Dans nos veines
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Aperçu du livre
Dans nos veines - Nastassia Charest
Chapitre 1
Une offre surprenante
La musique épique emportait les danseurs dans la salle remplie de miroirs. Les pieds nus martelaient le sol et s’envolaient au rythme des percussions, et les violons faisaient virevolter les corps dans les airs tel un ballet aérien. Un groupe s’avançait alors qu’un autre reprenait les gestes en canon. Des bras gracieux arrondis au-dessus des têtes rappelaient les oiseaux qui se déplacent ensemble sans se heurter. Un dernier mouvement, et la pièce musicale s’arrêta en apothéose.
Les danseurs essoufflés trouvèrent la force de s’applaudir de la réussite complète de leur chorégraphie effectuée pour la centième fois à quelques jours de la représentation de fin d’année. L’enseignante les applaudit également en penchant la tête, masquant à peine le sourire de satisfaction qui avait surgi sur ses lèvres. Elle était fière de ses étudiants de dernière année. Elle posa les yeux sur Erin qui s’était étendue au sol, épuisée, mais le visage heureux. La jeune femme était l’étoile de cette troupe de l’École des arts de Montréal.
Erin sentit sur elle l’attention de sa mentore. Elle ouvrit une paupière en grimaçant.
– Alors ?
Comme Erin, tous attendaient le verdict final de madame Scott. La femme recula pour embrasser ses élèves du regard. Chaque année, c’était toujours aussi émouvant de les voir accomplis, élégants, puissants.
– Alors ? répéta-t-elle. Je dirais que vous êtes prêts... D’accord, j’avoue : c’était fabuleux !
Les hurlements des étudiants retentirent dans toute l’école. Ils approchaient tous la vingtaine, mais à l’instant, ils étaient des gamins venant de recevoir le plus beau cadeau au monde.
– Ça suffit pour aujourd’hui, déclara madame Scott quand le calme fut revenu. On se revoit à la répétition générale. Prenez une bonne douche ! Erin, peux-tu rester un moment ?
Après s’être redressée, Erin s’essuya le front et repoussa une de ses mèches brunes bouclées par la sueur. Elle saisit sa bouteille d’eau et s’hydrata un peu en attendant que tous les élèves soient partis. Ses copines lui jetèrent un regard encourageant au passage. Elles savaient bien de quoi il retournait. Sur la recommandation de l’école, par le biais de madame Scott, sa candidature avait été proposée à quelques troupes de danse professionnelles. Si certaines se situaient à Montréal même, la plupart étaient loin de sa ville natale. Erin était prête à aller partout si le contrat était sérieux. Elle avait donc choisi des troupes établies depuis longtemps, réputées et réalisant des tournées régulières. Et il n’était pas question de se déraciner pour deux mois. On pouvait décrocher beaucoup de contrats à la soirée dans les environs de Montréal, qui avait une vie culturelle remplie, mais Erin voulait quelque chose de stable, sur quoi elle pourrait construire un bout de sa vie.
En entendant ces mots, sa mère avait reniflé. Comme la plupart des gens, elle ne croyait pas à la stabilité des carrières artistiques. Et elle n’avait pas totalement tort. Erin avait beau dire depuis son entrée à l’École des arts de Montréal qu’elle avait le talent pour percer selon ses enseignants, ses parents en doutaient. Malgré les bourses, les mentions d’honneur, les solos et les premiers rôles, ce n’était pas la vraie vie pour eux. Elle s’estimait chanceuse qu’ils l’aient soutenue financièrement dans cette folie d’étudier en danse. Et elle pouvait économiser un peu puisqu’elle vivait toujours dans la maison familiale.
– Erin ? Approche-toi. J’ai de bonnes nouvelles.
Madame Scott avait un bureau dans un coin du studio qui était également sa classe. Nerveuse, Erin prit place devant elle. Son enseignante tenait deux enveloppes ouvertes. Deux ! Erin porta la main à sa bouche. Elle avait reçu deux offres !
– Alors, ma chère élève, nous avons deux réponses positives à évaluer. Le choix final t’appartient, mais comme tu voulais mon avis, je vais prendre le temps d’examiner ces deux possibilités avec toi.
