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Mystérieuse Louise: Jusqu'où ira-t-elle pour connaître la vérité ?
Mystérieuse Louise: Jusqu'où ira-t-elle pour connaître la vérité ?
Mystérieuse Louise: Jusqu'où ira-t-elle pour connaître la vérité ?
Livre électronique435 pages5 heures

Mystérieuse Louise: Jusqu'où ira-t-elle pour connaître la vérité ?

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À propos de ce livre électronique

Ary Bostello, influenceuse mode et beauté, n’a plus rien à prouver… du moins, sur la Toile. Fraîchement débarquée à Paris, elle vise plus haut : troquer son aura digitale contre une place bien réelle dans une maison de luxe.

La voie semblait toute tracée, brillante, rapide, sans accroc… jusqu’à ce que la mort de Louise vienne tout brouiller. Un suicide, selon toute apparence… Vraiment ?

Pour Ary, les mystères, c’est son carburant, comme d’autres, le café. Alors, elle fonce et ni sa tribu fantasque ni ses fidèles amis ne l’arrêteront !

Plongez dans la première enquête d’une héroïne qui bouscule les codes et dans un polar Feel Good qui allie humour, suspense et style.

À PROPOS DE L'AUTRICE 



"Emma grandit dans les Hauts-de-France, dans une famille nombreuse et modeste. À 15 ans, elle coécrit son premier livre sous l’impulsion d’une professeure de français. Une passion qu’elle mettra longtemps de côté… jusqu’au jour où un rêve marquant ravive son envie d’écrire.

Elle se lance alors dans un polar feel-good, genre où le suspense se teinte d’humour et de douceur. Inspirée par sa famille et ses passions (art, mode, ésotérisme, médecines douces...) elle crée Ary Bosello, une héroïne pétillante et intuitive.

Mystérieuse Louise, premier opus de la saga, mêle mystère, émotion et légèreté. Un polar réconfortant pour vibrer, sourire… et s’évader.

Et la suite ? Une licorne pourrait bien s’inviter dans l’enquête."












LangueFrançais
ÉditeurPublishroom
Date de sortie4 juil. 2025
ISBN9782386259715
Mystérieuse Louise: Jusqu'où ira-t-elle pour connaître la vérité ?

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    Aperçu du livre

    Mystérieuse Louise - Emma Zagho

    Le début de la fin

    Un flingue est pointé sur nous.

    Mon frère, Thom, est tétanisé. Clara pleure sans pouvoir s’arrêter, reniflant bruyamment. Quant à moi, pétrifiée par l’angoisse, je suis à deux doigts de vomir mes tripes.

    Comment en est-on arrivé là ? En ce qui me concerne, je l’ai bien cherché. Dès le départ, ce mystère m’a fascinée. J’ai convaincu Clara que je pouvais l’aider. Et, malheureusement, j’ai aussi embarqué mon grand frère dans l’aventure, même s’il s’y est invité un peu tout seul. Mais au fond, je suis la seule responsable. J’ai plongé tête baissée dans cette histoire, sans en mesurer les conséquences. Cela devait être une incursion maîtrisée. Mais maintenant, il est trop tard pour les regrets. Face à nous, un serpent sans foi ni loi nous fixe d’un regard assassin. L’envie de tuer brûle au fond de ses yeux.

    Thom et moi aurions peut-être pu le maîtriser… mais que faire contre un 45 ? Et mon frère est figé, cloué par la peur. J’espère qu’il va se ressaisir, car j’ai besoin de lui. La perte de deux enfants à la fois briserait le cœur de mes parents. Ma sœur Kéo serait anéantie. Et je pense aussi aux proches de Clara, qui est devenue une amie précieuse.

    Je refuse cette fatalité. Il faut qu’on s’en sorte. Je ne sais pas encore comment, mais pour y parvenir, je dois me ressaisir. Je tente de calmer ma respiration, de retrouver une once de contrôle, malgré cette impression tenace que nos vies ne tiennent plus qu’à un fil… Et soudain, une lueur d’hésitation traverse ce regard bleu glacial.

