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Le football au féminin en 60 questions: Éclairage pluridisciplinaire
Le football au féminin en 60 questions: Éclairage pluridisciplinaire
Le football au féminin en 60 questions: Éclairage pluridisciplinaire
Livre électronique186 pages2 heures

Le football au féminin en 60 questions: Éclairage pluridisciplinaire

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À propos de ce livre électronique

Le football féminin connait une médiatisation et un succès croissants ! Il soulève aussi, par la même occasion, de nombreuses questions...

Pourquoi le ballon rond est-il aussi populaire chez les Américaines ?
Comment le cinéma aborde-t-il le football féminin ?
Le hooliganisme épargne-t-il les femmes ?
Le mouvement féministe a-t-il déjà investi les terrains ?
Faut-il inciter sa fille à faire du foot ?

En 60 questions-réponses, Le football (au) féminin explore cette véritable culture alternative qu’est la pratique du sport roi par les femmes. Avec l’harmonisation des règles du jeu, des effectifs en nette progression et une médiatisation croissante, le vent de l’Histoire souffle cependant dans le sens d’une convergence avec le football masculin. Les femmes se sont tellement emparé de la res footballistica qu’il ne s’agit plus aujourd’hui de parler de « football féminin » mais de « football au féminin ». Ira-t-on jusqu’à la mixité des équipes ?
À travers le prisme de l’histoire et de la sociologie notamment, mais aussi sous des angles plus légers comme ceux de la musique ou des vignettes Panini, ce livre s’adresse aux amateurs comme aux non-initiés qui veulent aborder avec un éclairage pluridisciplinaire et décalé la Coupe du monde 2019 qui se déroule en France du 07 juin au 07 juillet.

Ce livre de questions-réponses éclairant et pluridisciplinaire aborde le foot (au) féminin sous les angles de l'histoire et de la sociologie tout en gardant un ton léger. L'outil idéal pour vous accompagner pendant la Coupe du monde 2019 !

EXTRAIT

C’est tout naturellement que la Coupe du monde féminine de football de 2019, organisée par la France, représente une opportunité idéale pour partager à grande échelle cette “culture foot féminin” que j’ai pu appréhender par des biais différents.
Longtemps le football féminin aura constitué une alter-culture, voire une contre-culture, par ses propres codes, compétitions, règles, parfois ses clubs spécifiques… Une tendance historique de fond se dessine désormais, se manifestant par une convergence avec le football masculin : harmonisation des règles du jeu, professionnalisation, diffusion des matches, intégration d’équipes féminines dans les jeux vidéos, “normalisation“ de son image…
Cette mutation profonde engendre des enjeux importants. Si l’on ne peut que se réjouir de l’accroissement de la pratique par les femmes et de sa médiatisation, certains se demandent cependant si le football féminin ne pourrait pas perdre son âme. Ne serait-il pas en train de vivre l’expérience de tant de sous-cultures qui ont dû se fondre dans le courant dominant (mainstream) ?
Permettons-nous ici de dépasser ce débat en envisageant une perspective qui serait le paroxysme de la convergence : la mixité. Des premières expériences existent, avec même une tribune récente dans Libération pour demander à ce que les clubs féminins participent à la Coupe de France…

À PROPOS DE L'AUTEUR

Olivier Corbobesse est éducateur certifié de football et membre de l’Académie des livres de Toulouse. Diplômé de Sciences po, il intervient à l’Université des Sciences sociales de Toulouse 1. Auteur en 2018 de Culture Générale Football Club, 170 questions-réponses pour mieux comprendre le monde grâce au foot, il a également écrit en 2019 Histoire du football à Saint-Pierre et Miquelon, un autre regard sur l’archipel.
LangueFrançais
ÉditeurMarie B
Date de sortie11 juin 2019
ISBN9791093576701
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    Aperçu du livre