– Deux... J’ai deux possibilités sérieuses ! C’est merveilleux !
– Attention. Ce sont des offres conditionnelles. Comme d’habitude, il y aura des auditions, entrevues et autres. Nous en avons une première ici, à Montréal.
Erin, qui s’était imaginée à Dubaï pendant un instant, tiqua légèrement en apprenant que la troupe était établie dans le quartier. C’était une compagnie de danse moderne, très stable, qui avait bonne réputation et était bien connue dans le milieu. Plusieurs anciens élèves y avaient trouvé une place après avoir été recrutés directement à l’école. Erin était flattée que sa candidature ait été retenue, mais la proposition ne lui paraissait pas très excitante.
Elle écoutait distraitement madame Scott lui présenter les avantages de cette troupe qui figurait souvent dans les options locales. Les yeux d’Erin fixaient intensément l’autre enveloppe. Le timbre était étranger. Son cœur palpita.
– Erin.
L’interpellée sursauta, revenant à la réalité. Madame Scott avait un léger sourire aux lèvres. Elle savait bien qu’Erin rêvait d’aventure et que l’idée de demeurer à Montréal ne la rendait pas extatique. Alors que certains se réjouissaient de pouvoir rester près de leur famille et de leurs amis, Erin, malgré toute l’affection qu’elle portait aux siens, sentait le besoin de prendre sa vie en main. Elle ne voulait plus être un fardeau pour ses parents et désirait vivre librement, même si cela l’effrayait aussi.
– L’autre offre est vraiment différente. Elle vient d’Irlande.
– D’Irlande ? Vous avez envoyé mon portfolio là-bas ?
– Je sais que tu préfères trouver une place en danse moderne, mais je t’ai observée lors de quelques cours d’exploration internationale et tu as un très bon niveau en danse celtique et gigue irlandaise. Tu en faisais avant d’être admise ici, non ?
Erin eut envie de rire. Cette situation était surprenante.
– Je suis d’origine irlandaise. Mes parents m’ont élevée dans la tradition de la musique et des danses de leur pays d’enfance. J’ai appris avec des tantes et des cousines. Je n’ai jamais vraiment suivi de cours donnés par des professionnels, mais c’est tout comme.
Madame Scott hocha la tête en entendant tout cela.
L’Irlande. Décidément, ses racines ne la quitteraient jamais. L’idée était intéressante, mais pas aussi excitante qu’Erin l’espérait.
– Madame, je ne suis pas certaine d’avoir le niveau pour me joindre à une troupe professionnelle de ce genre. Soyons réalistes.
– Je suis réaliste. J’ai soumis ta candidature en connaissant très bien tes capacités. J’ai fait plus qu’observer. J’ai examiné, analysé : ta posture, ta puissance, ta rythmique. Puis j’ai regardé quelques représentations d’Irish Spirit...
– Irish Spirit ? s’étouffa Erin. C’est une offre pour Irish Spirit ?
Elle siffla et s’affaissa sur sa chaise. Madame Scott lui donna le temps de se remettre. Mais l’angoisse montait à la gorge d’Erin. Elle s’efforça de respirer plus lentement. Ce n’était pas le moment de faire une crise de panique. Elle empoigna sa bouteille d’eau et avala une longue gorgée. Irish Spirit. Ce n’était pas une troupe comme les autres. Un style audacieux, moderne et traditionnel à la fois. Ces danseurs avaient une renommée internationale. Le directeur, Tayron Murphy, était jeune, populaire, beau et talentueux. Il avait une vision très novatrice de la danse celtique. Presque tout le monde le connaissait, du moins de nom. Une cousine avait affiché son portrait dans sa chambre et soupirait en racontant tout ce qu’elle savait sur lui à qui voulait l’entendre. Erin comprenait pourquoi madame Scott avait tenté sa chance. Il y avait là une réelle perspective de développement pour les danseurs et les danseuses qui avaient plus qu’une simple formation traditionnelle irlandaise. La troupe intégrait différents styles et donnait une couleur unique à ce qui était déjà très populaire dans le monde du spectacle.
