L'héritier du silence

Par JOEL KONAN

Et si les silences de nos parents étaient les héritages les plus lourds ?

 

Après des années d'exil intérieur, Rodolphe revient à Banguiné, son village natal, pour enterrer sa mère Paulette. Il pensait clore un chapitre douloureux et repartir aussitôt, Mais ce retour, imposé par le deuil, l'oblige à affronter une mémoire trop longtemps enfouie. tensions ethniques jamais apaisées. À travers les voix de figures marquantes – Joseph, Tantie Mina, Rachel – et le retour inattendu d'un père disparu, il entame un voyage intérieur.

Entre mémoire collective et blessures personnelles, ce roman puissant interroge les silences transmis de génération en génération, la force des traditions, et le prix de la réconciliation

 

• Langue: Français
• Éditeur: Nka éditions
• Date de sortie: 30 juin 2025
• ISBN: 9798231027781

JOEL KONAN

Joël Konan est né en Côte d'Ivoire, où il a grandi bercé par les contes, les silences maternels et la parole héritée. Cet héritage nourrit très tôt son amour pour l'écriture, qu'il considère comme « un pont entre le passé et l'avenir ». Dans une écriture sensible et habitée, ses œuvres sondent les profondeurs de la filiation, du silence affectif et de la mémoire enfouie. Engagé dans une quête de vérité et de transmission, il s'attache à redonner voix à celles et ceux que l'histoire a relégués dans l'oubli. À travers ses textes, il rend un hommage vibrant aux figures maternelles et à toutes les présences invisibles qui façonnent nos existences.  

Aperçu du livre

​L'HÉRITIER DU SILENCE

​Une quête de vérité entre les ruines du non-dit

PRÉFACE

Il y a des silences plus lourds que des tempêtes. Des silences qui ne sont pas vides, mais pleins : pleins de larmes jamais versées, de mots jamais prononcés, de vérités étouffées par la peur ou le devoir. Ces silences, transmis de génération en génération, deviennent des héritages. Ils prennent racine dans les entrailles d’une famille, dans la poussière d’un village, dans le cœur d’un peuple tout entier. Ils façonnent les êtres sans qu’ils ne s’en rendent compte, comme le vent modèle les dunes : lentement, patiemment, inlassablement.

Héritiers du Silence est né de cette réflexion. Que nous reste-t-il lorsque l’histoire ne nous a pas été racontée, mais seulement transmise par l’absence ? Que faire de ces souvenirs flous, de ces regards fuyants, de ces gestes figés dans le non-dit ? À travers le retour de Rodolphe dans son village natal, c’est toute une fresque humaine qui s’ouvre, faite de douleurs cachées, d’amours blessés, de traditions contradictoires et de mémoires fragmentées.

Ce roman est une quête. Une quête de sens, de réconciliation, d’identité. Ce n’est pas seulement l’histoire d’un homme en deuil, mais celle d’un peuple en attente de parole. Rodolphe ne revient pas seulement pour enterrer sa mère, il revient pour déterrer tout ce qui a été tué. Et dans cette entreprise, il rencontre l’essence même de l’héritage africain : celui qui ne se dit pas toujours, mais se vit, s’impose, se répète.

À travers les figures puissantes de Joseph, de Tantie Mina, de Rachel, mais aussi de ceux que le pouvoir marginalise ou corrompt, Héritiers du Silence explore la tension entre mémoire et oubli, entre tradition et vérité, entre révolte et acceptation. Il ne juge pas, il interroge. Il ne condamne pas, il éclaire. Car la sagesse, dans notre monde africain, ne réside pas dans le cri, mais dans l’écoute attentive, dans la parole pesée, dans la reconnaissance des blessures invisibles.

Dans bien des cultures africaines, le silence est respecté. Mais parfois, c'est aussi une injustice. C'est ce voile posé sur les douleurs des mères, sur les abandons des pères, sur les fautes collectives que nul ne veut nommer. Ce roman ose soulever ce voile, non pas pour accuser, mais pour comprendre. Car toute guérison commence par une parole libérée.

À ceux qui liront ce livre, je n’offre pas une vérité, mais une invitation : celle de regarder en soi, dans sa lignée, dans sa terre, les zones d’ombre que l’on a trop longtemps ignorées. Et peut-être, comme Rodolphe, apprendre à les accueillir, à les confronter, à les transformer.

