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Un Frère Perdu: Gareth & Gwen – Enigmes Médiévales, #6
Un Frère Perdu: Gareth & Gwen – Enigmes Médiévales, #6
Un Frère Perdu: Gareth & Gwen – Enigmes Médiévales, #6
Livre électronique384 pages5 heuresGareth & Gwen – Enigmes Médiévales

Un Frère Perdu: Gareth & Gwen – Enigmes Médiévales, #6

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À propos de ce livre électronique

Novembre 1146. Le Gwynedd est en guerre contre Ranulf, le comte de Chester, qui cherche à mettre un pied en terre galloise en prévision du jour où l'Angleterre connaîtra enfin la paix. A la veille de l'assaut du château de Mold par le roi Owain, le corps d'une femme qui ressemble à Gwen est découvert dans la tombe de quelqu'un d'autre. Même en pleine guerre, un meurtre doit faire l'objet d'une enquête et il revient à Gareth et à Gwen de découvrir le coupable pour le soumettre à la justice du roi.

Mais lorsque leurs investigations les amènent à non seulement découvrir un autre corps mais aussi une intrigue qui implique certains personnages parmi les plus haut placés de la cour du roi Owain, Gareth et Gwen doivent affronter une conspiration sans précédent, et un adversaire à qui, jamais, on n'accordera le pardon.

Un Frère Perdu est le sixième livre de la série Gareth & Gwen – Enigmes Médiévales.  

Ordre de lecture : La Fille du Barde (nouvelle), Le Preux Chevalier, Un Hôte Indésirable, Le Quatrième Cavalier, La Chute d'une Princesse, Un Espion Improbable, Un Frère Perdu, Un Marchand Corrompu.

LangueFrançais
ÉditeurThe Morgan-Stanwood Publishing Group
Date de sortie5 janv. 2025
ISBN9798227279767
Un Frère Perdu: Gareth & Gwen – Enigmes Médiévales, #6
Auteur

Sarah Woodbury

With over two million books sold to date, Sarah Woodbury is the author of more than fifty novels, all set in medieval Wales. Although an anthropologist by training, and then a full-time homeschooling mom for twenty years, she began writing fiction when the stories in her head overflowed and demanded that she let them out. While her ancestry is Welsh, she only visited Wales for the first time at university. She has been in love with the country, language, and people ever since. She even convinced her husband to give all four of their children Welsh names. Sarah is a member of the Historical Novelists Fiction Cooperative (HFAC), the Historical Novel Society (HNS), and Novelists, Inc. (NINC). She makes her home in Oregon. Please follow her online at www.sarahwoodbury.com or https://www.facebook.com/sarahwoodburybooks

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    Aperçu du livre

    Un Frère Perdu - Sarah Woodbury

    Prononciation de quelques noms

    de personnes et de lieux

    ––––––––

    Cadwaladr – Cad-wall-ah-der

    Cadwallon – Cad-WA/SH/-on

    Ceredigion – Kere-eh-digui-on

    Cynan — KIN-an

    Dafydd – DAH-vith (‘th’ dur proche du ‘z’)

    Deheubarth – deh-haye-barth

    Dai – Daye

    Dolwyddelan – dol-wiz-EH-lan

    Gruffydd – GRIFF-iz

    Gwalchmai – GWALCH-maye (‘ch’ comme ‘ach’ en allemand ou ‘loch’ en écossais)

    Gwenllian – Gwen-/SH/EE-an

    Gwladys – Goo-LAD-iss

    Gwynedd – GWIN-ez

    Hywel – Huh-wel

    Ieuan – Ieu se dit comme ‘yay’, donc YAY-an

    Llelo – /SH/EH-low

    Meilyr – MY-lir

    Owain – OH-waine

    Rhuddlan – RIZ-lan

    Rhun – Rin

    Rhys – Riize

    Sion – Shawn (Sean)

