Explorez plus de 1,5 million de livres audio et livres électroniques gratuitement pendant  jours.

À partir de $11.99/mois après l'essai. Annulez à tout moment.

Magie, Sirène et Malédiction
Magie, Sirène et Malédiction
Magie, Sirène et Malédiction
Livre électronique510 pages12 heures

Magie, Sirène et Malédiction

Évaluation : 0 sur 5 étoiles

()

Lire l'aperçu

À propos de ce livre électronique

Quand il emménage sur l'île de ses ancêtres avec sa sœur, Calixto espère enfin pouvoir repartir à zéro, oublier le passé et en apprendre plus sur ses racines. Il ne s'attendait pas à rencontrer Connor, un beau et mystérieux jeune homme qui l'intrigue et qu'il aime côtoyer. Mais ce dernier sera-t-il prêt à accepter le secret de Calixto ? Et qu'en est-il des événements étranges qui se multiplient sur l'île depuis leur rencontre ? Et si Connor avait lui aussi un secret bien gardé ? Le nouveau départ que Calixto espérait ne se passe décidément pas comme il l'avait imaginé.
〰️〰️〰️〰️〰️〰️〰️〰️
Magie, sirènes, malédiction, mystère et romance vous attendent dans le premier roman solo de Jonathan Lhuillier.
(Roman Young Adult mélangeant romance et urban fantasy. Pas de smut.)

LangueFrançais
ÉditeurJonathan Lhuillier
Date de sortie15 juin 2024
ISBN9782958912901
Magie, Sirène et Malédiction

Auteurs associés

Lié à Magie, Sirène et Malédiction

Livres électroniques liés

Fiction gay pour vous

Voir plus

Catégories liées

Avis sur Magie, Sirène et Malédiction

Évaluation : 0 sur 5 étoiles
0 évaluation

0 notation0 avis

Qu'avez-vous pensé ?

Appuyer pour évaluer

L'avis doit comporter au moins 10 mots

    Aperçu du livre

    Magie, Sirène et Malédiction - Jonathan Lhuillier

    couverture

    Magie, Sirène et Malédiction

    Jonathan Lhuillier

    © Jonathan Lhuillier, 2023. Tous droits réservés.

    ISBN : 978-2-9589129-0-1 

    Les versions électroniques de ce livre sont à usage personnel uniquement. Elles ne peuvent pas être revendues ou transmises à d’autres personnes. Elles sont aussi sans DRM afin que vous puissiez les lire sur tous vos appareil et applications.

    La reproduction, la distribution et le partage de ce livre, en partie ou en totalité, sans la permission de l’auteur, constituent un acte illégal et un vol de la propriété intellectuelle de l’auteur. Merci de ne pas diffuser cette œuvre, notamment à travers le web ou les réseaux d’échange et de partage de fichiers.

    Si vous désirez utiliser ce livre de manière partielle ou totale à d’autres fins qu’une lecture personnelle, une autorisation écrite doit être obtenue en contactant l'auteur à l’adresse suivante : jonathan.lhuillier.pro@gmail.com

    Cette histoire est purement fictive, les personnages sont issus de mon imagination. Les noms des personnes appartenant aux administrations et établissements choisis comme cadre pour mes héros ont été modifiés et ne correspondent également pas à la réalité. Certains événements et lieux ont aussi pu être inventés pour les besoins du récit.

    Toute ressemblance avec une personne existante que vous connaîtriez ou auriez croisée est donc fortuite et involontaire…

    Je reconnais que les marques déposées mentionnées dans cette œuvre appartiennent à leurs propriétaires respectifs.

    Table des matières

    Magie, Sirène et Malédiction

    Avant-Propos

    Avertissement sur le contenu (Trigger Warning)