Que ce livre soit un chemin. Un tambour de mémoire. Un chant pour les voix étouffées.

BIO D’AUTEUR

Joël Konan est un passionné de récits ancrés dans la mémoire collective africaine. Issu d’une tradition orale africain où les anciens racontaient la vie mieux que les livres, il puise son inspiration dans les silences de l’histoire, dans les regards de ceux qu’on oublie trop souvent, et dans les traditions qui façonnent encore nos pas.

Engagé pour une littérature de mémoire, de lucidité et de réconciliation, il donne la parole aux oubliés, aux marginalisés, à ceux dont la souffrance n’a jamais été entendue. Son écriture est une passerelle entre le passé et l’avenir, entre les douleurs enfouies et les renaissances possibles.

Héritiers du Silence est l`un de ses œuvres la plus intime et la plus universelle. Elle interroge le poids de l’héritage, la force des non-dits, et le chemin, toujours difficile mais nécessaire, vers la vérité et la guérison.

MOT DE L’AUTEUR

Je n’ai pas écrit ce roman pour raconter une belle histoire. Je l’ai écrit parce que quelque chose me pesait, depuis longtemps, comme une voix oubliée qui frappait doucement à la porte de mon cœur. Il y a dans chaque famille, chaque village, chaque pays, des silences qui font mal. Ils se transmettent comme des ombres. On les porte, souvent sans le savoir.

Ce livre, c’est une tentative d’écoute. Une manière de tendre l’oreille vers ces douleurs tues, ces vérités qu’on n’ose dire, ces blessures qu’on préfère dissimuler. C’est aussi une déclaration d’amour à tous ceux qui, malgré les peines et les pertes, continuent d’aimer, de chercher, de croire.

Si vous refermez ce roman avec une question dans le cœur, une mémoire qui s’éveille, ou une envie de parler à quelqu’un que vous aviez oublié, alors il aura trouvé sa raison d’être.

Merci d’avoir marché sur ce chemin avec moi.

– Joël Konan

INTRODUCTION

Il n’y a pas de retour sans fracture. Revenir, ce n’est jamais simplement revenir : c’est rouvrir ce qui avait été scellé, croiser des regards figés dans le temps, se heurter aux ruines de ce que l’on croyait encore debout. Rodolphe ne le savait pas encore, mais en posant les pieds sur la terre rouge de Banguiné, c’est bien plus qu’un village qu’il retrouvait : c’était un monde perdu, un passé enseveli, une mémoire encombrée de douleurs et d’échos.

Banguiné, comme tant d’autres villages, portait en lui les stigmates du silence. Ce silence-là n’était pas paisible. Il était chargé de colère retenue, d’amour étouffé, de secrets ancestraux. C’était un silence qui parlait sans mot dire, qui pesait sur les épaules de chacun sans jamais se nommer.

Rodolphe, l’enfant de l’exil, revient dans le fracas intérieur de la perte : sa mère, Paulette, n’est plus. Et avec elle s’évanouit la seule voix capable, peut-être, de nommer l’indicible. Mais les morts parlent autrement. Ils parlent par les objets qu’ils laissent derrière eux, par les gestes qu’on répète sans s’en rendre compte, par les regards des vivants. Ils parlent aussi à travers les anciens, les sages, les femmes du marché, les fous du village. Tous ces personnages qui, chacun à leur manière, détiennent une part de la vérité.

L’histoire que vous allez lire est celle d’un homme, mais aussi celle d’une communauté. C’est un voyage au cœur des non-dits familiaux, des tensions ethniques, des conflits d’intérêts et des blessures coloniales encore ouvertes. C’est une traversée de la mémoire africaine dans ce qu’elle a de plus intime et de plus universel.

Héritiers du Silence n’est pas un récit linéaire. Il est fait de souvenirs fragmentés, de voix multiples, de visions tantôt claires, tantôt brumeuses. Il ne vous dira pas ce qu’il faut penser. Il vous demandera, seulement, d’écouter.

Le silence s’est enfin rompu. Non pas dans le tumulte ou la violence, mais dans cette paix fragile, née de