Certes, leur défaite à Cannes restera à jamais comme l’exemple même du désastre militaire. Mais à part une poignée d’accidents, force est de reconnaître que la suprématie militaire des Romains n’a pas d’équivalent: entre la conquête de la botte italienne au ive siècle av. J.-C. et le délitement de l’Empire au iiie siècle, le règne des légions aura duré près de 700 ans! À la base de cette longévité figure bien sûr (mais pas seulement) une redoutable efficacité au combat, moment cathartique qui, dans « l’art romain de la guerre », doit permettre d’en finir au plus tôt avec l’ennemi. Contrairement à d’autres armées antiques, les aigles romaines cherchent la bataille avec ardeur, disposant en la légion du meilleur système d’armes de leur temps.
La bataille de Cannes (216 av. J.-C.) voit l’armée carthaginoise d’Hannibal anéantir celle des consuls Varron et Aemilius Paulus, prise dans un double enveloppement d’anthologie. Les Romains perdent dans l’affaire plus de 50000 hommes… mais parviennent finalement à gagner la guerre.
Il n’en a pas toujours été ainsi: sous la République, et jusqu’aux guerres civiles qui marquent la transition avec le principat – de César à Auguste –, les batailles sont livrées de manière quasi rituelle, les armées se déployant parfois les unes face aux autres plusieurs jours d’affilée sans engager le combat, s’observant sans échanger davantage que quelques jets de flèches ou de javelots tandis que les généraux des deux camps haranguent leurs hommes. Les