Une Rome alanguie et corrompue anéantie par la force saine et virile des brutes barbares… Il y a dans l’imaginaire collectif qui entoure la chute de l’Empire romain l’idée d’une décadence militaire, d’une lutte darwinienne d’où le plus fort sort vainqueur… Idée complètement fausse! Le modèle militaire romain, au contraire, est resté efficace: c’est lui que les « barbares » ont imité et adopté. Jusqu’au bout, il a su se réformer, s’adapter aux nouvelles menaces. Et en somme, il a survécu… contrairement à l’Empire. Ce qui n’est pas forcément contradictoire.
Une réponse adaptée à de nouvelles menaces
La télégénique légion en damier d’Auguste, les boucliers rectangulaires et les armures segmentées de Trajan n’ont plus cours aux ive et ve siècles. Et alors? Si l’armée romaine abandonne les oripeaux qui ont fait sa gloire, ce n’est pas par oubli de sa grandeur passée mais pour faire face à de nouvelles menaces. Elles émergent au cours du iiie siècle: l’Empire (pas encore scindé en deux) fait face à une série d’épidémies, de guerres civiles et d’invasions qui ont des répercussions catastrophiques sur son unité et son économie. Il doit mobiliser des effectifs nombreux face aux redoutables Perses sassanides, qui occupent la Syrie orientale, l’Irak et l’Iran actuels.
La dynastie des Perses sassanides succède en 224 aux Arsacides, euxmêmes successeurs des Achéménides. Au IIIe siècle, leur empire s’étend de l’Euphrate jusqu’à l’Indus. En 260, leur roi Sapor Ier écrase les armées romaines près d’Édesse (aujourd’hui en Turquie) et fait prisonnier l’empereur Valérien.
La menace n’est pas qu’orientale. Sur la frontière du Rhin et du Danube apparaissent de grandes fédérations siècle. Tous, cependant, sont attirés par les richesses de l’Empire. Et tous nécessitent une réponse tactique différente. En outre, l’organisation doit répondre à des formes offensives variées. La plupart des attaques ne sont que des incursions, mais certaines tentatives tournent parfois en véritables invasions.