    Tudur – TIH-dir

    Personnages Principaux

    ––––––––

    Owain Gwynedd – Roi du Gwynedd (Pays de Galles du Nord)

    Cadwaladr – Frère cadet d’Owain ; ancien seigneur du Ceredigion

    ––––––––

    Rhun – Prince du Gwynedd (illégitime)

    Hywel – Prince du Gwynedd (illégitime)

    Cynan – Prince du Gwynedd (illégitime)

    Madoc – Prince du Gwynedd (illégitime)

    ––––––––

    Gwen – Informatrice de Hywel, épouse de Gareth

    Gareth – Capitaine de la garde de Hywel, époux de Gwen

    Tangwen – Fille de Gareth et de Gwen

    Llelo – Fils adoptif de Gareth et de Gwen

    Dai –Fils adoptif de Gareth et de Gwen

    ––––––––

    Evan – Ami de Gareth

    Gruffydd – Capitaine de Rhun

    Meilyr – Père de Gwen

    Gwalchmai – Frère de Gwen

    Taran – Sénéchal du roi Owain

    Tudur – Valet du roi Owain

    Père Alun – Curé de l’église de Cilcain

    ––––––––

    Godfrid – Prince de Dublin

    Ranulf – Comte de Chester

    Premier Chapitre

    Novembre 1146

    Gwen

    ––––––––

    « Gwen ! Dieu Tout-Puissant, Gwen, que faites-vous ici ? » Evan, le meilleur ami de Gareth, courut vers elle depuis les rangs de chevaux attachés à leurs piquets. La sueur, sous le casque qu’il venait d’enlever, collait ses cheveux blonds tout emmêlés à son crâne et ses yeux bleus exprimaient une vive inquiétude.

    Gwen montra le sac qu’elle portait à l’épaule. « J’apporte des vêtements pour Gareth et le prince Rhun et des lettres pour le roi. »

    Peu après la dernière fois qu’elle avait vu Gareth, la charrette qui transportait ses affaires s’était renversée en traversant une rivière en crue. Tout son contenu avait été emporté par le courant. D’après le message que Gareth lui avait fait parvenir, il avait passé ces dernières semaines dans les vêtements qu’il portait ce jour-là ou ceux qu’il pouvait emprunter à ses compagnons. Apparemment, le prince Rhun avait dû faire de même car ses possessions avaient été emportées en même temps et même un prince n’avait pas le loisir de rendre visite à un tailleur en plein milieu d’une guerre.

    Evan lui jeta un regard courroucé. « Oui, mais, Gwen... »

    Elle lui coupa la parole, baissant la voix pour qu’il soit seul à l’entendre. « Evan, il faut que je le voie. »

    Gwen n’avait pas eu l’intention de l’admettre, même devant Evan, mais derrière son insistance se cachait la douleur permanente de l’absence de Gareth. Chaque nuit, elle restait éveillée, incapable de dormir sans lui, hantée par des visions de sa mort sur le champ de bataille. Ce n’était que son imagination, elle le savait, mais les sortir de sa tête lui demandait un effort invraisemblable. Etait-il possible d’aimer autant ?

    Lors des pires nuits, elle aurait voulu pouvoir sortir son cœur de sa poitrine et le ranger dans une boîte, parce que ses battements obstinés étaient trop douloureux. Les femmes ressentaient la même chose à l’égard de leur mari et de leurs fils partis à la guerre depuis la nuit des temps, depuis le premier jour où des hommes étaient partis à la guerre. Gwen elle-même avait déjà connu ce malaise. Mais à l’exception d’une brève permission au début du mois d’octobre pendant une pause dans les combats, Gareth était parti depuis trois mois entiers. L’hiver arrivait et cette guerre devait prendre fin.

    L'expression d’Evan indiqua à Gwen qu’il avait compris sans qu’elle ait besoin d’en dire plus. Evan avait jusque-là évité les liens du mariage, ou bien peut-être était-ce qu’il n’avait pas encore trouvé la femme qui lui convenait, mais cela ne voulait pas dire que le sentiment lui était étranger. Sans faire de commentaire embarrassant, il regarda derrière elle ce qu’il se passait.

