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Les Maîtres de la bourse
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Les Maîtres de la bourse

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À propos de ce livre électronique

Ce livre constitue un investissement inédit: il présente les 12 gestionnaires de portefeuille considérés par les experts comme étant les meilleurs au Québec. Les rendements de leurs portefeuilles d’actions, sur le long terme, ont fait beaucoup mieux que la moyenne des marchés boursiers et leurs clients en ont bénéficié bien au-delà de leurs attentes. Par exemple, un montant de 100 000 $ investi en 2009 dans un fonds reproduisant l’indice S&P 500 vaudrait aujourd’hui environ 720 000 $. La même somme placée par l’un de ces champions? Presque deux fois plus!
Cet ouvrage exceptionnel met en lumière le parcours de ces gestionnaires hors du commun, leur philosophie d’investissement et le type d’entreprises dans lesquelles ils ont l’habitude d’investir. Ainsi, il sera aisé de choisir, parmi cette palette de prodiges, lequel convient le mieux au type d’investisseur que vous êtes et ainsi faire fructifier vos placements. Dès aujourd’hui, confiez vos épargnes aux meilleurs!
LangueFrançais
ÉditeurGuy Saint-Jean Editeur
Date de sortie11 sept. 2024
ISBN9782898277269
Les Maîtres de la bourse
Auteur

André Gosselin

Sociologue et politicologue, André Gosselin a été professeur agrégé à l’Université Laval, gestionnaire de portefeuilles et chroniqueur financier pour diverses publications québécoises (Affaires Plus, lesaffaires.com, Finance et investissement). Sommité dans le domaine, il a aussi écrit une série de sept ouvrages sur les stratégies d’investissement et la finance des marchés boursiers et les ouvrages Lettre ouverte aux investisseurs irresponsables (2021) et François Rochon, le parcours singulier d’un investisseur d’exception (2023).

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    Aperçu du livre

    Les Maîtres de la bourse - André Gosselin

    Nadim Rizk

    Pinestone

    L’homme de 70 milliards de dollars

    Un ami portefeuilliste à qui j’avais demandé de me donner son palmarès des 10 meilleurs investisseurs québécois l’a placé au premier rang de sa liste. Un important financier québécois qui a fait carrière à Wall Street a dit de lui qu’il est le LeBron James de l’investissement dans les grandes compagnies mondiales et déjà une superstar internationale dans son domaine⁷. Le 10 juin 2023, le quotidien montréalais La Presse lui consacrait un article élogieux qui débutait par cette phrase : C’est possiblement le meilleur investisseur dont vous n’avez jamais entendu parler⁸. Pour couronner le tout, ses ex-collègues chez Fiera Capital le décrivent comme la personne la plus charmante qu’on puisse rencontrer dans le milieu de la finance au Québec. Warren Buffett l’aurait désigné comme son dauphin et successeur à la tête de Berkshire Hathaway que je n’aurais pas été surpris outre mesure.

    Libanais d’origine et Canadien d’adoption, Nadim Rizk ne laisse personne indifférent, pas davantage les dirigeants de caisses de retraite, de fonds souverains ou de fondations que tous ceux qui administrent le patrimoine des familles fortunées et qui lui ont fait confiance depuis ses débuts. On peut les comprendre. Leur gestionnaire étoile a fait fructifier leurs actifs avec des rendements nets annualisés de près de 18 % sur 15 ans pour la stratégie américaine (rendements bruts pour la même période de près de 20 %). Cent mille dollars investis en avril 2009 dans le portefeuille d’actions américaines géré par Nadim Rizk, au moment où il était chez Fiera Capital, valaient 1,1 million de dollars environ en 2023, soit 11 fois le montant initial. La même somme placée au même moment dans un fonds reproduisant la composition de l’indice S&P 500 valait, avec les dividendes réinvestis, 729 000 $ environ⁹. Quand un portefeuilliste connaît autant de succès sur un tel horizon, les milliards de dollars à investir affluent en sa direction aussi rapidement que les fans survoltés de Taylor Swift en quête de billets pour son prochain spectacle. L’investisseur particulier sera heureux d’apprendre que la stratégie d’investissement de Nadim Rizk est également offerte sous forme de quatre fonds communs de placement (voir la fiche informative à la fin du présent chapitre).

