesquelles s’occupèrent de ses blessures.

    Au même moment arrivèrent Iricon et Jaspéra épaulés par leurs écuyers. Antios, Eosia, Héra et Folachustin aperçurent en l’air l’effervescence de la bagarre. Ils foncèrent sur les chars avec les mandarques. Des Dragons et des Ogres firent leur apparition déferlant de part et d’autre avec les Ours et les Orques.

    De mille en mille, ils progressèrent à vive allure avant de s’arrêter pour une halte. Fapolenne fit mine à Azbaron qu’il entendait des cris dans le blizzard. Les soldats s’étaient arrêtés pour boire dans les gourdes, ôtant leurs Heaumes qu’ils tinrent sous le bras, ils soupirèrent et se plaignirent de la chaleur de ses casques en fer. Le Comte Arion avait plus chaud que les autres. Il suait abondamment sur son fidèle destrier. Bilial et Grover demandèrent à leur frère et roi Azbaron de suivre la direction que leur suggère Fapolenne. Ils étaient soutenus par Palaph et Zutrak qui n’y virent pas d’objection, sauf le prince Fieux, sans cesse en train de se plaindre et de rouspéter sur son cheval, lequel lui causait bien des facéties en se tournant et en se cabrant inlassablement.

    Fapolenne et Céto se regardèrent tous deux en riant du prince Fieux dont ils dirent qu’après l’infidélité de la garce Comtesse Ilajate, il était à présent confronté à un cheval infidèle et indiscipliné. Le Baron Darenk descendit soudain de cheval sous le regard inquiet de Prisca et Ibona. Il alla vers le Fapolenne en marche rapide qu’il fit renverser et désarçonna en le menaçant de répéter sa phrase s’il voulait être estropié et démonté de toutes ses forces par son cheval. Il le tint en joue de sa hache qu’il rapprocha sur son visage en lui rappelant la chambre forte et le trésor royal de la Syranthanne. Le Duc suivit la ligne qu’empruntait cette hache sous le regard et sous son nez, sur sa barbe, et s’en inquiétait de son acier.

    Le prince Fieux finit par tempérer les ardeurs de son cheval tandis que les cris se concentraient abondamment et qu’ils virent arriver vers eux les Harpies pourchassées par les chauves-souris. Azbaron rassembla ses frères et Fapolenne. Il sonna le son du Cor, ordonnant à ses soldats de suivre cette direction par où elles sont venues. Les chevaux hennissaient de fureur. Qu’importe leur degré de puissance, pensa Azbaron, ils sont mortels à présent. Les palefrois et les destriers aux commandes, ils crièrent à l’assaut plein de pugnacité et de cœur à l’ouvrage. Des créatures monstrueuses rampèrent dessous les falaises les collines brumeuses et grimpèrent les plates-formes et les corniches en hauteur. Ils furent attaqués de très loin par les archers des gladiateurs tandis qu’ils accoururent dans leur direction en bondissant quatre à quatre à l’attaque.

    Azbaron finit par rejoindre Eurybie tandis que les inénarrables luttèrent depuis un long moment face aux Ogres. Il alla leur prêter mainforte. Mais d’autres arrivèrent par derrière dans les plaines et les montagnes Rocheuses pleines d’insoumission et de refus capitulation. Euros manifesta l’égide. Les nouvelles recrues ne se débrouillaient pas si mal elles non plus. Hyacinthe tira l’archer. C’était un fin tireur. Il visa le cœur et pas ailleurs. Seule Euterpe la fainéante avait des difficultés à incérer sa pointe d’épée dans son adversaire. Borée se battait comme un beau diable à la lance tandis qu’Amphion l’amiral au bouclier de feu secondait Zéphyr en prenant soin qu’il ne reçoive pas de mauvais coup se tenant toujours de la paume de sa main sa vieille blessure au genou en embuscade. Mais au moment où il fut confronté à un énorme Minotaure, Ibona arriva du diable Vauvert et embrocha le monstre d’une lie, permettant ainsi à Zéphyr de respirer un peu. Elle prouva à Prisca qu’elle lui était en tout point supérieure à elle et à Eurybie mais la première nommée savait aussi se battre à l’archer. Elles durent cependant réviser leur jugement. En effet, les chirurgiens de Typhon utilisèrent la magie noire pour se défaire des deux sœurs Prisca et Ibona qui eurent beaucoup de difficultés à leur résister. La profondeur haineuse de leurs yeux terrifia les deux sœurs Wills en l’absence d’Eurybie, elles se sentirent bien esseulées tout à coup.

