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Un Fin Limier: Les Frères Malone - Tome 2
Un Fin Limier: Les Frères Malone - Tome 2
Un Fin Limier: Les Frères Malone - Tome 2
Livre électronique315 pages4 heures

Un Fin Limier: Les Frères Malone - Tome 2

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À propos de ce livre électronique

Son béguin d’adolescente est de retour à Whisper, en Caroline du Nord, mais quelque chose de bien plus sinistre s’est également installé en ville.

Le retour de l’agent du FBI Sean Malone dans sa ville natale est interrompu par une apparition toute droit sortie de son passé. Le garçon manqué qui les suivait toujours, lui et ses frères, a bien grandi et est à présent une jeune femme absolument superbe. Et soudain, il fantasme à son sujet comme jamais auparavant.

Grace Whitman estime que la petite ville où elle a passé tous les étés de son enfance est l’endroit parfait pour ouvrir son nouveau cabinet – surtout lorsqu’elle découvre que Sean y est revenu, réveillant des sentiments enfouis en elle depuis longtemps.

Alors que Sean et Grace réapprennent à se connaître, les forces de police locales demandent à Sean de les aider à retrouver l’homme qui a torturé et tué trois femmes. Le tueur en série suivra-t-il son mode opératoire pervers en partant chasser ses proies ailleurs, ou Grace deviendra-t-elle sa cible parce qu’elle fréquente Sean ?

LangueFrançais
ÉditeurTektime
Date de sortie10 nov. 2025
ISBN9788835483588
Un Fin Limier: Les Frères Malone - Tome 2

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    Aperçu du livre

    Un Fin Limier - Samantha Cole

    Acronymes utilisés par les forces de l’ordre américaines

    AFIS = Système automatique d’identification des empreintes digitales

    BCI = Bureau des enquêtes criminelles

    CODIS = Base de données répertoriant les profils ADN

    NCIC = Base de données des personnes disparues et des crimes commis

    N-DEX = Réseau d’échange de données entre les différentes forces de l’ordre (chapeauté par le FBI)

    SBI = Bureau régional d’investigation (Caroline du Nord)

    VCIN = Réseau d’information sur les crimes commis en Caroline du Nord

    Prologue

    La piste de danse vibrait au rythme de la musique assourdissante qui remplissait le bar. La boîte de nuit était bondée, comme d’habitude ; on était samedi soir, après tout. Les lumières stroboscopiques transperçaient la pénombre de la pièce en cadence, éclairant sporadiquement les corps qui se mouvaient sur la piste. La décoration rouge et noir du Visions, le night-club le plus branché de la région, le faisait ressembler à l’antre même du péché. Certains s’y trouvaient simplement pour passer un bon moment, d’autres y cherchaient un partenaire pour une relation plus ou moins longue. Mais un homme y était entré pour une tout autre raison. C’était l’heure et l’endroit idéal pour l’ouverture de la chasse.

    Il scruta les alentours à la recherche d’une proie. Elle est là, quelque part, pensa-il. Et avec un peu de chance, il la trouverait rapidement. Excité par cette idée, il sentit son sexe palpiter.

    Hum, qui sera l’heureuse élue, ce soir ?

    — Tu m’paies un verre, chéri ?

    Il se retourna, ravi. La chance lui souriait. Inutile de chercher sa proie plus longtemps, elle l’avait trouvé. Blonde, les cheveux coiffés en un brushing volumineux, le visage lourdement maquillé : vulgaire – exactement ce qu’il recherchait. Elle était un peu plus âgée que son type de femme habituel, mais avec ce corps pulpeux sanglé dans une petite robe rouge moulante, il lui pardonnait son âge.

    — Salope ! murmura-t-il entre ses dents avant de sourire et d’adopter le fort accent du Sud qu’il utilisait quand il était en chasse. Sûr, darling. Commande tout ce que tu veux, c’est moi qui régale.

    Elle pouffa et demanda un whisky sec à la barmaid. Il jeta un billet de vingt sur le comptoir, tout en évitant de croiser le regard de la jeune femme qui officiait derrière le bar. Le personnel était si occupé qu’il y avait peu de chances que quelqu’un se souvienne de lui, mais il préférait ne pas prendre de risque.

