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Histoire de la ville et baronnie de Bressuire
Histoire de la ville et baronnie de Bressuire
Histoire de la ville et baronnie de Bressuire
Livre électronique341 pages4 heures

Histoire de la ville et baronnie de Bressuire

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À propos de ce livre électronique

"Histoire de la ville et baronnie de Bressuire", de Bélisaire Ledain. Publié par Good Press. Good Press publie un large éventail d'ouvrages, où sont inclus tous les genres littéraires. Les choix éditoriaux des éditions Good Press ne se limitent pas aux grands classiques, à la fiction et à la non-fiction littéraire. Ils englobent également les trésors, oubliés ou à découvrir, de la littérature mondiale. Nous publions les livres qu'il faut avoir lu. Chaque ouvrage publié par Good Press a été édité et mis en forme avec soin, afin d'optimiser le confort de lecture, sur liseuse ou tablette. Notre mission est d'élaborer des e-books faciles à utiliser, accessibles au plus grand nombre, dans un format numérique de qualité supérieure.
LangueFrançais
ÉditeurGood Press
Date de sortie23 nov. 2021
ISBN4064066307639
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    Histoire de la ville et baronnie de Bressuire - Bélisaire Ledain

    Bélisaire Ledain

    Histoire de la ville et baronnie de Bressuire

    Publié par Good Press, 2022

    goodpress@okpublishing.info

    EAN 4064066307639

    Table des matières

    CHAPITRE PREMIER.

    CHAPITRE II.

    CHAPITRE III.

    CHAPITRE IV.

    CHAPITRE V.

    CHAPITRE VI.

    CHAPITRE VII.

    DOMAINE SEIGNEURIAL DE LA BARONNIE DE BRESSUIRE,

    DOMAINE

    DE LA CHATELLENIE DE CHICHÉ.

    PIÈCES JUSTIFICATIVES.

    N° 1.

    N° 2.

    N° 3.

    N° 4.

    N° 5.

    N° 6.

    N° 7.

    N° 8.

    N° 9.

    N° 10.

    N° 11.

    N° 12.

    N° 13.

    N° 44.

    N° 15.

    N° 16.

    00003.jpg

    CHAPITRE PREMIER.

    Table des matières

    LE CHATEAU.

    Parmi les nombreux châteaux dont est parsemé l’ouest de la France, il en existe peu de plus curieux et de moins connus que celui de Bressuire. Quoiqu’il soit réduit depuis très-longtemps à l’état de ruine, l’antiquité et le style très-varié de ses immenses constructions, l’étendue considérable de terrain qu’elles occupent, l’ensemble complet qu’il présente, en font un véritable type de forteresse féodale digne de l’étude la plus attentive.

    C’est sur un promontoire de rochers taillés à pic en certains endroits que s’élève la forteresse des Beaumont-Bressuire. La face tournée vers le midi, sur le bord d’un précipice, elle regarde d’un côté l’humble rivière du Dôlo, qui serpente à ses pieds dans une profonde vallée, et de l’autre la ville, qui se développe à son ombre sur le penchant d’un coteau, et qu’elle a protégée et dominée si longtemps, après l’avoir, pour ainsi dire, enfantée. En effet, le château de Bressuire n’a pas été fait pour la ville; il en est tout à fait indépendant: c’est la ville, au contraire, qui est venue s’abriter sous ses puissantes murailles. Il a choisi d’abord son assiette; puis l’enceinte urbaine s’est rattachée plus tard à la sienne comme à son protecteur naturel. Quant à lui, s’il a accepté ce secours, il pouvait fort bien s’en passer, et toutes ses dis positions étaient déjà prises pour se défendre isolément et avec vigueur. Nous insistons sur ce point, car, ainsi que l’a remarqué M. Viollet-Leduc, il constitue un des caractères saillants du château féodal, et on le rencontre parfaitement tranché dans celui de Bressuire. L’histoire, d’ailleurs, nous apprend que sa fondation primitive est antérieure à celle des églises, et par conséquent à la ville elle-même, qui n’a véritablement prospéré et augmenté qu’à ce moment, comme une foule d’autres petites cités.