    Épisode 1 : La rencontre

    Il y a bien longtemps

    1 – Nouveau départ

    2 – Prendre ses marques

    3 – Une soirée intéressante

    4 – Un accident bienheureux

    5 – La promenade

    6 – Bricolage

    7 – Une semaine à grande vitesse

    8 – Panique à bord

    9 – Le rendez vous

    Épisode 2 : Le secret

    Le plus bel été

    1 – Incompréhensions

    2 – Disparition et Explications

    3 – Morts étranges

    4 – Punition

    5 – Séparation

    6 – Surprises

    7 – Retrouvailles mouvementées

    8 – Disputes

    9 – En finir

    Épisode 3 : Découvertes

    Le secret est levé

    1 – Secrets

    2 – Sorcellerie

    3 – Les journaux de grand-mama

    4 – Les journaux de grand-mama – Partie 02

    5 – La rentrée des classes

    6 – Pause déjeuner

    7 – Les intrus

    8 – Trajet retour

    9 – Éruption

    Épisode 4 : Tranches de vie

    Un plan sans faille

    Bonus – Pas nos affaires

    1 – Un mois plus tard

    2 – Le coucher de soleil

    3 – Jour de pluie

    4 – Recherches magiques

    5 – La fête d’anniversaire

    Épisode 5 : La fête des ancêtres

    Un plan qui tourne mal

    1 – La grotte

    2 – Réveil trouble

    3 – Souvenirs troubles

    4 – Retrouver son chemin

    5 – Le Grimoire

    6 – Encore plus de questions

    7 – Le club des 5

    8 – Un Halloween…

    9 – … qui tourne mal

    Épisode 6 : L’œil de l’Océan

    1 – La fuite

    2 – Adrénaline

    3 – Encore des explications

    4 – Un retour inattendu

    5 – Soupçons

    6 – Le début d’un plan

    7 – Une découverte intéressante

    8 – Le coup de fil

    9 – Rencontre au sommet

    Épisode 7 : La Malédiction

    1 – Nouvelle trahison ?

    2 – Un nouveau rituel

    3 – La graine d’une mauvaise idée

    4 – Retour vers le passé

    5 – Fuir

    6 – Une promesse rompue

    7 – La Malédiction

    8 – Une ancêtre pas comme les autres

    9 – Retour mouvementé

    Épisode 08 – La fin de l’innocence

    1 – Sauvetage brumeux

    2 – Il nous faut un plan

    3 – Les adieux

    4 – L’île au Volcan

    5 – Confrontation

    6 – Plan de secours

    7 – L’esprit de l’Œil

    8 – La bataille…

    9 –… Finale

    Épilogue

    Quelques liens

    À propos de l’auteur

    Du même auteur

    Avant-Propos

    Je crois bien que c’est la toute première fois que je rédige un avant-propos. Comme c’est excitant !

    Alors déjà, merci à toi de me lire, tu n’as pas idée à quel point ça me touche.

    Pour la petite histoire, j’ai eu l’idée de ce roman… en jouant aux Sims !

    Oui, oui, tu as bien lu !

    Le jour de mon anniversaire, je me suis offert une nouvelle extension de ce jeu et dès que j’ai commencé à jouer, une intrigue et des personnages sont venus frapper à la porte de mon esprit.

    J’étais en pleine écriture d’un autre projet, mais je me suis tout de même empressé de noter toutes mes idées. Idées qui n’ont pas voulu me lâcher et qui m’ont même poussé à abandonner le fameux projet en cours avant celui-ci.

    C’est donc bel et bien grâce aux Sims que Calixto et Connor ont pris vie. Comme quoi, l’inspiration peut venir de n’importe où !

    Mais les Sims ne sont pas les seuls à remercier. En effet, même si j’ai eu l’idée avant de voir ces séries, c’est Heartstopper et surtout Young Royals qui m’ont vraiment motivé à écrire ce livre, car je souhaitais, moi aussi, raconter une histoire de premier amour adolescent. Et puis, en règle générale, mes coups de cœur, peu importe le format, me donnent toujours envie de créer.

    Alors, évidemment, je n’ai rien copié et mon roman est à mille lieues de ces deux œuvres, mais vous pourrez y retrouver des références subtiles, surtout au début.

    Quelques petites précisions avant de te laisser avec cette histoire.

    Tout d’abord, tu trouveras une liste de trigger warnings juste après cet avant-propos, que tu es libre de consulter si tu en ressens le besoin.

    Ensuite, j’ai décidé d’employer le mot « Sirène » aussi bien pour les mâles que pour les femelles. C’est vraiment une décision personnelle, mais je préfère le dire maintenant pour que tu ne sois pas trop surpris·e.

    Pour la version papier, j’ai fait le choix de ne pas laisser de page blanche pour faire obligatoirement commencer les chapitres du côté droit. Les raisons sont à la fois écologiques (c’est toujours mieux d’utiliser moins de papier) et économiques (c’est toujours moins cher d’utiliser moins de papier). Ayant l’habitude de lire des romans en langue anglaise qui utilisent le même procédé, je peux t’assurer que le confort de lecture n’est en rien altéré, mais je préfère quand même te prévenir ici pour éviter que tu te poses des questions.

