C’est dans ces dix minutes miraculeuses que la carrière solo de Lou Reed décolle
LA DATE DU 23 AOÛT 1970 EST À GRAVER DANS L’HISTOIRE DU ROCK’N’ROLL et dans celle des fils à maman. C’est en effet le jour où Lou Reed quitte son Velvet Underground, dont il est l’obersturmführer depuis 1966, après un dernier concert foireux au Max’s Kansas City. La légende dit que ses parents l’attendaient à la sortie du club pour le ramener au domicile familial. On imprime la légende. Car, à vingt-huit ans, ce grand dadais ne trouve alors rien de mieux à faire que de regagner sa chambre d’enfant, après avoir pendant les cinq dernières années célébré la dope, les fouets, la dope, la torture, la dope, la mort et plus si affinités, notamment la dope… Le burn out est total, Lewis Allan (pour l’état civil) devient alors en toute logique dactylographe pour le cabinet d’expert-comptable de son poppa (quarante dollars par semaine).
“ ‘Qu’est-il advenu de moi?’ pensa-t-il. Ce n’était pas un rêve. Sa chambre, une vraie chambre humaine quoiqu’un peu trop petite, était là, paisible entre les quatre murs familiers.” Kafka, “La Métamorphose”, 1915.
“J’étais dans une petite forme quand j’ai enregistré ça, peut mieux faire”
La plaisanterie va durer quinze mois et s’avérera finalement être un mouvement de carrière assez intelligent pour Reed, qui en profite pour se reposer, composer et même s’installer avec une jeune femme, Bettye Kronstad, étudiante en arts, lui qui goûte pourtant plutôt les garçons — nous y reviendrons en temps et en heure. Son retour inattendu sur le devant de la scène le 29 janvier