Cultiver les efforts, récolter les honneurs
Par Lysiane Beaubien
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Aperçu du livre
Cultiver les efforts, récolter les honneurs - Lysiane Beaubien
Biographie de l’auteure
Lysiane Beaubien est née et a grandi dans la ville de Québec, où elle demeure toujours, avec ses trois enfants et son conjoint. Amoureuse de voyages, elle est plus que tout attachée à ses racines et à la Vieille Capitale.
Enfant, elle a hérité des passions de ses parents. De sa mère, la lecture. De son père, le sport – plus particulièrement la course à pied.
Depuis 2002, elle enseigne l’anglais et l’espagnol dans les écoles de Québec, tout en collaborant pour l’équipe du très populaire blogue de la Parfaite Maman Cinglante.
En cinq ans, c’est plus de 200 000 Internautes qui ont su apprécier au-delà de cent billets qu’elle a pondus et fait publier sur une plateforme visant tantôt à toucher, tantôt à choquer, mais toujours à rallier les familles de la francophonie au travers les hauts et les bas de la parentalité.
Aujourd’hui, l’auteure a choisi d’allier sa passion pour l’écriture avec celle de la course à pied. Ce premier livre est une biographie, mais surtout le parcours d’un athlète exceptionnel. Pierre Slusarek gagne à être connu, tant au niveau de son histoire de coureur élite hors du commun que pour ses valeurs exemplaires et de son parcours des plus inspirants.
Table des matières
Biographie de l’auteure
Préface
Histoire de jeunesse
Cégep : découvertes et performances
L’université : de l’ombre à la lumière
De deux à quatre : Le début de la vie de famille
Grand changements et grandes idées!
L’aventure des citrouilles géantes
Vacances et passe-temps familiaux
Le déclic
Le (re)début du jogging
Un demi-superhéros
La barre des 3 h
Redescendre de son nuage
Le chemin vers Ottawa
Plier bagage
De saines habitudes de vie
Le 10 km de La Tuque
Ottawa prise deux : 2013
La supporter nº 1 : sa conjointe
Deux fois 10 n’égale pas toujours 20...
En route vers le mythique Boston
Un mirage appelé podium
Pourquoi courir?
Dans la cour des grands
Le plus gros marathon du monde
Abbot World Marathon Majors nº3 : en route vers Londres
Abbot World Marathon Majors nº4 : le chemin vers Chicago
Abbot World Marathon Majors nº 5 : Tumultes vers Tokyo
(26 février 2017)
Abbot World Marathon Majors nº 6 : Cauchemar avant Berlin
(24 septembre 2017)
En route pour le P’tit Train du Nord (22 octobre 2017)
Les ingrédients de la recette du succès
Le Dopey Challenge (janvier 2018)
Marathon de Paris (8 avril 2018)
Entre Paris et Montréal
Marathon de Montréal ( 23 septembre 2018 )
Lapin au Marathon du P’tit Train du Nord ( 21 octobre 2018)
Trois saisons bien différentes (2018-2019)
Le lapin de Longueuil (19 mai 2019)
La Course des pompiers de Laval (2 juin 2019)
Lapin au 10 km (Montréal, 21 septembre 2019)
Lapin au marathon du P’tit Train du Nord – prise 2
(20 octobre 2019)
Halte à Hawaï
Marathon d’Honolulu ( 8 décembre 2019)
Garder le moral
Épilogue
Remerciements
Préface
Lorsque je suis allé courir le marathon de Berlin en 2015, je tenais fortement à me rendre en Pologne pour voir l’atrocité d’Auschwitz. J’admire cette nation.
Je connais un seul homme d’origine polonaise et il m’a séduit par ses qualités humaines lorsque je l’ai rencontré. Pierre Slusarek m’a rejoint droit au cœur dès les premières phrases de l’entrevue.