    J’ai aussi fait le choix de découper le roman en plusieurs « épisodes », eux-mêmes découpés en chapitres plus classiques. Sache aussi que j’ai choisi d’alterner les points de vue d’un épisode à l’autre.

    Eh bien voilà, je pense que je t’ai tout dit. Il ne me reste plus qu’à te souhaiter une agréable lecture, en espérant que je réussisse à t’emporter avec cette histoire mêlant romance et fantasy.

    Pour finir, j’aimerais te rappeler que tu es une personne formidable. Je te souhaite de tout réussir dans ta vie.

    Des bisous.

    Jonathan Lhuillier

    Avertissement sur le contenu (Trigger Warning)

    Ce roman se veut tout public, mais il aborde tout de même quelques thématiques qui peuvent heurter la sensibilité de certaines personnes. Voici donc la liste de ces sujets. Sens toi libre de les lire ou non, mais surtout, prend soin de toi 💕

    - Harcèlement scolaire

    - Mention de suicide

    - Tentative de suicide

    - Mention d’automutilation

    - Morts

    - Homophobie

    - Dépression

    - Maltraitance parentale

    - Violences faites aux femmes

    - Racisme

    Épisode 1 : La rencontre

    Il y a bien longtemps

    Dès que je l’aperçus en haut de la colline, je sus que mon cœur ne pourrait jamais l’oublier.

    Ses longs cheveux noirs et lisses, sa peau d’une blancheur éclatante, intrigante, dérangeante.

    Ses yeux, dont je pus ressentir toute la profondeur malgré la distance qui nous séparait alors.

    J’observais l’étrangère et l’étrangère m’observait tandis qu’un maelstrom d’émotions et de sensations s’emparait de mon cœur et de mon esprit.

    Il était évident que mama n’approuverait pas, mais l’envie d’approcher cette femme mystérieuse ne me quittait pas.

    Non, c’était tellement plus que cela.

    J’en avais besoin.

    Viscéralement.

    Dans mon être tout entier, alors que mes sens ne répondaient plus comme à l’accoutumée.

    Peut-être était-ce cela que les hommes ressentaient en réponse au chant de la Sirène, car non, ce que j’éprouvais en cet instant ne pouvait être naturel.

    Sans même me parler, sans même m’approcher, cette fille avait réussi à me capturer dans ses filets et il était certain que je ne pourrais jamais m’en échapper, prisonnière à jamais d’un sort plus puissant que moi, plus puissant qu’elle, plus puissant que tout ce que j’avais expérimenté jusqu’alors.

    Mon âme toute entière crie toujours le manque de ma bien-aimée alors même qu’elle ne la connaît pas encore et ce cri résonnera pour les siècles à venir sans que rien ni personne ne puisse jamais l’apaiser.

    1 – Nouveau départ

    Je chantonne en sortant le dernier carton du camion de déménagement.

    Avant de l’emporter à l’intérieur, je prends le temps de contempler la maison de grand-mama[1], qui est désormais la nôtre.

    C’est vrai, la bâtisse sur pilotis a besoin de quelques travaux, aussi bien à l’extérieur qu’à l’intérieur.

    C’est vrai, elle n’est pas bien grande, bien que sa taille suffise largement pour nous loger, ma sœur et moi.

    C’est vrai, l’électricité n’est pas encore installée, mais les techniciens viennent demain.

    C’est vrai, nous avons quitté la ville dans laquelle nous avons habité toute notre vie, pour nous retrouver sur une île dont nous ne connaissons rien.

    C’est vrai, la fin de l’été approche et je devrai reprendre les cours dans un lycée qui m’est inconnu.

    C’est vrai…

    Malgré tout ça, un large sourire ne me lâche pas depuis que nous sommes arrivés.

    J’ai toujours vécu en appartement, dans une ville bondée où pourtant personne ne se connaît. Alors, déménager dans la maison de mes ancêtres, maison construite sur la plage, maison chaleureuse et naturelle, maison qui nous appartient, vraiment cela n’a pas de prix.

    — Arrête un peu de rêvasser, Calixto, on a encore du pain sur la planche !

