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Silences de cendres
Silences de cendres
Silences de cendres
Livre électronique246 pages3 heures

Silences de cendres

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À propos de ce livre électronique

Arrivée en gare de Tarbes, Louise vient rendre une première et sans doute dernière visite à Betty Boyer, mère aussi peu aimante que détestée, qui termine ses jours dans un Ehpad. Mais rien ne se passe comme elle l’avait imaginé. Il aura suffi d’une phrase balancée comme un défi par une gamine lors d’un dîner de famille pour que soient bousculées ses certitudes et que se révèlent les bribes d’un passé arraché aux confidences de sa sœur et à la mémoire de sa mère, cadenassée sur ses secrets et déjà brouillée par la démence. Mais Louise s’obstine. Entre sa rédaction des confidences d’une ex-star de la téléréalité, son exploration de la maison et ses courses à pied dans la ville, elle tente d’apprivoiser des lieux devenus étrangers et de se réapproprier sa propre histoire, falsifiée par des années de silences et de mensonges. Chaque réponse appelle d’autres questions, chaque révélation dévoile un aspect inattendu de la réalité ; on a beau remuer les cendres de ces vies consumées, la vérité ne cesse de se dérober. Jusqu’aux ultimes paroles de Betty, aussi énigmatiques que révélatrices. Mais que révèlent-elles ? Et la vérité qu’elles laissent entrevoir – ou deviner – est-elle préférable aux mensonges et aux silences qui rendent la vie supportable ?

À PROPOS DE L'AUTRICE 

Après des études supérieures de philosophie, de sciences humaines et d’histoire de l’art, Michèle Tajan a d’abord été professeur de philosophie, peintre et critique d’art avant de se consacrer à l’écriture. Son recueil de nouvelles "Dérapages" a obtenu le prix Francis Jammes en 2020. Après "Le petit cagot", "Anna ou l’oubli" et "La chute de la Maison Lacaze", "Silences de cendres" est son quatrième roman.
LangueFrançais
Éditeur5 sens éditions
Date de sortie29 avr. 2025
ISBN9782889497508
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    Aperçu du livre

    Silences de cendres - Michèle Tajan

    Couverture pour Silences de cendres réalisée par Michèle Tajan

    Michèle Tajan

    SILENCES DE CENDRES

    Regarder quelque chose

    comme si on ne l’avait jamais regardé

    demande beaucoup de courage.

    Henri Matisse

    PROLOGUE

    Il arrive que la beauté vous foudroie en plein cœur, de la manière la plus inattendue : un petit pan de mur jaune dans un tableau, une phrase musicale, et ce grand oiseau blanc qui achève son vol plané silencieux aux pieds de Louise. Elle ne l’avait pas deviné, dissimulé dans les hauteurs du cèdre. Elle est arrivée très tôt, il n’y avait presque personne dans le parc, et elle s’est installée sur ce banc en bordure de la grande pelouse qui borde l’étang. C’est là que l’oiseau s’est posé. Il s’avance à pas fragiles de danseuse, aigrette frémissante, incline le col comme on salue, picore dans l’herbe, redresse la tête, la fixe un instant, immobile, dans l’attente d’une réponse ; puis soudain le paon blanc ouvre en éventail les longues plumes de sa traîne, déployant dans le soleil un scintillement de diamants. Elle a déjà vu des paons faire la roue, leur chatoiement de couleurs. Mais ce paon-là, d’une blancheur immaculée dans la lumière du matin a la violence d’une épiphanie.