    Cette âme noire semble lutter pour éteindre les dernières étincelles de sa conscience. Éliminer trois personnes d’un coup, ce n’est pas si simple, finalement… L’insidieux poison du meurtre cherche encore son chemin dans ce cerveau détraqué. Il hésite.

    Alors, dans un éclair de lucidité, une idée me frappe : sa soif d’étaler son génie, son besoin de briller pourraient nous offrir un répit salutaire. C’est mince, mais c’est une brèche. Notre seul espoir…

    Et alors que le sol semble prêt à se dérober, une question me hante : à quel moment, exactement, tout a-t-il commencé à déraper ?

    Je me souviens de mon arrivée… et de tout ce qui s’est enchaîné jusqu’à cette scène délirante de ma vie.

    KIRYO

    Mercredi 25 avril 2035, Paris est printanier. La journée avait très bien commencé, jusqu’au moment où je sors de ce satané parking, situé à un quart d’heure à pied du lieu de rendez-vous. Une pluie diluvienne s’est brusquement abattue sur la capitale. C’est le pompon ! Je n’avais pas prévu de parapluie, ayant naïvement fait confiance à super miss météo. Peut-être étais-je tombée sur la chaîne « Humour » sans m’en apercevoir…

    Quand j’arrive enfin à destination, avenue Montaigne, je suis complètement trempée. L’immeuble est comme dans mes souvenirs, à l’exception de l’accueil où une grande bécasse brune, à l’air ahuri, me reçoit. Je vous dresse le topo. Après avoir jeté un coup d’œil rapide dans un miroir à l’entrée, c’est la catastrophe. J’ai juste envie de disparaître. Mes boucles ont repris anarchiquement leurs droits. Mon mascara a coulé sur mes joues, se mélangeant à mon blush. On voit mes tétons durcis par le froid pointer sous ma veste. Mes chaussures en daim sont foutues. Malgré tout, je prends une grande inspiration et me présente sur un ton, que je veux assuré.

    –Bonjour, je suis Ary Bostello, j’ai rendez-vous avec Éric Prigent, dis-je en m'efforçant de masquer mon stress.

    J’essaye de rester digne, mais je suis frigorifiée. Des larmes menacent dangereusement de sortir… Je prends une profonde inspiration pour me calmer. La bécasse beugue en me fixant.

    –Vous avez une pièce d’identité ? me lance-t-elle sèchement.

    Je me plie de bonne grâce à sa requête. Je peux comprendre sa perplexité en me voyant. Après plusieurs allers-retours entre mon humble personne et la photo, elle se décide enfin à l’action.

    –Un instant, je vous prie. Je reviens, dit-elle rapidement.

    Un quart d’heure après, elle réapparaît avec une belle femme très chic. Celle-ci me toise avec froideur. Après m’avoir rendu ma pièce d’identité, elle se présente courtoisement.

    –Bonjour, Mademoiselle Bostello, je suis Vivianne Zhu, directrice des achats. Éric a dû partir en urgence hier matin. Il sera malheureusement absent pour quelques jours. Nous avons bien retrouvé votre entretien sur son agenda. Mais au vu des derniers événements, nous avons dû faire l’impasse vraisemblablement sur quelques rendez-vous.

    Et en disant cela, elle jette un regard sévère à sa collaboratrice, qui baisse les yeux. Franchement, la Vivianne n’a pas l’air commode du tout et jusque-là aucun sourire.

    Je me sens obligée de me justifier : « Mon rendez-vous avec Monsieur Prigent était une simple… formalité… avant ma prise de poste aujourd’hui… »

    –Votre prise de poste ? Avez-vous déjà signé votre contrat ? me coupe Vivianne, l’air surpris.

    –Oui, tout à fait. Je dois avoir une copie dans mes mails.