Impossible de rester indifférent devant ses origines et ce qu’il représente. À l’image de son peuple, il ne fait rien à moitié. Travaillant, sa détermination se retrouve parmi tous ses faits et gestes et il en résulte des prouesses remarquables.
J’admire cet homme sur bien des aspects. Cet ingénieur m’avait confié que le fait d’avoir grandi modestement avait fait de lui un être des plus solides. C’est remarquable, on le voit. L’homme s’est oublié pendant plusieurs années afin d’aider son prochain et bâtir un nid familial confortable. Il a pris conscience au début de la quarantaine qu’il devait améliorer sa condition physique via la course à pied. Forcément, il est devenu l’un des meilleurs au Québec et au Canada.
À mes yeux, Pierre représente l’attitude exemplaire à suivre pour un adepte de la course à pied. Je le considère complet, tant sur le plan athlétique que comme être humain.
Je m’estime vraiment privilégié de pouvoir lui rendre hommage via cette préface, car il a toujours retenu mon attention. Ils sont rares les athlètes qui peuvent admirablement combiner talent et chaleur humaine.
On gagne à connaître Pierre Slusarek. Réservé, toujours à sa place, sa façon de faire, de penser devrait en inspirer plusieurs.
Merci de m’avoir procuré cette opportunité. Je suis persuadé que l’histoire de cet homme racontée par sa cousine Lysiane Beaubien saura davantage le faire grandir et ressortir ses atouts. Vous serez sans doute impressionné par son cheminement et les belles habitudes qu’il a su développer au cours de sa vie. Chapeau, Monsieur Slusarek !
Daniel Lequin
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Né en 1966, près de Montréal, Pierre Slusarek a hérité de ses parents polonais un bagage génétique de garçon travaillant, c’est le moins qu’on puisse dire.
« Mon père a été fait prisonnier de guerre par les Allemands pendant six ans, me raconte-t-il. Pour lui, les loisirs n’existaient pas. »Il allait de soi que dans la famille, peu après qu’ils aient appris à marcher (j’exagère à peine !), tous les membres de la famille allaient trimer dur comme lui seul savait le faire. « Il était très fier de mes frères et moi pour l’aider sur la terre familiale. Il était plutôt introverti, et clamait son estime envers nous aux autres, mais pas à nous directement. »
L’endurance de Pierre n’est pas arrivée par magie. Dès sa tendre enfance, il a appris à rester de longues heures debout. À Lanoraie, en banlieue de Montréal, il mettait la main à la pâte sur la terre familiale. Pendant que leurs amis jouaient au football et au soccer, après l’école et la fin de semaine, Pierre et ses deux frères travaillaient à la campagne, en famille, contribuant ainsi à la production de tomates de serre et la production agricole maraîchère.
C:\Users\Richard\Downloads\1ere sélection-20210529T191027Z-001\1ere sélection\Photos enfance\Pierre 5 ans.pngC:\Users\Richard\Downloads\1ere sélection-20210529T191027Z-001\1ere sélection\Photos enfance\Pierre 7 ans.pngPierre, âgé de 5 ans (gauche) et de 7 ans (droite)
Travailler du matin au soir, pendant 80 à 90 heures par semaine, était monnaie courante pour lui. En fait, il ne connaissait rien d’autre. Presque rien d’autre. Éloigné des autres élèves de son école, il a appris à se lever très tôt pour réussir à insérer des loisirs dans son horaire déjà plutôt chargé. Avant 8 h le matin, heure à laquelle soit l’école ou le travail à la maison débutait, il devait déjà avoir terminé de pêcher ou de chasser, ses deux activités favorites à l’époque. Donc, se lever avant 5 h était nécessaire.
Des pauses, il y en avait à partir de novembre, quand l’hiver approchait, alors que la terre était couverte de neige. C’est à ce moment que Pierre commençait à jouer dehors avec ses frères, à la tag et à la cachette, entre autres. Des excursions en raquettes avaient parfois lieu la fin de semaine. Stanley, son plus jeune frère, partageait la même chambre et plusieurs affinités, entre autres un attrait pour la chasse et la pêche.