    Dès l’année 1029, il est fait mention du château de Bressuire, castrum quod vocatur Berzoriacum, dans l’acte de donation du petit bourg et de la petite église, alors toute récente, de Saint-Cyprien de Bressuire. Or, à cette époque, la ville de Bressuire avait assurément très-peu d’importance. L’église de Notre-Dame ne fut fondée que vers l’an 1090, par Thibaud de Beaumont, et Saint-Jean et Saint-Jacques sont encore moins anciens. Ce n’est donc guère que pendant le XIIe siècle que la ville prit un sérieux développement. Le château, au contraire, est né avec la féodalité, et a été établi dans son admirable position par les premiers seigneurs, pour asseoir et étendre leur puissance sur le pays environnant. Il ne serait même pas impossible, malgré l’absence complète de données à cet égard, qu’il ait remplacé un castrum romain ou gaulois, ainsi qu’on l’a constaté en d’autres lieux. Mais, quelque certaine que puisse paraître l’existence d’un château à Bressuire dès les premiers temps féodaux, il est clair qu’il ne subsiste plus aucune trace des constructions de cette époque, où le bois jouait un grand rôle et était presque exclusivement employé, excepté dans les donjons, toujours bâtis en pierres, comme ceux de Langeais (992), Loches, Beaugency (XIe siècle), Nogent-le-Rotrou, Montbazon, etc. On ne peut même pas faire remonter les constructions actuelles à l’époque indiquée plus haut (1029). Il faut descendre, pensons-nous, jusqu’à la fin du XIe siècle au moins, pour trouver l’origine approximative assez certaine des parties les plus anciennes.

    Cette curieuse forteresse de Bressuire, si intéressante surtout par l’unité de son plan et de son système défensif, qui n’ont subi aucun remaniement, si ce n’est dans les bâtiments d’habitation, se compose de deux enceintes précédées d’une forte barbacane. (Voir planche XXI.) La première enceinte enveloppe de toutes parts le plateau sur lequel est assis le château; elle côtoie autant que possible les escarpements les plus abrupts, élément essentiel de sa force, et vient se relier sur le point le plus inaccessible, au midi, à l’enceinte intérieure, dont l’assiette est bien plus restreinte, mais en même temps beaucoup plus forte.

    C’est, en effet, au sommet le plus élevé du plateau, sur un massif de rochers isolé, taillé à pic et affectant la forme d’un demi-cercle, que se trouve perchée l’enceinte intérieure, sorte de petite citadelle indépendante au milieu d’une plus grande, et où les seigneurs ont eu le soin de placer et de maintenir toujours leur habitation. Là est le cœur de la place. Remarquons de suite que là aussi est la partie la plus ancienne, celle dont nous croyons devoir fixer la construction au dernier quart du XIe siècle au plus tôt. Le château, pendant assez longtemps, un siècle à peu près, n’a pas dépassé ces limites. On reconnaît à différents signes que l’enceinte extérieure est plus jeune et doit être attribuée à la fin du XIIe siècle et au commencement du XIIIe. Cependant la section comprise entre la tour n° 29 et la tour de la Fontaine (n°39), bâtie, comme nous le dirons plus loin, sur l’emplacement de la plus ancienne porte du château, semble avoir précédé l’ensemble de cette enceinte: en sorte qu’il y aurait eu du côté de la ville, dès l’origine, une muraille extérieure beaucoup plus restreinte, à la vérité, mais enveloppant une petite avant-cour ou bayle, comme dans tous les châteaux.

    On peut se rendre un compte immédiat de l’importance du château de Bressuire par le développement extraordinaire de ses fortifications, qui ne présentent pas moins de 670 mètres de circonférence, sans y comprendre la barbacane qui mesure 150 mètres. L’enceinte extérieure est flanquée de 31 tours; l’autre n’en a que 12, dont deux n’existent plus; la barbacane était munie de 5 tours: ce qui fait un total de 48 tours, luxe de défense et signe d’une puissance vraiment surprenante pour un château qui n’était qu’un arrière-fief du comté de Poitou.