    Des fantômes et des âmes errantes tournoyaient tout autour d’eux, une lumière noire jaillit d’eux et de leurs yeux sanguinolents apparaissant une fois toutes les décennies. Ils se sentirent si puissants depuis qu’Iricon leur a donné une chance de se racheter qu’ils préparèrent un brasier très spécial en cette occasion. Ils tournèrent leurs têtes de tout côté, faisant lever vingt-quatre soldats debout sur leurs chevaux. Les dioscures reculèrent devant cette brusque débauche d’énergie négative qui envahit les lieux. Les inénarrables se sentirent eux-mêmes inférieurs face aux chirurgiens de Typhon qui demandèrent à Zéphyr de se souvenir de cette cicatrice au genou. Ce n’était pas un Orque comme il le pensait qu’il lui avait faite. C’étaient leurs haches. Ils adoraient opérer de nouvelles victimes quand elles étaient chèrement payées comme Zéphyr dut le payer de son genou.

    Le regard du vieil homme trembla. Apeuré de s’être trompé, il recula, balbutiant un refus d’obtempérer et de servir de cobaye. Notos et Euros s’interposèrent droit devant eux armés jusqu’aux dents, mais les chirurgiens de Typhon choisirent Psyché pour cible. Ils se rapprochèrent de lui, mais Zéphyr n’hésita pas à risquer son deuxième genou pour sauver la vie du jeune Général qui ne voulut pas qu’il sacrifie sa vie pour lui.

    Les chirurgiens de Typhon reculèrent tout à coup quand les nouvelles recrues vinrent à s’interposer. Ils repartirent en laissant cependant un petit souvenir de leur passage. Ils prirent Eurybie pour cible, laquelle perdit à nouveau connaissance. Ils ont pu l’atteindre malgré la longue distance qui les sépara d’elle. Azbaron se jeta désespérément dans la bataille aidée de ses frères de combat tandis que Prisca et Ibona restèrent loin d’eux, apeurée semble-t-il par les menaces des chirurgiens de Typhon dont elle redoutait l’arrivée. Elles semblaient les connaître bien. Fapolenne reçut l’aide des Barons et des Ducs tandis que lui-même était toujours très attaqué des Hécatonchires démesurés qui crachèrent des flammes.

    Plus en arrière, à quelques bornes seulement, le léopard agile qui flairait les pistes tel un chien enragé se mit soudain à courir en apercevant les zones d’éclaircissements où se répercutent les cris et le bruit de la bataille. Antios, Eosia, Héra et Folachustin suivirent toujours le pygmée d’un bon œil. Ils remontèrent sur les mandarques quand il se mit à sprinter, accourant vers eux à toute vitesse Antios, Eosia, Héra et Folachustin. Héra déchaîna le tonnerre, Folachustin invoqua le feu à pleine puissance, Antios et Eosia fusionnèrent pour libérer l’épée laser. Les chirurgiens de Typhon s’en allèrent presque en crachant dans leur cruauté une hécatombe d’oiseau qui s’agita dans tous les sens, brouillant la vue générale. Toutes les créatures avaient été soit vaincues, s’étaient soit suicidées, ou furent estropiées par les palefrois et les destriers, les mandarques et les dioscures, les chevaux et les poneys, tous très bien groupés en amont. Les Ogres s’éloignèrent subitement à leur tour quand ils entendirent les sifflements des dieux. L’agitation se perpétua tandis que toutes les autres créatures entendirent ces mêmes sifflements dont ils n’étaient pas insensibles et pour cause, car il s’agissait d’un cri connu.