    Il haussa les sourcils. « J’allais vous demander si vous étiez venue seule mais je vois que ce n’est pas le cas. »

    « Non, ce n’est pas le cas, » dit Gwen avec un grand sourire. « J’ai amené à Hywel quelques amis qui séjournaient à Aber. Pensez-vous que cela va lui faire plaisir ? »

    Elle se retourna pour regarder avec Evan la troupe de vingt cavaliers qui était arrivée au camp avec elle. Aucun des soldats qui discutaient derrière elle ne mesurait moins de six pieds. Ils échangeaient en danois, brandissaient de longues épées et d’énormes haches et appartenaient à une lignée qui frappait d’effroi le cœur de tous les Gallois depuis cinq cents ans. Et aucun des nouveaux venus n’était plus imposant, plus grand ou plus dangereux que celui qui se tenait en leur centre, le prince Godfrid de Dublin. Un vieil ami.

    Evan secoua la tête. « Vous êtes merveilleuse ! Et vous savez très bien que non seulement le prince Hywel sera ravi, mais que nous avons besoin de tous les alliés que nous pouvons trouver. » Il retrouva très vite son sérieux. « Je ne vais pas prétendre que nous n’avons pas eu de difficultés ces dernières semaines. Les Anglais sont toujours plus nombreux que nous et quand un homme tombe il y en a deux qui le remplacent. »

    Mais ensuite il se mit à rire en voyant le prince Hywel, qui sortait de sa tente pour voir ce qui provoquait toute cette agitation, soulevé de terre dans les bras puissants de Godfrid. Le contraste entre les deux princes était saisissant. Alors que Hywel était brun, les cheveux de Godfrid étaient si blonds qu’ils paraissaient presque blancs. Et si Hywel était un homme de haute taille, il était mince et Godfrid était deux fois plus large que lui et le dominait de quatre pouces. Mais tous deux avaient des yeux bleus qui brillaient de la même intelligence mêlée d’amusement et, à cet instant, du plaisir mutuel de se retrouver et du respect qu’ils éprouvaient l’un pour l’autre.

    Evan se détourna et prit Gwen par le coude. « Je vais vous conduire à votre mari. Il vient de revenir d’une patrouille au nord de notre périmètre. Vous lui pardonnerez d’être couvert de boue. Ça fait une semaine qu’il pleut. »

    « Au moins l’hiver n’est pas encore là, » dit Gwen.

    Evan remua la tête d’une manière qui voulait dire peut-être. « Ceux qui en savent plus que moi sur le sujet disent que le temps va se refroidir d’ici un jour ou deux. Pour ma part, j’aimerais autant que le sol durcisse, parce que c’est plus facile pour se déplacer à cheval et pour les fantassins, mais je n’ai pas hâte de voir arriver la neige ou le grésil. »

    Ils gagnèrent dans la boue qui collait aux bottes un groupe de tentes au nord du campement de Hywel. Situé à environ vingt milles à l’ouest de Chester, dans une vallée abritée à l’ouest des montagnes de la Clwyd, le camp était assez proche du château de Mold pour donner l’assaut, mais assez loin pour que tout raid des forces du comte de Chester à l’intérieur du Pays de Galles soit repéré avant d’arriver jusque-là. Alors qu’ils venaient pourtant de l’ouest, Godfrid et ses cavaliers avaient été arrêtés successivement par trois groupes de soldats qui montaient la garde, prêts à souffler instantanément dans leur corne si l’ennemi avait réussi à franchir les montagnes et approchait du camp d’une direction imprévue.

    La tente des princes surplombait le camp dressé dans le champ d’un fermier, qui abritait quelque cinq cents lanciers et archers. Toutefois, la présence de l’armée n’affecterait pas les revenus du fermier. Le champ avait été moissonné à la fin de l’été. A présent, à la fin du mois de novembre, une herbe éparse poussait dans ce qui avait été des sillons bien droits et n’était plus qu’une étendue de terre labourée par les sabots des chevaux et les bottes des soldats.