    — Moi, c’est John, mentit-il d’une voix forte à l’oreille de sa proie. Et toi ?

    — Daf-f-f-né, bredouilla-t-elle avant de descendre le whisky d’un trait.

    Parfait, pensa-t-il avec un enthousiasme vertigineux. Daphné était déjà complètement cuite. Une proie facile. Il ressentit une légère déception. C’était presque trop facile. La prochaine fois, il chercherait quelqu’un qui soit un vrai défi. Mais celle-ci ferait l’affaire pour ce soir. À cheval donné, on ne regardait pas les dents, pas vrai ? Ce n’était pas lui qui contredirait l’adage.

    Après avoir signalé à la barmaid de remplir à nouveau le verre, il jeta quelques billets supplémentaires sur le comptoir en chêne foncé, s’empara du shot de whisky et le tendit à la petite pute.

    — Eh bien, c’est ton jour de chance, ma jolie Daphné.

    Elle avala le liquide ambré d’un seul coup et pouffa bruyamment. Puis elle s’approcha de lui et posa une main sur son torse.

    — Pourquoi ça, bébé ?

    — Mais parce que tu m’as rencontré, évidemment ! Ça te dirait qu’on se casse d’ici pour continuer notre petite fête en privé ?

    — Kessque t’as en tête ?

    Le whisky faisait son œuvre plus vite que prévu. Il avait fallu moins de quinze secondes à Daphné pour passer de séductrice à complètement torchée.

    Il retira un petit sachet en plastique transparent de sa poche et l’agita discrètement devant les yeux vitreux de la jeune femme jusqu’à ce qu’elle fixe les petites pilules blanches contenues à l’intérieur.

    — Oh, Johnny, t-tu lis dans mes penchées, ronronna-t-elle.

    — Allons-y, dans ce cas, dit-il avec un hochement de tête en direction de la sortie de secours de la boîte de nuit.

    Daphné regarda par-dessus son épaule, hésitant un instant.

    — Che devvvrais dire à mes z-amies que che paaars.

    Sa bouche semblait devenir de plus en plus pâteuse. S’il ne la faisait pas sortir d’ici rapidement, il devrait la porter à l’extérieur et quelqu’un risquait de le remarquer, de se souvenir de lui.

    — Avec toute cette foule, tu ne les retrouveras jamais. Allez viens, darling. Je te ramène ici dans une heure… maximum.

    Daphné parut y réfléchir un instant, puis son regard tomba à nouveau sur le sachet qu’il tenait toujours au creux de la main. Elle chancela dans sa direction et il la saisit par la taille pour l’empêcher de tomber.

    — T’es chûûr ?

    Il esquissa un sourire entendu.

    — Absolument ! Tu peux me faire confiance.

    Puis il l’entraîna sans plus attendre vers la porte dérobée, en fredonnant silencieusement Luck Be a Lady Tonight de Frank Sinatra.

    Trois heures plus tard, à l’heure de fermeture du night-club, les amies de Daphné constatèrent en râlant qu’elle n’avait pas daigné les prévenir de son départ. Elles s’estimèrent heureuses que ce ne soit pas elle qui ait été chargée de les ramener chez elles.

    Chapitre 1

    On était dimanche soir et Sean Malone était assis sous le porche arrière du cottage d’Oncle Dan, au bord de la plage. Il faisait plutôt chaud, en cette fin mars. La température à l’extérieur avait atteint les vingt-trois degrés en journée. Et maintenant que le soleil était presque entièrement couché, il faisait encore une petite quinzaine de degrés. Assez chaud pour rester assis dehors un peu plus longtemps.