    C’est une sensation nouvelle, pareille à celle qu’on peut éprouver lorsqu’on ôte ses lunettes noires et que le monde retrouve d’un coup un éclat inconnu, une infinité de nuances, invisibles jusque-là. D’abord elle a pensé que c’était la douceur de l’air et le miracle du printemps. Mais ce n’est pas une histoire de lunettes ni de saison. Plutôt une disposition de tout son être qui perdure jusqu’au retour à la maison. Et les heures qui suivent. Jusqu’au lendemain où elle emportera avec elle cette dernière vision. Demain elle sera partie. Alors elle flâne encore une fois dans ce grand jardin et dans les rues qui lui semblent changées, à la fois différentes et familières, de cette familiarité rassurante qui ne vient pas seulement de la reconnaissance visuelle d’un lieu, mais du sentiment de sécurité qu’on peut éprouver à se retrouver chez soi. Comme lorsqu’au sortir d’une forêt sombre, on débouche dans une clairière ensoleillée et que chaque arbre, chaque brin d’herbe, devient signe et repère, dans une relation d’intimité paisible.

    Au bout d’une avenue, à un tournant, en débouchant à un carrefour, partout se profilent les sommets enneigés des Pyrénées, et elle sent monter en elle des émerveillements oubliés ; quand, adolescente, elle échappait à l’accablement et à l’ennui pour aller respirer l’odeur de la neige poudreuse ou des prairies d’altitude, et la liberté qu’on éprouve à monter toujours plus haut vers le ciel, au-delà des nuages, là où volent les oiseaux. Ce sont des souvenirs si anciens qu’elle les croyait effacés. À jamais.

    Pendant des années la chaîne montagneuse lui était apparue comme un rempart qui barrait l’horizon, une muraille qui écrasait la plaine et condamnait ses habitants à l’enfermement et à l’asphyxie. Aujourd’hui elle ressent sa présence comme un écrin protecteur au creux duquel la ville repose, tel un animal alangui. Et, pour la première fois, il lui semble faire corps avec elle, dans la chaleur d’un ventre maternel. C’est à ce moment-là qu’elle a su qu’elle reviendrait, comme si le cordon ombilical n’avait jamais été coupé ; comme on revient à la source, aux commencements et à une possible renaissance.

    Libérée de la haine qui l’habitait encore un an et demi plus tôt, le pied à peine posé sur le quai de la gare de Tarbes, vomissant déjà tout ensemble sa mère, sa famille, son enfance mitonnée dans le silence des choses tues et toutes ces années passées, étouffées dans la pesanteur apathique de sa ville natale.

    PREMIÈRE PARTIE

    Le silence est fait de paroles que l’on n’a pas dites.

    Marguerite Yourcenar.

    1

    C’est un matin d’hiver et, hormis quelques usagers, il n’y a personne dans la gare – plus moderne mais hideuse – qui a remplacé celle dont elle avait gardé le souvenir. Les guichets d’autrefois semblent condamnés. Remplacés par des billets numériques et des bornes automatiques. Le progrès n’épargne pas la province. En ce 4 janvier 2022, le hall est aussi glacial qu’une chambre mortuaire, le buffet et le café alentour sont fermés, et elle est envahie par cette sensation d’ennui, de dégoût et d’engourdissement qui restent pour elle la marque distinctive de sa ville natale. Sa première pensée est qu’elle n’aurait pas dû venir, que le mieux qu’elle puisse faire est de remonter dans le prochain train pour repartir d’où elle vient ou pour n’importe où. La seconde est qu’elle ne restera pas longtemps – deux, trois semaines tout au plus. Elle ne tiendra pas davantage, loin de Florian et de ses amis, qui gravitent entre la scène et l’édition, qui fréquentent les musées et les galeries d’art, qui se disent artistes. Comment pourrait-elle vivre dans ce désert loin de Paris ? Privée d’une offre culturelle si enivrante qu’elle vous donne l’impression de respirer un air chargé d’intelligence et de talent, et l’illusion d’en être vous-même imprégné par le pouvoir de quelque magie osmotique. Sans compter l’animation de son quartier, les bistrots et les petits restos de la rue Oberkampf, fréquentés par la faune jeune et branchée qui a colonisé cette partie du onzième arrondissement.

    Déjà dix minutes qu’elle bat la semelle dans la salle des pas perdus, en se demandant dans quel néant elle est venue perdre les siens. Qu’est-ce qu’elle fout là ? Christine est en retard. Elle se gèle.