    En ce début d’hiver, les pentes des montagnes qui descendaient vers le camp étaient couvertes d’arbres dénudés. Pour approcher du camp sans être aperçu par les guetteurs, l’ennemi devrait agir en pleine nuit. De l’endroit où Gwen se tenait, elle voyait tout ce qui bougeait sur le flanc des collines et dans les champs alentour. Avec un soupir, elle laissa le soulagement l’envahir. Bien-sûr, Gareth ne connaîtrait pas de vraie sécurité avant de rentrer chez eux mais à présent qu’elle avait vu où il dormait, peut-être arriverait-elle elle aussi à dormir un peu.

    Près de la cuisine en plein air, Gwen reconnut l’apprenti du forgeron du village d’Aber. Elle demanda à Evan de s’arrêter un instant pour transmettre au jeune garçon les pensées affectueuses de sa mère, comme celle-ci le lui avait demandé avant son départ. Toutes les femmes du château et du village l’avaient chargée de messages identiques. En balayant du regard ce camp beaucoup plus vaste qu’elle ne s’y attendait, Gwen se dit que remplir ces obligations allait lui prendre bien plus longtemps que prévu. Mais en premier lieu, elle avait à s’acquitter de sa propre mission.

    Les hommes du teulu du prince Hywel levèrent la main à l’intention d’Evan sur leur passage et plusieurs d’entre eux qui la reconnaissaient la saluèrent de la tête. Sans s’arrêter, Evan entraîna Gwen un peu plus loin.

    Il faisait froid, plus froid qu’il n’avait encore fait durant cet automne, et elle se réjouit de ne pas voir dû passer ces trois derniers mois à vivre dehors comme ces hommes. Plusieurs d’entre eux arboraient des bandages sur la tête et ils croisèrent sur leur chemin un homme qui boîtait bas. Il les salua quand ils passèrent près de lui et il adressa à Gwen un grand sourire qui la rassura un peu sur la gravité de sa blessure. Malgré le triste état des tenues et la fatigue qui se lisait sur les visages, Gwen entendit des éclats de rire autour des feux de camp et l’humeur générale ne semblait pas être à la tristesse ou au désespoir.

    « Vous ne vous êtes encore jamais retrouvée au milieu du camp d’une armée en guerre, n’est-ce pas, Gwen ? »

    « Non. »

    « Ce n’est pas la place d’une dame. »

    « Je n’ai pas toujours été la femme d’un chevalier. »

    Evan lui jeta un coup d’œil. « Je l’oublie parfois. Mais vous n’avez pas non plus fait partie de ces femmes qui suivent les armées et je préférerais que vous détourniez les yeux de certaines scènes au sein du camp. »

    Gwen s’esclaffa. « J’ai une idée assez claire... » Elle s’arrêta net, soudain incapable de parler, le regard fixé sur une silhouette familière.

    Ils étaient arrivés à la lisière du camp. Une auge pleine d’eau avait été installée à quelques pas de l’entrée de la tente la plus proche. Gareth, qui n’avait pas vu Gwen, ôta sa chemise et la jeta près de l’un des piquets de la tente sur une pile de vêtements qu’une lavandière viendrait chercher. Puis il plongea la tête dans la vasque. Sans sortir la tête de l’eau, il se frotta les cheveux et le cou avec un linge, puis il releva la tête et s’ébroua, projetant des gouttes d’eau tout autour de lui.

    Gwen ne l’avait pas vu depuis un mois et demi et à cette occasion il n’avait passé qu’une nuit à Aber. Il avait pu venir parce que Hywel l’avait chargé de porter à Taran des nouvelles du front. Hywel lui avait fait cette grâce car il savait à quel point son mari manquait à Gwen. Dès qu’elle le verrait, Gwen ne manquerait pas de remercier le prince de cette faveur inattendue.