    Les pieds posés sur une chaise, Sean terminait à la lueur des lampes du porche la lecture du dernier roman noir d’un de ses auteurs préférés. Ce livre lui avait fait envie dès sa sortie, mais le boulot l’avait beaucoup accaparé, cette année, et il avait passé la plupart de ses jours de repos à rattraper son retard de sommeil. Aujourd’hui était le deuxième jour de son mois de RTT et Sean avait prévu de ne rien faire, hormis se détendre avant de prendre ses nouvelles fonctions au sein du bureau régional du FBI à Greenville, en Caroline du Nord. Il serait à un peu plus d’une heure de route du cottage d’Oncle Dan, situé à Whisper, dans les Outer Banks. Sean logerait au cottage pendant trois semaines, le temps que le propriétaire de son nouvel appartement effectue quelques travaux de réparation et de rénovation. L’appartement était situé à mi-chemin entre Whisper et Greenville et, pour l’instant, il était dans un sale état car les locataires précédents n’avaient pas été des as du ménage. Cela ne dérangeait pas Sean puisqu’il profitait du cottage de la plage pour lui tout seul. Et même si le climat plus clément de Floride lui manquait, il était heureux de se rapprocher de sa famille.

    Il avait demandé son transfert hors du quartier général de Jacksonville, en Floride, six mois plus tôt, après avoir appris que KC, son frère aîné, et sa femme Moriah allaient avoir un enfant. La naissance était prévue dans trois semaines et ce bébé serait le premier d’une nouvelle génération de Malone. Et Sean souhaitait vivre dans la région pour faire partie de sa vie.

    KC était un Navy SEAL, instructeur à la base navale de Little Creek, en Virginie, à quatre-vingt-dix minutes au nord de Whisper. Moriah était enseignante suppléante à l’école élémentaire du quartier. Brian, le second des trois frères Malone, habitait lui aussi aux alentours de Whisper, dans les faubourgs d’Elizabeth City, en Caroline du Nord, où il travaillait en tant qu’enquêteur au sein du SBI, le bureau régional d’investigation.

    Dan Malone avait élevé ses trois neveux dans le petit cottage de la plage après le décès de leurs parents dans un accident d’avion, lorsque les trois garçons étaient adolescents. Depuis, ils étaient devenus des hommes et suivaient leur propre voie. Dan vivait à présent dans un appartement au-dessus de sa quincaillerie, au centre de la petite ville. Le vieil homme était sentimental et ne vendrait jamais le petit cottage, permettant ainsi à ses neveux de l’utiliser quand ils le souhaitaient.

    Sean jeta un coup d’œil à sa montre. Six heures moins dix. Oncle Dan et Bonnie Whitman apporteraient le dîner dans quelques minutes. Il était impatient de déguster le fameux ragoût de bœuf de Bonnie. Il n’avait pas souvent l’occasion de manger un repas fait maison et Bonnie était la meilleure cuisinière qu’il connaissait. Elle avait été la meilleure amie d’Annie, la femme d’Oncle Dan, depuis l’âge de six ans et elle était restée proche de la famille Malone depuis le veuvage d’Oncle Dan, longtemps auparavant.

    — Sean ? Tu es là ?

    Il fronça les sourcils en entendant cette voix inconnue. Ce n’était pas Bonnie, mais il ne savait pas qui cela pouvait être. Il s’approcha de la rambarde du porche et regarda en bas. Les lampes extérieures baignaient le patio et le porche d’un doux halo blanc. Il fut surpris de voir une superbe jeune femme agiter la main dans sa direction. Ses longs cheveux blonds étaient coiffés en queue de cheval et un simple regard suffit à Sean pour deviner qu’ils étaient doux et soyeux. Les magnifiques yeux verts qui le dévisageaient lui étaient familiers, mais il ne parvenait pas à se rappeler pourquoi.

    Il ne répondit pas immédiatement et la jeune femme lui adressa alors le sourire le plus sexy qu’il ait vu depuis longtemps.

    — Tu ne te souviens pas de moi, n’est-ce pas ?

    — Euh, non, je suis désolé, répondit-il avec perplexité tandis qu’elle montait l’escalier pour venir à sa rencontre.

    — Je suis Grace Whitman, la nièce de Bonnie.

    Sean écarquilla les yeux, stupéfait.

    — Grace ? Ça alors ! Je… Je suis désolé, je ne t’avais pas reconnue.

    Il la dévisagea de haut en bas – et apprécia beaucoup ce qu’il voyait – puis il reprit :

    — Waouh ! La dernière fois que je t’ai vue, tu ne devais pas avoir plus de treize ans ! Tu étais un vrai garçon manqué.