    Lorsqu’on arrive de la ville par la rue Saint-Nicolas, la barbacane est le premier obstacle qu’on rencontre (E). Elle est aujourd’hui très-défigurée; pourtant on y reconnaît encore les débris d’une tour (E¹) qui était creuse et percée d’archères. Pour entrer dans la barbacane, il faut franchir le premier fossé au point D, où se trouvait jadis un premier pont-levis, placé à l’angle et dans une position si oblique relativement à la porte, que de là on ne peut pas l’apercevoir. Puis on arrive, en tournant subitement à droite, devant la grande porte du château. Mais, avant d’y aborder, il faut encore franchir un fossé sur lequel était jeté un autre pont-levis qui, en se relevant, fermait hermétiquement l’entrée en s’emboîtant dans un encastrement rectangulaire. Les deux fossés qu’on vient de traverser ont 60 pieds de largeur sur 21 de profondeur.

    Bien différente en cela des portes de villes et de châteaux des XIIIe et XIVe siècles, presque toujours flanquées de deux tours en saillie, celle du château de Bressuire est percée dans une seule tour demi-cylindrique, très-massive, dont le diamètre surpasse celui de toutes les autres. (Voir pl. XXIII.) Aussi le passage d’entrée, voûté en ogive, est-il très-étendu. Deux herses, qu’on manœuvrait dans la chambre supérieure, en défendaient les deux extrémités. Entre chacune d’elles il y avait en outre une porte à doubles vantaux; en sorte qu’il fallait briser quatre obstacles en comptant le pont-levis. D’après M. Viollet-Leduc , les ponts-levis ne datent guère que du commencement du XIVe siècle. M. de Caumont pense qu’on les employa dès le XIIIe siècle, mais d’une manière moins générale. Cette dernière opinion nous semble la plus vraie. La porte du château de Bressuire, par son appareil et sa forme générale, qui s’harmonisent d’ailleurs si bien avec toute la muraille d’enceinte, présente les caractères d’une construction de la première moitié du XIIIe siècle, au plus tard. Elle serait donc une des premières où le pont-levis ait été mis en usage; l’encastrement dont nous avons parlé tout à l’heure en est la preuve. Ici, d’ailleurs, le tablier n’était pas mis en mouvement, suivant les règles ordinaires, par deux poutres jouant dans des rainures pratiquées au-dessus de la porte. Une seule ouverture, qui ne ressemble guère, il faut l’avouer, aux rainures usitées en pareil cas, existe au sommet de l’encastrement: par conséquent une seule poutre soulevait le pont. Cela prouverait donc qu’on était encore peu familiarisé avec l’usage des ponts-levis, usage néanmoins plus ancien qu’on ne le croit généralement.

    L’entrée de la chambre supérieure se trouve du côté de la cour, sur un massif à gauche, et devait communiquer avec le chemin de ronde de la courtine voisine. Une plate-forme crénelée couronnait la tour, dont la hauteur est d’environ 40 pieds, à partir de sa base dans le fossé. Quand on l’examine dans ses détails, il ne faut pas tenir compte, bien entendu, de la petite guérite et du pilastre en maçonnerie, percés chacun d’une meurtrière à mousquet, qu’on a placés à droite et à gauche de l’entrée: ce sont des additions du XVIe siècle.

