Dans toute vie, il existe un moment où une porte s’entrouvre pour laisser entrer l’avenir. Encore faut-il le saisir…
Pour Bernard Rougier, ce sera un voyage de deux semaines à Beyrouth, pendant les fêtes de Noël de l’an 1989. Il a 23 ans. Il doit écrire un mémoire pour valider sa scolarité à Sciences-Po. Invité par des amis libanais, il a choisi son sujet : les rapports politiques et religieux au Moyen-Orient. Trois mois plus tôt, l’accord de Taëf censé sortir le pays de la guerre civile, qui durait depuis 1975, déclenche la lutte fratricide entre chrétiens. Une aubaine pour la Syrie d’Assad.
En dépit de cette violence, il l’avoue : « J ’étais fasciné par la vita -
lité des gens. Par une société vivante, exaltée, passionnante parce que passionnée. L’histoire était en train de se faire. Pour comprendre ce Moyen-Orient compliqué, ses grandes fractures géopolitiques, deviner son avenir, j’ai compris qu’il fallait parler l’arabe classique et l’arabe parlé syro-palestinien. Mon choix était fait. »
À 23 ans, Bernard Rougier respire un parfum de destin. Trente ans plus tard, il