    Depuis qu’on lui a confié le portefeuille d’actions mondiales pour les clients de la firme montréalaise Fiera Capital, l’actif sous gestion est passé d’un modeste 300 millions de dollars canadiens en 2009 à environ 70 milliards de dollars canadiens en 2024. Du jamais vu au Québec. Près des deux tiers de la valeur créée proviennent des rendements obtenus. En d’autres termes, 45 des 70 milliards sous gestion sont redevables aux performances de Nadim Rizk et de son équipe d’une dizaine d’analystes et de portefeuillistes. Et ne croyez pas que ce tour de force a été rendu possible parce que ses portefeuilles étaient bien garnis avec Apple, Meta (Facebook), Netflix, Amazon, Nvidia et autres supernovae de la décennie 2010 comme Tesla. Rien de tout cela, ou presque. Sa fiche éloquente, il la doit à des compagnies beaucoup moins excitantes. Des noms comme Mastercard, Moody’s, Lowe’s, Nike et Graco, une entreprise de Minneapolis qui fabrique des équipements industriels pour pomper des produits chimiques, de la peinture, de la mousse de polyuréthane, de l’eau, des eaux usées, des aliments, du pétrole, du gaz, des lubrifiants, et tout autre matériau plus ou moins fluide qui peut être pompé. Rien de très sexy.

    On m’avait pourtant averti : Nadim ne se porte jamais mieux que lorsqu’il n’est pas le sujet d’un article de journal ou qu’il n’est pas invité sur un plateau de télé. De fait, l’homme est plutôt discret. Il a une sorte de pudeur naturelle associée à la crainte d’être la cible de ceux qui aiment bien s’en prendre, par conviction ou par démagogie, aux requins de la finance. Aussi, il n’était pas très chaud à l’idée qu’un auteur puisse lui consacrer tout un chapitre dans un livre vantant les champions de l’investissement au Québec. Heureusement pour l’auteur en question, une fois la relation de confiance établie, Nadim Rizk est vite devenu volubile, trop ravi de parler de sa passion pour l’investissement, et aussi de son histoire personnelle digne d’un conte de fées, ou plutôt des Mille et une nuits, compte tenu de ses origines proche-orientales.

    Un focus investor de très long terme

    Par plusieurs de ses aspects, la philosophie de placement de Nadim Rizk se rapproche de celle qui a fait la popularité et la fortune de Warren Buffett. À l’instar de l’oracle d’Omaha, il est ce qu’on appelle un focus investor, c’est-à-dire qu’il concentre son actif dans un portefeuille d’environ 25 à 35 compagnies, que ses collaborateurs et lui connaissent sur le bout des doigts. Ce chiffre n’est pas arbitraire. Pour réussir à faire mieux que les indices de marché, ils ont avantage à ne pas dépasser ce seuil critique. Avec un portefeuille diversifié dans plus de 50 titres, les probabilités d’être supplanté par les baromètres du marché montent en flèche. De plus, au-delà de 35 titres, la diversification devient rapidement moins efficiente. C’est une loi de mathématique financière que tous les étudiants en finance apprennent dès leur première année d’université.