    Evan avait eu raison de la prévenir au sujet de l’apparence générale de Gareth. Alors que lorsqu’elle l’avait vu six semaines plus tôt il avait porté la barbe et ses cheveux avaient été plus longs que d’habitude, sa barbe avait été bien taillée et ses cheveux tirés en arrière et attachés sur la nuque. Aujourd’hui, il avait les cheveux courts, avec des mèches inégales coupées par une main malhabile, probablement celle d’un compagnon d’armes. Et il arborait une barbe de trois jours qui piquerait Gwen quand elle l’embrasserait. Mais le pire, c’était la cicatrice récente sur le côté droit de sa poitrine.

    Gwen le buvait des yeux. Peu importait à quoi il ressemblait. Il était en vie et c’était tout ce qui comptait. Il ne l’avait pas encore vue et alors même qu’il se tenait juste devant elle, Gwen avait du mal à se convaincre qu’il était bien réel.

    Elle se secoua, ramassa ses jupes et s’élança vers lui. Gareth prit conscience de sa présence un battement de cœur avant qu’elle n’arrive à lui et se retourna juste à temps pour la prendre dans ses bras quand elle le heurta de plein fouet. Elle passa les bras autour de son cou pour se serrer contre lui et il l’étreignit étroitement sans que l’un ou l’autre se préoccupe de l’eau qui gouttait de ses cheveux, dégoulinait sur son dos et tachait les vêtements de Gwen.

    Les bras de Gareth lui encerclèrent la taille, il la souleva de terre contre lui et elle put enfin l’embrasser comme elle voulait le faire depuis si longtemps (et, oui, sa barbe piquait).

    Il leur fallut un moment pour se séparer. « Cariad. Mon amour. Qu’est-ce que tu fais ici ? »

    C’était la même question que celle qu’Evan lui avait posée. Elle l’ignora. « Tu as été blessé ! »

    « Ce n’est rien. » Sans la lâcher, Gareth lui passa la main dans les cheveux tombés sur sa nuque. « Tu ne devrais pas être là. »

    Gwen ferma les yeux pour retenir les larmes qui lui piquaient les paupières. « Tu m’as tellement manqué. » Sa voix se brisa.

    « Tu m’as manqué aussi. » Gareth tourna légèrement la tête pour essayer de voir son visage. « Vas-tu répondre à ma question ? »

    Gwen n’arrivait pas à retrouver sa voix pour lui répondre.

    Gareth la remit sur ses pieds. Lorsque ses bottes touchèrent le sol, il l’embrassa encore puis la prit par les avant-bras pour la regarder bien en face. « Est-ce qu’il s’est passé quelque chose ? »

    Ce fut seulement à ce moment que Gwen vit la peur qui troublait le regard de son mari. Elle s’empressa de la dissiper. « Non ! Non ! Pas du tout. Tangwen va bien. Tout le monde va bien au château. J’avais seulement besoin de te voir. »

    Gwen avait laissé leur fille, Tangwen, qui avait maintenant presque deux ans, au château d’Aber, à cinquante milles à l’ouest. Gwen regrettait d’être momentanément séparée de leur petite fille mais Tangwen ne pouvait l’accompagner sur le front, même pour voir son père. Sa nouvelle nurse, Abi, qui avait elle-même une petite fille née quelques mois après Tangwen, était compétente et bienveillante et Tangwen avait de ce fait une sœur de substitution pour jouer avec elle en attendant le retour de Gwen qui avait promis de rentrer le plus rapidement possible.

    Une expression de soulagement passa sur le visage de Gareth, la même que celle que Gwen avait affichée en voyant enfin le camp de ses propres yeux.

