Explorez plus de 1,5 million de livres audio et livres électroniques gratuitement pendant  jours.

À partir de $11.99/mois après l'essai. Annulez à tout moment.

Le club des six et l'Abécédaire
Le club des six et l'Abécédaire
Le club des six et l'Abécédaire
Livre électronique153 pages1 heure

Le club des six et l'Abécédaire

Évaluation : 0 sur 5 étoiles

()

Lire l'aperçu

À propos de ce livre électronique

L'agression d'une octogénaire dans le train Strasbourg-Metz va-t-elle être à l'origine d'un véritable miracle, celui de permettre à une quadragénaire de sortir de la précarité ? Six personnes, de génération et statut social différents, se rencontrent à cette occasion, sympathisent et, dans un élan de solidarité, vont s'unir pour tenter de réaliser le rêve de Corinne : se consacrer à la divulgation des bienfaits des plantes "de chez nous".
Outre l'histoire en elle-même, au fil des pages, le lecteur est aussi invité à découvrir la vie dans les campagnes lorraines au milieu du XX è siècle et des animaux comme les lémuriens, les roussettes ou les renards. Si l'amour de la nature transparaît tout au long de ce roman, l'autrice, par l'intermédiaire des différents personnages, égratigne au passage certains concepts "écologistes".
LangueFrançais
ÉditeurBoD - Books on Demand
Date de sortie8 juil. 2024
ISBN9782322568338
Le club des six et l'Abécédaire
Auteur

Geneviève Bobior-Wonner

L'autrice, Geneviève Bobior-Wonner, est lorraine mais a passé quelques années à Mayotte. Certains passages, en particulier ceux concernant les lémuriens, sont donc autobiographiques.

Auteurs associés

Lié à Le club des six et l'Abécédaire

Livres électroniques liés

Comédie romantique pour vous

Voir plus

Catégories liées

Avis sur Le club des six et l'Abécédaire

Évaluation : 0 sur 5 étoiles
0 évaluation

0 notation0 avis

Qu'avez-vous pensé ?

Appuyer pour évaluer

L'avis doit comporter au moins 10 mots

    Aperçu du livre

    Le club des six et l'Abécédaire - Geneviève Bobior-Wonner

    1

    Le train semblait glisser en douceur sur les rails. Qui eût cru qu’il avalait plus de 300 km à l’heure ?

    La vieille dame se sentait bien, heureuse. Elle venait de quitter Strasbourg où elle avait passé quelques jours chez sa fille. Elle y avait retrouvé avec plaisir ses trois petits-enfants qui avaient bien changé depuis leur dernière rencontre. C’est que le temps passe vite et que les années marquent leur passage : les enfants grandissent et deviennent des adolescents puis des jeunes gens qu’on a du mal à reconnaître ; les seniors, eux, se voûtent davantage et ont parfois le cerveau qui part lentement en friche.

    Elle se surprit à sourire en pensant au dernier week-end pendant lequel elle avait emmené les deux petits derniers faire une balade dans la métropole alsacienne. L’aîné avait préféré passer la journée avec ses copains, ou plutôt une copine comme elle le pressentait.

    Les adolescents avaient un peu traîné les pieds avant de se laisser entraîner à l’intérieur de la célèbre cathédrale qui, jusqu’au XIX è siècle, du haut de ses cent quarante-deux mètres avait été la plus élevée de France. Ils passaient régulièrement devant sans avoir eu l’envie d’y entrer. Ils avaient d’autres sujets d’intérêt.

    Elle avait très vite compris qu’elle les ennuyait avec ses explications sur les vitraux et les détails architecturaux de l’édifice. Ils s’y intéresseraient peut-être plus tard si quelqu’un saurait les initier aux beautés du patrimoine.

    Aussi, avait-elle écourté la visite en s’arrêtant devant la célèbre horloge astronomique qui depuis la Renaissance indique avec précision le déplacement des planètes, les futures éclipses et l’heure vraie de la ville. Bien sûr, il avait fallu leur expliquer ce qu’est l’heure vraie. Lorsqu’elle avait leur âge, c’est ce qu’on apprenait à l’école…

    Conrad Hasenfratz, dit Dasypodius, avec l’aide d’horlogers, avait imaginé et construit cette merveille de précision dès le XVI è siècle grâce à ses talents de mathématicien et d’astronome. Et il n’avait pas eu besoin de recourir à l’Intelligence Artificielle pour ça. Depuis, elle a été légèrement modifiée tout en gardant ses caractéristiques originelles.

    Il était midi. Une lueur d’intérêt s’éveilla dans les yeux des adolescents quand des automates représentant les douze apôtres défilèrent devant le Christ. Elle tenta de les faire patienter ‒ elle savait pourquoi ‒ en leur faisant remarquer la présence de Copernic et les sculptures qui encadrent le mécanisme. Á midi et quart, deux anges apparurent ; l’un fit tintinnabuler une petite clochette, l’autre renversa un sablier tandis qu’un enfant apparaissait devant la Mort. La grand-mère leur avait expliqué qu’à la demie ce serait un homme adulte et aux trois quarts un vieillard. Ainsi va la vie.

    Elle savait qu’ils n’auraient pas la patience d’attendre jusque-là, leurs estomacs criaient déjà famine.

    Quelle déception s’était lue sur leurs visages quand, au lieu de les emmener au Mac Do ou dans un autre fast food comme ils l’espéraient, elle les avait conduits au centre ville pour les faire entrer dans un restaurant ! Un vrai et pas dans un de ces temples de la malbouffe où on vous sert des aliments bien gras, bien sucrés ‒ et vive l’obésité et tout un cortège de maladies ! ‒ issus de matières premières qui arrivent du bout du monde sur d’énormes porte-containeurs et produits à l’aide de moult pesticides et hormones en tous genres. Pour l’avenir de la planète et la santé des consommateurs, il y a mieux !