    Le football au féminin en 60 questions - Olivier Corbobesse

    Introduction

    Football féminin ou football au féminin ? Cette interrogation d’ordre sémantique est loin d’être anecdotique. La première expression commence presque à devenir controversée. Accoler l’attribut féminin au football implique qu’il y aurait avant tout le vrai football – celui pratiqué par les hommes – et, à ses côtés, des pratiques accessoires, dont celle par les femmes, qui nécessiteraient un qualificatif pour l’en distinguer. Or il s’agit bel et bien du même sport, quel que soit le sexe de celles et ceux qui le pratiquent, surtout depuis l’achèvement de l’harmonisation des règles au début des années 1990. Parle-t-on d’ailleurs souvent de football masculin ? Certains spécialistes ont même décidé d’utiliser l’expression football pratiqué par les femmes à la place de football féminin. Par commodité, on utilisera cependant ces expressions indifféremment.

    C’est en 1998 que j’ai véritablement appréhendé la pratique pour la première fois. A l’occasion d’une année d’études en Suède, pays où les femmes ont particulièrement investi le sport roi, je découvre que les règlements imposent la mixité des tournois universitaires. Une équipe de cinq joueurs se doit de comporter au moins une footballeuse sur le terrain. Ma rencontre avec la pratique féminine se conjugue avec la révélation d’une véritable altérité culturelle. Nombre d’étudiantes suédoises s’adonnent au football, tout comme certaines Américaines qui en maîtrisent les codes. Lorsqu’il s’est agi de mettre sur pied une équipe nationale pour une Coupe du monde étudiante, nous eûmes le plus grand mal à trouver des Françaises intéressées, ce qui nous conduisit à demander à deux joueuses locales de revêtir un maillot bleu !

    A mon retour en France, je décide d’approfondir cette culture football féminin qui semble faire défaut aux Françaises. Je découvre alors que mon club de cœur, le Toulouse Football Club, domine le championnat national, dont il s’adjuge plusieurs titres consécutifs. Très faiblement médiatisées, les performances des Violettes attirent cependant plusieurs milliers de spectateurs pour certains matchs de Coupe d’Europe.

    C’est surtout en 2011 que la culture foot féminin me saute aux yeux. Assistant en Allemagne à plusieurs matchs de la Coupe du monde, j’observe que la population s’implique dans l’événement, avec des taux de remplissage des stades importants… et le succès des vignettes Panini. Mon attrait pour le football féminin, tant sur le plan du jeu que sur le fait social qu’il représente, se traduisit par d’autres implications : animation d’une rubrique histoire sur le site Internet des Elles des bleus (association, disparue depuis, de supporteurs de l’équipe de France, dont j’étais membre actif), déplacements en Angleterre en 2012 pour les JO de Londres, en Suède pour l’Euro 2013 et au Canada pour le Mondial 2015. Autant d’occasions de découvrir de nouvelles cultures foot et d’échanger avec les supporteurs étrangers. Par ailleurs, j’ai pu vivre le football féminin de l’intérieur, en tant que référent UEFA pour des matchs de Ligue des champions. Je pratique également le futsal en mode mixte régulièrement depuis le début des années 2010. Enfin et surtout, depuis ma certification, je suis régulièrement amené à animer des séances pour des équipes féminines en tant qu’éducateur bénévole.

    Parallèlement, la curiosité intellectuelle m’a amené à lire plusieurs articles ou thèses universitaires sur le football féminin, ainsi que de nombreux écrits en langues étrangères, autant de sources à la fois variées et solides qui sont venues substantiellement nourrir le présent ouvrage.

    C’est tout naturellement que la Coupe du monde féminine de football de 2019, organisée par la France, représente une opportunité idéale pour partager à grande échelle cette culture foot féminin que j’ai pu appréhender par des biais différents.

