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Séparations: Un roman sentimental émouvant
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Livre électronique234 pages3 heures

Séparations: Un roman sentimental émouvant

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À propos de ce livre électronique

La vie n'est rien d'autre qu'une suite de séparations et de ruptures et, ce qui au fond revient au même, de nouveaux départs.

Toutes nous séparent de quelqu'un ou quelque chose, toutes nous renversent et laissent une trace. Les liens qui se défont, les étapes naturelles de la vie, la maladie, la mort, sans compter les mutations dans le domaine de l'esprit, sont autant de coupures ouvertes.
Liliane, Guillaume, Anna, Cécile, Simon et quelques autres avancent dans leur existence, de séparations en recommencements.

Un livre à double lecture, une sorte de mosaïque, de roman gigogne ; chaque chapitre forme une histoire en soi, les récits étant reliés les uns aux autres, jusqu'au dénouement final, par les personnages qui évoluent et deviennent chacun à leur tour le personnage central.

A PROPOS DE L'AUTEUR

Martine Rouhart est née à Mons en 1954. Juriste de formation, depuis toujours amoureuse des livres et de la littérature, elle a été naturellement amenée à prendre elle-même la plume. Mais c'est grâce à l'une de ces épreuves de la vie qui vous tombe dessus sans crier gare que l'écriture a définitivement pris le dessus.

EXTRAIT

C’était au coeur de Paris, dans le XVIIe, à deux pas du parc Monceau. Liliane et Guillaume, à première vue un couple parmi d’autres, avec ses hauts et ses bas, qui ne connaissait guère de remous importants ni de disputes véritables. Pas grand-chose en commun non plus, mais ce n’était pas l’avis de Liliane si quiconque hasardait cette constatation. Ne profitaient-ils pas ensemble de restaurants étoilés, de sorties et de spectacles divers, de voyages lointains plusieurs fois l’an ainsi que d’une flopée d’amis et connaissances qui, chaque semaine ou presque, s’invitaient les uns les autres ? Sans oublier leur appartement, vaste et lumineux, situé au dernier étage d’un immeuble haussmannien, au 6, rue Édouard Detaille. Enfin, son appartement devrait-on dire, car, tout banquier qu’il était, ce n’était pas grâce à lui que le couple vivait sur un grand pied et tout ce qu’ils possédaient, y compris la grosse berline allemande, venait de son côté à elle, de sa famille. Une fortune que la crise n’avait pas encore entamée ou si peu, grignotage indolore, dernier domino de la chaîne qui se mettrait à vaciller.
LangueFrançais
ÉditeurDricot
Date de sortie1 juin 2015
ISBN9782870954829
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    Aperçu du livre

    Séparations - Martine Rouhart

    Liliane et Guillaume

    Fracture

    C’était au cœur de Paris, dans le XVIIe, à deux pas du parc Monceau. Liliane et Guillaume, à première vue un couple parmi d’autres, avec ses hauts et ses bas, qui ne connaissait guère de remous importants ni de disputes véritables. Pas grand-chose en commun non plus, mais ce n’était pas l’avis de Liliane si quiconque hasardait cette constatation. Ne profitaient-ils pas ensemble de restaurants étoilés, de sorties et de spectacles divers, de voyages lointains plusieurs fois l’an ainsi que d’une flopée d’amis et connaissances qui, chaque semaine ou presque, s’invitaient les uns les autres ? Sans oublier leur appartement, vaste et lumineux, situé au dernier étage d’un immeuble haussmannien, au 6, rue Édouard Detaille. Enfin, son appartement devrait-on dire, car, tout banquier qu’il était, ce n’était pas grâce à lui que le couple vivait sur un grand pied et tout ce qu’ils possédaient, y compris la grosse berline allemande, venait de son côté à elle, de sa famille. Une fortune que la crise n’avait pas encore entamée ou si peu, grignotage indolore, dernier domino de la chaîne qui se mettrait à vaciller.