    « Si c’est la seule raison pour laquelle tu es là, tu n’aurais pas dû venir. C’est trop dangereux. »

    C’était exactement la réaction à laquelle Gwen s’était attendue. Elle repoussa une mèche de cheveux qui lui tombait sur les yeux. Malgré le soin qu’elle avait pris pour préserver son apparence en prévision du moment où elle verrait Gareth, elle avait triste mine, avec ses vêtements poussiéreux, l’ourlet de sa robe taché de boue et ses cheveux qui s’échappaient de sa coiffe malgré les épingles avec lesquelles elle avait tenté de les retenir, comme ils s’obstinaient à le faire quel que soit le soin avec lequel elle les tressait et les enroulait sur sa nuque. L’épouse de Hywel, Mari, avait des cheveux parfaits que rien ne décoiffait, pas même le vent d’une tempête.

    Gwen avait su qu’il y avait une chance sur deux pour que son mari lui jette un coup d’œil et la renvoie d’où elle venait, et que cela n’aurait rien à voir avec son apparence. Elle avait pénétré en zone de guerre et bien-sûr cela ne lui plaisait pas. Gwen ne voulait pas le perturber et elle partirait s’il le lui ordonnait, mais au moins elle aurait eu l’opportunité de le voir en chair et en os, de le toucher pour la première fois depuis un mois et demi.

    « J’ai voyagé en toute sécurité. » Les larmes de Gwen avaient disparu mais elles avaient laissé des traces sur son visage. « J’apporte un paquet de lettres et de messages pour le roi de la part de Taran et... » D’un mouvement de l’épaule, puisque Gareth la tenait toujours par les bras, elle désigna un point derrière elle. « Je suis venue avec des amis. »

    Jusque-là, Gareth n’avait eu d’yeux que pour Gwen. Il n’avait même pas remarqué la présence d’Evan, si bien que Gwen vit avec grand plaisir sa mâchoire prête à se décrocher quand il regarda enfin derrière elle l’effervescence qui animait l’entrée du camp.

    Au même moment, Godfrid aperçut Gareth. Le visage fendu d’un large sourire, il traversa le camp à grands pas. Gareth s’avança aussi et puisqu’il avait un bras autour de la taille de Gwen, elle vint avec lui. Si bien que lorsque Godfrid les rejoignit, il avait le choix entre prendre le bras que Gareth lui tendait ou les étreindre tous les deux.

    Pour une fois, Godfrid choisit de respecter un certain décorum. « Comment va mon fin limier ? »

    « Je vais bien, » répondit Gareth.

    Gwen connaissait le mot employé par Godfrid, sleuth, pour l’avoir entendu lors de précédentes visites du Danois. Dans les langues nordiques, il désignait les chiens qui savaient suivre la piste d’un homme recherché. Pour Godfrid, c’était un compliment.

    Hywel avait suivi Godfrid. Il avait lui aussi le sourire. « Vous vous en êtes bien tiré, » dit-il à Gareth. « Je vais devoir consulter le guérisseur parce que je pense qu’il m’a brisé quelques côtes. »

    « C’est bon de vous revoir, mon ami, » dit Godfrid.

    Gareth et Godfrid échangèrent un clin d’œil, leurs retrouvailles plus discrètes sans rapport avec le plaisir qu’ils éprouvaient à se revoir.

    Puis le regard de Gareth se fit un peu plus méfiant. « J’ai toujours plaisir à vous voir quand vous avez l’occasion de nous rendre visite en Gwynedd, mais j’ai l’impression que la raison de votre visite me ravira un peu moins. »

    « Je ne sais pas trop, » dit Godfrid en riant. « Mes hommes commençaient à rouiller. De temps à autre, ils ont besoin d’une bonne bataille pour rester en forme. »

    Gareth répondit d’un petit rire. « Et... »

    « Et... » L’expression amicale de Godfrid laissa la place à une soudaine tristesse. « Mon père est mourant. Il me faut m’entretenir avec votre roi de l’avenir de Dublin quand il ne sera plus là. »

    Chapitre Deux

    Gareth

    ––––––––

    « Je suis vraiment désolé de cette nouvelle, Godfrid, » dit Gareth.

