Au commencement de cette enquête, on n’a cessé de nous dire de ne pas mélanger les choux et les carottes, les torchons et les serviettes. C’en serait presque vexant, non pas pour les choux et les carottes (ou les torchons et les serviettes), mais pour les intéressés. Haïm Korsia, d’un côté. Delphine Horvilleur de l’autre. Le premier est grand rabbin de France, voix officielle du judaïsme auprès des pouvoirs publics. La seconde est « simple » rabbin, issue de la communauté libérale, mais à la notoriété sans cesse croissante. Pour les initiés, les mettre sur un même plan est absurde. Pour le public profane, peu familier des subtilités du judaïsme français, cela n’a rien d’aberrant. Combien de fois Haïm Korsia a-t-il été accueilli dans un dîner par : « Vous avez une femme rabbin formidable », en référence à Delphine Horvilleur ?
CHAPITRE 1
Et toi, combien de livres ?
Eux nient toute rivalité entre eux. Version Haïm Korsia (et cinématographique), cela donne : « On essaie toujours de nous opposer. Mais je refuse cette opposition. Regar dez Rocky et Apollo Creed, ils finissent par sympathiser, Rocky entraîne le fils de Creed et il y a un et maintenant » Version Delphine Horvilleur, moins imagée : « On n’est pas du tout làdedans. Pour moi, cette idée d’opposition est (non pertinente en anglais). » Et les deux de rappeler qu’ils se connaissent de longue date. Lui était jeune rabbin à Reims, elle adolescente membre de la commu nauté orthodoxe locale. Aujour d’hui, ils revendiquent une relation amicale, mais ne se parlent « plus très souvent ». Ils ont