    Ils ne se parlent pas dans cette boîte ? Nonobstant mon envie de pleurer, j’essaye de dénicher un mouchoir dans mon sac à main afin de manipuler mon téléphone. Je ne trouve rien. Il ne me reste plus que mes propres vêtements pour m’essuyer les mains. Ce n’est pas très élégant, mais je me tapote les mains sur mon pantalon blanc et c’est un désastre ! J’ai oublié que j’avais touché mes joues. J’y laisse des marques orangées parsemées de taches noires. Malgré tout, je reste concentrée, ce n’est pas le moment de m’apitoyer. Je retrouve mon contrat, dans lequel je sélectionne les deux premières pages restituant les points essentiels. Je lui tends mon téléphone.

    Après avoir lu certains passages attentivement, elle me regarde d’un drôle d’air, comme si j’étais une pauvre nana égarée dans ce somptueux décor. Après cette lecture éclair, elle daigne de nouveau m'accorder son attention.

    –Je vois, mais en l’absence d’Éric, il faut aller dans le bâtiment B, pour signer des documents afin de récupérer votre badge. Les bureaux sont accolés au nôtre. Ils doivent vous attendre. On les prévient. Mais avant, j’ai l’impression que vous avez besoin de vous réchauffer et de vous sécher. Marie, pouvez-vous demander à Thomas de nous rejoindre ?

    Elle doit vraiment me trouver pitoyable, car elle va chercher derrière l’accueil des mouchoirs qu’elle me tend pour m’essuyer. Ce que je fais avec empressement en la remerciant. J’ai une idée précise de mon reflet. Pour une première bonne impression, c’est complètement loupé.

    Un très bel homme arrive, habillé en pantalon slim bleu nuit avec un t-shirt blanc très long qui lui arrive pratiquement à mi-cuisse. Une veste déstructurée et de magnifiques sneakers marron clair complètent sa tenue. Il doit être d’origine indienne. Avec des cheveux mi-longs, une petite perle à une oreille seulement, des traits fins et des yeux marron clair entourés de khol noir, il a un style rock du tonnerre. J’adore ! Il a plié ses manches de veste, laissant arborer sur son bras gauche, un tatouage de tigre. Il me dévisage, un petit sourire aux lèvres.

    –Bonjour Ary, je suis Thomas Goutham pour vous servir, je suis personal shopper senior.

    Dès que je réponds à son bonjour enjoué, il se tourne vers Vivianne d’un air interrogatif.

    –Thomas, Ary commence aujourd’hui. Et, avant qu’elle rencontre Charlie, pouvez-vous l’aider à se rafraîchir ? Surtout, donnez-lui des vêtements et des chaussures sur les « bad stocks ». On ne peut pas la laisser prendre froid pour son premier jour.

    –C’est évident Vivianne. Il rajoute en me regardant : « Ary, suivez-moi. Quand j’en aurai terminé avec vous, vous serez réchauffée et heureuse », me lance-t-il avec un clin d’œil.

    Je me tourne vers Vivianne et Marie pour les remercier chaleureusement de leur accueil. Même si je n’ai pas eu la grâce d’être gratifiée de sourires, elles ont été pour finir efficaces.

    –Je vous en prie Ary, une très bonne journée également. J’en profite pour vous souhaiter la bienvenue chez nous, conclut Vivianne, impassible.

    Tu parles, la Vivianne n’en pense pas un mot. Elle doit se demander quelle mouche avait piqué le DRH pour m’avoir recrutée ! Je suis sûre qu’elle parie déjà sur le temps que je ferai ici. J’étais tellement absorbée par mes pensées, que je ne me suis pas rendu compte que Thomas me parlait. Après le deuxième Ary, je me reprends.

    –Désolée Thomas, vous disiez ?

    –On se tutoie, non ? C’est plus sympa si l’on est amené à travailler ensemble, me propose Thomas sur un ton amical.

    Après avoir validé mes mensurations, il me conduit dans un salon en velours vert cèdre avec de jolis coussins couleur pastel. De grands miroirs intégrés aux portes des cabines me font face. Ils me renvoient une image affligeante… Cet espace cosy est au cœur de cabines d’essayage connectées qui nous entourent. Il y a même un coffee-bar, avec une machine à café, accompagnée d’une élégante bouilloire, de capsules de cafés et divers thés variés. Le petit plus qui fait toute la différence et invite les clients à se poser. Thomas s’est évaporé. Je reste debout de peur de mouiller les fauteuils et les coussins. Au bout de dix minutes, mon ange gardien revient avec une serviette, des vêtements et des chaussures. Ils ont l’air juste sublimes. Il me tend aussi des lingettes. Merde, j’avais oublié ma tête de martyr.