    Godfrid contempla un moment ses pieds avant de relever la tête. « Vous vous souvenez de mon frère, Brodar ? » Gareth acquiesça et Godfrid poursuivit. « Lui et moi avons jusque-là respecté le souhait de mon père de ne pas nous opposer à Ottar. Mon père craint que nous ne soyons vaincus. J’ai l’intention de faire en sorte que nous soyons vainqueurs. »

    Cette conversation n’aurait pas dû se tenir ainsi, en public, avec Gareth à moitié dévêtu, mais il y avait une telle intensité dans la voix de Godfrid que Gareth n’osa pas lui suggérer de se déplacer avant de l’assurer de leur engagement à ses côtés. Des mots que, malheureusement, il ne pouvait prononcer.

    Hywel non plus. « Cette guerre contre Ranulf a pris bien plus d’ampleur que mon père ne l’espérait lorsqu’on a pris la route de l’est. Nous avons perdu beaucoup d’hommes au cours des combats. » 

    « Je sais, » dit Godfrid. « Je ne vous demande pas, je ne vous demanderai jamais, un engagement direct. Nous allons nous joindre à vous quoi que le roi Owain puisse nous promettre. A vrai dire, avec mes vingt hommes, je n’ai à lui offrir qu’une aide bien plus faible que celle qu’il pourra, je l’espère, nous apporter quand le temps sera venu. »

    « Cependant, dans l’immédiat, le roi vous sera redevable, » observa Gareth.

    Une lueur malicieuse apparut dans le regard de Godfrid. « Ça vaut mieux que le contraire. »

    Gwen tapota le bras du grand Danois. « Pour ma part, je suis très heureuse de savoir que vous combattrez aux côtés de mon mari. »

    Gareth serra brièvement la taille de sa femme. « Que vous ayez permis à Gwen de venir avec vous me chagrine tout de même, » dit-il à Godfrid.

    « Permis ? » répondit Godfrid, affectant la surprise. « Je suis tout à fait certain qu’on ne m’a pas demandé ma permission et que je ne l’ai pas donnée. » 

    « J’ai dit à Taran que j’allais venir, qu’il le veuille ou non. Et il s’avère que j’ai voyagé en toute sécurité. »

    Gareth sentit un grognement se former au fond de sa gorge face à l’obstination de sa femme. « Gwen... »

    Elle entrelaça ses doigts avec les siens. « Je n’aurais pas pu être mieux protégée qu’en compagnie de Godfrid et Taran avait plusieurs lettres qui devaient absolument être transmises au roi. Taran a préféré ne pas mettre mon obéissance à l’épreuve en refusant ce que je lui demandais et j’ai promis de ne pas m’opposer à son autorité, ou à la tienne d’ailleurs, par un acte irréfléchi. Maintenant que je t’ai vu, je peux reprendre le chemin d’Aber, ce soir si tu y tiens. »

    « Peut-être pas ce soir, mais je ne peux pas vous promettre plus d’un jour ou deux avec Gareth. » Hywel baissa la voix. « On va assiéger Mold sans tarder. Je ne veux pas vous voir ici quand on mettra nos troupes en position. »

    « Une journée est plus que je n’ai eu depuis plus d’un mois, » dit Gwen. « Je me contenterai de ce que j’ai. »

    « Quoi qu’il en soit, en dehors des lettres envoyées par Taran, je suis certain que mon père voudra entendre des nouvelles d’Aber, » dit Hywel. « Savez-vous qui lui a écrit ? »

    « Le roi Cadell du Deheubarth a écrit plusieurs fois, bien que, comme on pouvait s’y attendre, il ne lui propose pas son aide. Mais le roi a aussi reçu une lettre officielle du roi Stephen et Taran n’a pas osé briser le sceau mais il suppose que cela concerne les agissements de Ranulf contre nous. C’est la véritable raison pour laquelle il voulait envoyer un messager vers l’est le plus tôt possible. »

    Sans plus de cérémonie, Gwen fouilla dans le sac qu’elle portait à l’épaule, en sortit le paquet de lettres destinées au roi et le remit à Hywel.