    Des investisseurs de style Buffett, il y en a un certain nombre au Québec. Je pense notamment à François Rochon de Giverny Capital, ou encore à Philippe Le Blanc de COTE 100. Mais, le plus souvent, ils ont un horizon de placement moyen de 5 à 10 ans, rarement davantage. Nadim Rizk va chercher à conserver ses titres pendant au moins 10 à 20 ans. C’est ce qui s’appelle laisser courir ses positions gagnantes. Pour avoir un tel horizon de placement, il faut détenir des compagnies de très haute qualité qui dominent outrageusement leur industrie grâce à des avantages compétitifs savamment entretenus ; des compagnies qui ont fait la preuve, pendant au moins deux décennies, qu’elles pouvaient réinvestir leurs profits et redéployer leur capital avec d’excellents rendements. On pense notamment à des titres comme Moody’s, Mastercard et Taiwan Semiconductor, achetés en 2009, et même bien avant quand il était portefeuilliste pour Montrusco Bolton avant de passer dans l’écurie de Fiera Capital. Enfin, comme le fondateur de Berkshire Hathaway, Nadim Rizk ne se livre pas au jeu des prévisions macroéconomiques sur les tendances de l’inflation, les cycles du marché ou la direction des taux d’intérêt. Il préfère passer son précieux temps à trouver les sociétés qui ont des avantages compétitifs pérennes, ou encore à déceler les grandes marques mondiales qui s’imposeront plus que jamais auprès des consommateurs de la planète dans 20 ou 30 ans, comme Nestlé, PepsiCo, Nike, LVMH ou Sherwin-Williams.

    Le fils du médecin de Beyrouth

    Nadim Rizk a grandi à Beyrouth, dans une famille de trois enfants, avec un père médecin et une mère professeure de français. Jusqu’à l’âge adulte, il chemine dans cette capitale du Liban malmenée par la guerre, les conflits interethniques et religieux, et cette tension civilisationnelle jamais résolue entre le monde moderne et l’Ancien Monde. Bien qu’il soit né au sein d’une famille aisée et aimante, il n’a pas pu faire autrement que d’être témoin, comme plusieurs enfants de son âge, des horreurs de la guerre. Il n’a jamais oublié le bruit des bombes, les tirs nourris d’armes automatiques ou encore ces corps déchiquetés par les éclats d’obus dans les rues dévastées de sa ville. Il est d’ailleurs convaincu que ces traumatismes de jeunesse, qu’il a réussi à surmonter grâce à sa force de résilience, ont fait de lui un meilleur gestionnaire de portefeuille ; un investisseur plus tempéré et philosophe, capable de relativiser les crises économiques et les corrections boursières qui ne manquent jamais d’affoler ses contemporains chaque fois qu’elles se produisent. Quand vous avez vécu la guerre de près et que vous avez parfois dû vous terrer dans les sous-sols des immeubles pour être à l’abri des bombes, les chutes de la bourse sont des événements dérisoires. Comme il le dit si bien : gérer un portefeuille d’actions, même en temps de crise, est plus facile que de survivre à la guerre.

    L’école n’a pas été son fort. Il ne cache pas avoir été un cancre, sans doute à cause d’un déficit d’attention doublé d’hyperactivité. Découragés par son indiscipline, ses professeurs doivent souvent appeler ses parents pour les informer de ses méfaits ou de ses échecs. Son tempérament contraste avec celui de sa sœur aînée, une élève douée, studieuse et docile. Rien pour aider sa cause. À ses heures, son père aime bien spéculer à la bourse, car c’est bien de spéculation dont il s’agit. Sur la base de simples rumeurs ou d’un bref article glané dans la presse, il achète des titres cotés à la Bourse de New York ou sur le Nasdaq, espérant faire un coup d’argent facile et rapide. Un jour qu’il se rend à la succursale de Merrill Lynch à Beyrouth, là où il a son compte de courtage, il emmène avec lui son fils âgé d’à peine 15 ans. Pour l’adolescent, c’est une sorte de révélation. Des écrans de télé tapissent les murs et passent en boucle les nouvelles économiques du jour ; des ordinateurs trônent sur les bureaux où défilent les cotes boursières, les graphiques et les fils de nouvelles : rarement a-t-il vu un endroit aussi agité, trépidant, où l’argent est le nerf de la guerre. Le fils du médecin peut même s’amuser à placer un ordre d’achat sur l’un des ordinateurs du courtier. On se croirait dans les bureaux de Gordon Gekko, personnage culte du film Wall Street du réalisateur Oliver Stone, sorti sur les écrans un an plus tôt, et dont le personnage principal, capitaliste sans scrupules et implacable, est incarné par Michael Douglas. Par l’intermédiaire de son père, le jeune Nadim place ses maigres économies sur le titre de Storage Technology, une entreprise de stockage informatique fondée en 1969 par quatre anciens ingénieurs d’IBM. Animé par le désir de faire un gain rapide, ce modeste placement s’avère un échec. Mais peu importe, il est trop fasciné par les marchés boursiers pour jeter la serviette.