    Longtemps le football féminin aura constitué une alter-culture, voire une contre-culture, par ses propres codes, compétitions, règles, parfois ses clubs spécifiques… Une tendance historique de fond se dessine désormais, se manifestant par une convergence avec le football masculin : harmonisation des règles du jeu, professionnalisation, diffusion des matches, intégration d’équipes féminines dans les jeux vidéos, normalisation de son image…

    Cette mutation profonde engendre des enjeux importants. Si l’on ne peut que se réjouir de l’accroissement de la pratique par les femmes et de sa médiatisation, certains se demandent cependant si le football féminin ne pourrait pas perdre son âme. Ne serait-il pas en train de vivre l’expérience de tant de sous-cultures qui ont dû se fondre dans le courant dominant (mainstream) ?

    Permettons-nous ici de dépasser ce débat en envisageant une perspective qui serait le paroxysme de la convergence : la mixité. Des premières expériences existent, avec même une tribune récente dans Libération pour demander à ce que les clubs féminins participent à la Coupe de France…

    1ère partie

    LA CONSTRUCTION D’UNE ALTER-CULTURE

    1 Quand les femmes se sont-elles mises à jouer au football ?

    C’est au Royaume-Uni, pays qui a codifié le football, que l’on enregistre les débuts de la pratique du football par les femmes. Le premier match recensé, avec photos et coupures de presse, oppose une équipe écossaise à une formation anglaise en 1881 à Edimbourg. Bien que très minoritaires, des militantes pour l’égalité des sexes fondent la première association de football féminin en 1894 : le British Ladies’ Football Club.

    Suivant les traces du football masculin avec quelques décennies de décalage, la pratique par les femmes se dissémine progressivement en Europe. On note par exemple une rencontre en Russie en 1911.

    Quid de la France ? Les premières traces de football féminin y remontent à 1910. Il s’agit d’une équipe du groupe sportif de l’Ecole Supérieure des filles de Pont-à-Mousson, en Meurthe-et-Moselle. Le Nord-Est de la France joue alors déjà un rôle avant-gardiste dans la pratique…

    Hormis ces quelques essais ponctuels, le football féminin est véritablement apparu pendant la Première Guerre mondiale en Angleterre. Les femmes jouaient alors un rôle important dans le conflit. Alors que les hommes étaient au front, elles restaient à l’arrière, vaquant à un travail exigeant dans les usines d’armement. Les munitionnettes, comme on les appelle, symbolisent le travail féminin au service de la patrie et préfigurent les premiers mouvements féministes. C’est dans ce contexte de dur labeur et d’émancipation que des femmes vont voir dans le football une bouffée d’air frais salutaire.

    La France connaît le même phénomène : le premier match féminin recensé s’y déroule en 1917. Il s’agit d’une rencontre opposant deux équipes de la société parisienne Femina Sport. La pratique se répand alors rapidement. Dès 1919, un championnat de France féminin est créé.

    Ce n’est pas un hasard si le premier match international féminin français oppose en 1920 Dick, Kerr Ladies, club créé par des ouvrières d’une usine de munitions de Preston, à une sélection tricolore.

    2 Y a-t-il eu un âge d’or du football féminin ?

    Au sortir de la Première Guerre mondiale, l’engouement suscité les années précédentes conduit à l’organisation des premières véritables rencontres internationales.

    L’enjeu n’est pas que sportif : il s’agit surtout de matchs d’exhibition en vue de récolter des fonds au profit d’œuvres de bienfaisance. La grande équipe anglaise des Dick, Kerr Ladies avait d’ailleurs commencé à jouer des matchs en 1917 dans le but de gagner de l’argent à des fins de charité, pour apaiser la souffrance des soldats et de leurs familles.

    La tournée en Angleterre d’une sélection française en mai 1920 fait l’objet une ferveur importante. Elle attire de 20 000 à 40 000 personnes selon les matchs… et le devoir de vérité impose de mentionner que les Britanniques ont remporté davantage de victoires que les Françaises !