    Je me tiens devant un miroir, m’efforçant d’effacer toutes les taches sur mon visage. Une fois nettoyée, je peux enfin, sans risque, aller dans une cabine. J’enfile le jean bleu nuit large, qui est extra. Il est complété par un t-shirt blanc à col rond en cachemire, impeccablement coupé. Vu le temps, ce cher Thomas n’a pas oublié un gilet clouté. Il m’a aussi pris des bottines blanches en cuir brillant avec des semelles marron d’au moins quatre centimètres !

    Cette combinaison flatte particulièrement ma morphologie en H. Thomas a su frapper dans le mille. Il est très fort. Svelte, je ne dépasse pas 1,60 m. Je me trouve plutôt jolie, avec mon petit nez et mes pommettes saillantes. Mes yeux sont vert amande, tandis que mes cheveux sont châtain clair. Je ressemble à ma mère. En revanche, j’ai les fossettes de mon père et ses boucles. Pendant que je m’émerveillais égoïstement devant mon reflet, Thomas a eu la délicatesse de récupérer mes vêtements en les faisant porter au pressing. Il est tellement prévenant. Apaisée, je me tourne vers Thomas qui me sourit.

    –Alors, heureuse et réchauffée ? me demande-t-il avec un clin d’œil.

    –Merci mille fois. Je me sens vraiment heureuse et réchauffée, lui dis-je, remplie de gratitude.

    Comme s’il avait lu dans mon esprit, il me confirme que je peux acheter les tenues pour un prix dérisoire. Ils faisaient partie de la réserve de produits défectueux, d’où le nom des « bad stocks ». Je ne comprends pas ce qui ne va pas avec ces vêtements… peu importe, je les trouve fabuleux ! Je le remercie avec enthousiasme quand j’ai connaissance du prix.

    Toujours avec son sourire à tomber, il me répond avec un regard appuyé : « Non c’è di che. Sono al tuo servizio Ary » (De rien. Je suis à ton service Ary). Thomas rajoute sérieusement : « On m’a averti que Charlie t’attend pour les dernières consignes avant ta prise de poste. »

    Il me fixe encore en se marrant. Je suppose que je dois être distrayante. Après l’avoir à nouveau remercié de sa gentillesse, je lui souhaite une très bonne journée et le quitte pour me rendre à ce fameux rendez-vous. En sortant, je parcours trois mètres pour arriver au bâtiment B.

    Arrivée devant l’entrée, je sonne. À l’interphone, un homme me répond sur un ton aimable. Il y a des progrès… Dès que je me présente, la porte s’ouvre. Je découvre un salon d’invités très cosy. Encore un coin café bien approvisionné. Mon cerveau jubile avec bonheur à l’idée de savourer, au sec, un expresso bien chaud.

    En sirotant lentement à petites gorgées, ce précieux or noir, je regarde sur ces écrans géants, une rétrospective des tissus techniques, prônant l’unité et la richesse de la transversalité des métiers. KIRYO est une marque avant-gardiste qui a révolutionné le monde de la mode avec ses matériaux de pointe. Au-delà de cette technicité et de l’élégance des coupes, c’est sa technologie connectée des vêtements à une montre santé qui fait fureur. La plus performante du marché !

    Une rousse, très belle, vient me chercher. Hélèna, de son petit nom, travaille au département marketing. Nous montons au cinquième et dernier étage de cet immeuble. Je suis captivée par ses tatouages : des lettres inscrites sur les premières phalanges de ses mains pour former les mots « YING » pour la main gauche et « YANG » pour la droite. Helena a remarqué que je les scrutais avec intérêt. Elle m’explique que son tatoueur est génial. Il est en plus un coupeur de feu hors pair. En raison de ce don particulier, la sensation de douleur serait tout à fait acceptable et la cicatrisation rapide. Pourquoi pas après tout ? Mais, je ne suis pas prête à franchir le pas… même avec un tatoueur-rebouteux !