    Sur les terres d’en face, à l’acmé du vallon, des chevaux profitèrent de la panique générale pour amorcer leur arrivée plus en dehors et parmi eux, on repéra Iricon et Jaspéra, les deux insubmersibles que rien ne pouvait ébrécher, qui observèrent la débandade avec dédain debout sur leurs chevaux. Ils attendirent que les chirurgiens de Typhon revinssent à eux. Ils tenaient dans leurs mains deux torches enflammées qu’ils jetèrent au loin dans un brasier, encerclant ainsi dans un déluge de flamme et dans un torrent de feu toute la zone de combat. Ils en profitèrent pour s’échapper et battre en retraite à Alak. Les retardataires ayant suivi le léopard agile dans sa course folle mirent fin à leur calvaire. Le sceptre du vent éteindra l’incendie comme il le fut pour les aérocarp. Les oiseaux guéguerres battirent en retraite à leur tour. Après la terrible bataille, les survivants se rassemblèrent en titubant dans le silence. Prisca et Ibona retrouvèrent le tapuscrit légendaire égaré dans les flammes, il était éparpillé en mille morceaux tandis qu’Eurybie gisait inconsciente dans les bras tremblants d’Azbaron et que le blizzard s’acheva.

    En fin de guerre, tous les Telchines se donnèrent rancard à la taverne boire un bon fiasy à gorge nue et déployée. Ils fêteraient ainsi leur victoire de leur première nouvelle bataille. Tous espéraient que le roi Iricon porterait un toast, car l’avenir s’annonçait chaleureux à présent qu’ils eurent dominé les débats houleux, et imposé leur dictature aux Wills et à Babylone. On vit derrière la Baie du cimetière d’Alak le grand retour des Harpies revenues de bataille sans Aelion le sphinx et Grymp le grippe tous deux tués par les Hiboux Grands-Ducs des derniers Syranthanne. Les Harpies foncièrement mauvaises en gardèrent un goût amer dans la bouche qu’elles firent partager aux hyènes des ruines. Les Hiboux Grands-Ducs leur avaient mené la vie dure et les soldats n’auront point ménagé leur monture au cours de cette bataille fracassante qui vit tant de soldats esquintés et fragiles, ressentant les signes précurseurs si l’on peut dire d’être mortel. Les rescapés mettraient du temps à s’en remettre, assez pour permettre à Azbaron d’envisager quoi faire pour leur résister à défaut de pouvoir leur tenir tête avec leurs nouvelles armées montées onéreusement par Iricon et Jaspéra, selon Prisca et Ibona qui connaissaient assez les chirurgiens de Typhon pour se faire leur propre opinion et savoir qu’ils ne se laissaient pas acheter aussi facilement. Eurybie ne bougeait toujours pas si bien qu’il fallait la rapatriée d’urgence à la forteresse pour lui prodiguer des soins. Azbaron la fit monter sur son cheval. Il baissa la tête devant Antios et Folachustin, s’en mordant les doigts pour ôter ses gendelettres. L’Alakien et le Dactylien compatirent en son désarroi, car eux aussi tout comme lui aimait Eurybie plus que tout au monde qu’ils toujours considérés comme leur sœur. Fapolenne se tut pour une fois. Barons et Ducs baissèrent aussi la tête. Une profonde amertume s’empara d’eux, si profonde qu’ils se vidèrent de leurs mauvais sangs d’encre. Ils aimaient leur reine au-delà de leurs complots et insubordinations à son égard et pour la possession du pouvoir. Prisca et Ibona réalisèrent à cet instant à quel point leur sœur était importante dans cette bataille. Depuis qu’elles avaient changé de camp, Prisca et Ibona devinrent plus compatissantes. Elles avaient un cœur, chose qu’Eurybie n’avait pas à leur égard, semble-t-il.

