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La malédiction de Crozon: Camaret - Morgat
La malédiction de Crozon: Camaret - Morgat
La malédiction de Crozon: Camaret - Morgat
Livre électronique272 pages3 heures

La malédiction de Crozon: Camaret - Morgat

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À propos de ce livre électronique

Alison Wealow et Clet Kermeur pensaient prendre des vacances et voilà qu'ils se retrouvent à nouveau embarqués dans une enquête.

C'est le grand soir au stade Brestois ! Les spectateurs ébahis par l'ampleur de l'événement trépignent d'impatience sans imaginer un seul instant le terrible drame qui se joue dans les tribunes : la mort tragique et mystérieuse d'un homme.
Va alors se nouer un incroyable imbroglio historique et macabre qui va secouer la presqu'île de Crozon depuis Morgat jusqu'au au pont de Térénez…
La semaine de vacances envisagée par Alison Wealow et Clet Kermeur va se transformer une nouvelle fois, en cauchemar…

Après Pagaille en Cornouaille et Meurtres sans bruit dans Landerneau, Gérard-Henri Hervé publie son troisième roman policier, La Malédiction de Crozon.

Un polar que vous ne lâcherez pas jusqu'à la dernière page !

À PROPOS DE L'AUTEUR

Né à Brest, Gérard-Henri Hervé a effectué l’essentiel de sa carrière de professeur de mathématiques à Landerneau. Intéressé par le droit, il a suivi un cursus à l’Université de Brest, en parallèle à son activité professionnelle. Son goût pour les affaires pénales et les énigmes policières l’a encouragé à écrire des romans et à donner vie à deux héros, Clet Kermeur et Alison Wealow.
LangueFrançais
ÉditeurAstoure - Ouest & compagnie
Date de sortie18 mai 2020
ISBN9782374690902
La malédiction de Crozon: Camaret - Morgat

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    Aperçu du livre

    La malédiction de Crozon - Gérard-Henri Hervé

    « Le gibet ne perd jamais ses droits…

    les coupables sont punis tôt ou tard… »

    Quitard 1842

    Prologue

    MERCREDI

    « Panem et circenses », du pain et des jeux du cirque ! Les mots d’amer mépris sur les mœurs dissolues de l’Empire Romain décadent, adressés au public frivole par le poète latin Juvénal, correspondent bien à l’ambiance de folie collective qui règne dans les travées et les gradins bondés et surchauffés du vieux stade de football Francis Le Blé à la pointe du Finistère, à Brest. C’est vraiment le Cirque moderne ! Le peuple excité attend les joueurs de football, tels les nouveaux gladiateurs, oubliant leurs problèmes financiers, familiaux, sociaux et autres… Les habitués des tribunes Foucault, Arkéa, comme les fervents membres, torse nu pour les plus courageux, des clubs de supporteurs agglutinés derrière les buts dans la tribune de la route de Quimper, n’ont qu’un seul souci, un seul espoir, un seul rêve… la victoire. La ferveur l’emporte sur la raison. Ce soir, c’est sûr, on va gagner !

    Mercredi soir, sous les derniers rayons d’un pâle soleil printanier d’avril qui inonde la pelouse impeccable, en jouant à cache-cache avec les nuages menaçants venant de la mer, l’enceinte rénovée de la route de Quimper est comble et en ébullition. Ce soir, on joue à guichets fermés. La valeur des quelques places revendues sous le manteau s’est envolée à prix d’or, chose peu commune à la pointe de la Bretagne ! Il est vrai que l’affiche est rare, grandiose et même exceptionnelle : le Stade Brestois 29, nouveau pensionnaire de la Ligue 1 de football depuis seulement trois années, véritable « petit poucet » de la Ligue Europa, affronte le prestigieux, le talentueux, l’unique, le Liverpool Football Club, couvert de trophées. Cette joute royale contre un des fleurons mythiques du football britannique et européen constitue une demi-finale de rêve inouïe et à vrai dire, inespérée. A la grande surprise des bookmakers anglais incrédules, le match aller, sur le terrain de football légendaire d’Ansfield Road, sur les bords de la Mersey, la rivière de Liverpool, chère aux fabuleux Beatles, s’est soldé par un calamiteux match nul 0-0 pour l’équipe locale. Il est exact que les Liverpuldiens, timorés et surpris par la résilience des cousins bretons, peuvent être dépités, tant la chance des Brestois fut insolente : trois tirs sur les montants et deux tirs aux buts aisés, manqués par le chouchou local Steven Gerrard particulièrement maladroit ce soir-là. Enfin, un hors-jeu imaginaire sifflé par l’arbitre sur un but anglais, valable selon la vidéo, et la presse unanime, a définitivement désarçonné le grand Liverpool. Mais, malgré cette domination honteuse, aujourd’hui, l’ambition de jouer la finale dans le rutilant stade de Wembley à Londres, au mois de mai, est à la portée des joueurs français moins glorieux. Les hordes de supporteurs anglais qui remplissent l’espace réservé, ainsi qu’une bonne partie des gradins de la tribune Eurodif, décorée aux couleurs du club britannique, chantent à l’unisson leur fameux You’ll never walk alone¹, hymne indolent qui glace le sang des p’tits zef² du cru. Arrivés par la mer, en utilisant le ferry de Roscoff, par la terre, en franchissant le Channel à Calais, par le tunnel, ou enfin par les airs à l’aéroport de Brest Guipavas, les envahisseurs confiants rugissent de plaisir. C’est l’hallali d’une chasse à courre où le cerf, ici le club brestois, est aux abois, avec une seule issue prévue d’avance : la mort, enfin la déroute sévère et déshonorante.