    On arrive devant une porte indiquant Charlie Moon C.M.O. (Chief Marketing Officer). Charlie est grande, blonde, yeux marron foncé et hyper fine. Malgré son calme apparent, je sens qu’elle a l’air contrariée. D’ailleurs, la suite me confirme que je ne faisais pas partie de son agenda du jour.

    –Hello, Ary. Éric ainsi que Clara m’avaient forwardée de votre arrivée, mais je ne vous attendais pas avant demain. J’ai une deadline ce matin et je suis hyper charrette. Confusant n’est-ce pas ? déclare-t-elle très speed. (1)

    Avec un français approximatif, teinté d’un fort accent américain, elle s’empresse de dire, sans me laisser le temps de réagir : « Lastly, nous n’avons pas réussi à traiter un certain nombre de points qui sont demeurés pending. Ils ont été postponés au prochain brainstorming. Et l’on se focusera dessus, dont votre affectation. For now, vous allez voir the business manager, Djoule. » (1)

    Comment ça, mon affectation ? J’hallucine…

    –Il me semblait d’après les échanges avec Éric Prigent que j’étais assignée à votre département.

    Elle hausse un sourcil et m’explique sur un ton agacé : « Quand vous avez finalisé vos négociations avec le groupe, je devais assister au dernier entretien pour justement vous intégrer et clarifier vos missions avec Éric et Djoule… But I couldn’t be there because of my accident. My assistant Clara is away for a few days, but you’ll see her again soon. In the meantime, you’ll be stepping in for the Personal Shopper who’s leaving shortly. The goal is to immerse you in our products, our concept, and our sales approach. This is only a temporary arrangement. » (2)

    Je pense à cet instant qu’elle essaye seulement de se débarrasser de moi, pour aller vaquer à ses urgences. M’efforçant de comprendre, je lui pose directement la question.

    –Pourquoi souhaitez-vous que j’aille sur le terrain, alors que je connais bien votre marque ?

    Je fais exprès de continuer à parler français. Elle ne se démonte pas, mais je vois ses sourcils se froncer.

    Sur un ton impatient, elle rétorque : « The objective is for you to be at the heart of the system so you can give us your feedback. My teams and I participate in the development of new concepts that we test here. But what we want from you specifically are areas for improvement and ideas. You will give us your feedback, your suggestions, and your perspective as an influencer. » (³)

    Et sans même me laisser le temps de dire quoi que ce soit, elle enchaîne : « Clara and Éric will be available in a few days. I’ll go over your mission statement with them. In the meantime, I will introduce you to Djoule Mocambé, who oversees Personal Shoppers across all our points of sale. » (⁴)

    La CMO ne prend même plus la peine de fournir des efforts en français. Pour elle, la discussion est close. Elle m’invite à sortir de son bureau et m’emmène au pas de course au 4e étage, porte à gauche.

    Dès qu’on toque, Djoule nous ouvre. C’est un grand homme noir, séduisant avec un sourire éclatant. Après les formules de politesse, Charlie détourne son visage vers moi pour me souhaiter une bonne journée, en anglais évidemment, avant de nous quitter précipitamment.

    Il est onze heures et je suis déjà lasse. Djoule, pensant être original, me demande :

    –Alors, Ary, heureuse d’être là ?

    Encore ce mot… je n’en peux plus. Il est en train de perdre, à mes yeux, toute son essence. Je réponds laconiquement : « Bien entendu. »

    L’air contrit, Djoule hausse les épaules. Il s’exprime sur un ton d’excuse.