    Mandarques, dioscures, palefrois et destriers repartirent bien après les chars des Lares. Ils étaient restés longtemps à penser leurs blessures et leur écrasante défaite. Pourtant, Azbaron jura à l’assemblé que leur crime ne resterait pas impuni dusse-il marcher sur tous les cadavres des Telchines pour les pourfendre de son assaut. À ce moment arrivèrent la sorcière Bebelia, Elgrandsaks tandis que Lunedemiel avait regagné Xizion avec ses filles les fées. Elgrandsaks pensait qu’une potion d’alchimiste de Coranne la Stratenne pourrait la réveiller. Ses facultés de Chaman et guérisseuse surpassaient les siennes. Certaines potions peuvent s’avérer parfois plus puissantes selon elle que n’importe quelle plante médicinale. Azbaron s’appuyait sur Elgrandsaks, la chasseuse de goules à Sitarnel, qui était leur seul et unique espoir. Elle tenait la vie d’Eurybie entre ses mains. Il lui suggéra de faire vite. La vie dégagée, elle prétendit connaître à Azbaron un raccourci menant à Schwazani et qu’elle y serait dans une heure tout au plus. La sorcière Bebelia quant à elle fut chargée de repartir à Babylone informer le clergé de ce qui s’est passé, et lui fit savoir que la reine Eurybie est entre de bonnes mains. Dès son réveil, ils retourneraient là-bas. La sorcière emporta avec elle Belios le léopard agile d’Eurybie qu’elle retransforma en Leprechaune. Ainsi le pygmée retrouvât-il son apparence normale en réclamant toujours son dû, son chaudron anéantisseur et répéta qu’il avait faim. Pour le faire taire, elle le séquestra dans un étau ou dans un carcan puis elle l’emporta avec elle dans le ciel d’Erainc. Il restait juste quelques grisailles robustes et tenaces tandis que les vents avaient dissipé la brume et le brouillard. Les inénarrables récupérèrent les palefrois qu’ils ramenèrent à la base des tourbières. Il n’était pas question de monter sur les Hiboux Grands-Ducs qui ressentirent encore les agressions et les persécutions des Stryges Harpique. Ils étaient effondrés de tout le mal donné pour récupérer le tapuscrit légendaire dans la fournaise du volcan pour le voir voler en éclat aujourd’hui. Quelle tragédie, pensèrent-ils en hochant de la tête. Le roi Antios n’aurait jamais imaginé que les Telchines deviendront aussi fous au point de salir les terres où il est né. Il pleura la mémoire de ses ancêtres portées disparues. Qu’ils reposent en paix ! Héra et Folachustin se séparèrent d’eux à mi-chemin, car eux prenaient la direction opposée menant à la vieille montagne soufflante d’Isca se ressourcer quelque temps en récupérant des forces en attendant de meilleurs jours. Et puis ils avaient une fille à s’occuper. La reine Eosia leur donna raison, incitant le roi Antios à en faire de même et à regagner leur forteresse aussi. Ils savaient qu’à présent, leurs enfants seraient le bras de la justice et qu’il faudrait attendre qu’ils grandissent encore un peu pour les initier au combat. On dépendrait d’eux dans tous les cas, ce fut là une certitude mathématique selon Folachustin qui n’avait pas chargé, toujours à dépendre des maths pour survivre. Le temps des adieux s’acheva, mais nul doute qu’ils auraient souvent à se rencontrer dans les grandes occasions, exemple : mariages, baptêmes, cérémonies, festivités, et l’espérons pas, les enterrements. Même s’il y avait de bons enterrements pourtant comme enterrez la hache de guerre ou le drapeau de leurs pays.

    Quoi qu’il en fût, ils prendraient rapidement des nouvelles d’Eurybie qu’ils ne laisseront jamais tomber entre les mains des suppôts ces Illuminati annonçant la fin du monde dans leurs prochaines prévisions. Les inénarrables eurent beaucoup à redouter des chirurgiens de Typhon. À côté d’eux, les Grands Barons d’Or passaient pour être des enfants de chœur. Et puis Zéphyr se souvint des paroles du grand chef des Ténèbres, celui qu’on surnommait à juste titre : « le professeur persécuteur » disant que sa blessure faite au genou à Zéphyr n’a été que le fruit d’une belle opération soigneuse qu’il eut à exercer sur le vieillard avec une finesse et une précision remarquable. C’était un tortionnaire. Les autres voulurent en savoir plus à ce sujet. Désormais, Zéphyr ne pouvait plus garder cela pour lui. Il leur devait de dire la vérité. Si tôt de retour à la base à la tombée de la nuit, il passa aux aveux en se confessant près du camp pour ses pêchés et que les fautes qu’il avait commises étaient inexpiables,

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