    Tout cela créait des liens entre eux, à tout le moins vu de loin, comme un mirage que l’on aperçoit dans le désert au ras de l’horizon. Cette accumulation de biens matériels et toute cette agitation qui ressemblait à des mouvements de fuite n’avaient pas beaucoup de sens. Elles ne construisaient rien d’autre que les contours vagues d’un couple, un contenant sans véritable contenu.

    Si leurs routes se rejoignaient par la force des choses dans la vie quotidienne, elles convergeaient plus sérieusement vers Anna, leur fille de seize ans. Celle-ci était toutefois d’accès difficile et semblait avoir décidé de vivre en marge du modèle parental. Solitaire et un peu hautaine, elle se livrait peu, sauf pour proclamer son horreur des vêtements de marque et, en général, de tout ce qui paraissait hors de prix. Elle faisait le désespoir de sa mère en trimbalant partout un vieux blouson déniché aux puces et une poignée de copines d’une banalité affligeante.

    L’existence de cette jeune fille était en soi un miracle. Car si Liliane était belle et riche, elle n’avait aucune attirance pour les choses de l’amour. Six mois après leur mariage ils faisaient déjà chambre à part, une situation à laquelle le beau Guillaume s’était tant bien que mal adapté. Il allait chercher ailleurs ce qui lui manquait et, tant qu’il restait discret et physiquement présent la plupart du temps rue Édouard Detaille, Liliane n’y trouvait rien à redire.

    Elle devinait comment son mari employait ses moments de liberté, durant ces quelques instants entre chien et loup coincés entre la sortie de la banque et son retour à l’appartement. Ce n’était même pas la peine de fouiller ses poches. Guillaume abandonnait derrière lui des vestiges dérisoires mais explicites de ses rencontres, autant de traces laissées à son intention et d’aveux inachevés ; une sorte de jeu de piste destiné à montrer le peu d’importance qu’il fallait accorder à ces femmes de passage. Un jour, c’était le ticket de caisse d’un bar privé ou la carte d’un hôtel (sordide par définition pour Liliane) qu’il avait déposés avec ses clés sur la commode de l’entrée, une autre fois, Liliane avait découvert dans la corbeille à papier la photo froissée d’une femme qui n’était même pas jolie. Liliane connaissait si bien Guillaume qu’elle aurait pu affirmer sans grand risque qu’après la brune aux longs cheveux, le mois prochain, ce serait sans doute un filament jaunasse enroulé sur lui-même qu’elle décollerait avec une mine dégoûtée du col de son veston. Liliane, compatissante, concédait avec un étrange détachement que les hommes devaient être poussés par des instincts un peu primaires et vitaux contre lesquels leur intelligence et leur volonté étaient impuissantes. L’essentiel était qu’elle ne se sentait pas supplantée dans le cœur de son mari. Pour se faire pardonner ses pas de côté, il multipliait d’ailleurs les attentions à son égard. Elles étaient en grande partie sincères, car Liliane, femme du monde élégante et raffinée, était attachante à sa manière. Elle n’était pas non plus dénuée de générosité : consciente des dépenses nombreuses et quelquefois peu honorables de Guillaume, elle le laissait pourtant gérer leurs avoirs en toute confiance.

    Cela faisait des années que leurs relations fonctionnaient sur ce modus vivendi et tout portait à croire qu’une paix équilibrée continuerait à régner longtemps au cœur de l’appartement des abords du parc Monceau.

    Jusqu’au jour où Guillaume, la quarantaine bien sonnée, allait faire la connaissance de Luna. Ce qui avait alerté Liliane, c’était la disparition soudaine et définitive de tout indice.

    ***

    Six mois plus tôt, le matin du 10 avril, il buta en sortant de chez lui contre un cartable déposé au bas des marches de leur immeuble.

    À deux pas, lui tournant le dos, une femme en jeans, vêtue d’un anorak et d’un bonnet orange, expliquait quelque chose avec de grands gestes à un vieux du quartier. Visiblement un dialogue de sourds.

    Il n’était pas difficile de deviner qu’elle cherchait son chemin et Guillaume vint aussitôt à son secours.

    — Excusez-moi, puis-je vous aider, Mademoiselle ?