– Je suis sans voix... Que disent-ils dans la réponse ?
– Alors. Ils ont quelques places à combler et beaucoup de postulantes. Ils ne cherchent que des femmes, pour cette fois. Des danseuses originales qui ont des bases solides en danse irlandaise...
Des bases solides ? Erin ne put retenir un soupir.
– Un cursus en danse contemporaine, hip-hop et classique constitue un atout non négligeable. Je sais que ta spécialité n’est pas la danse irlandaise, mais tes années de pratique te donnent une expérience pertinente. Et celle-ci est probablement meilleure sous l’aspect folklorique que ce que nous pouvons enseigner dans les programmes internationaux. Tu le sais, il n’y a pas de cours spécifique pour la danse irlandaise ici. Mais, si tu es intéressée, je connais quelqu’un qui pourrait t’aider à t’entraîner. C’est à toi de voir.
Madame Scott tendit la lettre à Erin qui en lut les détails. Elle aurait deux mois pour se préparer et les auditions s’échelonneraient sur une dizaine de jours. Avec l’été qui approchait, elle pourrait convaincre ses parents de la soutenir. Elle avait peu d’espoir de pouvoir partir à leurs frais, mais qui ne tente rien...
– J’accepte.
– Merveilleux !
– Sous réserve que mes parents soient d’accord. Je comprends que certains frais ne sont pas couverts et je n’aurais même pas les moyens de me payer un billet d’avion. Mes parents m’encouragent dans mes projets, mais mon diplôme devait aussi mettre fin à certains privilèges... Je vais négocier avec eux avant de vous donner ma réponse définitive.
– D’accord. Demain, si tu as quelques minutes, je te présenterai madame Walsh. Elle ne danse plus et n’enseigne plus vraiment, mais pour toi, elle ferait peut-être une exception. C’est une référence dans son domaine au Québec, et même à l’international. Elle pourrait t’entraîner avant ton départ. Deux mois, c’est suffisant vu ton niveau. Arrête de te déprécier. Tu as autant de talent que les autres participantes irlandaises.
– Merci, madame.
Erin emporta la précieuse lettre. Dans les vestiaires maintenant vides, elle prit une douche. Sous le jet d’eau chaude, elle ferma les paupières et repassa dans sa tête ses moments de gloire. Elle était une excellente danseuse. Elle leva les yeux au plafond taché d’humidité. La danse irlandaise était si précise et si exigeante physiquement. Sa tante, qui lui enseignait quand elle était enfant, lui avait tant rabâché les mêmes réprimandes sur sa posture ! Elle devait être la seule fillette de sa classe, à l’époque, à ne pas s’avachir sur son pupitre. Oui, elle avait certaines bases. Mais avec l’amie de madame Scott, elle espérait avoir l’heure juste. Son opinion sur ses capacités pourrait influencer ses parents. Elle serait rassurée si cette inconnue approuvait sa démarche. Si madame Scott était réputée impitoyable, Erin l’avait toujours sentie honnête. Son appréciation ressemblait presque à de l’affection. Pourtant, Erin doutait constamment d’elle-même. Elle attribuait son succès au style musical, au choix des chorégraphes, voire aux costumes ! C’était un mal commun chez les artistes : le syndrome de l’imposteur.
Elle sécha ses cheveux légèrement pour les laisser boucler. Les vagues brunes lui tombaient maintenant aux épaules. Après des années à porter des coupes courtes pour éviter d’avoir à gérer sa tignasse, elle acceptait désormais son héritage maternel. Sa mère avait de belles boucles d’un auburn profond à peine strié de gris. Celles d’Erin tenaient leur couleur de son père, un brun doré.
Dehors, il faisait encore frais, même si le mois de mai allait commencer dans quelques jours. Erin était contente d’avoir sa petite voiture pour rentrer sans attendre le bus. Montréal était une grande ville, mais dans certains quartiers, on oubliait le béton et les gratte-ciel. Plusieurs maisons avaient de minuscules jardins où des fleurs commençaient à ajouter des couleurs au paysage urbain. Des enfants jouaient dehors en attendant l’heure du repas. Une des cousines d’Erin s’était acheté une de ces maisons tout près de chez elle et maintenant, elle était enceinte de son premier bébé. Jolene avait à peine deux ans de plus qu’elle et sa vie semblait solidement établie, ce que ne manquait jamais de lui rappeler sa mère. Celle-ci s’inquiétait sérieusement pour l’avenir de sa fille.