    –Je suis désolé, mais nous ne vous attendions pas ce matin. Normalement, votre rendez-vous aurait dû être décalé à demain pour que vous puissiez être reçue comme il se doit par Charlie. Nos agendas ont été bousculés compte tenu des derniers événements et nous avons dû déplacer certains rendez-vous. Mais apparemment, il y a eu un problème avec le vôtre…

    Il a réussi à attiser ma curiosité. Machinalement, ma question fuse : « Quels derniers événements ? »

    Djoule, éludant carrément ma question, enchaîne : « Camille était censé venir demain pour remplacer Claude qui doit nous quitter prochainement. Or, nous sommes sans nouvelles de lui à ce jour… Il nous reste encore à valider votre lettre de mission, car encore là, il y a apparemment un problème. On fera le point avec le retour d’Éric. »

    Décidément, il y a quelque chose de louche. Cela fait deux fois qu’on me parle des derniers événements, sans me préciser lesquels. Et Djoule ne souhaite manifestement pas répondre à cette question. Et pour finir, qui est ce Camille ? Mais ce n’est clairement pas ce point qui m’indispose.

    –Bon, au final, je dépends de quel service ? Marketing ? Commercial ?

    Ou un mélange improbable des deux …

    –Mais des deux Ary, des deux. Votre mission est une nouveauté pour nous tous. Par conséquent, je pense que, dans un premier temps, il serait judicieux que vous puissiez vous familiariser avec nos méthodes et nos produits en vous appropriant le poste de personal shopper. En faisant le point régulièrement, on avisera au fur et à mesure.

    –Très bien.

    Je n’ai pas trouvé mieux tellement je suis surprise. Je me suis fait un tel film sur mon poste… Je me voyais déjà être le fer de lance de nouvelles idées marketing, de produits innovants, devenir la papesse de la mode de demain. Mais non, pas du tout, je suis personal shopper. J’ai l’impression qu’on me spolie mon avenir de diva de la mode.

    Patiemment, Djoule prend le temps de me présenter l’équipe commerciale. À la prise de congé, j’ai droit à une très jolie plaquette de la maison KIRYO. Hou hou… C’est une blague ?

    Le conseiller RH qui me reçoit m’informe que ma journée sera exceptionnellement écourtée, une fois les formalités administratives finalisées. Ne perdant pas le nord, il me demande si je pouvais envisager de bosser en sus le samedi, en attendant d’en savoir plus sur l’arrivée de Camille. Ben voyons… Le point très positif de cette journée, c’est que je vais enfin me poser dans le petit cocon que je me suis aménagé.

    Je prends le métro pour aller récupérer ma voiture dans le parking. Je loue un studio de trente-six mètres carrés à Paris 13. J'ai mis un temps fou à le dégoter, malgré des revenus confortables et la caution de mes parents ! Je pense qu’à l’avenir on va nous demander un rein ou une caution en lingots d’or !

    Ma première expérience

    de Personal Shopper

    Dès mon arrivée le lendemain, Djoule me présente l’équipe des personal shoppers seniors de cette vaste agence-salle d’exposition de la marque. Les nouvelles expérimentations sont lancées ici en avant-première, avant de les dupliquer en France et à l’étranger.

    Ce super showroom, réparti sur deux niveaux, propose des espaces de vente innovants où les genres masculins, féminins, mais aussi mixtes se côtoient harmonieusement. Certains vêtements peuvent être portés indifféremment, quel que soit le genre, avec des jeux de coutures, d’empiècements et de matières. Leur engagement pour la mixité et l’inclusivité est au cœur de leur ADN. Grâce à des cabines d’essayage connectées, les clients peuvent visualiser leurs tenues sur des miroirs interactifs et se faire livrer leurs achats directement à leur domicile. Et cerise sur le gâteau, il n’y a pas de vendeurs, mais uniquement des personal shoppers dédiés au conseil. Ils sont la vitrine de la marque et occupent un poste très convoité. Ils côtoient les plus grandes stars de la planète. C’est pourquoi le recrutement pour les remplacer est effectué avec grand soin. Je suis donc évidemment heureuse de les rejoindre, mais franchement, ce n’est pas du tout ce à quoi je m’attendais…

    Le site propose la même approche avec un conseiller virtuel dédié, dès la création du profil client. Il le guide sur tous ses achats, en tenant compte de son anatomie et de son style.