    Elle tourna la tête vers lui. Des nuages s’amassaient au-dessus des toits et un rayon de soleil sans force tombait sur le trottoir et pourtant, Guillaume fut littéralement ébloui. Malgré son air légèrement irrité, il n’avait jamais vu de visage plus mignon. Elle avait les yeux si sombres qu’on ne voyait pas tout de suite qu’ils étaient bleus, une petite bouche très rouge et des boucles s’échappant en désordre de son bonnet. Blondes, les boucles – comme pour ne pas contredire Liliane.

    — Ah, vous habitez le quartier, Monsieur. Je cherche le Lycée Carnot, d’après la carte il doit être tout près d’ici.

    — Oui, bien sûr, il est situé boulevard Malesherbes. Au bout de la rue, vous tournez à gauche. C’est un grand bâtiment, vous ne pouvez pas le rater… Mais attendez, je vous accompagne jusque-là.

    Il l’avait pour ainsi dire dévisagée tout en parlant. Même si elle paraissait fort jeune, elle avait passé l’âge de s’asseoir sur les bancs d’une école secondaire. Il ne tarda pas à apprendre en chemin qu’elle répondait au doux nom de Luna et venait de son Limoge natal pour remplacer un professeur de français du Lycée Carnot, une aubaine inespérée. Pour lui aussi : il proposa de lui faire découvrir Paris.

    On dit que parfois la beauté s’use à force d’être regardée et ce fut ce qu’il advint pour la plupart des maîtresses de Guillaume. Luna, elle, embellissait de jour en jour. Il ne se lassait pas de la contempler. Il aimait particulièrement la regarder lorsqu’elle se rhabillait, l’air heureux, avec des gestes alanguis, et aussi lorsqu’elle venait à lui à la sortie de la banque, les joues roses, apportant sa jeunesse et sa gaîté. Ils s’aimaient sans retenue et discutaient aussi beaucoup. Une complicité inouïe. C’était son âme sœur qu’il tenait chaque jour entre ses bras.

    Guillaume se rendit compte que s’il n’avait jamais été malheureux, il avait jusque-là manqué de bonheur. Il faisait provision de sensations, de joies, d’images, d’une myriade de petits instants, sans se dire qu’il fabriquait peut-être toutes sortes de souvenirs qui plus tard le feraient souffrir.

    En attendant, c’était dans un autre genre d’enfer qu’il se précipitait. Le mot est peut-être un peu fort, mais on sait que chacun a le don inné de se créer son enfer personnel.

    Il commença par prendre des libertés avec son horaire et les réunions tardives à la banque se firent de plus en plus nombreuses. Aussi bizarre que cela pouvait paraître, Liliane ne lui téléphonait jamais au bureau. Elle n’y connaissait d’ailleurs personne, ayant toujours voulu se tenir le plus éloignée possible du monde besogneux et terre-à-terre des affaires, une situation qui facilitait mensonges et petits arrangements.

    Mais les hommes sont naïfs. Il ne comprit pas la sottise qu’il faisait en gardant si secrète l’existence de Luna, une liaison que rien ne trahissait, ni relevé de compte ou morceau de papier quelconque ni empreinte de rouge à lèvres ou phosphorescence parfumée ; enfin, pas un seul de ses cheveux blonds ne s’égarait sur ses vêtements. Ce fut sa première erreur.

    Ensuite, quelle étourderie, quelle indécence, ce sourire béat constamment oublié sur son visage ! Sa deuxième maladresse.

    Liliane, elle, ne s’y trompa pas et devina que quelque chose avait changé. Son mari arborait un air détendu, satisfait et heureux des plus suspects. Il arrivait aussi qu’une sorte de mélancolie intolérable prenait possession de Guillaume, qui était là devant elle sans vraiment y être, présence lointaine et distraite, inaccessible.

    Une belle histoire avait démarré et déroulait sous le nez de Liliane ses paysages lumineux et ses méandres, et elle était en dehors. Dorénavant, elle allait se montrer moins complaisante. Ce n’était pas tant l’amour de Guillaume qu’elle voulait reconquérir (car au fond elle ne croyait pas l’avoir perdu) que son emprise sur lui.