    Aucun doute possible pour les « British » convaincus de leur supériorité, ils vont vaincre les Français « mangeurs de grenouilles » sans aucune difficulté… et avec une avalanche de buts. Le match aller fut une aberration, mais ce match retour sera une simple formalité pour les visiteurs. Les spectateurs brestois exubérants, vocifèrent à l’envie, « Ici c’est Brest ! », « Ici c’est Brest » et répondent avec leur sérénade aimable, aux quolibets des Anglais provocateurs et surtout bien imbibés de bonnes bières depuis une bonne partie de l’après-midi. Le « petit Théâtre des rêves… ou des cauchemars » brestois, selon l’issue du match, est prêt pour le duel. Le peuple s’impatiente, on attend l’entrée des rugueux guerriers !

    Alison, mon adorable et douce amie anglaise, a profité d’un charter peu onéreux, affrété par ses compatriotes de Liverpool, pour rejoindre Paris puis Brest, et est assise à ma gauche. Rayonnante de bonheur, elle arbore avec fierté les couleurs des Reds, les « rouges » de Liverpool, bonnet et écharpe jaune et rouge et entonne avec fierté l’hymne de son club de cœur. Ses cheveux roux, mi-longs, ses yeux, toujours plus bleus, son sourire à la fois espiègle et charmeur, en font la plus belle princesse ennemie du royaume d’Angleterre. Le son mélodieux de sa voix contraste avec le brouhaha de la foule.

    – Quel plaisir de te retrouver, Clet ! Et désolée par avance pour la lourde défaite que vous allez subir, mais, avec cinq titres de Champions d’Europe au compteur pour le club de mon enfance, nous ne jouons pas dans la même catégorie ! Déjà petite fille, j’accompagnais mon père à tous les matchs à Ansfield Road, je crains le pire pour tes compatriotes bien trop frêles à mon avis. Sorry guy³ !

    – Je confirme, l’addition risque d’être lourde pour les Brestois, peu habitués à la rigueur de ces matchs dans l’élite européenne du football. Aucun souci, je suis neutre, seule importe la joie de te retrouver et la perspective de cette semaine de congés dans le Finistère en ta compagnie. Dès demain, comme convenu, nous prenons la route pour la découverte de la presqu’île de Crozon. Tu vas adorer !

    – Oui, j’ai hâte mais je ne pouvais pas laisser échapper cette perspective de voir jouer mes idoles… en Bretagne. Merci pour cette soirée et je suis peinée pour la tristesse que tu vas endurer pendant quatre-vingt-dix minutes.

    – Sans doute… Quoique, tu oublies un peu vite le résultat piteux du match aller où ton équipe s’est fait balader au score avec un 0-0 peu flatteur à la clé ! Les joueurs de Liverpool furent anesthésiés par les valeureux et rugueux Bretons, défenseurs survoltés et combatifs et notamment Martial et Kantari, impériaux.

    – Une chance inouïe !

    – Il y a la chance, bien sûr mais… pas que, l’arrogance des joueurs anglais était limite, semble-t-il !