    Sur le trottoir ce n’est guère mieux. L’humidité froide du matin la paralyse et elle s’apprête à appeler un taxi lorsqu’une petite Renault rouge pile devant elle. Sa sœur en sort en trombe, la serre dans ses bras, bise à gauche, bise à droite, balance sa valise dans le coffre, redémarre en faisant grincer la boite de vitesses, et demande enfin si elle a fait bon voyage. Mouais, ça peut aller, dit Louise. Et Christine dans un soupir, alors te revoilà, ma petite puce… Sa petite puce, son lapin, sa Loulou, c’est comme ça qu’elle l’appelait, autrefois. Elle n’a pas oublié, elle non plus. Elle voudrait lui dire… mais elle ne dit rien. C’est juste un petit pincement au cœur.

    Je t’emmène à l’Ormeau, dit Christine rompant la première le silence qui s’est installé dans la voiture. La maison est prête j’ai remis le chauffage j’ai fait le plein du frigo, prends ton temps pour t’organiser ; nous irons voir maman un peu plus tard, tu pourras utiliser sa Fiat, j’ai laissé les clés dans le garage. Elle parle à toute allure, comme si elle craignait d’oublier quelque chose, ou voulait au plus vite abolir la distance et les années, réparer la déchirure du temps, combler tout ce vide sous un déluge de mots. Des phrases anodines qu’elle débite tout en roulant dans les rues encore désertes. Tout a bien changé, dit-elle. De fait la ville peut s’enorgueillir de la transformation des artères du centre en rues piétonnes, de la multiplication des sens interdits, et de-ci, de-là, tranchant sur la grisaille générale, de quelques façades colorées d’ocre, de jaune ou de rose, qui vous sautent aux yeux comme des taches de fard distribuées au hasard sur un visage fatigué. Pour Louise, tout est d’une médiocrité où l’on chercherait en vain la trace de quelque capacité imaginative : cela reste le trou moche et sinistre où elle a passé les années les plus moches et sinistres de son existence. C’est du moins ce qu’elle a toujours prétendu.

    C’est en tout cas le décor de son enfance, reconnaissable malgré ce coup de jeune sans surprise, obéissant aux normes d’un urbanisme aseptisé. C’est Tarbes, et c’est là qu’elle a grandi. Elle y est née, ainsi que ses parents, grands-parents, arrière-grands-parents et arrière-arrière, aussi loin qu’elle puisse remonter. Elle n’a rien connu d’autre jusqu’à ses dix-huit ans, et cependant elle ne s’y est jamais sentie chez elle. Jamais sentie « d’ici ». Le fait d’avoir vu le jour dans un endroit, le temps que l’on y passe – quelques jours ou quelques années – ne fait rien à l’affaire : c’est une question d’état d’esprit. Le sien est rétif à toute assignation régionale. « Être née quelque part », « Tarbaise » ou « Pyrénéenne », ne lui confère aucune qualité spécifique. Aucune tare non plus. Simplement elle ne se sent pas définie par un hasard géographique, ni enracinée dans un terroir qui lui garantirait à la fois une identité et un sentiment de sécurité : cette sorte d’assurance grégaire qui pousse les individus à se rassembler en associations et « amicales » diverses – de Bretons, Corses, Alsaciens, Bigourdans, Béarnais ou Pyrénéens.

    Elle n’a jamais éprouvé ce sentiment d’appartenance qui caractérise tous les membres de sa famille. Ils se sentent tarbais, respirent tarbais, vivent tarbais depuis des générations. Apparemment satisfaits d’eux-mêmes et de leur sort, n’aspirant à rien d’autre, ne rêvant d’aucun autre horizon, ils sont la chair vivante de la cité. Elle a fini par se persuader que c’est là une mentalité partagée par la majorité de ses habitants. Si bien qu’elle ne saurait dire si ce sont eux qui l’ont façonnée à leur image, ou si c’est elle qui a déteint sur eux.

