À propos de ce livre électronique
Lors de la première nuit de la traversée transatlantique de Cécile, une passagère est retrouvée morte.
Lady Cécile McCaulay pense que le meurtrier va frapper à nouveau.
Peut-elle protéger ceux qu'elle aime ?
Peut-être, mais qui la protégera ?
Une romance addictive, palpitante et passionnée !
Dévorez les trois tomes de la trilogie Dangereux Désir.
Désir défendu, Tentation défendue, et Séduction défendue.
Anna Quinn
Anna Quinn is an American writer and teacher based in Washington State. She is the author of the novel The Night Child. Her writing has appeared in Psychology Today, Writer’s Digest, Medium, Washington 129 Anthology, and Alone Together: Love, Grief, and Comfort in the Time of COVID-19 Anthology. When she isn’t writing, she’s kayaking the Salish Sea or hiking in the Olympic Rainforest.
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Aperçu du livre
Séduction défendue - Anna Quinn
Prologue
Lisbonne, début septembre 1899
Depuis le bastingage du pont supérieur, Lucrezia balaya du regard la foule qui se pressait sur le quai. Un concert d’acclamations se fit entendre. Agitant les mains et les mouchoirs, ils étaient nombreux à faire leurs adieux à ceux qui s’embarquaient pour un nouveau monde et une nouvelle vie.
Mais Lucrezia n’éprouvait aucun intérêt pour ceux qui restaient sur le rivage.
Elle contemplait à la dérobée les dames qui traversaient la passerelle de première classe, portant des capelines élégantes ornées de plumes, des robes aux manches amples et très ajustées à la taille, dont les jupes bouffaient et traînaient par-derrière.
Autrefois, elle aurait craint de paraître minable à leurs côtés. Mais ce n’était plus le cas. Même si elle avait presque tout perdu dans l’incendie qui avait ravagé la demeure familiale, Lord McCaulay avait été généreux et lui avait légué beaucoup d’argent. Pour le reste, elle avait fait le nécessaire pour protéger ses intérêts.
Le voyage s’était déroulé plutôt agréablement, via Rome, Toulouse et Madrid, jusqu’à la péninsule ibérique. Elle avait pris soin de faire attention à ses manières, pour avoir l’air d’une personne comme il faut.
La chance lui avait souri le jour où le comte et sa famille étaient venus à Scogliera. Non qu’elle croie vraiment au destin. Il était souvent préférable de lui donner un petit coup de pouce.
Son attention se porta sur les hommes qui chargeaient des malles, des caisses et des sacs de courrier dans la soute, et sur la foule hétéroclite qui affluait pour pénétrer dans les profondeurs de la coque colossale du bateau.
Personne de sa connaissance.
Ses mauvais pressentiments n’étaient sans doute qu’une vue de l’esprit. Les fantômes du passé avaient disparu pour de bon et ne reviendraient pas la hanter.
Elle était en sécurité.
Celui qui lui voulait du mal avait été réduit en cendres dans les ruines du castello. S’il avait une âme, elle devait brûler pour toujours dans les flammes de l’enfer.
Le cri d’une mouette, qui se laissait porter et tanguer sur la brise de l’océan, la ramena à l’instant présent.
— N’est-ce pas merveilleux ?
Levant la joue vers la chaleur du soleil de fin d’après-midi, Cécile poussa un soupir de contentement.
— Pas seulement le navire, mais tout : tout un pays à découvrir, tout un continent même. L’aventure, la vraie, Lucrezia ! Tout comme nous le souhaitions.
— Sì, cara.
Lucrezia sourit avec indulgence avant de reprendre sa mine mélancolique.
Cécile pressa les doigts de son amie pour la rassurer.
— Pardonne-moi. Je vois que tes pensées sont ailleurs, et je ne t’en estime que davantage, car tu te souviens…
Lucrezia baissa les yeux vers la main gantée de blanc.
— Tu me connais trop bien. Je ne peux pas te cacher mes sentiments, mais mon cœur se rétablira. Toutes les ombres disparaissent quand tu es à côté de moi.
La sirène lugubre du navire couvrit la réponse de Cécile.
