Les Dégustations Vallée de la Loire Les Dégustations Les blancs océaniques
Le souffle frais procuré par un beau vin blanc. Voilà une ambition infinie! Dans le contexte du changement climatique, préserver la fraîcheur naturelle d’un vin est un défi pour le vigneron. Pour l’amoureux de vins, c’est une quête. Alors, où trouve-t-on des vins marqués d’une fraîcheur singulière en France? On se dirige naturellement vers un vignoble septentrional. La Vallée de la Loire? Bonne idée! Ses blancs revigorants n’ont jamais été aussi prisés. Longeons le fleuve puis descendons à une soixantaine de kilomètres de son embouchure sur l’océan Atlantique. Nous sommes dans le Muscadet. Ah, le Muscadet! À la simple évocation de ce nom, les gencives de nombreux béotiens se rétractent encore, leur estomac se tord. Cessons de radoter les affres du passé: le Muscadet n’a jamais produit autant de bons vins!
LE VIRAGE DES ANNÉES 1990
Ce vignoble historique de la région de Nantes se situe essentiellement sur la rive droite de la Loire. Un seul cépage est mis à l’honneur sur ces 6 500 hectares de vigne: le melon blanc, autrefois baptisé melon de Bourgogne en hommage à sa région d’origine. Mais la Bourgogne a obtenu l’interdiction de se voir mentionnée sur une bouteille de muscadet afin de ne pas créer de confusion. Logique!
Pour gagner le cœur des amateurs, il a fallu compter avec la vision et la ténacité de vignerons comme Guy Bossard, Jo Landron et Pierre Luneau-Papin pour faire jaillir les expressions les plus ambitieuses et sincères du Muscadet. Puis, dans les années 1990, un mouvement de vignerons est apparu pour faire émerger de ce très vaste vignoble des crus partageant une certaine unité géologique autour d’une commune. Car sous les ceps se cache une myriade de sols et de sous-sols singuliers au Muscadet. On y retrouve gneiss, orthogneiss, différents granites, micaschistes, serpentinite, amphibolite, sables, gabbro…
Pour que ces crus soient adoubés par l’Inao, il fallait un cahier des charges qui les distingue des autres muscadets. Alors on a imposé des rendements plus faibles, un âge minimum des vignes et, surtout, ce qui fait la marque de fabrique des crus du Muscadet, des élevages longs sur lies. Des élevages menés pour la plupart dans d’impressionnantes cuves creusées dans le sol desverre (voir photo p. 109), et plus récemment de grès ou encore revêtues d’époxy. La durée minimum d’élevage doit être de dix-huit mois. Selon les crus, certains vignerons étirent ces élevages jusqu’à vingt-quatre, trente-six, quarante-huit, parfois soixante-dix mois avant de mettre leurs vins en bouteilles. Seule la Champagne peut élever ses vins aussi longtemps!
