La grande bique
Par Léonore Fontaine
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À propos de ce livre électronique
À PROPOS DE L'AUTRICE
Léonore Fontaine a vu la littérature envahir son quotidien, enchanter ses journées et captiver son imaginaire. Écrire est devenu son exutoire, sa thérapie, sa joie. Et c’est avec enthousiasme qu’elle nous livre son œuvre La grande bique.
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Aperçu du livre
La grande bique - Léonore Fontaine
Chapitre 1
Le soleil dardait ses pâles rayons endimanchés sur la capitale, qui doucement s’éveillait après une semaine de labeur.
Paris respirait.
Lentement, quelques oiseaux survolaient les parcs, les squares, les monuments et les églises, filant à tire d’ailes dans l’air frais hivernal.
La brise folâtrait entre les branches, coulait entre les tuiles, par-delà les petits jardins coquets, les maisons grises effritées de temps, et la chaussée noire de bitume, tassée, humide de pluie nocturne.
Nous étions le dimanche 26 décembre 1948, un dimanche semblable aux autres dimanches, un matin comme les autres matins… Dans une clinique d’une rue du 16e arrondissement, quelques naissances laissèrent les docteurs pantelants et fatigués devant les tables de travail. Ils avaient bien mérité leur petit déjeuner les braves hommes !
Il était près de 8 h. Une bonne cigarette après l’effort, quel bien-être !
Le chirurgien qui m’avait mise au monde avait eu plus de travail que les autres. Ma mère n’en finissait pas d’accoucher, à croire que je ne voulais pas sortir d’un endroit aussi douillet que ses entrailles. C’est à renfort de forceps que je fis mon entrée dans le monde froid et hostile des premières heures. Le bon docteur s’épongea le front et s’en fut, le travail accompli, savourer un repos bien gagné.
C’était une fille.
Mon père, à peine remis de ses émotions, courut déclarer ma naissance, dans un Paris plus agité que de coutume, lui sembla-t-il. Mais, non, c’était un dimanche comme tous les autres, sauf pour Papa !
Ma mère se remit lentement de ses couches. Les grandes femmes ont plus de mal que les autres à enfanter… la nature dote selon ses caprices… Dans la chambre, du haut de son lit, Maman s’observait… Et l’image que lui renvoyait le miroir, face au lit, ne l’enchantait pas du tout. L’effort avait marqué ses traits réguliers, creusé des sillons légers sous sa peau, altéré son regard pailleté… pourtant la chambre respirait le bien-être qui suit l’effort, l’assoupissement de l’instant qui passe… Maman se sentait seule… Elle s’adossa de son mieux sur ses oreillers et brutalement… S’endormit ! Un sommeil réparateur, qui ne se préoccupa nullement des éventuelles visites de la famille, venue célébrer l’événement de son ventre.
Celui-ci était redevenu plat ou presque, et le reste attendrait bien demain… non ?
Le couple que formaient mes parents semblait harmonieux. Ils prirent possession d’un petit deux-pièces dans le secteur de la Bastille.
Ce fut le « home » du début de leur union.
Le confort y était très moyen et Maman s’y faisait fort mal. Elle fut habituée dès l’enfance aux grandes demeures, au service des bonnes, et à la grande cuisine.
Ma famille maternelle, j’en fis connaissance bien plus tard dans mes souvenirs, car le bébé que j’étais ne les passionnait guère. Maman fut d’ailleurs très choquée de l’attitude familiale.
De plus, elle était sans cesse fatiguée… Au grand désespoir de mon père. Aussi, après mûre réflexion, Papa prit la décision douloureuse de m’envoyer dans le midi.
J’allais être confiée à mes grands-parents, à ma famille paternelle.
Nous partîmes tous un beau matin, avant que le ciel ne se colore de rose, dans le Midi de la France.
Vous savez, là où l’accent fleurit aux détours des ruelles, quand le soleil se glisse entre les sarments de vigne pour batifoler.
Chapitre 2
Ce fut par une matinée de février, pâle et incertaine, que j’arrivais à Nîmes, en cette année 1949.
Ma grand-mère rayonnait de joie à l’idée de ma venue, mon grand-père nous accueillit à la gare où essoufflé et impatient, il nous attendait.
L’écho des trains, à l’arrivée et en partance, rythmait l’animation de la petite gare. Ajouté à cela, une foule dense, agglutinée et bruyante, créant une cacophonie indescriptible.
Mes grands-parents paternels étaient des commerçants. Depuis 1921 ou 22, je ne sais, ils tenaient leur boutique avec sérieux et capacité.
