La deuxième guerre indo-pakistanaise de 1965, aussi appelée deuxième guerre du Cachemire, est le théâtre de nombreux engagements de blindés. Les plus importants mettent aux prises le 1er corps d’armée indien et son homonyme, le 1er corps pakistanais, autour des localités de Phillora et Chawinda, au sud de la ville de Sialkot, dans le Pendjab pakistanais, entre le 7 et le 17 septembre. À l’époque, on a parlé de « la plus grande bataille de chars depuis celle de Koursk » – qualification très exagérée, tenant surtout au nationalisme exacerbé – dans les deux camps – qui teinte les récits de l’affrontement.
Si les combats de 1965 mobilisent bien plusieurs centaines de chars au total dans les deux camps, ils sont surtout caractérisés par leur caractère confus et décousu. Jamais Indiens et Pakistanais ne s’y montrent capables d’opérer des concentrations blindées comparables à celles de la Seconde Guerre mondiale ou des guerres israélo-arabes de 1967 et 1973. Les batailles autour de Phillora et Chawinda opposent en théorie des corps d’armées et leurs divisions, mais elles se traduisent en pratique par une succession d’engagements menés au niveau du régiment, voire de la compagnie/escadron, sans grande coordination entre les unités, dans un camp comme dans l’autre.
La toile de fond de ces combats est un conflit territorial que les deux camps veulent cantonner aux environs du Cachemire, enjeu de l’affrontement (). Si tensions et incidents violents y sont quasi permanents depuis 1947, la guerre éclate réellement en août 1965 lorsque le Pakistan, qui table sur » islamiques – en réalité des unités paramilitaires formées, et souvent encadrées, par des militaires ou officiers des services spéciaux pakistanais. Baptisée « opération Gibraltar », cette infiltration de masse doit en principe susciter un soulèvement chez les musulmans – ou au moins convaincre les Indiens de sa réalité. Déstabilisé, le Cachemire tomberait alors aux mains du régime militaire du maréchal Muhammad Ayub Khan en lui faisant l’économie d’une véritable guerre.