Sur la passerelle, le capitaine donna ses ordres. Les moteurs se mirent à gronder, envoyant leur puissance aux grandes hélices sous les vagues. L’eau se mit à bouillonner et, tiré vers le large par une armada de remorqueurs, le navire s’éloigna, glissant sans effort, sous les vivats de la foule.
Dans la cabine de sa maîtresse, Claudette leva les yeux de la robe qu’elle était en train d’aérer. Par le hublot, elle vit les rayons du soleil couchant se refléter sur la mer et, l’espace d’un instant, elle eut le cœur léger.
Elle avait appris la valeur de la discrétion, et pour cela sa récompense était adéquate. Encore un an ou deux, et elle aurait peut-être assez d’argent de côté pour choisir une autre voie. Rio n’était pas Paris, mais c’était précisément ce qui lui permettrait d’acheter un commerce. Un modeste atelier ou un salon de coiffure, ou encore une petite parfumerie, des lieux que ne fréquenteraient pas des clientes très riches, mais des femmes comme elle, qui avaient un peu d’argent à dépenser pour s’offrir un petit plaisir de temps à autre.
Claudette posa la robe sur le lit. La comtesse souhaiterait sans doute la porter ce soir, pour faire impression lors de sa première nuit à bord du navire. Elle choisissait en général une toilette de velours rouge lorsqu’ils arrivaient dans un nouvel endroit, qu’elle portait avec la parure de rubis que lui avait offerte son mari.
Peut-être trouverait-elle un homme, elle aussi, un jour. Un homme qui l’adorerait comme le comte de Rancliffe adorait sa femme.
Claudette leva de nouveau les yeux, mais le soleil s’était déjà caché derrière un nuage.
Et maintenant, descendons, descendons jusque dans les entrailles de la bête, la salle des machines, et regardons ceux qui alimentent le feu. Le nouveau venu essuyait la sueur de ses yeux. Couvert de suie comme il l’était, sa propre mère ne l’aurait pas reconnu.
Et c’était tant mieux.
Le visage qu’il avait désormais, couvert de cicatrices livides causées par d’autres flammes, aurait fait trembler la plus courageuse des catins.
Cette pensée ne lui était pas désagréable. Il avait toujours aimé subjuguer les âmes sensibles.
Pour l’instant, il pelletait du charbon et serrait les dents pour taire son chagrin.
Qui sait ce qui se cache dans les épaisses ténèbres des abysses ; quelles anguilles mystérieuses, quels poissons à la bouche tranchante comme un rasoir, quelles créatures armées de pinces et de tentacules ? Des créatures qui s’attaquent à ceux qui ne regardent pas, ou dont les yeux sont tournés dans la mauvaise direction.
Certains les appelleraient des monstres, mais ils nous sont simplement inconnus. Les choses que nous ne comprenons pas suscitent toujours la peur.
Une telle créature observe-t-elle le Léviathan alors qu’il traverse à toute vapeur les vagues du vaste Atlantique ?
Peut-être.
Mais les créatures effrayantes n’habitent pas toutes les profondeurs.
Certaines vivent parmi nous.
Chapitre 1
— Que de froufrous, de falbalas, et de dorures ! dit Lucrezia en plissant le nez de désapprobation. Aucune personne de goût n’a pu concevoir une telle pièce ! Et les couleurs ! Si insipides !
Réprimant un soupir, Cécile s’assit sur la méridienne capitonnée de velours abricot et posa ses mains sur ses genoux.
— En vérité, l’endroit me rappelle l’hôtel Ritz à Paris. Les rideaux sont très certainement du même style. C’est vraiment très chic et si spacieux.
En tout cas, une fois les bagages de Lucrezia défaits. Car pour l’instant, ils occupaient presque toute la surface au sol du salon de sa suite.
Lucrezia pinça les lèvres, guère convaincue, manifestement. Elle regarda d’un air de dégoût les rideaux incriminés.
— Si la soie était unie, je pourrais peut-être les supporter, mais toutes ces fleurs, et ça…
Elle secoua avec mépris les franges des tentures.
— Je ne connais pas le mot, mais cet ornemento. C’est trop horrible !