    Le dernier dimanche du mois d’août, elle décida de passer à l’offensive.

    Une journée triste et pluvieuse s’achevait, la fin de l’été commençait.

    Toutes les fenêtres s’allumèrent l’une après l’autre dans la rue Édouard Detaille. Les trottoirs étaient luisants de pluie. De rares voitures passaient, presque silencieuses.

    Guillaume regardait plus qu’il ne lisait son journal, l’air pensif, mais peut-être était-il réellement pensif à ce moment. Liliane était allongée dans le canapé, les yeux clos. Elle ne dormait pas. Patiente et attentive à tout ce qui se tramait en elle, guettant le bon moment comme une chatte qui observe sa proie, prête à bondir. De menus tressaillements au coin de la bouche et des frémissements imperceptibles des cils, de même qu’une respiration plus rapide, presque saccadée, annonçaient les prémisses de l’attaque.

    — Guillaume, ce jeudi, je passe chez Florence en début d’après-midi. Je n’en aurai pas pour longtemps, ce qui fait que je pourrai venir te chercher à la sortie de la banque.

    Liliane avait pris malgré elle un ton dégagé qui sonna terriblement faux. Guillaume leva une tête somnolente et mit un certain temps à sortir des ornières de ses pensées. Après, il ne trouva rien à répliquer.

    — Eh bien quoi, Guillaume ? Cela t’étonne parce que je ne l’ai jamais proposé, mais il faut pouvoir innover de temps en temps dans un couple, non ? Tu ne trouves pas ?

    Liliane se redressa et tourna la tête vers lui, souriante, les yeux brillants, presque démoniaque. C’était vraiment une question, des mots qui encerclaient Guillaume, mine de rien, insidieux et menaçants comme un serpent qui s’approche avec une lenteur mesurée. Deux ou trois minutes s’étirèrent, rendues interminables par le silence.

    Il tenta une dérobade.

    — Mais… c’est que je ne sais vraiment pas quand je serai libre… J’ai une réunion qui risque de se prolonger très tard…

    — Bon, je vais téléphoner à Florence et remettre ma visite à vendredi. Je viendrai donc vendredi, lui susurra Liliane, les yeux fixes et le sourire figé.

    — Je te rappelle que tu étais censée me ramener de chez le dentiste pour me conduire au Thalys de 19 heures, Maman.

    C’était une voix jeune avec des intonations un peu traînantes et vaguement irritées qui venait de la cuisine à travers l’entrebâillement.

    — Ah, c’est juste, j’avais oublié. Eh bien, on remettra ma proposition à une autre fois, lança vivement Liliane.

    Un accès de dépit puis de colère contre le monde entier monta à ses lèvres, qui se brisa, et un fragment de tristesse dégringola sans bruit au fond d’elle-même : elle avait croisé le regard de Guillaume et y avait lu un soulagement immense comme un grand bonheur.

    Anna ouvrit toute grande la porte de la cuisine, passa devant eux sans les regarder et gagna sa chambre où elle s’enferma. Une minute plus tard, les récitations d’un chanteur de rap traversèrent les murs. Une diversion bruyante qui vint bien à propos.

    — Ah, toujours cette musique de sauvages, laissa tomber Guillaume qui se mit à battre la mesure avec le pied.

    — Qu’est-ce que tu veux, à force de côtoyer ces filles qui viennent d’on ne sait où, ce n’est pas comme ça qu’elle apprendra à aimer Mozart, répondit Liliane. Heureusement que dans tout ce lot, il y a Cécile, tout le contraire des autres, poursuivit-elle. Je suis contente qu’Anna aille passer le week-end chez elle. Il paraît que son frère Simon va commencer des études de médecine l’année prochaine. Des gens très bien.