    La fin de ses études secondaires, au lycée franco-libanais de Beyrouth, se termine heureusement en beauté. Le fils du médecin chrétien – qui a sa clinique dans le quartier musulman de la ville – s’en tire avec une mention d’excellence, notamment en mathématiques. Il dépose trois demandes d’admission à l’université américaine de Beyrouth (génie, médecine et finance), et il est admis dans les trois disciplines. Contre l’avis de sa mère qui le verrait bien prendre la relève du père à la clinique de médecine familiale, il choisit plutôt l’administration et la finance. C’est là qu’il lit l’ouvrage à succès One Up on Wall Street de Peter Lynch, réputé gestionnaire d’un fonds commun de placement qui porte le nom d’un navigateur et explorateur portugais dont il a appris l’existence dans ses cours d’histoire : Magellan. Il sort de cette expérience purement littéraire avec un sentiment aussi grisant que lorsqu’il a visité les bureaux de Merrill Lynch avec son père quelques années plus tôt. Il comprend que l’investissement peut être autre chose qu’une activité spéculative qui repose davantage sur la chance que sur la raison. À condition d’étudier les fondamentaux des compagnies, leurs capacités de générer de la valeur pour les actionnaires, selon des méthodes rationnelles permettant d’interpréter les états financiers. Il lit également The Intelligent Investor de Benjamin Graham, mentor et professeur de Warren Buffett. L’exercice est décevant, car le livre de Graham, plutôt austère, n’a pas ce côté vivant, incarné et captivant du livre de Lynch, qui ne manque pas d’humour tout en étant parfois irrévérencieux. Pour un étudiant en finance passionné par la bourse, mais qui commence à peine son apprentissage, se faire dire que l’investisseur individuel peut faire mieux que les bonzes de Wall Street a quelque chose de rassurant et de grisant. Un défi qu’il est impatient de relever quand il aura assez d’argent pour ouvrir son propre compte de courtage.

    De McGill à PineStone, en passant par Fiera Capital

    C’est son père qui l’incite à poursuivre des études de deuxième cycle à l’étranger, aux États-Unis, ou encore au Canada, où l’on dit beaucoup de bien de l’école de gestion de McGill, une université anglophone montréalaise au cœur de la deuxième plus grande ville francophone au monde après Paris. Descendant d’une lignée de chrétiens catholiques francophiles, mais plus inspiré par les enseignements du Bouddha que par ceux de l’Église de Rome, le père du jeune Nadim a pour principe qu’un enfant, dès qu’il entre dans l’âge adulte, appartient au monde et non pas à ses parents ou à son pays d’origine.

    Dans son petit studio au cœur de Montréal, Nadim Rizk s’impose un mode de vie spartiate. Il sait que ses études coûtent les yeux de la tête à son père, auxquelles s’ajoutent celles de sa sœur aînée, étudiante en médecine aux États-Unis. Son régime alimentaire se résume à manger un bol de céréales le matin, un autre le midi et un dernier le soir. Un jour que ses parents font le vol Beyrouth-Montréal pour voir leur fils, son père loue une voiture pour faire un saut au sud de la frontière et aller visiter la mythique Bourse de New York. C’est un autre grand moment de joie. Une autre révélation. Sa vocation, il en est convaincu, est d’être un investisseur professionnel, et l’un des meilleurs de sa génération.