Les parents d’Erin avaient abandonné l’idée d’avoir une famille bien à eux quand, à leur grande surprise, Tara avait eu l’étonnante nouvelle d’une grossesse inespérée à l’aube de ses quarante-deux ans. Enfant unique, Erin avait des parents un peu plus âgés que ceux de ses amis, et ceux-ci voulaient s’assurer de son indépendance avant qu’ils ne puissent plus être là pour elle...
– Enfin ! Tu aurais pu me texter ! Il y a eu un accident sur l’autoroute et...
– Bonsoir, maman ! Je t’aime aussi !
Erin interrompit le flot de reproches de sa mère en la serrant dans ses bras. Elle avait appris ce truc assez jeune. Un gros câlin et hop, terminé les remontrances !
– J’ai faim !
– Il ne manquait que toi. Tout est prêt. Tu as l’air très excitée. Des nouvelles ?
Tout comme elle, mais avec moins d’enthousiasme, ses parents attendaient de connaître les réponses aux différentes demandes d’admission qui avaient été faites.
– Je vous en parlerai pendant le repas. Je dépose mes choses et j’arrive.
Erin croisa son reflet dans un miroir. Ses yeux brillaient, ses joues étaient roses et un sourire d’espoir montait à ses lèvres. Son rêve était peut-être à portée de la main... ou à quelques heures d’avion.
Chapitre 2
Sous une condition
Erin se jeta sur son lit, complètement épuisée. Elle avait remporté une bataille, sans aucune promesse de victoire. Elle repassa dans sa mémoire le repas familial.
Tandis que la mère et la fille, fourchettes en main, s’échangeaient des regards hésitants, le père dévorait son assiette, ignorant la tension entre les deux femmes de sa vie.
– Sean, je pense qu’Erin a quelque chose à nous annoncer, déclara son épouse.
Erin ne put retenir un petit rire à la vue de son père qui, tel un dogue, avait relevé la tête, des pâtes à la bouche et de la sauce sur son visage.
– Quoi ? Qu’est-ce qui se passe ?
– Sean ! Tu manges comme un animal. Nettoie ton menton.
Il se redressa et comprit au ton de sa femme que la situation était sérieuse. Il prit la serviette qu’on lui tendait et s’essuya en regardant tour à tour son épouse et sa fille. Erin soupira. Elle savait que son père l’aimait de tout son cœur, mais il oubliait souvent des choses de sa vie qui étaient importantes pour elle.
– Alors ? demanda-t-il un peu impatiemment cette fois.
Erin prit une bonne inspiration et se lança dans l’explication des démarches qui avaient été faites par madame Scott.
– On sait déjà tout cela, répliqua sa mère.
Voyant son père les yeux écarquillés et attentifs, Erin prit conscience que lui ne s’en souvenait pas. Elle termina donc son récit, puis aborda la nouvelle du jour. Elle omit délibérément de leur parler de la troupe locale qui était prête à l’accueillir.
– J’ai reçu cette offre très intéressante et un peu inattendue. Vous connaissez la troupe Irish Spirit ?
Ses parents hochèrent la tête. Ils se tenaient au courant de l’actualité et de la culture de leur pays d’origine comme s’ils y habitaient encore.
– Ils sont très populaires, mais selon moi, ils ont tort d’essayer d’américaniser nos danses.
– Maman, il ne s’agit pas d’américaniser, mais d’ajouter une touche de modernité et de marier différents styles de danse tout en continuant à faire vivre la tradition.
– C’est ton avis.
– Et j’ai le droit d’en avoir un, répondit Erin en forçant un sourire.
– Bien sûr, bien sûr, s’empressa de dire son père. Mais c’est quoi cette histoire ? Ils te veulent dans leur