    Anna et Cécile s’étaient rencontrées deux ans auparavant durant leur séjour à Hammamet. Du même âge, elles étaient très différentes, mais, comme le font le jour et la nuit, elles se complétaient et étaient devenues quasi indispensables l’une à l’autre. La brune Cécile, calme et studieuse, s’intéressait à mille choses et apportait en même temps la lumière et la gaîté qui manquaient le plus souvent à la blonde Anna. En échange, celle-ci secouait la nature enfantine et naïve de son amie en lui entrouvrant des portes mystérieuses sur des mondes un peu troubles. Il faut ajouter que Cécile était belge et habitait les environs de Bruxelles, la banlieue comme disait Liliane. Celle-ci avait été heureusement surprise en découvrant cette petite belge fine et cultivée, un peu comme elle s’étonnait qu’il existât de vrais pauvres en Suisse.

    — J’y pense, continua Liliane avec un ton enjoué, ravie de l’idée qui lui venait subitement à l’esprit, nous avons donc un week-end libre tout à nous ! J’irais bien samedi soir dans ce nouveau restaurant qui s’est ouvert à Verneuil-sur-Seine, Florence m’a dit qu’il était extraordinaire. Et nous pourrions même y loger une nuit, il fait partie des « hôtels de charme ».

    Elle aurait proféré une énormité scandaleuse que Guillaume n’aurait pas paru plus indigné. Liliane a cette fois manqué de discernement, elle a voulu y aller trop fort et trop vite. Cet emballement soudain et intempestif était pour tout dire vraiment déplacé, sortant de sa bouche. Guillaume y puisa à la fois la justification d’un refus et la force de répliquer sèchement.

    — Mais oui, vas-y avec Florence, pour moi c’est exclu, je serai justement de corvée tout le samedi avec le big boss pour plancher sur son fameux projet, tu sais bien, je t’en ai parlé… Tu ne t’en souviens pas ?

    Non, bien sûr que non, elle ne s’en souvenait pas pour la bonne raison qu’il venait de l’inventer. Il mentait, et avec tant d’aplomb et d’aisance qu’elle ne put s’empêcher de penser qu’il devait aussi lui mentir à elle de temps à autre. Un homme qui mène une double vie ment toujours, il ne peut pas faire autrement.

    Liliane n’allait pas en rester là. Le jour suivant, après le dîner, elle l’interrogea sur le fameux projet qui devait l’occuper durant toute la journée du samedi. Des questions pointues qui attendaient des réponses précises : quels en étaient les tenants et aboutissants, en quoi était-il lui-même impliqué et pouvait-il en espérer de l’avancement, est-ce que ce n’était pas trop stressant pour lui, etc. Tant d’intérêt et de sollicitude éveillèrent la méfiance de Guillaume, c’était bien la première fois qu’elle se souciait autant de son travail. Conscient que des réponses vagues lancées au hasard n’allaient pas satisfaire sa femme, Guillaume se mit à improviser, inventant mille détails et compliquant à l’excès, entremêlant quelques vérités dans les mensonges. Bref, il finit par échafauder une sorte d’usine à gaz et en rajouta tant et si bien que dans ce continu va-et-vient entre élucubrations et faits réels, il se perdit un peu en chemin.

    La nuit était tombée lorsqu’il arriva à la fin de ses explications. Il était épuisé, mais content de lui.

    Sans doute Liliane avait-elle encore espéré s’être trompée. Elle l’avait écouté, attentive à chaque mot, suspendue à ses lèvres. Mais les incohérences de son discours, qui déjà faisaient injure à l’intelligence de sa femme, étaient surtout éclairantes. Jamais auparavant il ne s’était mis en frais à ce point ; on aurait dit qu’il jouait sa vie et avait jeté toutes ses forces dans la bataille.

    Que de fois dans le passé n’avait-elle pas réussi à lui faire renoncer, sans grand sacrifice apparent de sa part, à une escapade quelconque avec l’une de ses conquêtes ?

    Décidément, cette histoire-ci n’était pas une bagatelle et il fallait y mettre un terme.

    Liliane ne dit pas un mot. Un silence tendu s’installa et seul le léger cliquetis de ses bracelets d’argent s’éloigna en direction de sa chambre.

    À partir de ce jour-là, elle ne cessa plus de lui mettre des bâtons dans les roues. Répugnant

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