Bien qu’étant originaire de Normandie, mon grand-père, gazé pendant la « Grande Guerre », fut obligé de se réfugier sous des cieux plus cléments que sa région natale.
La société commerciale à laquelle il appartenait lui proposa la bonne ville de Nîmes comme oasis, car ses poumons n’auraient pu supporter l’humidité des villes du Nord.
Ma grand-mère, originaire du Morvan, avait connu son mari à Paris, juste après le massacre des tranchées.
Elle suivit son époux dans le midi, leur premier fils, « mon père » naquit et grandit, entouré des siens.
Je dus ressentir, dès mon plus jeune âge, la chaleur de la bonne ville où le climat sec et vivant faisait chanter les cigales, sécher les buissons et pendre la langue des chiens…
Ma grand-mère, quoique très occupée par son commerce, se penchait sur mon berceau avec amour.
Elle avait toujours désiré une fille et le destin lui avait donné deux garçons. Mon père était l’aîné et avait un frère de cinq ans son cadet. Bien que l’époque fût encore rigoriste, tant dans ses mœurs que dans le maintien d’une moralité apparente et parfois hypocrite (un bon reste de ce cher XIXe siècle), ma grand-mère, au demeurant fervente catholique, n’était pas de ces bigotes desséchées et chevrotantes. Elle n’avait que 45 ans et était une belle femme blonde au teint clair, tel que les aimait la mode au siècle dernier, les traits de son visage fin faisaient ressortir ses yeux bleus porcelaine.
D’elle, émanait une bonté que seuls possèdent les justes, les gens sincères avec eux-mêmes et par conséquent avec autrui. Je me délectais dans les bras de Mamie, comme un jeune chien humant l’herbe dans la prairie.
Que d’affection n’étais-je pas entourée ! Les photos de l’époque en témoignent : bouclettes, tabliers amidonnés, sourires heureux.
Aucune ombre ne venait entacher ce tableau, qui restait figé en moi, telle une image d’Épinal.
Trois années passèrent sereines. Depuis mon arrivée, mes grands-parents avaient loué pour l’été une maisonnette dans les pinèdes aux alentours de Nîmes, dans un petit coin nommé Castanet.
J’y fis mes premiers pas et je garde tout au fond de moi un souvenir clair, celui d’une sécurité, d’une tendresse mêlée aux senteurs de la garrigue.
J’aimais cueillir les baies dans le jardin sous le soleil parfois trop chaud en plein midi. Les buissons craquaient sous la chaleur chargée de mille senteurs de lavande – le Mazé – c’était la maison du Bon Dieu. Des couples, amis de la famille venaient, discutaient, repartaient, chacun absorbés par les rencontres de cette microsociété, car tous les corps de métier étaient présents ou presque !
Il y avait des marchands de primeurs, de bananes et de dattes. Ceux qui possédaient aussi un magasin de meubles, un dentiste, bref ! Beaucoup d’amis et de gens gravitaient autour de mes grands-parents.
Mon père et ma mère eux étaient totalement absents de ce tableau sympathique. Ils étaient à Paris, confiants, sachant que j’étais heureuse et choyée. Mes premières années ont contribué certainement à me faire aimer par-dessus tout le pays Languedoc-Provence : des vignes à perte de vue, alignées dès que vous circulez hors des villes, le raisin est partout.
L’olivier noir, au tronc plein de rides, comme un vieil homme plein de sagesse et d’expérience, agite ses petites feuilles vertes et pâles, légères sous le soleil. Les platanes bordent les routes, toutes les routes, surtout à cette époque-là.
Et dans les clairières, les cèdres, immenses, millénaires, imposants, impressionnants de stature et de vieillesse, agitaient dans l’azur sec leurs épines vert foncé, murmurant sous la brise. En certains endroits, les vieilles maisons aux tuiles rondes, aux toits aplatis, se souvenaient brûlantes, des années qui passaient et que chaque intempérie, chaque hiver, ébréchaient un peu plus.
Par-dessus tout cela, l’été, le ciel desséchait le ciel blanc de bleu sous la chaleur, ce ciel, à perte de vue, sans un seul nuage ! Les hivers sont courts et rarement froids.
Dès le mois de février, la garrigue s’ébroue, s’éponge, absorbant l’eau de l’hiver comme pour mieux la stocker. Après les pluies la campagne étincelle, secouant ses branches, ses vignes, ses rameaux lourds de gouttelettes.