    – N’en rajoute pas ! Je sais, j’y étais, j’ai vu le match. Il y avait de nombreux blessés chez nous, il y a quinze jours, conteste Alison avec fougue, mais ce soir l’équipe est au grand complet. Steven Gerrard et le buteur Luis Suarez sont en pleine forme à l’attaque, et Jamie Carraguer est de retour à l’arrière. Regarde, les deux équipes entrent sur le terrain. Quelle ambiance ! Liverpool is magic !

    Une clameur énorme résonne sous la voûte des tribunes. Le public, ivre d’exaltation, salue les nouveaux dieux du stade comme il se doit. Les capitaines échangent les fanions, les arbitres testent la solidité des filets. Un coup de sifflet strident libère les vingt-deux joueurs. Le match est lancé pour une heure et demie ou plus de lutte, de bonheur ou de désespoir selon le score final.

    Assis à ma droite, un homme d’une quarantaine d’années, élancé, fine moustache, le teint plutôt pâle, vêtu d’un manteau marron d’une bonne coupe italienne et arborant la casquette et l’écharpe aux couleurs rouge et blanc du club des supporteurs de Brest, vibre à chaque action des joueurs locaux. Les longs centres de Johan Martial sur la droite du terrain vers la tête de Charlison Benschop ou Jonathan Ayité devant le but anglais le transcendent. Il hurle, il peste, vocifère à l’envie, se lève et invective les adversaires à chaque coup franc contesté. A la quinzième minute, suite au débordement du Brestois Benoît Lesoimier, suivi d’un « une deux » rapide et chaloupé avec Bruno Grougi celui-ci frappe trop mollement et le ballon passe devant le but adverse sans trouver preneur. Mon voisin est debout, une nouvelle fois, ivre de plaisir et de rage devant cette maladresse. Amicalement, un énorme sourire aux lèvres, il m’apostrophe avec hargne :

    – On va marquer, mon gars, j’en suis sûr ! Enchanté, je me présente, Manach, Arthur Manach.

    – Enchanté ! Bonjour, Kermeur, Clet Kermeur. Désolé, je n’ai pas de réelle préférence entre les équipes et mon amie arrive de Liverpool ! Alors… vous pensez…

    – Mademoiselle arrive de Liverpool, bravo ! Vous êtes courageuse mademoiselle, lance-t-il moqueur, le retour à la maison sera triste !

    Satisfait de sa petite vanne, l’homme se concentre à nouveau sur le jeu, multipliant les appréciations. Le match se durcit. Les joueurs de Liverpool sont plutôt rugueux dans les duels. Benschop, l’avant-centre brestois se fait bousculer sèchement par le goal adverse dans la surface de réparation, sans réaction de l’arbitre, laxiste. Sous l’œil goguenard d’Alison, notre nouvel ami éructe quelques insultes suaves, crie au scandale, dressé sur la pointe des pieds, affligé par l’incapacité à sévir de l’arbitre tchèque, acheté selon ses dires. Le quatrième arbitre accorde une minute de jeu supplémentaire avant la mi-temps. Le Stade brestois, dominateur, prend de l’assurance, lance ses dernières forces dans la bataille. Bruno Grougi, totalement démarqué, reçoit un ballon de Bernard Mendy, remarque le goal adverse légèrement avancé et des vingt mètres tente calmement un lobe majestueux qui, après un poteau rentrant, trompe le gardien anglais… Et c’est le Buuuuuuuuuuuttttttttttt, le but remarquable, énorme, magnifique et surtout un tantinet inespéré et chanceux ! Le public, debout, exulte, bras levés, sauf les « Kopits », les supporteurs Liverpuldiens cantonnés dans leur tribune, muets et totalement mortifiés par ce coup du sort et surtout, consternés par l’erreur grossière de leur gardien préféré. La pauvre Alison, bouche bée est totalement dépitée. Je me retourne vers mon voisin pour le congratuler et obtenir ses impressions. Il demeure assis, la tête affaissée sur les genoux, étonnamment immobile !

    – Vous avez vu, Arthur ? Quelle chance et quel superbe but Brest vient de marquer ! C’est prodigieux ! Quelle vista impériale de Grougi ! Vous avez perdu quelque chose, un souci ? Monsieur, s’il vous plaît, vous allez bien ?