    Zenaïda, ma sœur, me sort de mes songes et je m’ébroue légèrement en l’observant un court instant. Sa peau sombre brille au soleil et elle me fixe de ses yeux marrons, un air réprobateur peint sur le visage, ses sourcils légèrement froncés. Penaud, je me remets en marche en direction de mon nouveau chez moi.

    Zen n’était pas vraiment d’accord pour venir habiter à Melody Island, mais la situation en métropole devenait plus que critique.

    Notre mère nous ayant quittés l’année dernière, j’ai dû trouver un travail à mi-temps malgré mes quinze ans à l’époque, afin que ma sœur ne soit pas obligée d’abandonner ses études, si proche de l’obtention de son diplôme.

    Mama, qu’est-ce que tu dirais si tu apprenais qu’on est revenus sur l’île, dans la maison de ton enfance ?

    En vérité, je sais parfaitement ce que tu dirais, mais je préfère ne pas y penser, ça me gâcherait clairement la journée.

    Dans tous les cas, découvrir que nous étions les seuls héritiers de la demeure de grand-mama a été un soulagement pour moi et, comme un second signe du destin, le lycée de l’île, fraichement rénové, recherchait un professeur d’Espagnol, matière justement exercée par ma sœur.

    Elle a tout de même mis un peu de temps avant même d’envisager revenir ici et je ne peux pas la blâmer. Toute notre vie, nous n’avons entendu que du mal de ce lieu où mama aurait passé les pires années de son existence en compagnie d’une mère étouffante et loufoque.

    J’ai pourtant su convaincre Zen au mieux.

    Ici, elle aura un emploi correct. Ici, je n’aurai plus à travailler. Ici, nous n’aurons plus de loyer à payer. Ici, nous pourrons repartir à zéro, oublier le passé et aller de l’avant.

    Ici, nous allons être heureux, j’en suis persuadé.

    ***

    Une vague de nostalgie s’empare de moi alors que j’observe une photo de mama, Zen et moi, que je viens de poser sur la commode de ma chambre.

    Je suis au centre de l’image, le crâne rasé, comme le souhaitait mama à l’époque, et vêtu d’un simple t-shirt kaki qui ne me va pas du tout au teint. Je souris malgré tout, entouré de ma mère à ma gauche, ses longs cheveux auburn attachés derrière son dos. Elle porte un débardeur blanc qui fait ressortir sa peau dorée. Son visage est figé dans une expression crispée. Elle détestait être prise en photo, et nous n’en avons d’ailleurs que très peu d’elle, malheureusement. Zenaïda, elle, est à ma droite, une main sur chacune de mes épaules, lançant un bisou en direction de l’objectif. Son rouge à lèvres écarlate contraste fortement avec son derme foncé, qu’elle tient de son père. À l’époque, ses cheveux étaient coiffés en dreadlocks. Ça lui allait plutôt bien, même si sa coupe afro d’aujourd’hui est magnifique aussi. Elle porte un t-shirt blanc surmonté d’une chemise en jean.

    C’est incroyable comme mon style a évolué depuis que ce cliché a été pris. Je devais y avoir quatorze ans. La seule chose qui n’a pas changé : le collier que je ne retire jamais (une superbe pierre irrégulière, transitionnant du bleu au rose), offert par ma mère il y a une éternité. Ma sœur possède d’ailleurs le même, mais avec du jaune à la place du rose.

    Je n’ai plus coupé ma tignasse depuis que mama nous a quittés et j’adorerais les avoir très longs, même si mes boucles vont ralentir le processus ou en tout cas l’impression de longueur. Mais j’adore mes boucles, donc tout va bien. Pour les habits, ils sont bien plus colorés aujourd’hui. J’affectionne aussi de mettre du vernis, d’explorer des choses, de me sentir libre. Mon rêve est d’avoir un ou plusieurs piercings, au moins aux oreilles, mais Zen refuse catégoriquement que j’accomplisse une telle chose.

    Je sais bien qu’elle préférerait que je continue à agir comme mama nous l’a appris : passer le plus inaperçu possible, ne pas me faire remarquer, de quelque manière que ce soit, éviter les fantaisies vestimentaires ou les fantaisies tout court.

    Mais mama n’est plus là depuis un moment déjà et j’ai bientôt dix-sept ans, j’estime que j’ai le droit de prendre mes propres décisions, surtout que j’ai assez prouvé être capable de me gérer seul et de rester loin des ennuis. Ça a toujours été le cas, d’ailleurs.