    De la grande porte, bâtie au sommet de l’angle saillant que forme en cet endroit le château, partent les deux murailles de la première enceinte, dont l’une se dirige vers l’ouest et l’autre vers le midi. Les nombreuses tours qui les flanquent sont de deux sortes, quoique de la même construction. Les unes, terrassées, avaient leur défense disposée sur leurs plates-formes au moyen de hourds et de créneaux; les autres, munies de couronnements semblables, et contenant en outre un ou plusieurs étages intérieurs percés d’archères, pouvaient opposer une plus grande résistance. Ce mélange de deux systèmes différents, employés simultanément dans la première ligne de fortifications du château de Bressuire, est un indice non trompeur de la période de transition. On n’ignore pas, en effet, que, dès le XIIe siècle, on commença à établir des étages inférieurs dans les tours et courtines des places, afin de les mieux garantir contre la sape. L’usage des tours pleines, reconnu désormais défectueux, était entièrement ahandonné au XIIIe siècle. Ainsi, pour n’en citer qu’un exemple, parmi les tours du château de Chinon, toutes celles qui datent de cette époque contiennent plusieurs salles voûtées très-remarquables. Il parait donc à peu près certain que l’enceinte extérieure du château de Bressuire a été édifiée durant le dernier quart du XIIe siècle ou dans les premières années du XIIIe, au plus tard. Un examen plus détaillé achèvera de nous en convaincre.

    Le front oriental de la muraille, depuis la grande porte jusqu’à l’enceinte intérieure, est flanqué de onze tours demi-cylindriques, toutes terrassées, à l’exception de la tour 42, percée de trois archères, et de la tour dite de la Fontaine , située au milieu (n° 39). Celle-ci, par son diamètre, non moins considérable (36 pieds) que sa hauteur (63 pieds), et l’épaisseur de ses murs (9 pieds), se fait remarquer parmi ses voisines, qu’elle domine et protège d’une manière toute particulière. Elle contient quatre étages, dont deux voûtés. On descend de la cour du château dans l’étage inférieur par un couloir long et étroit: c’est un réduit voûté, d’une faible dimension, presque envahi par une source d’eau vive; il est éclairé par une grande meurtrière ouvrant presque au niveau du fond du fossé. Le deuxième étage, beaucoup plus vaste et isolé du reste de la tour, a également son issue du côté de la cour. Chose bizarre! là était, comme nous l’avons déjà dit, l’ancienne porte extérieure du château, englobée plus tard dans la masse de la tour, lors de la construction de la grande enceinte, mais qu’on reconnaît encore distinctement à son arceau voûté en plein cintre, percé d’un mâchicoulis longitudinal condamné dans la suite, et reposant sur un cordon et des jambages unis, semblables à ceux de la porte intérieure (N) du château, que nous décrirons plus loin. Le troisième étage, qui n’était pas voûté, est percé de trois archères à tir rasant, battant le talus du fossé et chevauchant avec celles du dernier étage. Deux portes, qu’on pouvait fermer au besoin, au moyen de forts vantaux bardés de fer, le mettent de plain-pied en communication avec le chemin de ronde. Quant au dernier étage, il devait reposer sur un plancher, et on y montait sans doute du troisième au moyen d’un escalier en bois. Il n’est percé que de deux archères, et était abrité par une toiture en pointe reposant sur un crénelage aujourd’hui détruit. Ce qui distingue surtout la tour de la Fontaine, c’est qu’elle pouvait faire au besoin un petit fort séparé et indépendant, capable de résister aux assiégeants, dans le cas où ils seraient parvenus à se rendre maîtres des courtines voisines. A la différence des tours pleines, dont la plate-forme était au même niveau que les courtines, et sur lesquelles le chemin de ronde passait librement, la tour de la Fontaine dominait toute la muraille orientale de la hauteur de deux étages, et, sans gêner le passage du chemin de ronde, l’interceptait, à un moment donné, en fermant les vantaux du troisième étage. Beaucoup de tours dans les châteaux du moyen âge, notamment celles de la célèbre cité de Carcassonne, étudiée avec tant de soin par M. Viollet-Leduc, présentent une disposition semblable.