    Aucune réponse de l’homme qui reste sans un mot, prostré, sans réaction ! Je secoue son épaule. Il bascule vers l’avant, telle une marionnette désarticulée, sur la rangée de dessous, au grand dam de trois spectatrices surprises de cette familiarité. Son visage est livide, ses yeux révulsés, un mince filet de salive coule sur son menton. Inquiet de son silence, sa chute, son manque de réaction et surtout son visage blême, je tâte son pouls, rien… ou presque…

    – Alison ! Alerte l’un des stadiers qui surveillent le public ou la police directement, je crois que nous avons un gros problème. Mon voisin ne bouge plus, en fait… je pense, je crois… j’ai vraiment l’impression qu’il est mort ! Désolé, sauf erreur, il est décédé !

    Horrifiée par ce dernier mot, Alison reste bouche bée un instant, les yeux fixant le pauvre homme inerte puis explose :

    – Je ne le crois pas, dis-moi que c’est une blague, Clet ! Tu veux me chambrer ? Mort ! Mais c’est affreux, quoiqu’avec toi… tout soit toujours possible !


    1 Vous ne marcherez jamais seuls

    2 Brestois de souche

    3 Désolé, mec !

    Chapitre 1

    – Alors Alison ? Le score ? Combien ? Tu me donnes le résultat final du match ? Je redoute le pire pour le Stade Brestois.

    – Ce n’est pas nécessaire, grommelle la jeune fille peu motivée. Dis-moi plutôt ce qui s’est passé avec l’inconnu.

    – A l’infirmerie du stade puis avec la police il n’y avait ni télé, ni radio, aucun contact avec l’extérieur et personne ne se souciait du déroulement du match ! Il est vrai que l’afflux des supporteurs anglais plutôt avinés et fatigués laissait peu de temps au personnel soignant pour s’occuper de football.

    – Peu importe, et l’homme, c’est le cœur ?

    – Quelle galère cette soirée ! Les petits Brestois ont-ils résisté à la furia des hordes britanniques ou explosé en vol sur le terrain ?

    – N’en parlons plus, lance Alison, évasive. C’est fini !

    – A ton air penaud, j’imagine le pire, que le grand Liverpool ait perdu, par exemple ! C’est exact, c’est bien cela ma pauvre amie ?

    – Oui, trois à zéro mais deux buts sont entachés de hors-jeu flagrants et il y a une faute de main d’un défenseur local, c’était un arbitrage à domicile. Match à oublier très vite, la honte pour Liverpool !

    – 3-0, je rêve.

    – Et de ton côté, quoi de neuf ? Qu’est-il arrivé à ce pauvre homme ? Les secours sont intervenus rapidement. Il va mieux, j’espère ? Il est sauvé le bougre ? Cette défaite amère, me suffit dans cette soirée de cauchemar.

    – Et non ! Désolé, il est vraiment mort, le malheureux. C’est terrible mais je n’en sais pas plus. Le cœur a lâché, semble-t-il. Un excès d’émotivité, sans doute, son myocarde n’a pas résisté à une telle tension. J’imagine un funeste infarctus. L’emploi rapide d’un défibrillateur n’a pas eu d’effet. Par contre la police, plus que zélée, fait bien mal son travail ; mon interrogatoire a duré toute la mi-temps, pour rien. J’ai répété dix fois que je ne le connaissais pas avant cette péripétie funèbre. J’ai dû révéler mon identité, mon téléphone, l’adresse à Landerneau, à Brest, mes projets, le grand jeu !

    – D’habitude, tu aimes les contacts avec la police locale !

    – Oui, mais ici c’était trop… On se rattrape avec un bon restaurant au bas de la rue de Siam ou sur le nouveau port de la Marina du château, comme prévu ?

    – OK, enfin quelque chose de sympathique dans cette soirée gâchée, jubile Alison. Encore une sortie avec toi qui a dégénéré. Tu es un vrai spécialiste des faits divers, mais je l’admets, le sort s’acharne sur toi mon pauvre ami !

