Sex and drugs et parcmètres
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À propos de ce livre électronique
À PROPOS DE L'AUTEUR
Au cours de ses périples sur plusieurs continents, Marc-Antoine Torres a exercé divers métiers, allant de maître d’hôtel à critique de télévision. Aujourd’hui, il est scénariste, producteur et réalisateur de films documentaires. Ses deux passions principales, l’écriture et les voyages, lui offrent un véritable tremplin, lui permettant de s’évader et de s’enrichir.
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Aperçu du livre
Sex and drugs et parcmètres - Marc-Antoine Torres
Marc-Antoine Torres
Sex and drugs et parcmètres
Roman
ycRfQ7XCWLAnHKAUKxt--ZgA2Tk9nR5ITn66GuqoFd_3JKqp5G702Iw2GnZDhayPX8VaxIzTUfw7T8N2cM0E-uuVpP-H6n77mQdOvpH8GM70YSMgax3FqA4SEYHI6UDg_tU85i1ASbalg068-g© Lys Bleu Éditions – Marc-Antoine Torres
ISBN : 979-10-422-4346-3
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Qu’est-ce qu’on s’emmerde quand on est jeune…
Confucius… ou presque
Deux jours ont passé depuis cette édifiante conversation. La vie continue au bistrot en bas de la piaule où l’on vit à six. Elle est quand même belle la vie : on a tous un compte chez le Père Floriot pour les hot dogs et la Pelforth brune. On se fait l’argent de poche avec les employés de banque de la succursale d’à côté qui s’entêtent à perdre le fric de leurs sandwiches du midi en jouant au tarot. Le lycée de jeunes filles de bonne famille voisin nous fournit la tendresse et les caresses, quand un des deux plumards de la piaule est libre… Pour ces jeunes filles qui viennent voir leurs intercours au fond d’une tasse à café, nous passons, et on en rajoute pour des artistes déjà blasés et injustement méconnus. Jean-Marc a une technique plus spéciale : il s’attaque aux fibrilles maternelles déjà bourgeonnantes chez ces petites femmes. Il est le cas social, le drogué qui crie « au secours » à coups de bières brunes et d’idées noires sur la société. Un virtuose dans son genre !
Les gens « bien » qui passent devant notre troquet disent que c’est un repaire de drogués et de paumés. On les traite de vieux cons. C’est la belle harmonie avec la jeunesse française. J’ai un ami qui dit qu’un jour on va tous se barrer et les laisser avec leur connerie et leurs souvenirs. Moi je n’y crois pas trop parce que l’on risquerait d’aller vivre avec le souvenir qu’on les a abandonnés et l’on deviendrait aussi con. Pour ne pas devenir con, il faut vivre avec la connerie. Toujours avoir l’ennemi en vue.
À part ça, on fait nos petites arnaques. Il y a de nos acheteurs qui se retrouvent à fumer du henné, à avaler des spaghettis coupés très fins croyant aller rejoindre Ken Kesey ou Timothy Leary, croyant s’envoyer du LS.D. Nous sommes notoires, mais tellement de bonne foi que les acheteurs ne manquent pas. De temps à autre, l’un de nous va faire un tour en face à la brigade des stupéfiants à la suite d’une dénonciation. Il leur parle invariablement du même « grand blond qui a un jean troué et qui vend sa dope place Saint Projet ». Les flics blasés le relâchent.
À sa sortie, il subit un deuxième interrogatoire avec nous. Alors, raconte, tu ne m’as pas balancé ? Ils t’ont montré des photos ? J’y suis ?
Et la vie continue. Nous sommes fin novembre à Bordeaux. La lassitude du train-train me travaille. Les fêtes se font rares, les culs et les défonces aussi par la même occasion. Je saigne côté tendresse.
À trois heures du matin, Sylvion rentre bien saoul, à grand bruit il s’enfile dans son duvet, s’aligne à côté de moi sur le parquet et me dit :
— Eh ! Eh ! Tu sais Jésus ? Ouais, le blond avec les lunettes cerclées.
Son surnom lui vient du fait qu’un jour à un concert « Ange », alors que le groupe entonnait un de leur tube nommé « Si j’étais le Messie », Jésus ayant pris de l’acide marchait sur le bord d’un balcon en criant comme c’est original : « Je suis le Christ ! Je suis le Christ ! » Il est tombé dans les bras du service d’ordre pas très Marie Madeleine qui lui a offert un passage au Golgotha en guise de déplanage. L’envie d’être le fils du Père lui est passée, le surnom lui est resté.
— Ouais, tu sais Jésus ? Il est d’accord pour nous filer deux cents sacs pour les acides. On va les chercher et il nous en file pas mal au retour !
Le lendemain, notre force de persuasion nous mettait deux cent mille francs dans les poches.