    — Toi, tu en avais dix-huit et tu partais à l’armée.

    Elle le serra amicalement dans ses bras et ce simple contact coupa momentanément le souffle de Sean.

    — Tu as l’air en forme, dit-elle.

    Elle recula et il la contempla à nouveau.

    — Toi aussi. Je veux dire, regarde-toi ! J’ai du mal à croire que tu sois la même personne. Je me souviens de toi avec les cheveux courts, des jambes toutes maigres et un appareil dentaire.

    Elle grimaça, puis sourit avec humour.

    — Oui, eh bien, j’ai grandi en quatorze ans.

    Oh, sans aucun doute !

    Il secoua la tête pour chasser toute pensée un tant soit peu érotique concernant le physique résolument adulte de Grace. Bonnie faisait partie de la famille, donc sa nièce aussi. Malheureusement.

    — Je suis ravi de te revoir, évidemment, mais qu’est-ce que tu fais ici ?

    — Tante Bonnie et Dan m’ont dit de les retrouver ici pour dîner. Ils ne t’ont pas prévenu de mon arrivée ?

    Sean secoua la tête, cette fois en réponse à sa question.

    — Non, ils ne m’ont rien dit.

    — Ah, c’est pour ça que tu avais l’air si surpris ! s’amusa-t-elle. Ça fait tellement longtemps qu’on ne s’est pas vu, c’est incroyable ! Entre l’université et le boulot, je n’ai pas souvent eu l’occasion de revenir ici, ces dernières années, et quand j’y parvenais, tu n’étais jamais là.

    Elle s’interrompit pour lui tendre la bouteille de vin qu’elle tenait à la main :

    — J’ai pensé qu’un bon merlot s’accorderait bien avec le pot-au-feu de Tante Bonnie.

    Il accepta la bouteille, puis lui indiqua la table où il s’était assis un peu plus tôt.

    — Désolé, j’en oublie les bonnes manières. Assieds-toi. Je vais chercher des verres et un tire-bouchon.

    Il posa la bouteille de vin sur la table et se précipita à l’intérieur, ses pensées entièrement tournées vers la jeune femme assise sous le porche.

    Waouh ! La petite Grace Whitman est devenue une femme sublimement sexy.

    Il n’aurait jamais imaginé ça. La dernière fois qu’il l’avait vue, c’était encore une enfant. Petite, la poitrine plate, maigrichonne, toute en jambes et les hanches étroites. Mais le temps avait assurément fait son œuvre, dans le bon sens. Quatorze ans plus tard, elle mesurait un mètre soixante-douze, mince, avec des courbes partout où il fallait et féminine jusqu’au bout des ongles.

    Les pensées impudiques de Sean furent interrompues par le bruit de portières de voiture que l’on claquait. Jetant un coup d’œil par la fenêtre de la cuisine, il vit son oncle et Bonnie remonter l’allée. Oncle Dan portait une grande casserole et Bonnie un sac en papier brun duquel dépassait de la baguette. Le chien d’Oncle Dan, un labrador noir bâtard prénommé Jinx, ouvrait la marche. Sean prit quatre verres à vin et un tire-bouchon et retourna sous le porche.

    Dan, Bonnie et le chien gravirent les marches et le plus jeune des Malone leur ouvrit la porte de la hanche puisqu’il avait les mains occupées. Le délicieux fumet émanant de la marmite le mit presque à genoux. Il y avait une éternité qu’il n’avait plus goûté au ragoût de bœuf de Bonnie – au moins trois ans, calcula-t-il.

    Celle-ci lui fit un clin d’œil.

    — Je vois que notre surprise est arrivée avant nous.

    Sean lui rendit son clin d’œil.

    — Et quelle agréable surprise c’était ! J’aurais quand de même préféré être prévenu. Je suis habillé comme un clochard.

    Et c’était vrai. Il se regarda, brusquement atterré de constater qu’il ne portait qu’un vieux jean troué aux genoux et un t-shirt gris froissé.

    — Ne t’inquiète pas, dit Bonnie en l’embrassant sur la joue. Tu es très bien.