    Hywel leur jeta un coup d’œil puis les glissa dans la grande poche à l’intérieur de son manteau. Ce n’était pas la première fois qu’il apportait du courrier au roi mais la lettre du roi Stephen était probablement la plus importante.

    Gareth haussa les sourcils. Cette lettre pouvait représenter de très bonnes nouvelles pour les Gallois si le roi d’Angleterre était disposé à leur apporter une aide quelconque contre le comte de Chester.

    Les rapports de Ranulf avec le roi Stephen, qui occupait actuellement le trône d’Angleterre, et l’impératrice Maud, la cousine de Stephen et son adversaire, étaient depuis longtemps très compliqués. Alors que Stephen était le neveu du souverain précédent, le roi Henry, Maud était son seul enfant légitime encore en vie. Mais c’était une femme. A la mort du roi Henry, au lieu de soutenir le droit de Maud à sa succession comme Henry en avait exprimé le désir, de nombreux barons avaient choisi d’appuyer la revendication de Stephen.

    Le différend était avant tout un conflit familial. Outre le fait que Maud et Stephen étaient cousins, Ranulf était le gendre du fils illégitime du roi Henry, Robert de Gloucester, le demi-frère de Maud, le plus ardent de ses soutiens et un général de premier plan. Cependant, cette relation n’avait pas constamment attaché Ranulf au parti de Maud. Il avait déjà changé de camp au moins trois fois depuis le début du conflit entre les deux cousins.

    Pour le moment, après avoir été emprisonné par le roi Stephen pour trahison jusqu’au mois d’août de l’année en cours, Ranulf avait pris ses distances avec les deux camps. Il s’était retranché à Chester le temps de panser les blessures infligées à son orgueil, de ruminer sa revanche contre Stephen et de déclarer la guerre à son voisin gallois le plus proche, le roi Owain Gwynedd.

    Si le roi Stephen acceptait de se mêler du conflit et de prendre le parti d’Owain, la guerre pouvait s’achever avant Noël. Tout dépendait du contenu de la lettre et de ce que le roi Owain devrait promettre à Stephen en échange de son soutien.

    « Pourquoi Llywelyn n’a-t-il pas apporté la lettre au roi lui-même ? » demanda Hywel.

    Dès le début de la guerre, Owain avait envoyé Llywelyn à Londres en qualité d’émissaire à la cour du roi Stephen.

    « Il a envoyé son valet tout seul à Aber, » dit Gwen.

    Son expression aussi dubitative que celle de Hywel, Gareth regarda Gwen en fronçant les sourcils. « C’est bizarre. Pourquoi aurait-il fait ça ? »

    « Tout ce que le valet a pu dire, c’est que Llywelyn lui avait semblé nerveux et inquiet. Il ne voulait pas laisser son maître, mais Llywelyn le lui a ordonné et son serviteur a obéi parce qu’il savait à quel point cette lettre était importante. Quand Llywelyn l’a obligé à se mettre en selle et à partir, il est parti. Si vous n’avez pas vu Llywelyn ici, alors personne n’a de nouvelles de lui depuis. »

    Gareth se tourna vers Hywel. « Ces nouvelles à propos de Llywelyn sont troublantes, Monseigneur. Je me demande si on devrait envoyer quelqu’un en Angleterre pour savoir ce qu’il en est. »

    « Ce quelqu’un serait-il vous, Gareth ? » dit Hywel. « Vous êtes déjà las de ma compagnie ? »

    Gareth fit la grimace. « Bien-sûr que non, Monseigneur. J’aurai certainement quelques mots à dire plus tard à Taran à propos de son idée d’utiliser Gwen comme messager, mais je comprends qu’il a vu l’arrivée de Godfrid comme une parfaite opportunité

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