    J’ai baptisé cette approche HOVAX 8 (*), car c’est plus simple de mémoriser les différentes morphologies. D’ailleurs, je songe à écrire, un jour, un livre à ce sujet. Dans mon blog, que j’anime depuis l’âge de quinze ans, je milite pour avoir affaire à des vendeuses, au moins formées aux morphologies et aux couleurs. Franchement, marre qu’elles essayent de nous refourguer des vêtements qui ne nous vont pas du tout… Je me suis fait connaître en publiant plusieurs posts qui n’ont guère été flatteurs pour certaines enseignes. J’en ai même tourné des mini séries rigolotes. Ces streams ont cartonné. D’ailleurs, les marques concernées par mon indignation et celle des internautes ont dû faire des communiqués de presse, ce qui a créé le buzz ! Le début de mon succès sur la Toile… Dès que j’ai commencé à engranger des revenus, je me suis fait accompagner d’un agent, Valentine Lherbier, hyper pro, qui m’aide entre autres à négocier les contrats publicitaires. C’est le prix de mon bien-être et de ma tranquillité.

    Tout ce travail d’influenceuse se pratique évidemment sous un pseudo et le mien c’est Giulia, mon deuxième prénom. En plus de mes reportages et enquêtes terrain, j’anime des tutos beauté avec des produits naturels et des lookbooks de mode. Je m’appuie à l’occasion sur mon réseau pour trouver des modèles représentatifs de la société actuelle multiculturelle, au-delà de la dichotomie homme-femme.

    Maintenant, une communauté de deux millions d’internautes me suit régulièrement. Malgré tout, j’ai gardé la tête sur les épaules en conservant mon emploi de gérante privée, mais à temps partiel. Les revenus issus des réseaux sociaux peuvent se révéler assez aléatoires…

    KIRYO m’a contacté il y a six mois pour me proposer de collaborer avec eux. Il a fallu en négocier les termes, car il était hors de question que mon blog devienne une apologie de leur marque. Surtout, je souhaitais continuer à l’animer, en toute indépendance. Mon interlocuteur privilégié a toujours été Éric Prigent. J’ai donc décidé de prendre un congé sabbatique, la mission chez KIRYO, ne durant a priori qu’un an. C’est la première fois que la marque tente l’expérience avec une influenceuse à domicile. Et tout ce changement de vie, pour apprendre dès mon premier jour que je commence comme personal shopper. Attention, je trouve ce métier super, néanmoins j’aurais préféré en être informée avant de m’engager.

    Djoule me guide à travers les différents rayonnages, où je recroise Thomas. J’y rencontre également Éléonore de Coubertin, une superbe blonde, androgyne, qui pourrait sortir d’un magazine. Ses cheveux sont courts, ses yeux sont noirs et profonds, son menton volontaire. Elle porte une longue robe noire, avec un blazer couleur bronze. Son ensemble est accompagné de bottines marron, à semelles noires. Mais le tout est harmonieux et très chic. Dommage qu’elle ne soit pas très chaleureuse ! Avec un sourire très convenu, elle me lance avant de reprendre son travail : « Bonjour, Ary, bienvenue. »

    Ensuite, j’ai droit à un certain Mathias Descarts, dans un costume diablement coloré. Si l’objectif est qu’on le remarque, c’est gagné. En y regardant de plus près, les motifs sont vachement modernes et les couleurs s’associent bien entre elles. J’ai l’impression d’avoir une toile de Basquiat sous les yeux. Hormis sa tenue excentrique qui attire l’œil, il est châtain clair, barbu, taille moyenne, mince, avec des yeux bleus rieurs. Contrairement à Éléonore, il est très chaleureux, trop même, voire très tactile. Il fait à peine ma connaissance, qu’il me claque deux bises sur la joue et me souhaite la bienvenue dans cette belle aventure KIRYO, avec de petites tapes sur le bras.

    Enfin, je rencontre le fameux Claude Drouint que Camille est censé remplacer.

    Ils sont tous habillés par la marque, à l’exception de Mathias. J’ai vu dans mon contrat que c’était « recommandé » dans l’exercice de nos fonctions. Pour nous motiver, nous bénéficions de ventes privées à des prix canon, qui nous sont exclusivement réservées. J’ai hâte !