    Attention, je sais très bien pourquoi notre mère nous imposait autant de règles. Son unique but dans l’existence était de nous protéger et de nous offrir la vie la plus normale qui soit.

    Mais la normalité, c’est tellement ennuyeux !

    Moi je veux m’habiller de toutes les couleurs, je veux chanter dans la rue, je veux aimer à la folie, je veux danser sous le ciel étoilé, je veux… vivre.

    Tout simplement.

    Oui, c’est vrai, nous avons un secret qu’il nous faut garder, mais ce n’est pas une raison pour nous enfermer et rater tout ce que le monde a à nous proposer.

    Malgré tout ça, j’étais heureux dans cet appartement, avec les deux femmes de ma vie. J’ai toujours eu des désaccords avec mama, je l’avoue, mais nous étions aussi tellement proches et nous nous aimions tant.

    Je sais qu’elle ne voulait que notre bonheur et je vais tout entreprendre pour l’obtenir en dépit de la tristesse qui me serre encore le cœur lorsque je pense à elle et à notre vie d’avant.

    Mais je garde le sourire, en toute circonstance, pour lui rendre hommage.

    — J’adore cette photo, chuchote Zenaïda, que je n’ai pas entendu approcher.

    Surpris, je sursaute et m’empresse d’essuyer la larme qui avait perlé au coin de mon œil.

    Je déteste pleurer devant ma sœur, je ne veux pas qu’elle pense que je n’arrive pas à gérer cette situation que je n’aurais pas dû connaître si tôt.

    Je sens les mains de Zen entourer mes épaules avec tendresse.

    — J’ai préparé du thé, tu souhaites en boire une tasse sur le balcon ? me demande-t-elle avec douceur.

    J’expire longuement avant de me parer de mon plus beau sourire et d’acquiescer.

    ***

    Quelques minutes plus tard, je quitte ma chambre, la plus petite des deux, mais qui reste tout de même bien plus grande que celle que j’avais en Floride.

    Ma sœur pensait me laisser la plus spacieuse, côté mer, mais quand j’ai vu ses yeux s’illuminer en entrant à l’intérieur, je n’ai pas pu me résoudre à la lui « voler ».

    Et puis au pire, j’ai toujours accès à la cabane en hauteur qui se trouve sur la plage. Je vais devoir passer un petit moment à la retaper, mais ça pourrait me faire un endroit rien qu’à moi bien sympa.

    Je traverse la large pièce unique qui regroupe la cuisine, le salon et la salle à manger (et qui est finalement, à elle seule, plus vaste que notre ancien appartement) pour me diriger vers la grande porte-fenêtre ouverte sur notre terrasse.

    Sur pilotis, le balcon semble majoritairement flotter au-dessus de l’eau, mais un retour sur le côté de la maison permet d’y accéder depuis la plage.

    Je m’installe à côté de ma sœur et je déguste mon thé en contemplant la vue, tout simplement magnifique.

    L’océan, d’abord, d’un bleu turquoise, me procure un sentiment d’apaisement et de sérénité. Je n’ai qu’une envie : aller m’y baigner (même si, évidemment, Zen m’a déjà interdit d’y mettre ne serait-ce qu’un seul orteil).

    De l’autre côté de la crique, se trouve une petite plage de sable fin, entourée de hautes roches dressées comme de minuscules montagnes. Les palmiers et autres végétaux rendent le paysage encore plus idyllique.

    — Ça va ? me demande Zenaïda, me sortant de ma contemplation.

    — Comment ça pourrait ne pas aller ? je lui réponds avec enthousiasme. Tu as vu ce panorama ?

    — C’est vrai que c’est… agréable.

    — Agréable ? C’est paradisiaque, oui !

    Je l’aperçois me sourire, ce qui me fait lever un sourcil.

    — Quoi ? je demande.

    — Rien, rien, j’ai juste toujours adoré ton entrain et ta passion. J’aimerais être plus comme toi, parfois.

    Je me rapproche légèrement d’elle et pose une main sur les siennes.

    — Je sais bien que tu es ma grande sœur et que tu te sens responsable de moi, mais je pense t’avoir déjà prouvé que je suis capable de me débrouiller. Toi aussi tu as le droit de te lâcher un peu, de vivre ta vie, avec cet entrain et cette passion que tu m’envies tant.

