En Bourgogne, quand on parle d’un climat, on ne lève pas les yeux au ciel, on les baisse sur la terre », écrivait Bernard Pivot. Le climat y désigne alors une parcelle de vigne sur un lieu-dit précis caractérisé par sa géologie et son exposition. Bien qu’il soit impossible d’utiliser cette dénomination spécifiquement bourguignonne en Savoie, la richesse et la diversité de ses terroirs nous amène inévitablement à y penser. Différence des terrains – éboulis calcaires pour les uns, argiles, molasses, marnes blanches, jaunes, rouges (riches en fer) issues de moraines glacières pour d’autres – coteaux souvent très abrupts, altitudes, expositions… permettent aux vins d’avoir une variété de typicité extraordinaire. Ainsi une altesse de Chautagne, au nord du lac du Bourget, aura peu à voir avec celle de Chignin, au sud de Chambéry, et force est de constater, pour notre plus grand plaisir, qu’un même cépage, à 2 km près, peut offrir de superbes nuances d’expression. La rencontre des nombreuses variétés autochtones, le plus souvent sans référentiels connus, finira d’aiguiser votre appétit de découvertes et les gastronomes y trouveront des possibilités d’accords culinaires pointus, en tout cas, inédits. Jacquère, altesse, mondeuse, verdesse, gringet… invitent toute leur poésie alpine dans nos verres.
Une viticulture exigeante
Derrière ces blancs salivants et ces rouges réjouissants se cache une réalité plus rude qui force l’admiration. Celle d’une viticulture de montagne qui mène la vie dure à ceux qui la pratiquent, parfois sur des coteaux escarpés et bien entendu, non mécanisable. Le climat – la météorologie, cette fois – joue ici une autre partition. Caractéristique des zones de montagne, elle apporte son tribut de pluie, d’humidité et de fraîcheur. Si les aléas n’épargnent pas les Savoyards, le réchauffement permet de ramasser des raisins plus mûrs. Mondeuse et jacquère gagnent en degrés, jusqu’à douze, ce qui se voyait rarement auparavant, et, malgré la chaleur, les vins sont plus tendus, friands et gardent leurs fraîcheurs.
En marche vers les sommets
Phylloxéra, exode rural, or blanc des stations, vigne mal valorisée, piètre image des vins, ont fait perdre beaucoup de terrain à