    Les murailles du château de Bressuire ont une hauteur variant de 30 à 40 pieds. Les créneaux qui en faisaient le couronnement et la défense sont aujourd’hui dérasés; mais le chemin de ronde, large de 3 à 4 pieds, et une partie du parapet subsistent encore presque partout. On y ajoutait en temps de guerre, suivant l’usage, des hourds en bois; et l’on peut voir encore dans une des tours (n° 15) les trous carrés par lesquels on introduisait les poutres destinées à les supporter. Au XIIIe siècle, les poutres furent remplacées par des corbeaux en pierre, comme au donjon de Coucy, construit vers 1220, et bientôt après on substitua aux hourds en bois des galeries complètes de machicoulis de pierre. Or, à l’exception d’un seul point de l’enceinte intérieure, qui, ainsi que nous le démontrerons, a subi un remaniement postérieur, pas une muraille du château de Bressuire ne porte la trace de consoles ou mâchicoulis de pierre: nouvelle preuve de l’âge que nous avons assigné à cette forteresse.

    Passons maintenant à la partie septentrionale de l’enceinte, de l’autre côté de la porte. L’une des tours qui la flanquent, située non loin de la porte, affecte une forme curieuse, qui, à notre connaissance, n’a été observée nulle part ailleurs (n° 3). Elle se compose d’une espèce de petite courtine en saillie, flanquée sur ses angles de deux petites tours pleines, dont l’une est écroulée. La base de ce singulier ouvrage, qui ressemble beaucoup à une tour géminée, se termine légèrement en glacis, dans lequel vient se noyer le pied des deux petites tours. La partie centrale, c’est-à-dire la petite courtine, est creuse. On y accède de l’intérieur de la cour par un couloir très-étroit, muré depuis à son extrémité, et au-dessus duquel on voit les degrés d’un petit escalier, qui conduisait sans doute dans la partie supérieure. Près de là, le mur de la courtine (2-3) a conservé sa hauteur primitive, de 40. pieds au moins, et quelques-uns de ses créneaux.

    Plus loin s’élève une très-forte tour (n° 7), divisée en plusieurs étages, ainsi que l’indiquent les archères dont elle est percée. On y pénétrait par un corridor voûté, parallèle à la cour, accessible par le chemin de ronde, et d’où l’on descendait sans doute ensuite dans les étages inférieurs, car la tour n’a pas d’autre issue apparente. Elle remplit, sur le front septentrional de l’enceinte, un rôle analogue à celui de la tour de la Fontaine, sur le front oriental. Toutes deux sont également propres à une résistance isolée, dominent avec la même puissance les autres défenses de la muraille, et peuvent balayer au loin les abords des fossés. La même idée a évidemment inspiré leur construction, et leur disposition réciproque paraît fort bien combinée.

    A la tour n° 11 vient se raccorder le mur de la ville, qui interrompt brusquement en cet endroit les deux fossés. Au delà, la première enceinte du château n’est plus défendue que par un seul fossé ; mais elle gagne presque immédiatement les escarpements formidables du coteau, en formant un angle obtus flanqué de deux tours. On peut étudier le système de construction de la plupart des tours de la grande enceinte dans celles indiquées sous les nos12 et 8. Ainsi, la tour n° 12, terrassée dans sa partie inférieure, présente dans sa partie supérieure, qui est creuse, trois archères disposées sur deux rangs (deux en bas et une en haut), et chevauchant, suivant l’usage. Ces archères sont abritées sous des arcades en plein cintre à voussoirs cunéiformes, comme celles qui se trouvent à Chinon, dans la courtine de droite en entrant, que l’on attribue au XIIe siècle . Cette tour avait donc deux étages surmontés du crénelage ordinaire, et dont l’un était de niveau avec le chemin de ronde. Les tours n° 8 et autres étaient en tout semblables à celle-ci.

    Le mur d’enceinte tourne subitement à la tour n° 14, et court en droite ligne sur des escarpements naturels, jusqu’à la tour de la Poterne, d’où il gagne enfin le château central, en suivant toujours la crête du coteau et après avoir formé deux nouveaux angles. Les fours du front occidental sont terrassées, mais leur sommet est dérasé, sauf celui de la tour n° 15, qui a conservé ses trois créneaux. Munie d’un étage intérieur, comme quelques-unes de ses voisines, elle forme, dans sa partie supérieure, un petit hémicycle ouvert du côté de la cour et accessible par le chemin de ronde. On y remarque, comme nous l’avons dit plus haut, les trous nécessaires pour poser les hourds en bois.