    Son MBA terminé avec la mention excellence, et son titre d’analyste financier bien en poche, Nadim Rizk amorce sa carrière d’analyste des actions de compagnies au sein de la division des investissements du Canadien National, une des plus importantes caisses de retraite au pays. On lui a offert un poste de banquier d’affaires deux fois mieux payé à la Scotia, mais il trouve plus noble de gérer l’argent des épargnants que de piloter des offres d’achat hostiles et autres fusions et acquisitions d’envergure. Il monte rapidement en grade et passe huit ans à gérer un portefeuille d’actions mondiales au sein de la firme montréalaise Montrusco Bolton avant d’être recruté en 2009 par Fiera Capital, où il devient gestionnaire de portefeuille principal des stratégies d’actions américaines, internationales et mondiales. C’est là qu’il développe sa propre stratégie d’investissement en actions américaines et qu’il se distingue par un rendement brut de 19 % par année (17,7 % net), bien supérieur au rendement de 15,5 % pour l’indice S&P 500. On lui confie la gestion d’un portefeuille en actions mondiales, et il se surpasse une fois de plus avec un rendement brut annualisé sur 10 ans de 15,4 %, contre 11,2 % pour l’indice mondial MSCI. Devant ces deux coups de circuit en deux présences au bâton, on peut difficilement prétendre que c’est la chance du débutant qui lui a souri.

    Animé par les valeurs de liberté et d’indépendance chères à son père, Nadim Rizk fonde en 2021 sa propre firme de placement, Gestion d’actifs PineStone Inc. Il a accumulé plus que sa part de prix et de distinctions, dont la cote Morningstar 5 étoiles et la cote FundGrade A+ de Fundata, et il est temps de faire le grand saut. Quand on connaît autant de succès, surtout dans un domaine où il est courant de rencontrer des entrepreneurs qui dirigent de magnifiques sociétés, il est normal de vouloir être entrepreneur soi-même et de rêver de créer sa propre entreprise un jour. L’équipe d’analystes et de gestionnaires de portefeuille qu’il dirigeait depuis plus de 10 ans chez Fiera Capital décide de le suivre dans l’aventure, dont Andrew Chan, son fidèle bras droit qu’il a rencontré chez Montrusco. M. Chan occupe la fonction de directeur de la recherche. Il a la responsabilité de développer les outils de recherche et les modèles financiers servant à l’analyse fondamentale des compagnies par l’équipe de placement.

    Trois stratégies de portefeuille sont proposées aux clients, les mêmes que celles que Nadim Rizk et son équipe avaient mises de l’avant chez Fiera Capital : une stratégie en actions mondiales, une stratégie en actions internationales et une stratégie en actions américaines. Les trois stratégies continuent d’être offertes aux particuliers par Banque Nationale Investissements, auxquelles s’ajoute une nouvelle: le fonds mondial de petites capitalisations.

    Faire de gros bénéfices avec les bénéfices

    Nadim Rizk aime rester assis très longtemps sur ses positions. Il peut passer une année entière sans ajouter ou retirer un titre de ses portefeuilles. C’est ce qu’on appelle un actionnaire fidèle, et un partenaire à part entière des compagnies qui composent ses portefeuilles. Comme quoi on peut très bien réussir à la bourse en ayant une mentalité de propriétaire, non pas pour diriger les sociétés dont on est actionnaire, mais simplement dans le but d’établir une relation à long terme avec ses compagnies. Il n’y a pas meilleure façon pour bien les connaître et développer cette fameuse conviction, cette assurance tranquille qui permet de mieux dormir la nuit. Les Américains appellent ce genre de compagnies des sleep-at-night stocks, des titres qui permettent de dormir sur ses deux oreilles. Car même après 10 ou 15 ans à titre d’actionnaire, on ne cesse d’en apprendre toujours plus sur une entreprise ; surtout sur celles qui exercent leurs activités à l’échelle de la planète et qui sont dans un processus continu d’amélioration à tous les niveaux de leur organisation, qu’il soit technologique, opérationnel, marketing ou financier.