    — Si c’était si facile…

    — Et… si ça l’était ? je lui lance avec un clin d’œil.

    — Ça l’a toujours été, pour toi. Tu n’as jamais eu de problème pour te faire des amis, pour t’amuser, pour vivre. J’avoue que j’ai souvent éprouvé de la jalousie à ton égard.

    Je baisse la tête en soupirant avant de lui répondre.

    — Je suis bien conscient que si j’ai eu cette chance de pouvoir être… insouciant, c’est en grosse partie grâce à toi, mi hermana[2]. Sache que je t’en suis incroyablement reconnaissant. Je sais aussi que depuis que mama n’est plus là, un poids énorme pèse sur tes épaules, mais je suis confiant en l’avenir et je suis certain que notre vie sera différente, ici. Je sais qu’elle sera meilleure. J’espère sincèrement que tu pourras le réaliser à ton tour et être plus… comme moi, si c’est ce que tu veux tant, ou bien comme tu en as envie toi, tout simplement.

    Te amo mi hermano[3].

    Notre mère nous a appris l’espagnol dès notre plus jeune âge et nous aimons nous parler dans cette langue, de temps à autre. Le fait qu’il s’agisse de l’une des deux langues officielles de Melody Island a d’ailleurs été un argument de poids pour venir y habiter.

    Nous nous serrons l’un contre l’autre avec une tendresse infinie, jusqu’à ce que ma sœur se sépare de moi et se mette debout pour débarrasser les tasses et la théière.

    — J’imagine que tu ne verras pas d’objection à m’accompagner à la soirée organisée demain sur la plage pour commémorer la rénovation du lycée, me propose-t-elle, pleine d’espièglerie. J’ai été invitée et j’ai le droit de venir accompagnée.

    Je lève un sourcil, flairant l’arnaque.

    — Rassure-moi, c’est pas un truc de boulot ? je lui demande, perplexe.

    — Oh, eh bien, en partie, si, évidemment. Mais il y aura de la musique traditionnelle et une soirée dansante après les discours. Et ça nous permettra aussi de nous mêler un peu aux habitants.

    — Nous mêler aux gens ? je répète, exagérément choqué. Je sais que je viens de te dire que tu pouvais changer, mais là, tu me fais plus peur qu’autre chose.

    — Tu l’as dit toi-même, il est temps de vivre et d’arrêter de rester enfermés, c’est un bon début, non ?

    Je me lève à mon tour et me place devant elle.

    — J’avais déjà accepté à « soirée sur la plage », mais, d’accord, évidemment que je t’accompagne !

    Zenaïda me gratifie d’un magnifique sourire avant de rentrer.

    Nous avons encore pas mal de boulot pour déballer les derniers cartons et aménager nos affaires, mais je prends quand même le temps de me diriger vers la partie du balcon située sur le côté de la maison, afin d’admirer la plage sur laquelle l’habitation est posée.

    C’est à ce moment-là que j’aperçois un garçon très intrigant en plein footing.

    Bon, déjà, les gens qui courent pour le plaisir, ça me dépasse, mais alors en plein cagnard, sur du sable, entièrement vêtu de noir et avec des manches longues aussi bien au niveau des bras que des jambes, là, c’est juste inconcevable, pour moi.

    Il s’arrête pour s’étirer. J’ai conscience que je ne devrais pas l’observer ainsi, mais je ne parviens pas à détourner le regard de son visage. J’ai bien l’impression qu’il est très bien bâti, même si ça reste difficile de l’affirmer avec certitude à cette distance. Mais au-delà de son apparence, il y a autre chose. Je ne sais pas comment dire, même de loin, j’arrive à sentir qu’il est… différent. Une sensibilité particulière émane de lui, comme une aura bienveillante et lumineuse qui parvient à m’atteindre malgré les mètres qui nous séparent.

    Il relève la tête et son regard semble s’accrocher au mien alors qu’il me prend en flagrant délit de reluquage.

    Nous restons ainsi un petit moment, jusqu’à ce qu’il se détourne et redémarre sa course, se retrouvant rapidement hors de mon champ de vision.

     2 – Prendre ses marques

    La journée d’hier s’est écoulée à une vitesse folle.

    Je n’avais jamais déménagé avant et je dois vous dire que c’est quelque chose d’extrêmement fatigant. Enfin surtout quand on emménage sur une île à plusieurs milliers de kilomètres de son ancien logement, j’imagine.