    Djoule me laisse ensuite me familiariser avec les lieux. Je déambule dans les rayons, mais je les connais plutôt bien. J’ai déjà réalisé plusieurs vidéos sur mon blog sur leur concept inédit. D’autres enseignes ont bien entendu essayé de copier leur approche, mais sans tant de succès. KIRYO a toujours eu un coup d’avance.

    Je décide d’aller revoir Mathias, mais il est en discussion avec un client. Je reste à distance pour m’imprégner religieusement de son discours d’approche.

    Dans l’après-midi, je sollicite Claude pour assister à ses rendez-vous.

    Il quitte la maison KIRYO la semaine prochaine pour aller dans une enseigne concurrente, JOLIÈRES. C’est un très beau brun, aux yeux marron, avec de jolies grosses boucles. Il est habillé en chino marron glacé et chemise blanche. Son gilet, noir sans manches, se zippe sur le côté. Original ! Ses bottines sont extra. On retrouve la patte KIRYO avec des plaques gravées « Liberté ». J’adore, c’est chic avec une pointe de grunge. Très consciencieux, il se tourne vers moi, en me lançant : « On y va ? Je vois une cliente qui a l’air perdue. »

    –Je te suis. Alors, en quoi consiste exactement ton poste ?

    J’ai failli dire « c’est quoi ta lettre de mission ? », mais je me suis retenue à temps.

    –Un conseiller en image classique, rien de plus. En général, les clients ont du mal à identifier leur morphologie, sans parler de l’association des couleurs…

    –Tu as eu…

    Claude m’interrompt, car on s’approche de la cliente en question.

    –Bonjour, je m’appelle Claude Drouint, comment puis-je vous aider ?

    –Je n’arrive pas à me repérer dans tous ces rayons… Je ne sais pas, si je suis X ou 8. Je trouve que cela se ressemble beaucoup.

    –La forme X correspond généralement à un corps très mince, avec une petite poitrine et une taille fine, les épaules étant dans l’alignement des hanches. Le type 8 présente un alignement similaire, mais avec des formes plus généreuses et une taille plus marquée. Donc, on peut affirmer que vous êtes X.

    –X ? Mais j’ai toujours pensé être 8 ! Et, finalement, avec toutes ces vidéos dans les allées qui expliquent la morphologie, j’ai commencé à douter.

    –C’est plus clair ? Souhaitez-vous que nous prenions le temps ensemble dans vos choix ?

    –Ce serait formidable !

    –Me permettez-vous de vous poser quelques questions pour mieux vous connaître ?

    –Bien sûr.

    –Votre petit nom ?

    –Jackie.

    –Très bien Jackie, que faites-vous dans la vie ?

    –Je suis barmaid et D.J.

    –Impressionnant. Avec ces deux boulots, arrivez-vous à vous ménager du temps pour des loisirs ?

    –Complètement. Je fais du yoga et, quand je peux, j’adore tester de nouvelles cuisines. J’en tire mon inspiration pour mes créations.

    –Vous cherchez des vêtements pour un événement en particulier ?

    –Non, pas vraiment… J’ai envie de changement… de me retrouver avec mon moi intérieur, pour aller de l’avant.

    –Ce que je vous propose, Jackie, c’est de vous détendre en dégustant un café ou un thé. Je vais vous faire quelques suggestions. Vous êtes d’accord sur cette façon de procéder ?

    Claude m’invite à m’occuper de Jackie. Je l’installe dans le confortable salon d’essayage. J’apprends qu’elle vient de se faire larguer par Luc, pour une jeune institutrice. Cette dernière a des horaires « normaux » et rentre tôt pour lui mitonner de bons petits plats. Jackie en a marre de collectionner les « gros cons » comme elle les nomme. Elle reconnaît devoir fournir des efforts, mais ses boulots la font vibrer. Ils font partie intégrante de son identité. Avec son ex, ils se sont éloignés progressivement l’un de l’autre, après trois ans de vie commune. Cela fait quatre mois qu’ils ont rompu et elle en a assez

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