— Certes, la décoration est un peu trop chargée…, concéda Cécile avec un sourire apaisant. Mais regarde comme la suite est bien aménagée, Lucrezia. La chambre a son propre cabinet de toilette, et ce petit salon est assez grand pour que nous puissions nous y asseoir confortablement.
Elle regarda avec envie le service à thé posé sur la table.
— Tu es juste fatiguée ; tu as besoin de repos et d’une petite collation.
Cécile en ressentait le besoin, pour sa part.
Elle était impatiente de se retirer dans sa propre suite, attenante à celle-ci, meublée dans un agencement de couleurs identique, mais elle ne pourrait pas faire la sieste tant que Lucrezia ne serait pas apaisée.
— Laisse-moi te servir une tasse de thé, proposa Cécile en inclinant la tête vers l’assiette de mignardises glacées à côté de la théière. Et ces petits fours ont l’air délicieux. Ce serait dommage de ne pas en profiter.
— Tu es la gentillesse même, cara.
S’approchant, Lucrezia caressa la joue de Cécile.
— Et tu supportes mes caprices avec une patience d’ange, comme seule peut le faire une véritable amie.
Le membre d’équipage qui avait apporté le thé s’éclaircit la gorge.
— S’il ne vous faut rien d’autre, senhoras… ?
Cécile avait tout à fait oublié qu’il était là. Elle lui avait déjà donné un pourboire, mais il n’avait pas pu sortir de la pièce que Lucrezia arpentait en faisant des claquements de langue désapprobateurs. Cette dernière contempla soudain le steward d’un air mécontent.
— Est-ce que toutes les chambres sont pareilles ?
Le steward fronça les sourcils alors qu’il mettait à l’épreuve sa connaissance de l’anglais.
— Oui, tout : lit, table, chaises. Excellente qualité.
Il fit deux pas de côté vers la porte.
— Mais cette colore rivoltante ? dit Lucrezia en l’interceptant.
L’intendant leva les mains en signe de supplication.
— Cette couleur, et verde ; vert, dites-vous. Mais, c’est joli, oui, pour les senhoras ?
— Vert ?
Lucrezia posa la main sur le mur, à quelques centimètres de la tête de l’homme, l’empêchant de s’échapper.
— Il y a une chambre verte à proximité ?
Le steward hocha la tête avec prudence.
— Alors, tout est facile. Vous ferez porter mes bagages dans une chambre verte.
Lucrezia lui fit signe en agitant les doigts de s’en occuper sans tarder.
Elle se tourna vers Cécile.
— Excuse-moi de faire toutes ces histoires, cara. Il faut se faire entendre si l’on veut un minimum de confort.
Cécile s’efforça de dissimuler l’exaspération dans sa voix.
— Lucrezia, viens t’asseoir, et laisse cet homme retourner à sa tâche.
— Mais, bien sûr, piccola.
Lucrezia souleva le couvercle de la lourde théière en argent et examina les feuilles de thé à l’intérieur.
— Mais, senhora ! dit le steward d’un air suppliant en se tordant les mains. Toutes les chambres ont des invités. Vous, rester ici, oui ? Confortable. Beau.
Lucrezia laissa retomber le couvercle. En trois enjambées, elle atteignit le malheureux et déversa sur lui un torrent de réprimandes en italien.
Cécile regarda, médusée, Lucrezia ouvrir la porte et propulser le steward en arrière. Avec un cri de consternation, il trébucha sur le rebord de la porte, perdit l’équilibre et finit affalé sur le pont à l’extérieur.
Horrifiée, Cécile bondit pour l’aider. Elle était habituée aux caprices et à l’excentricité de Lucrezia, mais jamais elle ne l’avait vue faire preuve d’une telle grossièreté.
Cependant, avant qu’elle n’atteigne la porte, une grande silhouette apparut, se détachant sur le soleil couchant.
La voix qui parlait était onctueuse comme du beurre, les voyelles étirées comme du caramel fondu.
— Ouh là ! C’est une vilaine chute que vous venez de faire là, mon ami.
Cécile sentit son cœur palpiter quand elle vit l’homme se pencher pour aider le steward à se relever.
Elle l’avait aperçu un peu plus tôt alors qu’il franchissait la passerelle de bois pour arriver dans leur partie du navire, et elle l’avait reconnu tout de suite, car le souvenir de leur première rencontre ne l’avait jamais quittée, même quand la folie menaçait de s’emparer d’elle au castello Di Scogliera.