    Une tour cylindrique très-grosse défend l’angle sud-ouest, où viennent aboutir les murs de l’ouest et du midi (n° 17). Elle est traversée par une poterne. Le couloir d’entrée, voûté en ogive, se dirige d’abord en droite ligne jusqu’au centre de la tour, puis tourne à gauche, allant déboucher, selon toute apparence, dans la cour par la courtine (16-17). On remarque à l’extérieur un encastrement rectangulaire semblable à celui qui encadre la grande porte. Était-il aussi destiné à recevoir un pont-levis? Ceci paraît évident, car il fallait bien franchir le fossé en cet endroit pour communiquer avec l’ouvrage avancé en terre qui défendait les abords de la poterne, et dont les vestiges sont encore apparents (X). La tour de la Poterne est surmontée d’une autre tour cylindrique, d’un diamètre plus petit, recouverte d’un enduit et ornée d’un cordon de pierre de tuf vers sa partie supérieure. Il est clair qu’il n’existe aucune relation ni aucun rapport entre ces deux constructions, et l’on demeure convaincu, après mûr examen, que la seconde tour, bâtie vers la fin du XVe siècle, n’était autre chose qu’un colombier. Un bloc énorme, débris de l’ancienne plate-forme qu’il a remplacée, gît encore à ses pieds au fond du fossé.

    Les deux tours 18 et 19, demi-cylindriques, d’un diamètre d’ailleurs assez restreint, qui flanquent le front méridional, contiennent chacune, dans leur partie basse, un étage voûté percé d’archères, communiquant avec la même cour par des issues disparaissant presque entièrement sous le niveau actuel des terres. Quant à leur sommet, il était disposé, si l’on en juge par ce qui reste de la tour 19, comme celui de la tour n° 15, c’est-à-dire en hémicycle ouvert du côté de la cour, de plain-pied avec le chemin de ronde, et muni d’archères abritées sous des arcades en plein cintre.

    La tour cylindrique, dite pilier massif (n° 20), bâtie sur le point le plus inaccessible du rocher, est la dernière de l’enceinte extérieure. Le mur forme là un angle droit très-prononcé, et atteint presque aussitôt le château proprement dit au point j, où l’on aperçoit les traces du raccordement, preuve de l’antériorité de l’enceinte centrale. Comme le pilier massif et le mur (20-j), en cas de prise d’assaut de la première enceinte, eussent pu devenir dangereux pour la sûreté du château intérieur, s’ils eussent été en relation directe avec le chemin de ronde, on prit le soin de les en rendre complétement indépendants, et on leur donna, dans ce but, une hauteur de 40 pieds environ; de cette manière, aucune communication n’était possible entre le pilier massif et la courtine (20-19), bâtie en contre-bas. Près de là, une poterne étroite, donnant sur les escarpements, semble avoir été ménagée au point i.

    Revenons maintenant à la grande porte et entrons dans l’intérieur du château, en laissant à gauche le petit bâtiment qui servait de corps de garde (o). Tout d’abord se présente une cour immense, aujourd’hui cultivée: c’est le bayle ou ballium ancien, qu’on nommait aussi lices. Deux murs dont la maçonnerie paraît ancienne, l’un (m) partant de la tour de la Fontaine, l’autre (k-l) unissant la tour 12 à la tour 24, divisaient autrefois les lices en trois portions. Ceci avait pour but d’isoler du reste de la place celle des trois parties de l’enceinte qui aurait eu le malheur d’être conquise par l’assiégeant, et de l’arrêter ainsi, du moins pour quelque temps, dans sa marche victorieuse. On sait que le système de fortification au moyen âge consistait surtout à semer des obstacles de toutes sortes sous les pas des assiégeants. La défense était alors, en général, supérieure à l’attaque.

    Nous voici arrivés en face

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