    Une fois ses deux aînés entrés dans le cottage, Sean laissa la porte se refermer, et retourna à l’endroit où Grace était assise. Il posa les verres à vin sur la table et commença à déboucher la bouteille.

    — Alors, combien de temps restes-tu en visite ?

    — Oh, mais je ne suis pas en visite, répondit Grace en lui tendant les verres un par un pour qu’il les remplisse. J’ai officiellement emménagé à Whisper la semaine dernière.

    — C’est vrai ? Et New York, alors ? Tes parents n’y habitent plus ?

    — Ils ont pris leur retraite il y a six mois et se sont installés à Prescott, en Arizona. Moi, je suis une vraie fille de la côte Est, alors j’ai décidé de venir ici, pour être plus proche de Tante Bonnie. Si tout se passe bien, j’ouvrirai mon propre cabinet de kinésithérapie en ville dans deux semaines.

    Elle prit le dernier verre rempli par Sean, s’inclina contre le dossier de sa chaise et se détendit.

    — Ah, c’est vrai ! Bonnie m’a dit que tu étais devenue kiné, il y a quelques années. Tu travaillais dans un hôpital newyorkais, c’est bien ça ?

    Il s’installa sur une chaise à côté d’elle.

    — Oui. Au Columbia Presbyterian. J’y suis restée quatre ans et j’y ai acquis beaucoup d’expérience, dit-elle avec un haussement d’épaules. Mais j’ai toujours voulu ouvrir mon propre cabinet. Alors quand mes parents m’ont annoncé qu’ils déménageaient à Prescott, j’ai décidé d’en ouvrir un ici, à Whisper. J’ai fait quelques recherches et, apparemment, il n’y a aucun cabinet de kinés dans les environs – le plus proche est à vingt minutes en voiture. Comme ça, les patients n’auront plus à faire de longs trajets plusieurs fois par semaine. J’ai effectué une demande pour avoir l’autorisation d’exercer dans cet État il y a quelques mois et je l’ai obtenue.

    — Je suis content pour toi. À ton succès ! dit-il en levant son verre dans sa direction.

    Elle fit tinter le sien contre celui de Sean.

    — Merci. Pourvu que le ciel t’entende !

    — À quoi portons-nous un toast ?

    Ils relevèrent la tête et virent Oncle Dan et Jinx se diriger vers eux.

    — Au cabinet de Grace, répondit Sean.

    Il tendit l’un des verres pleins à son oncle.

    — Eh bien, dans ce cas…, dit Oncle Dan en levant son verre à son tour. Portons un toast à Grace. Qu’elle ait tant de travail qu’elle doive engager quelqu’un pour l’aider !

    Grace se mit à rire et Sean songea qu’il n’avait jamais rien entendu d’aussi beau. Il se secoua mentalement et se rappela que Grace était la nièce de Bonnie. Il n’avait pas le droit de la considérer autrement que comme un membre de la famille, mais… quel dommage !

    — Notre maître-queux m’a envoyé vous chercher, dit Oncle Dan. Il fait un peu trop frais pour que deux vieux comme nous mangent dehors, alors nous avons dressé la table à l’intérieur.

    Il prit les quatre verres de vin tandis que Sean s’occupait de la bouteille à présent vide. Grace le suivit et il leur ouvrit la porte.

    — Je vois que tu n’as pas oublié les bonnes manières inculquées par tes parents et par Dan, sourit Grace.

    Il la suivit à l’intérieur en riant doucement.

    — Aux yeux d’Oncle Dan, ne pas ouvrir la porte à un aîné ou à une dame est un péché mortel.

    — Et comment ! acquiesça celui-ci.

    Apercevant Bonnie qui sortait de la cuisine avec un grand plat de ragoût, Dan posa les verres sur la table de la salle à manger et se précipita pour l’aider à le porter.

    — Et ne pas secourir une dame en détresse en est un autre, ajouta-t-il avec un regard appuyé en direction de Sean. Va chercher la salade et la baguette pour que Bonnie puisse enfin se détendre. Elle s’est démenée toute la journée en cuisine pour te préparer à dîner.