Donc, du temps libre pour faire du sport, il n’en avait pas. Et cela se reflétait dans les cours d’éducation physique. Lors de sports d’équipe, Pierre échouait lamentablement. L’éloignement et le travail sur la terre de ses parents l’ont par contre rendu très endurant. Lors de performances athlétiques individuelles ou de démonstration de force physique, il excellait. Son endurance et sa force mentale étaient sa marque de commerce. Cette même force mentale était mise à l’épreuve dans ses cours de sciences et de mathématiques, ses matières préférées. Il a même déjà remporté un concours national de l’Institut de chimie canadien pour ses performances académiques.
« J’aimais beaucoup les mathématiques, se souvient-il. Et mon père aimait bien me lancer des défis de calcul pendant nos heures passées à travailler dehors. Par exemple, calculer le volume d’un silo ou de la serre. Ça occupait mon cerveau pendant le travail et j’adorais cela. »
« Une enseignante qui m’a grandement marqué fut mon enseignante de chimie et physique, en secondaires 4 et 5. Elle avait vu que j’adorais ce type de challenge, elle me donnait des défis. J’ai participé à un concours de chimie – je suis même passé dans le journal ! Elle a stimulé cet intérêt chez moi et a fait en sorte que j’ai poursuivi dans le domaine des sciences. »
C:\Users\Richard\Downloads\1ere sélection-20210529T191027Z-001\1ere sélection\Photos enfance\Pierre à sa petite communion sur le parvis de l_église avec son père Jean Slusarek et sa mère Christine Kasprowicz.pngPierre en compagnie de ses parents, à sa première communion
C’est ainsi que de 5 à 17 ans, les années se sont succédé pour Pierre, avec trop peu de variations et trop peu de temps libres. Et au fil du temps, il a voulu s’éloigner de sa routine familiale, vivre son indépendance et récupérer un cercle social dont il avait trop longtemps été privé. À ses yeux, le cégep et l’université étaient sa porte de salut, son tremplin vers une vie un peu plus normale.
Cégep :
découvertes et performances
Tout naturellement, l’amour pour les sciences a conduit Pierre vers le programme Sciences pures et appliquées au cégep. C’est à l’Assomption qu’il a poursuivi ses études collégiales de 1983 à 1985.
Pour la première fois, il allait goûter à l’indépendance, du moins quelques jours par semaine, en étant en pension du lundi au jeudi soir. Loin de la maison et de ses parents, Pierre allait pouvoir profiter de ses soirées sans avoir à travailler dans les champs et les serres. Le simple fait de pouvoir aller marcher ou regarder la télévision représentait des luxes qu’il avait hâte de pouvoir s’octroyer.
« J’étais très fébrile à l’idée de m’éloigner de la maison, de pouvoir profiter de tout ce temps libre. C’était comme une nouvelle vie pour moi », raconte-t-il.
En arrivant au cégep, Pierre apprit qu’il devait, la première semaine, choisir son cours d’éducation physique. Et qu’il (oh, malheur !) allait devoir faire le même cours, chaque semaine, pendant toute une session. Il repensait à ses cours d’éducation physique du secondaire, qu’il avait détestés, car ils étaient axés sur les sports d’équipe, lesquels ne le mettaient assurément pas en valeur.
C’est donc de reculons qu’il s’est présenté, la dernière journée possible, pour faire son choix de sport, « possiblement le basketball », qu’il se disait. Bien évidemment, tous les cours populaires étaient déjà comblés. Dans la liste des cours encore disponibles, un a particulièrement attiré son attention : « Courir pour vivre ». Après s’être informé, il a appris que c’était un cours sur les bases du jogging. La combinaison sport individuel-bouger à l’extérieur a piqué sa curiosité et c’est donc de cette façon que la course a fait une première et brève apparition dans la vie de Pierre.
