Inventé en 1895, le septième art reste muet jusqu’au Chanteur de jazz (1927). Cela ne signifie pourtant pas que la musique le déserte – elle est, au contraire, omniprésente. Si elle s’impose avec évidence dès les origines, c’est qu’elle ponctue la narration des films, leur assure une continuité, leur fait acquérir une manière de polyphonie qui enrichit l’art naissant et le révèle à luimême. Plus prosaïquement, elle permet aussi d’échapper au bruit du projecteur et aux commentaires des spectateurs qui s’interpellent.
En 1908, est le tout premier film à comporter une partition spécialement écrite pour lui. Afin de frapper les esprits, le réalisateur André Calmettes fait appel à un grand nom de la musique française : Camille Saint-Saëns. A sa suite, nombre de compositeurs célèbres seront, René Clair), Florent Schmitt (, Pierre Marodon), Henri Rabaud (, Raymond Bernard), Darius Milhaud (, Marcel L’Herbier), Arthur Honegger (, Abel Gance). Mais ces partitions ne retentissent que dans de rares circonstances, peu de salles de cinéma ayant la possibilité d’accueillir un orchestre. L’accompagnement musical consiste alors plutôt en improvisations ou compilations de morceaux classiques et populaires, exécutées en direct.