    Pour sa part, elle entretient à l’égard de cette ville, une aversion dont elle n’était jamais parvenue à se libérer. Elle n’a pas d’idée précise de ce qui a pu peser d’un tel poids sur ses années d’enfance, mais ce sentiment d’étouffement est resté attaché au lieu. Il a continué à lui coller à la peau. Sûr que si elle y remettait les pieds elle serait de nouveau absorbée par sa léthargie, les semelles ancrées dans ses trottoirs, paralysée comme ces oiseaux aux pattes prisonnières d’un piège à glu. Assignée à résidence, pour le restant de ses jours.

    2

    Le cliquetis des charriots dans le couloir annonce l’arrivée de l’aide-soignante. Elle toque à la porte, entre sans attendre la réponse : alors, madame Boyer, ça va un peu mieux, aujourd’hui ? On va boire un peu. Il faut vous hydrater, vous savez… Je vous tire un peu le rideau, pour avoir un peu plus de lumière. Du peu, c’est tout ce qui lui reste à madame Boyer. Tout est un peu. Un peu de nourriture, un peu d’eau, un peu de lumière, un peu de vie. Réduite à ça, Betty Boyer : un peu de vie qui s’accroche, un peu de braise qu’on ranime d’un mot, d’une caresse. Par intermittence. L’aide-soignante s’appelle Mélissa. C’est écrit sur sa blouse. Elle semble très jeune. C’est la première fois que Louise la voit. Une nouvelle, sans doute. Une intérimaire ou une stagiaire. Elle sourit, elle a des gestes précis et délicats, la voix enjouée des porteurs de bonnes nouvelles. Elle appuie sur la pédale pour relever la tête de lit, redresse la patiente. Voulez-vous que je vous aide ? demande Louise. Non, ça va aller, merci, j’ai l’habitude. Elle glisse adroitement son bras sous les omoplates saillantes. On se relève un peu. Voilà, c’est bien. Elle cale confortablement Betty sur les oreillers, avec une bienveillance qu’on n’imaginerait pas après tous les reportages qu’on a pu voir sur la maltraitance dans les maisons de retraite. Louise se demande si c’est une gentillesse purement professionnelle ou si elle est comme ça par nature. Et si elle se comporte ainsi avec tous les résidents dont elle s’occupe, ou bien si elle s’est prise d’une réelle affection pour Betty, lui témoignant un peu de la tendresse dont elle-même, Louise, se sent totalement dépourvue, en ce moment précis.

    Est-ce que vous voulez faire boire votre maman ? demande Mélissa en lui tendant le petit pot et la cuillère. C’est de l’eau solidifiée – de couleur rose, sans doute parfumée à la fraise – pour éviter qu’elle ne s’étouffe en avalant de travers. Louise décline l’invitation, soupire une excuse pitoyable : « Elle acceptera plus facilement de votre part. La dernière fois que j’ai essayé… » Elle fait un geste vague de la main. Pas seulement la dernière fois, mais toutes les fois. Chaque fois qu’elle s’est aventurée, la cuillère à la main, en direction du visage de sa mère : les lèvres serrées, le bras qui la repousse. Comme si l’on s’apprêtait à lui faire ingurgiter une gorgée de poison.

    Ça ne fait rien, dit Mélissa. Vous verrez, elle va s’habituer. N’est-ce pas, madame Boyer ? Madame Boyer ferme les yeux. C’est sa façon de s’absenter. Bien sûr, dit Louise. Il faudra bien… Elle finira bien par la lui faire avaler, sa cuillérée d’amertume. Des cuillères pleines à ras bord d’anciennes rancunes. Quarante ans de rancœurs mal digérées. Elle a tout son temps. Une patience sans faille. Elle n’a pas fait défaut une seule fois depuis que les contraintes dues à l’épidémie de Covid se sont relâchées. Depuis que sa mère a été « placée » dans cet établissement : passée sans transition du confinement à domicile à l’enfermement aux Églantines. Il avait bien fallu s’y résoudre, lorsqu’elle avait commencé à faire des chutes et des séjours de plus en plus fréquents à l’hôpital. Et aussi à cause de ces « distractions » qu’elle avait parfois, elle oubliait d’éteindre le gaz ou laissait sa porte grande ouverte quand il lui prenait l’envie de sortir faire un tour dans la rue. Parfois elle s’y perdait.