    Le diplômé de McGill a appris de Warren Buffett que les meilleures compagnies sont celles qui réussissent à avoir une croissance organique à long terme et qui jouissent d’un pouvoir discrétionnaire élevé (pricing power, en anglais) sur les prix des biens et services qu’ils offrent aux consommateurs. Le fabricant suisse-allemand d’ascenseurs et d’escaliers mécaniques Schindler en est un bon exemple. La compagnie fait partie d’un oligopole de cinq compagnies qui contrôlent une bonne partie du marché mondial, avec des barrières à l’entrée quasi infranchissables pour les petites entreprises qui souhaitent une part du gâteau. Chaque fois que Schindler vend un système d’ascenseurs, celui-ci vient avec un contrat d’entretien de 10 ou 15 ans qui garantit à l’entreprise une source constante de revenus, récession ou pas. C’est le genre de stabilité commerciale qui plaît beaucoup au gestionnaire de portefeuille.

    Comme pour ses collègues portefeuillistes, Nadim Rizk a vécu avec une certaine nervosité le choc de la pandémie de COVID-19 qui a frappé l’économie mondiale et fait chuter les cours boursiers mondiaux de près de 25 % au début de l’année 2020. Mais comme le lui a appris Peter Lynch dans un de ses livres, la meilleure attitude à avoir durant ce genre de désordre planétaire est de garder en tête the Big Picture, le portrait d’ensemble de la situation, afin de résister à la tentation de sortir du marché et de bazarder certains titres. Car aussi surprenant que cela puisse paraître, ce portrait d’ensemble, en 2020, montrait que l’économie mondiale pouvait continuer de fonctionner, notamment grâce au travail à distance. Certaines grandes compagnies technologiques arrivaient même à tirer profit de la situation, comme Microsoft par exemple, dont le titre a été acheté en 2019.

    En amont des portefeuilles échafaudés par Nadim Rizk et son équipe, un processus rigoureux de sélection de titres est déployé, qui commence avec un filtrage quantitatif où sont retenues un certain nombre de sociétés selon des variables comme la capitalisation boursière, la liquidité du titre à la bourse, l’effet de levier utilisé, la croissance des flux de trésorerie disponibles, la capacité de générer des rendements élevés sur le capital investi, et d’autres indicateurs clés. Il s’ensuit un examen des industries dans lesquelles les compagnies sélectionnées vont manœuvrer, puis une analyse des principaux compétiteurs au sein de ces industries. Le but est d’arriver à avoir un portrait le plus précis possible des avantages concurrentiels dont disposent les entreprises, notamment quant à leur capacité, à moyen ou à long terme, de les conserver, de les consolider et, idéalement, de les accroître et de les renforcer. Une liste de surveillance d’une vingtaine de candidats potentiels est ainsi dressée, lesquels seront étroitement examinés et évalués si jamais un titre du portefeuille devait être vendu et remplacé. On favorisera les compagnies dans les secteurs en croissance avec de faibles exigences en capital et une discipline constante dans l’allocation du capital.

    L’élément qui forme le cœur de cette méthodologie à la fois quantitative et qualitative est le rendement sur le capital investi (return on invested capital, ou ROIC, en anglais). On part du principe qu’une entreprise génère de la valeur lorsqu’elle obtient un retour sur le capital investi supérieur à son coût du capital. Plus cet écart est grand et stable, plus l’entreprise peut créer de la valeur sur de longues périodes. Et comment l’entreprise fait-elle pour créer de la valeur ? Quel est le meilleur moyen d’obtenir un rendement élevé sur le capital investi ? Les avantages concurrentiels, bien sûr. Pas d’avantages durables, pas de marges bénéficiaires substantielles ni de croissance significative. Ces avantages, évidemment, peuvent être de toutes sortes. Les préférés de Nadim Rizk sont les suivants : une marque mondiale forte, un savoir-faire technologique unique, un système de distribution dominant ou encore une efficience opérationnelle inimitable. Dans son esprit, la constance du rendement du capital investi est la meilleure façon de déceler des entreprises bénéficiant d’avantages concurrentiels durables, et un indicateur de leur capacité d’imposer leur prix sur le marché des biens et services, ce qui permet à ces compagnies de jouir de marges bénéficiaires supérieures à la moyenne.

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