C’est en riant qu’il m’a raconté sa première course, son test de 4 km chronométrés :
« Le cours était le vendredi après-midi. Ce midi-là, j’avais mangé une grosse poutine pour dîner. Je mangeais souvent du junk food à cette époque, comme plusieurs jeunes de cet âge-là !... J’ai jamais autant regretté d’avoir mangé une poutine… ! »
Malgré ce repas peu recommandable, il a tout de même terminé 2e sur 60 paticipants au fameux test de 4 km, avec un chrono de 15 minutes. (Pour les amoureux des chiffres, c’est une vitesse de 16 km/h ou 3 : 45/km.) Pas si mal pour un garçon qui n’avait jamais couru et qui avait fait l’épreuve « au feeling » ! Son enseignant l’a chaudement félicité et a été le premier à remarquer son grand potentiel.
À sa seconde année de cégep, il a de nouveau choisi le « cours de jogging ». Ses performances sportives restaient cependant stables, car il ne courait jamais le week-end, ni l’été. Pierre devait « tricher », et ne pas faire sa course du week-end, recommandée par son enseignant, car il retournait chez ses parents – le travail familial était toujours requis, et ce, du matin au soir. Pour cette même raison, il ne pouvait pas prendre part aux compétitions suggérées par son entraîneur, François Lebeau.
C:\Users\Richard\Downloads\1ere sélection-20210529T191027Z-001\1ere sélection\Photos enfance\Pierre à 19 ans .pngPierre, à 19 ans
Ce même enseignant a été vraiment marquant dans le parcours de Pierre. Il se souvient encore du jour où il l’a entendu dire, lors d’une sortie de 12 km, qu’il avait les jambes un peu molles à la suite de son marathon de la fin de semaine précédente. Le terme « marathon » était alors flou pour Pierre. Après les explications de son coach, l’idée de courir 42,2 km semblait inatteignable, voire complètement farfelue, à ses yeux. Pendant plusieurs semaines, il a douté de la véracité de ses propos. Il n’en revenait tout simplement pas de la durée et de la distance d’un marathon (42,2 km !!!), lui qui voulait s’effondrer après une simple douzaine.
Le jour où il a réalisé que son prof avait réellement pris part à une telle course, il a été relégué au titre de Super Héros dans le livre de Pierre.
De son côté, Pierre se contentait de courir entre 5 et 12 km par entraînement. Ce faisant, il a tout de même noté une nette amélioration de sa capacité cardio-vasculaire. Il se souvient aussi de tous les escaliers qu’il a dû monter, chaque jour, pour se rendre à ses cours trop souvent situés au 4e étage du cégep. Pas question de faire la file pour les ascenseurs ni de prendre ses manuels pour tous ses cours à la fois ! Rarement essoufflé, il est juste d’affirmer que Pierre était en forme.
En plus de performer lors de ses cours d’éducation physique, ce qui était nouveau pour lui, Pierre obtint également de forts bons résultats dans la plupart de ses cours. Bénévolement, il offrait même du soutien pédagogique et des explications avec plaisir aux autres étudiants. Un jour, son enseignant de mathématiques a suggéré le génie comme orientation possible à l’université. Cette option semblait tout indiquée pour Pierre, qui prenait goût au fait de relever de nouveaux défis.
L’université :
de l’ombre à la lumière
Notre amoureux des sciences avait un énorme potentiel académique. Et il avait aussi très hâte de quitter le nid familial. Ces deux facteurs ont fait en sorte qu’il a mûrement réfléchi à son programme universitaire. Perfectionniste dans l’âme, il ne voulait pas échouer. Et il ne voulait surtout pas avoir un laps de temps d’attente entre la fin de ses études et son entrée sur le marché du travail. Son goût de liberté, loin de chez ses parents, était trop grand.
