ATOLL PH200
Un circuit audio, c’est un peu comme une ville. Son efficacité se mesure à la qualité de son architecture, à la robustesse de ses canaux d’alimentation, à la bonne gestion de ses ressources avec un minimum de pertes. Cette métaphore urbanistique illustre bien la démarche appliquée par le fabricant de Brécey (Manche) à son nouvel étage phono PH200, frère aîné du PH100 lancé en octobre dernier. Dans les deux cas, on a affaire à un préampli MM/MC tout transistor en liaison directe (sans condensateur de liaison) double mono et polarisé en classe A. Ainsi décrit, le PH200 ne se distingue pas tant du PH100, alors qu’il en est tout autrement dans la fabrication. En audio, chaque progrès se gagne dans l’exécution, le recours à de meilleurs composants, de meilleurs connecteurs, un meilleur cheminement du signal, une alimentation encore plus stable et musclée. Le PH200 applique ce précepte à la règle. Son lourd boîtier en acier et façade aluminium protège les composants des rayonnements et des vibrations (grâce aussi à un traitement interne d’origine 3M). Alimentations et étages d’amplification et de correction RIAA se partagent un grand circuit imprimé, avec les fiches RCA et les inverseurs DIP switch soudés à même le circuit. Les alimentations D/G sont symétriques, ce qui entraîne la présence de deux transfos, quatre redresseurs et huit condensateurs totalisant 54400µF. Un capot métallique relié à la masse les empêche de rayonner. Les composants clés ont été sélectionnés à l’écoute après de nombreux essais – résistances 1%, condensateurs mica argentés pour la correction RIAA, etc.
L’écoute
Une seule entrée RCA mais des paramètres accessibles à l’arrière, tout comme la touche de mise en service, invitant à laisser l’appareil en permanence sous tension. Les paramètres sont au régime minceur : le gain se règle entre 40 dB pour une cellule MM et 47 ou 60 dB pour une MC. L’étage d’entrée étant à très haute impédance, nul besoin de paramétrage. Quatre choix de capacitance (rien, 100, 220 ou 320 pF) : on ne se perdra pas dans les réglages ! Ce sera autant de temps à consacrer à l’écoute qui mérite largement l’attention en se bonifiant après une bonne période de mise sous tension. Les mots qui viennent à l’esprit ? Densité, fluidité, équilibre, ampleur, une grande justesse non dénuée de sensualité. Le Sacre du printemps enregistré de façon spectaculaire en 1976 et remasterisé (extrait D) fait preuve d’une belle 3D rien moins que brutale : le London Symphony Orchestra s’avère puissant, justement réparti dans l’espace, à la fois respirant et bien assis, sans compression lorsque les violoncelles attaquent, dans une juste exposition des couleurs et des nuances de cette phalange placée sous la baguette précise et vigoureuse de Claudio Abbado. Un sens de l’équilibre, de la densité et de la ferveur qui se maintiennent d’extrait en extrait avec une rare maîtrise s’agissant d’un appareil positionné à ce tarif, qui plus est entièrement produit et assemblé en France avec un soin remarquable (coffret compris). A saluer.
Les + : Justesse et ferveur.
Les - : Anti-geek, musical oui (+).
PRIMARE R35
Vous avez aimé le R15 (, ) ? Vous aimerez encore plus le R35. Ce n’est pas la bande-annonce d’un , quoique le R35, pourtant contemporain du R15, mérite amplement d’être vu et surtout entendu. Au point que la question se pose de comprendre comment le fabricant suédois parvient à un tel mix fonctionnalités/qualité/aspect/prix. Solidement campé sur ses trois pieds anti-vibrations, le lourd boîtier métallique du R35 (9,5 kg) possède une épaisse façade en aluminium brossé où le logo abrite un discret voyant triangulaire de mise sous tension et un encore plus discret pavé central faisant office de bouton de mise en service. Parcouru par une cloison interne anti-rayonnement dans toute sa profondeur, ce boîtier abrite d’un côté les alimentations régulées prenant leur source dans un imposant transformateur toroïdal blindé en mu-métal, de l’autre les étages de pré-préamplification destiné aux cellules MC, les étages de
