Diapason

Les 25 plus belles BO de tous les temps

Le Quai des brumes

Marcel Carné, 1938, musique de Maurice Jaubert

1 Disparu prématurément, Maurice Jaubert a donné ses lettres de noblesse à la musique de film en France. Son nom reste indissociable du « réalisme poétique », incarné par le duo Prévert/Carné. La gravité prenante du générique du Quai des brumes, avec ses accents tragiques de trompettes, épouse le sentiment de fatalité à l’œuvre dans cette histoire d’amour entre Michèle Morgan et Jean Gabin (« t’as de beaux yeux tu sais »), et souligne l’atmosphère cafardeuse de ce port aux ombres sinistres. Jaubert aura été aussi de l’aventure de Drôle de drame, d’Hôtel du nord et du Jour se lève, autres joyaux du trio. Sa collaboration avec Julien Duvivier (Un carnet de bal, La Fin du jour) et surtout avec Jean Vigo, lui aussi étoile filante du cinéma, pour L’Atalante et Zéro de conduite, nous vaudra d’autres compositions remarquables. François Truffaut lui rendra hommage en reprenant sa musique, notamment dans La Chambre verte : son fantôme rôde dans ce singulier conte funèbre.

Alexandre Nevski

Serge Eisenstein, 1938, musique de Serge Prokofiev

2 Malgré la contribution de Chostakovitch (La Nouvelle Babylone, 1929) et celle de Weinberg (Quand passent les cigognes, palme d’or à Cannes), Prokofiev reste, de tous les grands compositeurs russes, celui qui aura le plus marqué le septième art. De sa rencontre historique avec le géant Eisenstein, est née la partition épique d’Alexandre Nevski. Le cinéaste n’y cherche pas tant la complémentarité entre images et musique, que l’impact expressif issu du contraste, de la relation contrapuntique entre les deux arts. Ainsi, Prokofiev ne se contente pas d’illustrer l’action de la fresque filmée (qu’il suit néanmoins de près), mais contribue pleinement à son intensité dramatique, notamment lors du morceau de bravoure de la bataille sur la glace. Les deux mêleront à nouveau leur génie pour glorifier une autre figure légendaire, dans Ivan le terrible, Prokofiev collaborant aussi à Lieutenant Kijé d’Alexandre Feinzimmer, plus connu pour sa musique avenante que pour ses images.

L’Aigle des mers

Michael Curtiz, 1941, musique de E.W. Korngold

3 Adulé en Allemagne, en Autriche (son opéra triomphe en 1920), Erich Korngold connaît la gloire à Hollywood dès 1935. Son instrumentation brillante, son style nerveux et énergique, dans la lignée d’un Richard Strauss, s’illustrent dans la flamboyante partition de de Michael Curtiz avec Errol Flynn. Il accompagnera le même tandem pour , un énorme succès. Modelant le grand style orchestral qui s’impose dans les productions des années 1930 et 1940, Korngold influence quantité et d’une multitude d’autres classiques du cinéma américain, comme , , ou . Korngold finira par délaisser le septième art, composant pour le concert des œuvres largement imprégnées par les thèmes des films auxquels il collabora.

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