« J’avais tellement hâte de quitter la routine de mon patelin, me raconte-t-il, que j’ai vraiment fait mes recherches. Je ne voulais pas étudier dans un domaine qui me passionnait pour ensuite me retrouver sans emploi. »
Le génie chimique, selon ses orienteurs, offrait de très bonnes perspectives d’emploi dans un secteur en demande. Pierre était très emballé de pouvoir suivre ses passions en plus de cheminer vers un emploi d’ingénieur intéressant.
L’été 1985 en a été un d’anticipation et de craintes. Pierre avait opté pour l’Université anglophone McGill à Montréal, pour parfaire son anglais. Il disait, à l’époque : « le bilinguisme allait augmenter mes chances d’obtenir un bon emploi. » Il sortait aussi largement de sa zone de confort, avec plusieurs nouveautés, dont un appartement à lui seul et le déménagement dans une grande ville.
En travaillant sur la terre de ses parents, Pierre se changeait en quelques sortes les idées. Mais plus la date du déménagement et du début de la session universitaire approchait, plus il devenait appréhensif. Dès qu’il avait un peu de temps libre, le matin ou en soirée, ce nouveau changement occupait ses pensées.
« J’avais toujours ce petit stress supplémentaire dans mon subconscient », dit-il.
Question de se changer les idées, il allait dans la forêt près de chez lui. Que ce soit en 4 roues, pour aller marcher ou pêcher, Pierre se rendait dans les bois, cet endroit qui avait toujours été à la fois son terrain de jeu et son havre de paix.
Septembre arriva malgré tout. Avec lui, son lot d’inconnus : la métropole, plus grande que grande, l’école, plus peuplée que l’univers. Pour le plus grand bonheur de Pierre, deux visages connus du cégep ont mis un baume sur ses inquiétudes. Réconforté, il attaqua le nouveau défi scolaire avec l’aplomb qu’on lui connaît. Par contre, ses amis n’ont pas eu cette persévérance et la barrière de la langue les a fait quitter le programme après seulement quelques mois.
Pour la première fois de sa jeune vie, Pierre se retrouvait en difficulté à l’école. En plus de voir bon nombre de personnes abandonner leur progression, il devait s’occuper de tâches ménagères et de la cuisine de façon autonome, ce qui était un terrain inconnu pour Pierre. Le moral miné par une grande solitude, une sévère carence de sommeil et plusieurs retards dans ses travaux, il n’a jamais lâché.
« J’avais vraiment le moral à plat pendant ma première session. Je devais réapprendre tout le vocabulaire relié au Génie en anglais. C’était fréquent que je doive étudier jusqu’à minuit, que je dormais trois heures par nuit. J’ai même fait des crises d’angoisse », se souvient-il. « Le dimanche, quand mon père me conduisait à l’appartement après une fin de semaine à la maison, j’avais l’impression de me rendre à l’abattoir. »
En rétrospection, Pierre avoue qu’un manque de connaissances de base vis-à-vis l’alimentation et de l’activité physique n’a pas aidé ses débuts universitaires. Les repas congelés et les cannages étaient monnaie courante dans sa première cuisine. Combinée à un mode de vie sédentaire, sa routine universitaire était tout sauf équilibrée. Dépourvues de toute forme de loisirs, ses habitudes de vie étaient en quelque sorte les ingrédients d’un cocktail des plus nocifs pour sa santé.
À l’école, il n’avait pas de traitement de faveur parce qu’il était francophone, au contraire. Mais, au lieu de s’apitoyer sur son sort, Pierre a choisi de se retrousser les manches, de mettre les bouchées doubles et de persévérer. L’abandon ne faisait pas partie de son vocabulaire. Encouragé par des étudiants de 2e et 3e années, il a cheminé au fil des sessions qui se sont effectivement avérées moins ardues.
De plus, il a appris à cuisiner, il a rehaussé sa vie sociale et a commencé à aller marcher lorsqu’il en avait assez d’étudier.
« D’ailleurs, j’ai appris qu’aller marcher à minuit au centre-ville de Montréal, ce n’était pas la meilleure idée », se