    * * *

    Vingt-trois heures. Le quartier qui borde le nouveau port de plaisance au pied du château est noir de monde. Une foule cosmopolite, à forte densité anglaise, déambule sur les quais, sollicitée par les menus des restaurateurs qui vantent les mérites de leurs gargotes d’où sortent les effluves de graillon et de poissons. Les groupes de supporteurs anglais à l’accent particulier propre aux habitants de Liverpool, le fameux « Scousse », dînent et, moult bières aidant, ils ont déjà oublié leur cuisante défaite subie à Le Blé. Notre choix est fait, ce sera le restaurant de la mer avec une gigantesque assiette de fruits de mer présentée sur un lit de glace pilée et d’algues fraîches : langoustines, crabe dormeur, huîtres et bigorneaux sentant la marée, le tout arrosé d’un verre de vin blanc Muscadet, léger et odorant. Magique, comme la victoire du stade Brestois, cette fois bel et bien qualifié pour la finale, à Londres, dans quelques semaines. L’adversaire est à présent connu, ce sera l’Atletico de Madrid, un autre club pensionnaire attitré du gotha du football européen, de quoi faire dresser les cheveux des footeux brestois… affaire à suivre, dans un mois environ !

    – A mon dernier passage dans le Finistère⁴, l’an dernier je n’ai rien vu, ou presque se lamente Alison. Les événements funestes survenus à Landerneau ont sérieusement limité les visites envisagées. Je suis rentrée à Liverpool, plutôt dépitée. J’espère que ton programme sera conséquent et appliqué cette fois. Tu me soûles avec tes enquêtes parallèles !

    – Ton séjour dans l’une des plus belles régions du monde sera inoubliable. J’ai concocté un emploi du temps idyllique : balades à VTT, ou à pied sur les plages, musées, randonnées en bateau vers la presqu’île de Crozon avec un gîte romantique à Roscanvel, à Bellevue, et plusieurs autres surprises.

    – Des surprises ? Ce mot m’effraie toujours un peu venant de toi mon ami. OK pour les surprises, mais pas de coups de théâtre. Avec toi j’ai des craintes ! Et surtout, pas d’embrouilles, sauf le strict nécessaire avec les autorités policières ou « gendarmiques », n’est-ce pas ? Enfin, c’est déjà mal parti avec ton pauvre quidam défunt du stade ! Avec le plan Vigipirate, il y a des policiers partout, laisse-les faire leur travail, s’il te plaît !

    – Mais bien sûr, la loi rien que la loi. Pour ce soir, j’ai réservé l’hôtel de l’Atlantide, situé au bas de la rue de Siam, face au pont levant sur la Penfeld avec son tablier blanc « new-look » flambant neuf, dont l’illumination aux sept couleurs conventionnelles de l’arc-en-ciel est fantastique et vaut le détour.

    Deux heures du matin. Le hall du prestigieux établissement est vide et à la réception, le concierge, les yeux clos, à demi endormi, nous pose la clé sur le comptoir tel un automate.

    – Bonne nuit, madame, monsieur.

    Puis il se ravise en brandissant une grande enveloppe :

    – Excusez-moi monsieur Clet Kermeur, un moment, j’ai failli oublier une lettre urgente pour vous ! C’est un motard de la police nationale qui l’a déposée il y a dix minutes à peine avec ordre de vous la confier au plus vite. La voici ! C’est très urgent, paraît-il.

    Le rictus d’Alison en dit long sur son exaspération :

    – La police nationale ? Clet, tu m’as assurée que tu avais tout expliqué dix fois ! C’est reparti pour un tour de manège avec les autorités mon pauvre ami, je rêve et je sature !

    L’enveloppe porte le nom de Clet Kermeur, griffonné à la hâte et le tampon indique également la provenance du courrier :

    Sûreté nationale, Hôtel de police,

    8 rue Colbert. Brest

    – Le contenu est sibyllin, Alison, mais suffisamment explicite pour augurer de nouveaux ennuis avec la Guardia Civil locale, pardon, les autorités policières. Je ne comprends pas ce rappel, j’ai tout dit, je n’ai rien à ajouter ! Regarde.

    « A monsieur Kermeur, Hôtel de l’Atlantide,

    325 rue de Siam, Brest

    Urgent.

    Suite à votre présence sur les lieux d’un crime, et votre proximité avec la victime, je vous serais obligé de passer au bureau 323, troisième étage, à l’adresse indiquée, neuf heures précises, demain, pour audition.

    Merci d’avance, soyez ponctuel.

    Commandant de police Albert Laot.

    Police nationale.

    – Un crime ? Pourquoi préciser un crime ? L’homme n’a pas été tué, il est mort d’une crise cardiaque, d’une rupture d’anévrisme, ou que sais-je encore ? Un malaise respiratoire tout simplement, je n’en sais rien, je ne suis pas

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