Mille senteurs émanent du sol qui fait glisser sur les rocailles, l’eau des pluies, n’ayant pas le temps de la retenir.
Car, la sécheresse durcit, en été, certains champs, au point que la terre blanchit et n’éponge plus l’eau bienfaitrice.
Mes grands-parents habitaient donc Nîmes depuis près de trente ans. Malgré leurs origines, le midi les vit s’adapter parfaitement au pays de Pagnol, si chantant.
Mamie était de ces êtres d’exception, qui fleurissent parfois au sein d’une famille. Sa bonté naturelle et sa générosité étaient connues de tous, et le demeurent. Durant la dernière guerre, elle avait aidé bien des gens, grâce à son commerce, malgré les risques encourus, procurant aux nécessiteux les chaussures indispensables, et donnant chaque soir, la soupe aux mendiants, après la fermeture de la boutique.
Quelques années avant ma naissance, ses parents vinrent s’installer dans la ville pour être près de tous… mes arrière-grands-parents !
Des gens volontaires, d’une génération perdue, oubliée, habituée aux privations, à la dure vie d’antan. Leur accent rocailleux roulait comme leurs origines, sec, émouvant. Le Morvan… Voilà un autre pays, un autre coin de France, qui n’a rien d’une douce campagne. L’air y est chaud l’été, glacial l’hiver, et vous trempe les caractères dès l’enfance…
Dans le midi (auquel ils se feront très vite), ils étonnaient. Habitués au dur labeur, ils ne se laissaient pas vivre : l’activité les habitait, comme une seconde nature. Car le pain avait manqué parfois.
Mon arrière-grand-mère était de vif-argent.
Pépère, son mari comme tout homme, avait davantage le sens de la mesure, et se calma l’âge venant. Le jeu de boules l’enchantait quand le travail ne l’accaparait pas trop. Mon arrière-grand-tante Lucie, elle, fit toujours partie du convoi et suivit sa sœur partout.
Elle avait un brave cœur, des malheurs plein la tête, des petits bonheurs au muguet, la manie de la propreté, un rire triste et fêlé, la religion comme refuge, et cachait sa sensibilité dans un mécontentement quasi permanent. À tel point que, dans la famille, l’expression « râler comme la tante Lucie » était devenue le comble de la mauvaise humeur.
Mais tout ce petit monde coulait des jours paisibles.
Mes parents vinrent à Nîmes à la faveur des vacances d’été. Je fus très heureuse de les voir dans mon univers quotidien. Ils s’y intégraient parfaitement.
Mamie parlait beaucoup de moi, plaisantant avec son fils de mes facéties d’enfant…
« Comme toi, Lucien, quand tu étais petit ! » À croire que papa m’avait fabriqué tout seul.
Puis la conversation devint plus grave. Le quotidien d’après-guerre parfois difficile encore, les affaires qui laissaient à désirer…
Puis, Mamie en vint à parler d’elle, chose qu’elle détestait.
Pourtant, il fallut avouer que la santé n’était pas au beau fixe, mais bon, trois fois rien, une opération sans gravité et puis, finis les ennuis féminins, l’ablation des fibromes et après je serais tranquille !
Mes parents repartirent dans la soirée, et le calme revint au Mazé. Mamie devait se reposer et se préparer pour l’opération qui aurait lieu quelques jours plus tard.
Tout allait bien. Avril couronnait les arbres, l’air sentait bon et les grillons crissaient dans le soir. Les cigales n’avaient pas encore fait leur apparition et la campagne nîmoise reposait.
Je fus confiée, le lendemain à une amie de la famille pour les jours d’absence nécessaires à l’opération.
Et les nuits furent semblables aux autres nuits, le temps s’étirait indéfiniment. Un vide était en moi. Le vide était là, dans la maison, partout. Mamie était absente… Où était-elle ? Papy, mon papy, je veux ma mamie… Mon grand-père me prenait dans ses bras vigoureux, il était encore si plein de vie, avec ses yeux pétillants de malice, que je me sentais rassurée, si bien, si cajolée ! Ma petite Lolo, Mamie ne reviendra pas, elle est là-haut, elle est bien, tu sais…
Papy !
La calamité s’était abattue sur toute la famille comme une épidémie de choléra. Alice n’était plus… Mamie ne riait plus, ne chantait plus, elle était morte d’une embolie pulmonaire à la clinique. Juste le 1er mai, devant son muguet, plein de pots de muguet, elle était partie dans un soupir, blanche sur son oreiller, souriante, confiante, les