    Sean sourit à son oncle et exécuta un petit salut militaire.

    — Oui, chef !

    Les deux femmes se mirent à rire tandis que Dan se renfrognait.

    — Galopin ! grommela-t-il d’un ton qui trahissait cependant toute l’affection qu’il avait pour son neveu.

    Sean revint avec un grand saladier et un panier garni de baguette chaude coupée en tranches qu’il posa au centre de la table. Il s’assit en face de Grace et baissa la tête pendant qu’Oncle Dan disait les grâces.

    Au cours du repas, la conversation, ponctuée par les ronflements de Jinx sous la chaise d’Oncle Dan, tourna principalement autour de Grace et de Sean et de tout ce qui leur était arrivé depuis la dernière fois qu’ils s’étaient vus. Sean expliqua qu’il avait décroché son master en droit pénal durant ses années à l’armée. Il avait ensuite été accepté à l’académie du FBI, à Quantico ; il avait demandé, et obtenu, d’être libéré de ses obligations militaires.

    — Jusqu’ici, j’ai passé toute ma carrière à Jacksonville, en Floride. Mais j’ai fait une demande de transfert pour me rapprocher de mon futur neveu ou nièce.

    Grace but une gorgée de vin et hocha la tête.

    — Dan m’a dit que KC était marié et que sa femme était enceinte. C’est génial ! Je suis impatiente de les rencontrer. Je n’ai pas vraiment connu KC, puisqu’il avait déjà dix-sept ans quand vous êtes venus vivre avec Dan. Et puis il s’est engagé dans la Navy l’année suivante. Je n’avais que neuf ans et je venais uniquement rendre visite à Tante Bonnie durant l’été et les vacances de fin d’année, alors toi et Brian êtes ceux que je connaissais le mieux.

    Sean repensa à son adolescence. Il avait quatorze ans et son frère Brian seize quand leurs parents leur avaient soudain été arrachés. Le couple avait embarqué à bord d’un vol pour Hawaï afin de fêter leur vingtième anniversaire de mariage et l’avion s’était écrasé peu après son décollage, tuant les 194 personnes à bord. Oncle Dan, veuf et sans enfant, avait recueilli les trois garçons pour les élever comme son frère et sa femme l’avaient souhaité – avec des règles, de la fermeté et beaucoup d’amour. Il avait été propulsé dans ce rôle de parent de manière inattendue, mais il en avait pleinement accepté la responsabilité et les garçons s’étaient épanouis.

    Malgré la tragédie qui les avait frappés dans leur jeunesse, les trois garçons étaient devenus des hommes respectables, servant chacun dans une branche différente de l’armée. KC avait choisi de faire carrière dans la Navy, et Sean et Brian s’étaient tous les deux dirigés vers les forces de l’ordre après être passés respectivement par l’armée de terre et l’armée de l’air. Leur oncle n’aurait pas pu être plus fier d’eux et chantait leurs louanges à qui voulait l’entendre.

    Revenant au présent, Sean dit à Grace :

    — Eh bien, tu auras l’occasion de rencontrer KC et Moriah dans deux semaines, à Pâques, puisqu’ils viendront manger ici. Bonnie nous a tous invités à dîner – bénies soient-elles, elle et sa délicieuse cuisine !

    Il rit et jeta un regard affectueux à la vieille dame.

    — Brian sera là aussi, poursuivit-il. Il est inspecteur au service de l’État, maintenant. Il habite à Elizabeth City.

    — C’est génial ! Je suis impatiente de le revoir, répondit Grace avec enthousiasme.

    Sean grinça silencieusement des dents. Il se souvenait d’avoir taquiné Brian à l’époque, quand il avait été évident que Grace, alors préadolescente, craquait complètement pour lui. Mais maintenant, l’idée de voir Grace et Brian ensemble le dérangeait beaucoup. Éprouvait-elle toujours des sentiments pour le deuxième des frères Malone ? Sean espérait que non.

    Le reste de la soirée passa rapidement, mais agréablement, et les invités de Sean repartirent peu après 22 h. Trois heures plus tard, il était profondément endormi et rêvait, sans surprise, qu’une jeune femme ressemblant beaucoup

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