    Elle est à la merci du moindre accident, avait insisté Christine. Elle ne peut plus rester chez elle. À moins que, évidemment… Que suggères-tu ? avait demandé Louise, sentant que sa sœur commençait à tourner autour du pot. Une aide à domicile ? Bien sûr ce serait l’idéal, avait admis Christine, elle pourrait rester dans ses meubles… Avant de souligner aussitôt qu’il faudrait aussi une garde de nuit… bref une présence permanente à ses côtés. On pourrait peut-être trouver quelqu’un, a plaidé Louise, une sorte de dame de compagnie qui accepterait d’habiter avec elle… Ce serait possible, non ? Et là Christine a explosé : non mais tu n’y penses pas ! Louise ne lui a pas laissé le temps de développer (et d’un, ça va nous coûter un bras, et de deux ce n’est pas demain la veille qu’on va trouver la perle rare à qui l’on pourra faire confiance). Alors que proposes-tu ? a-t-elle coupé brutalement, connaissant déjà la réponse et s’arc-boutant intérieurement sur ses lignes de défenses. Ça n’a pas manqué :

    – Pourquoi ne viendrais-tu pas t’installer chez maman ? a dit Christine.

    Comme si elle venait tout juste d’être traversée par cette idée, alors que cela fait des semaines qu’elle fait des allusions, sans jamais aborder le problème de front.

    – La maison est grande et confortable, maman resterait au rez-de-chaussée et toi tu pourrais t’installer à l’étage. Et tu n’aurais pas de loyer à payer.

    Elle a dû calculer que c’était bien la moindre des choses vu l’économie réalisée par rapport au salaire d’une inconnue sur qui il faudrait de surcroît avoir l’œil – car on ne sait jamais… Elle a toujours été près de ses sous, son aînée. Aimante, mais radine.

    – En tout cas, poursuit-elle, toi tu peux travailler n’importe où avec Internet et l’ordinateur et tu y serais certainement mieux que dans ton petit appartement parisien qui te coûte la peau des fesses. Et puis moi je ne suis plus toute jeune, et avec le salon de coiffure, les petits-enfants…

    Louise le connait par cœur le discours de sa sœur, et là elle sent que ça commence à déraper dans les sous-entendus : tandis que toi-qui-vis-seule-et-ne-t’es-jamais-préoccupée-que-de-toi-même, etc.

    – De toute façon, en cas de besoin, tu pourras toujours compter sur moi, ajoute Christine comme si l’affaire était entendue. Ce qui ne l’empêche pas d’enfoncer le clou : ce serait la meilleure solution pour tout le monde, tu ne crois pas, Louise ?

    Non Louise ne croit pas. Et NON. Non, pas question qu’elle revienne vivre chez sa mère. NON. Point final. Pas de commentaire. Christine a parlé d’insensibilité puis elle a renoncé à discuter.

    Donc, la maison de retraite. Mais la meilleure. On lui a recommandé Les Églantines, un très bon établissement, dans un parc, à la campagne, à une quinzaine de kilomètres. Elle s’est déjà renseignée. Pas donné, mais vraiment très bien paraît-il, et très demandé. Elle a rempli le formulaire pour l’inscrire sur une liste d’attente… Au cas où.

    Louise n’aime pas sa mère. Elle n’y peut rien. C’est ainsi, un point c’est tout. Il faut croire que quelque chose a foiré dès le départ, à la naissance, ou peut-être avant, durant la gestation. En tout cas elle n’avait pas eu l’utérus très accueillant, Betty. Une déficience en ocytocine, un raté de la

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