Mais elle ne pensait pas le croiser de sitôt – cet homme aux larges épaules et aux boucles blondes, couleur miel – et certainement pas dans des circonstances aussi embarrassantes.
— Obrigado, senhor. Obrigado.
Recouvrant sa dignité, le steward avait l’air excessivement reconnaissant, même si ses yeux continuaient à s’attarder avec inquiétude de son bon samaritain à Lucrezia, qui se tenait debout devant lui, implacable, les mains sur les hanches.
Si tentée que fût Cécile de rester cachée dans la pièce, elle ne pouvait décemment pas le faire. Debout sur la pointe des pieds, elle passa la tête par-dessus l’épaule de Lucrezia.
— Monsieur Robinson ! Quel plaisir de vous revoir.
Se relevant de toute sa taille, le magnifique spécimen battit des paupières deux ou trois fois.
— Lady McCaulay, c’est bien vous ? Je veux dire, je suis ravi de vous trouver ici, mais je n’avais pas la moindre idée…
Écartant le coude de Lucrezia, Cécile eut juste assez de place pour tendre la main, qui fut saisie par une poigne chaude et ferme et secouée avec ardeur. Clignant des yeux, elle contempla les nobles contours de son visage. Il la fixa de ses yeux d’un bleu perçant, et une cavalcade aux proportions inédites se déclencha soudain dans la région de son cœur. Pendant quelques instants, aucun des deux ne parla.
Cependant, Lucrezia se racla la gorge avec insistance, ramenant Cécile à la raison. Elle lui tenait toujours la main, à moins que ce ne soit lui ; c’était difficile à dire. Prenant une profonde inspiration, elle lui lâcha la main.
— Monsieur Robinson, excusez-moi. Quelle surprise ! J’en oublie mes manières. Je ne m’attendais pas du tout à ce que nous nous croisions à nouveau.
Rougissant jusqu’aux oreilles, elle le présenta à Lucrezia.
— Bien le bonjour à toutes les deux, et appelez-moi Lance, voulez-vous ? C’est bon de voir un visage familier après tous mes voyages.
Lucrezia haussa un sourcil.
— Vous vous connaissez, cara ? Tu ne m’as jamais parlé de cet homme dans le passé.
— Nous nous sommes rencontrés brièvement dans le train pour Paris, incidemment à vrai dire, dans le couloir…
Cécile avait conscience de s’épancher un peu trop sous le coup de l’émotion. Repensant à leur rencontre, elle eut l’impression qu’elle avait eu lieu il y a une éternité. Il s’était passé tellement de choses.
— Vous deviez passer trois mois sur le continent, n’est-ce pas ?
Redressant les épaules, elle s’obligea à se comporter comme la femme adulte qu’elle était.
— Il me semble que vous devriez être en Argentine maintenant.
— Vous avez une bonne mémoire, Lady McCaulay, et vous avez raison. J’aurais dû faire la traversée en juin, mais j’ai pris un peu de retard. L’Europe a été une véritable révélation.
Lucrezia eut un sourire narquois.
— Un véritable régal pour les yeux, j’en suis sûre, monsieur Robinson, et maintenant vous voudriez goûter aux délices de l’Amérique latine, sans doute. Telle est la vie d’un jeune homme fortuné. Toujours à la recherche du plaisir.
— Vraiment, Lucrezia, il ne faut pas faire de telles suppositions. M. Robinson est un homme d’affaires. Il voyage du Brésil en Argentine à la demande de son père. Ils s’intéressent aux chemins de fer, et c’est extrêmement important. Il était en Europe pour une série de réunions – pas pour baguenauder.
Sa réponse avait fusé avant même qu’elle s’en rende compte.
Lucrezia hocha la tête.
— Mais bien sûr, ma chérie ! Si tu le dis, alors ce doit être vrai, quoique je me demande comment tu as fait pour en savoir autant sur M. Robinson, si vous vous êtes contentés de discuter quelques minutes en passant.
Cécile n’avait pas de réponse à lui donner, mais Lucrezia n’en attendait pas, car elle avait reporté toute son attention sur le