    C’est sûr qu’on n’a pas fait dans la dentelle sur ce coup-là. Heureusement que nous n’avions que peu d’affaires, au final, et que la maison de grand-mama est en partie meublée.

    J’étais tellement crevé que je me suis endormi sans faire d’histoire et j’ai passé une nuit plutôt agréable, même si ma sœur m’a réveillé bien trop tôt à mon goût. Elle voulait que nous effectuions le maximum de tâches aujourd’hui, pour que nous puissions attaquer des travaux de fond le plus vite possible.

    Nous avons repéré quelques fuites au niveau du toit et Zenaïda fait maintenant une fixation dessus.

    — Il faut réparer ça avant qu’il pleuve, m’a-t-elle dit.

    — Mais enfin Zen, ils n’annoncent pas de pluie avant des semaines, c’est la canicule, là.

    — Oui eh bien qui dit canicule, dit orage. Et je n’ai pas envie de me prendre des trombes d’eau sur le coin de la tête, tu sais à quel point je déteste l’eau !

    Merci mama, encore une phobie que tu nous as transmise. Bon, une phobie justifiée, mais tout de même…

    Moi l’eau ne m’effraie pas tellement, je rêve même de pouvoir aller me baigner dans l’océan, mais je n’oserais jamais en parler à ma sœur, elle me clouerait sur mon lit et m’interdirait de sortir sans sa surveillance, c’est évident.

    J’ai fini par la rassurer en lui promettant de m’en charger le plus rapidement possible.

    Heureusement que j’adore bricoler !

    Si ça ne tenait qu’à moi, je laisserais la maison de grand-mama en grande partie comme elle est. C’est vrai, certaines choses doivent être réparées, en commençant par les fuites du toit, mais le reste donne un certain charme à la bâtisse, je trouve.

    Quelque chose d’authentique, de vivant.

    Et puis nous avons appris cette après-midi que des voisins entretenaient la maison depuis des années, en hommage à sa défunte propriétaire. Ce sont ces mêmes voisins qui ont tout entrepris pour que l’on nous retrouve, nous les héritiers d’Aurora. Et ce sont ces mêmes voisins, encore une fois, qui sont venus nous saluer, tellement heureux de nous rencontrer.

    Guillermo, un vieil homme d’environ quatre-vingts ans, m’a assuré qu’il pouvait rénover la maison sans nous demander de contrepartie financière.

    Largement capable, voire enthousiaste de pouvoir m’occuper de tout ça par moi-même, j’ai gentiment refusé. Et puis nous n’allons pas commencer à exploiter les vieillards du coin, aussi accueillants soient-ils.

    Nous nous débrouillons sans l’aide de personne depuis une éternité et ce n’est pas aujourd’hui que ça va changer.

    Estela, une autre voisine, nous a par contre appris que grand-mama lui avait confié la plupart de ses effets personnels et qu’elle serait ravie de nous les rendre.

    Je sais que mama ne s’entendait pas avec sa mère, mais Aurora m’a toujours intrigué et j’aurais tellement adoré la rencontrer. Elle avait l’air d’une personne pleine de vie, ne se souciant pas des normes sociales. Il paraît que je lui ressemble sur bien des points, d’ailleurs.

    La simple idée d’en apprendre plus sur elle en parcourant ses reliques me procure une joie tout bonnement indescriptible.

    — Qu’est-ce que tu fixes comme ça ?

    La voix de Zenaïda me ramène à la réalité. Je tourne la tête dans sa direction, l’incompréhension fichée sur le visage.

    — Rien du tout, j’étais juste perdu dans mes pensées, je lui réponds sobrement.

    Elle hausse les épaules avant de passer une main dans mes cheveux bouclés.

    — D’accord, mais ne traîne pas trop, n’oublie pas qu’on sort, ce soir, me rappelle Zen.

    Je me contente d’acquiescer puis la regarde partir sans bouger de ma chaise.

    Elle se retourne vers moi, semble hésiter, puis finit par parler.

    — Tu sais… je suis fière de toi. Tu as été plus qu’efficace aujourd’hui malgré la visite des voisins. Je pense que tu as raison, on va se plaire, ici.

    Je n’ai même pas le temps de répondre ou de réagir qu’elle se trouve déjà à l’intérieur de la maison.