Au départ nous étions sincères Sylvion et moi : aller à Paris, acheter l’acide et revenir enrobés de la pseudo gloriole « d’avoir des trips ». Mais l’apéritif du soir fut fatal et catalyseur d’une java dans toutes les boîtes du coin. Le lendemain, la gueule de bois et un gros trou dans le budget…
J’ai connu Sylvion un an auparavant. La nuit du jour de l’An, celle où tout le monde embrasse tout le monde : moi je dois avoir la petite vérole ce jour-là personne ne m’embrasse et je n’embrasse personne. Les jours de fête, j’y suis allergique, ça me donne le cafard. Les gens ont comme leur dose d’euphorisant annuel et moi je n’ai pas envie de marcher dans leur voyage.
Sylvion était pratique ce soir-là. Pendant que les flics s’embrassaient ou étaient tous bourrés dans leurs mignons camions et gentilles casernes, lui s’attaquait aux parcmètres avec un gros tournevis : un coup de levier en haut dans la fente, un coup de levier en bas, un coup de levier au milieu et poc à lui la (modeste) caverne d’Ali trésor public et compagnies privées. Il détachait la petite boîte pleine de pièces, la mettait dans un sac qu’il portait en bandoulière, et hop au suivant ! Il avait fait la moitié de la rue quand je l’ai aperçu. Il ne m’avait pas vu et je suis resté caché à le voir œuvrer, c’était déjà mon pote…
Il s’est arrêté de « travailler », s’est approché de moi, tournevis en avant, menaçant.
On a fini la rue et on est allé se payer un gueuleton, quelques bonnes bouteilles, tout ça en monnaie clinquante… clinquante.
Il s’est mis à se raconter, il venait de Saint-Pierre-et-Miquelon. Il ne pouvait pas être méditerranéen Sylvion : 1,90 m, 85 kilos, rouquin, rougeaud. Il avait émigré à Colmar. Deux ans apprenti boucher : il avait failli un jour de rogne confondre son patron avec Mussolini et le pendre, l’attraction du croc de boucher sans doute ! Depuis, il se baladait en France vivant de petits coups plus ou moins lucratifs. Il est venu habiter chez moi, chez nous.
Depuis, nous sommes devenus inséparables.
Un pacte tacite s’était installé entre nous, lui les muscles, moi la ruse. Lui, Lenny, dans « Des souris et des hommes » de Steinbeck. N’allez pas croire qu’il était demeuré, il ne tuait pas les souris, lui, c’était plutôt la connerie. Plus sain. Pas très branché sur les nourritures spirituelles, mais bourré de réflexions intelligentes sur la vie, un philosophe avancé, surtout un philosophe passé à la pratique.
Le lendemain donc de notre java nous n’étions pas frais, pas fiers… Pour arranger le tout, nous sommes allés acheter une bouteille de scotch. On s’est retrouvés bourrés dans le train de nuit pour Nantes : dans notre cuite il m’avait convaincu d’avoir des connexions là-bas et m’a dit que l’on pourrait s’y refaire. J’avais l’impulsion survoltée, pas d’autres idées, une cuite carabinée, alors c’est parti pour un mois et demi ! Nous ne le savions pas à ce moment-là. Ce que nous savions c’était le litre de scotch : ce fut notre prime occupation au réveil, aller acheter ou voler selon les finances notre litre quotidien.
Première étape Nantes. On y arrive crevés à huit heures du matin, on se paye un petit déjeuner au buffet de la gare et nous nous rendons dans un charmant petit hôtel dormir, dormir…
Au réveil nous savions implicitement qu’il fallait continuer à boire, revenir à jeun nous aurait emmené dans la bouillie d’idées angoissées et paranoïdes des lendemains d’alcool, à savoir, l’argent que nous devions maintenant, plus pour un tas d’autres raisons culpabilisantes. Ces raisons vraiment stressantes qui font reculer le réveil, traîner au lit. Ces raisons qui te poussent à retarder de voir les personnes que tu as vues dans ta cuite parce que tu ne te rappelles plus si elles ont adhéré à ton éthylisme ou non, ces raisons amoureuses, sangsues de la gueule de bois qui vont toujours avec elle. Ces raisons disparaissent avec la maturité alcoolique, paraît-il, mais à l’époque nous ne la possédions pas encore, je présume.
Après avoir prolongé la location de notre chambre d’hôtel, nous sommes partis à la recherche d’un ami de Sylvion : Patrick. Sylvion m’apprit que son pote lui devait d’ailleurs de l’argent de je ne sais quelle petite arnaque commise lors de son dernier passage nantais.
L’ami ne fréquentait pas exactement les salons de thé : plutôt le genre « Chez Yvette » ou « Chez Suzette ». Le bar avec deux ou trois plus ou moins jolies madames en étalage sur tabourets. Une autre madame moins récente, ou plus ancienne derrière le bar. Quelques messieurs bien habillés à une table avec des madames sur les genoux, un ou plusieurs poivrots, piliers