    La revanche a lieu en novembre 1920, en France. Les matchs organisés à Paris et Roubaix attirent chacun une dizaine de milliers de spectateurs. Le passé du premier conflit mondial plane encore : les joueuses anglaises s’attachent à déposer une gerbe sur les monuments aux morts interalliés dans chacune des villes qui accueille des matchs.

    Le succès populaire rencontré conduira à la multiplication des rencontres franco-anglaises. En mai 1921, la sélection française traverse de nouveau la Manche pour se mesurer à quatre équipes locales. Comme l’année précédente, les matchs retours ont lieu en novembre, cette fois-ci à Paris et au Havre, avec un engouement jamais démenti.

    Un autre grand classique va être institué : le match France-Belgique, à l’instar des équipes masculines.

    Aussi le football féminin connaît-il au début des années 1920 un véritable âge d’or, et malheureusement tombera progressivement dans l’oubli pendant plusieurs décennies…

    3 Le football est-il adapté aux femmes ?

    « Comme jeu, le football est très bien pour les garçons manqués, mais convient à peine pour les garçons délicats ». Cette citation ambivalente d’Oscar Wilde illustre les préjugés qui ont pesé sur la pratique pendant la plus grande partie du XXe siècle.

    Au début des années 1920, de nombreux hommes voient d’un mauvais œil l’engouement pour la pratique féminine d’un sport qu’ils considèrent comme un bastion masculin. Plusieurs arguments sont invoqués, jusqu’à être portés par une partie du corps médical voire politique. En 1923, l’auteur Georges Racine écrit dans la presse spécialisée : « le geste de lancer le pied dans un ballon exerce une pression abdominale très intense qui pourrait avoir les plus graves effets sur les organes de la femme. Sa pratique aurait sur l’enfant en gestation une influence néfaste à son épanouissement. »

    Les discours de Pierre de Coubertin concourent à cette décrédibilisation du football féminin : « Si des femmes veulent jouer au football, libre à elles. Pourvu que cela se passe sans spectateurs. Car les spectateurs qui se groupent autour de telles compétitions n’y viennent point pour voir du sport. » A cela s’ajoute l’accusation faite au football de dénaturer les femmes.

    Dans ce climat hostile, le football féminin français périclite dans les années 1920, jusqu’à ce que la Fédération française des sports féminins renonce à l’organiser en 1933. Ce déclin s’explique aussi par d’autres facteurs : montée en charge parallèle du football masculin qui se structure fortement, désintérêt des médias, absence d’enjeu de certains championnats dominés par une seule équipe, etc. En 1936, le chirurgien Pierre Dézarnaulds, alors sous-secrétaire d’État à l’éducation physique du premier gouvernement Blum, confirme ce positionnement : « Il y a des sports pour la femme et des sports qui ne peuvent guère être utiles à son développement physique. Dans la première catégorie, je classerais le tennis, la natation et le basket-ball. Mais n’attendez pas de moi que je fasse pour le football et la barrette¹, le même effort ». Le football féminin semble avoir complètement disparu en France en 1937 et connaît une véritable traversée du désert pendant plusieurs décennies.

    En Angleterre, la Fédération anglaise décide même l’interdiction de la pratique dès 1921, pour des raisons esthétiques, médicales et financières, voire par jalousie d’une concurrence jugée indésirable. L’Australie lui emboîte le pas l’année suivante.

    Dans l’Allemagne des années 1920, le discours des autorités, notamment médicales, va dans le même sens : les mouvements d’écartement des jambes sont jugés non féminins et indécents. On affirme surtout que le psychisme féminin n’est pas compatible avec le sport de compétition. Même en 1953, une étude très sérieuse du psychologue Frederik J. J. Buytendijk reflète une pensée décidément bien conservatrice : « La pratique du football est essentiellement une démonstration de virilité. On n’est jamais parvenu à faire jouer des femmes au football. (…) Taper du pied dans un ballon est un geste spécifiquement masculin, reste

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