Le cartoon date un peu, mais, à quelques semaines des festivités de fin d’année, il semble toujours autant d’actualité. En 2016, le New Yorker publie The Last Thanksgiving, un dessin de Roz Chast représentant dix convives autour d’assiettes vides, chacun assorti d’une bulle. On y lit « végétarien », « intolérant au lactose », « vegan », « macrobiotique », « strictement casher », « gourmet pointilleux »… Prescrites ou autoprescrites, les restrictions alimentaires ont progressivement fait leur place à nos tables. Allant jusqu’à changer les règles mêmes de l’hospitalité : avant d’organiser un dîner, il conviendrait de vérifier les PAI des convives. Que reste-t-il au centre de la table ? Parfois, pas grand-chose…
La table, passion française
La reconnaissance (…). (…) » Un rituel dont la France a inventé les usages, les codes et même les sorties de route. « explique le sociologue Thibaut de Saint Pol.. » Selon une étude de l’OCDE compilant différentes études nationales réalisées entre 1998 et 2017, les Français sont champions du monde du temps passé à table : 2 heures et 13 minutes en moyenne par jour, ce qui montre à quel point le repas est un élément central de la vie sociale. «», écrit le sociologue de l’alimentaire Claude Fischler en introduction du livre (Odile Jacob, 2013). Manger, au même moment, la même chose. Une tendance qui évolue de manière très visible depuis une vingtaine d’années, quand celui qui mangeait différemment s’excluait, se mettait à l’écart du groupe, dans une attitude souvent mal perçue. « note Thibaut de Saint Pol. »