L’ART LE DE S PIST BROU ES ILLER
Certains lecteurs attendent d’un roman qu’il soit leur ami : qu’il les réconforte, qu’il leur dise que tout est bien. Quelles que soient les avanies que subissent les personnages, prière de faire en sorte que tout se termine selon les règles, le monde est assez douloureux comme cela, merci. Mais de quelles règles parle-t-on au juste? Des barrières trompeuses d’une fiction sage, censées tenir l’ambiguïté et l’impermanence des affects à distance ? L’ami – le vrai – n’est pas celui qui vousun étranger à lui-même qui a produit l’une des littératures les plus inconfortables qui se puissent concevoir. Et ce n’est pas la lecture des journaux de la dame, à l’heure où en paraît une impressionnante version condensée (dont vous pouvez lire les bonnes feuilles pages 52 à 54) qui changera ce désolant diagnostic. Dans ces pages rédigées en cinq langues – un impressionnant brouet d’espoirs avortés et de vitupérations –, on en découvre davantage sur les amours de l’autrice, ses moult fêlures, sa propension quasi programmatique à l’insatisfaction, son incapacité à laisser filer le temps, et on comprend mieux, un peu, quelle sorte de colère existentielle nourrit son œuvre.
Vous lisez un aperçu, inscrivez-vous pour lire la suite.
Démarrez vos 30 jours gratuits