    Bien que ses mots me touchent, j’ai l’impression qu’elle les a prononcés pour se convaincre elle, plutôt que moi.

    Je regarde l’heure et constate qu’il serait en effet judicieux que j’aille me préparer pour la soirée. Je jette encore une fois un coup d’œil en direction de la plage, mais ce que j’y cherche n’y est toujours pas.

    Oui, oui, je l’avoue, je ne me suis pas posé sur ce côté de la terrasse uniquement pour me perdre dans mes pensées. J’espérais apercevoir à nouveau le joggeur d’hier. J’en ignore la raison, il m’intrigue, c’est tout. Et il semble très beau, aussi, je vous le confesse.

    Mais après tout je ne l’ai observé que de loin et couvert de la tête aux pieds.

    Pas que la beauté physique compte vraiment pour moi et pas que je cherche quelqu’un. C’est simplement qu’il a éveillé ma curiosité.

    Je sais, je suis en train de me faire un film complet. En plus, je n’ai aucune raison de penser que ce mec soit gay et quand bien même ; je ne vois pas trop pourquoi je l’intéresserais. Bref, je vous dis que ce n’est pas pour ça que je pense à lui !

    Je secoue la tête pour chasser toutes ces pensées parasites qui n’ont tout simplement aucun sens.

    Je suis invité à une super soirée où m’attendent discours politiques et musique classique alors je ferais mieux d’aller me préparer.

    Bon, au moins ce sera sur la plage. Et puis qui sait, peut-être que mon mystérieux joggeur fera une apparition ? 

     3 – Une soirée intéressante

    Après avoir mis une éternité à me préparer, nous partons enfin pour la soirée.

    Mon premier outfit[4] était juste parfait, mais ma sœur m’a ordonné de me changer. Selon elle, être torse nu sous ma chemise ouverte est un crime fédéral.

    Je vous jure, parfois je me demande ce qui lui passe par la tête pour sortir pareilles inepties. Nous allons à une réception sur la plage et il fait au moins trente degrés ce soir encore, mais apparemment, mourir de chaud semble être sa priorité.

    Le suivant était « trop coloré », comme si une telle chose pouvait exister !

    J’ai fini par me résigner et j’ai enfilé les vêtements les plus ternes de ma garde-robe : un pantacourt bleu marine tombant à mi-mollets et un t-shirt rose pastel délavé qui va particulièrement bien avec mon pendentif et met en valeur ma peau dorée. Pour les ongles, je suis cependant resté intraitable, comme si je pouvais décemment sortir de chez moi sans vernis. Franchement, quelle idée !

    J’ai utilisé une couleur plutôt neutre quand même, mais au moins, je ne me sens pas tout nu.

    J’ai essayé de convaincre Zen de porter la magnifique robe rouge que je lui ai achetée pour son dernier anniversaire, mais elle a préféré opter pour un tailleur-pantalon beige, certes élégant, bien que moins stylé que ma proposition initiale. Je dois malgré tout avouer que la couleur claire du vêtement fait merveilleusement ressortir son teint chaud et foncé.

    La règle consiste encore et toujours à ne pas se faire remarquer, je suppose…

    J’avoue que sur ce coup, je peux la comprendre, elle va à cette soirée non pas en tant que Zenaïda, nouvelle arrivante de l’île, mais comme Señora Cantoluna, nouvelle professeure du lycée Melody (lycée Melody sur une île nommée Melody Island… je sais, je sais, ils ont battu tous les records d’originalité pour nommer ce bahut, n’est-ce pas ?). Elle a donc tout intérêt à paraître respectable et professionnelle et son petit frère se doit d’être exemplaire lui aussi, j’imagine.

    C’est bien ma veine.

    Nous approchons rapidement du lieu des festivités, que nous remarquons de loin grâce à une décoration lumineuse du meilleur effet. Lanternes en papier, guirlandes et torches multicolores habillent l’emplacement avec goût et donnent une ambiance chaleureuse à cet endroit.

    De nombreux invités sont déjà sur place et je vois Zen se tendre un peu. Elle déteste arriver après les autres, estimant que cela porte trop l’attention sur elle.

    Dans tous les cas, comment pourrait-elle ne pas attirer les regards ? Elle est superbe, malgré son ensemble aux teintes fades.

    Elle n’aime pas que je lui

    Vous aimez cet aperçu ?
    Page 1 sur 1