La merveilleuse Riviera del Brenta

Par Paolo Tieto

Ce volume se propose d'illustrer les villas qui cotoient le Naviglio Brenta, telles qu'elles se présentaient au XVIIIᵉ siècle et telles que nous pouvons les admirer aujourd'hui en sillonnant les eaux de l'antique fleuve à bord du "Burchielllo", de Padoue à Venise et vice-versa, d'Avril à Octobre, quand la nature complète la beauté architecturale subjective de tant d'édifices sur cette terre vénitienne.

• Langue: Français
• Éditeur: Panda Edizioni
• Date de sortie: 9 sept. 2014
• ISBN: 9788899091071

Aperçu du livre

MALCONTENTA ET ORIAGO

Dans les dernières ramifications de terre ferme, à l'embouchure du fleuve Brenta dans la lagune, il ne reste aujourd'hui que très peu des constructions rapportées par Costa. Rien des typiques maisons de campagne de Lizza Fusina, rien de l'ensemble architectural de Moranzan (l'écluse de 1609 a été ensevelie en 1964) et rien non plus de l'auberge du Botteghin ni du sobre palais Marcello avec ses amples ailes. La première à apparaître, de la longue série – presque une vision au milieu de la campagne déserte – est la villa Foscari, mieux connue sous le nom de Malcontenta. La sobre harmonie de ses lignes et la grâce d'un pronaos aux imposantes colonnes ioniques nous obligent aussitôt à considérer l'extraordinaire génialité d'un des plus grands architectes de la Renaissance italienne, Palladio; mais bientôt le regard s'attarde sur le reflet de cet édifice dans les eaux du Naviglio, comme pour nous pousser à retrouver l'ombre de la belle Foscarine, condamnée à vivre entre ces murs pour le reste de ses jours après une jeunesse dissolue et pleine de plaisirs. Ce n'est qu'une légende, bien entendu, qu'une croyance populaire, puisque nous avons des mentions de la localité Malcontenta qui remontent au XVe siècle. La narration cependant s'accorde admirablement à l'atmosphère des alentours, à l'esprit presque sacré de cette façade, si différente en outre de la façade sud, vers le jardin, où l'arythmie des portes et des fenêtres, des arcs et des tympans semble avoir laissé plus de place à la créativité du constructeur. Les souvenirs historiques liés à ce merveilleux édifice, prototype d'une nouvelle façon de concevoir les demeures patriciennes au sein de la nature, sont nombreux, mais le plus significatif reste sans aucun doute celui de la visite de Henry III, Roi de France, en Juillet 1574.

Il n'existe rien de plus dans cette localité, sinon, un peu plus loin, quelques maisons rurales, agréables du reste pour leurs cheminées typiques et pour les vives couleurs des revêtements, car les gens de la campagne aiment les tons criards pour leurs habitations. C'est le territorie de Malcanton, connu pour les nombreuses dissensions et contestations entre Venise et les Carraresi, mais tristement connu aussi, puisque c'est ici justement que Jacopo del Cassero trouva la mort.

Plus loin, outre les restes du palais avec la tour des Carraresi, au bout d'une double rangée d'arbres qui lui confère une perspective en coulisse, s'élève la villa Priuli-Bon. La construction remonte au XVIe siècle, mais la loge, rajoutée pour embellir la façade, est du siècle suivant. Elle rappelle énormément la loge Cornaro del Falconetto de Padoue, mais avec ses trois arcs majestueux elle constitue un exemplaire unique dans le contexte de la construction de la Riviera. Non loin de celle-ci et sur la même rive, nous trouvons