    Elle avait été récompensée par le plaisir qu’ils avaient eu à déguster un plat mijoté avec talent par un cuisinier amoureux de la cuisine traditionnelle, avec des produits locaux. Ça les changeait des habituels hamburgers ou pizzas avec ersatz de fromage.

    2

    Le siège à côté d’elle est vide. Pourquoi ne pas se rapprocher de la vitre pour pouvoir regarder le paysage ?

    Les quelques arbres qui longent les rails défilent à toute vitesse ; mais, au-delà, le paysage est d’une grande sérénité. Avant l’arrivée à Metz, la voie ferrée ne traverse que la campagne. Seuls des bourgs ou de petits villages se blottissent entre les champs, de petits lacs et des forêts. Á vrai dire, aujourd’hui, les plans d’eau se sont multipliés en raison des pluies incessantes qui se sont abattues sur la région depuis quelque temps. Les rivières ont quitté leur lit et les nappes phréatiques débordent dans les de noir sont bien de ces échassiers déjà revenus creux du relief.

    Tiens ! Ne serait-ce pas des cigognes qui, au loin, les pattes dans l’eau, y cherchent quelque batracien déjà sorti de son hibernation ? Oui, ces points blancs tachés de leur migration ! Avec le réchauffement de la planète dont on parle tant, beaucoup d’oiseaux migrateurs ont écourté leur séjour dans les terres africaines ou n’y sont pas partis.

    Lorsque, machinalement, elle a poussé un oh ! d’étonnement devant ce spectacle, la femme qui lui fait face a levé les yeux de son livre et lui a souri. Sans doute est-elle une habituée de ce trajet et est-elle déjà blasée devant ce spectacle.

    3

    Soudain, la vieille dame est tirée de la rêverie qui accompagne ces images par l’arrivée d’un jeune homme qui s’assied brutalement sur le siège à côté d’elle et jette son sac sur celui qui lui fait face et est resté inoccupé lui aussi. Sans attendre, il sort son smart phone et des oreillettes. Aussitôt, le son porté au maximum, des bribes de rap s’échappent aux alentours tandis que le jeune s’agite en cadence.

    Sa patience a des limites. Constatant qu’après quelques soupirs, partagés par sa voisine, le garçon ne daigne pas baisser le son de son appareil, elle se tourne vers lui et gentiment lui fait remarquer :

    — Jeune homme, pourriez-vous baisser le son, s’il vous plaît ?

    Il ne l’a même pas entendue. Alors, elle lui tapote doucement le bras. Ce qui le fait sursauter.

    — Quoi ? Qu’est-ce qu’il ya ?

    Et elle réitère sa demande.

    — De quoi je me mêle ? J’suis libre de faire ce que je veux !

    Devant une telle réaction, mieux vaut peut-être ne pas insister, non ?

    D’autant que la passagère qui lui fait face lui adresse un sourire qui en dit long. Avec ce genre d’énergumène on ne sait pas comment ça peut finir. Alors la vieille dame se replonge dans la contemplation du paysage. Mais le cœur n’y est plus. Elle se sent catastrophée par le manque de civisme de certains jeunes. Les parents n’apprennent-ils plus à leurs enfants le respect des autres ? Elle se souvient que John Stuart Mill a dit : La liberté de chacun s’arrête là où commence celle des autres. C’était un philosophe anglais du XIXè siècle ; il faut croire que les incivilités ne datent pas d’aujourd’hui.

    Elle a posé ses coudes sur la tablette relevée devant elle et se bouche les oreilles pour ne plus entendre ces boum boum qui lui heurtent les tympans. Vivement que ce voyage touche à sa fin ! Il est complètement gâché par ce malotru qui, de surcroît, vient de jeter au sol un sachet de chips vide.

    Subitement, l’adolescent attrape son sac et le jette par terre puis, sans vergogne, pose ses pieds sur le siège ainsi libéré. Ses baskets sont encore maculées de boue séchée.

    Cette fois c’en est trop ! Elle est révoltée par ce manque évident de respect des autres.

    — Ça suffit jeune homme ! Aimeriez-vous vous asseoir sur un siège sale ?

    L’interpelé sursaute et brusquement se lève. Dans un mouvement très vif, il attrape la vieille dame par le colback, la secoue en hurlant :

    — Ta gueule, la vieille ! J’aime pas qu’on m’emmerde !

    Abasourdie, celle-ci se tient le coude qui a heurté la tablette tandis que le jeune homme s’éloigne précipitamment. C’est qu’un attroupement a commencé à se former.

    Pleine de compassion, sa voisine lui demande si elle n’est pas blessée. La vieille dame remonte sa manche, se tâte le bras.

    — A priori, rien de cassé. J’en serai quitte pour un bleu. Á mon âge, oui j’ai quatre-vingt ans, la peau marque facilement vous savez.

    — Vous avez été inconsciente, madame. De nos jours il faut se méfier de ce genre d’énergumène.

    Une dame, la cinquantaine peut-être, qui s’était approchée, rétorque :

    — En arrivant à Metz, il faut que vous alliez déposer plainte, madame. Je suis prête à vous servir de témoin. On ne peut pas laisser passer de tels comportements, sinon où irons-nous ? Et ; si ça se trouve, il n’a même pas payé son titre de transport.

    — Moi aussi, je suis prêt à vous accompagner. J’ai filmé la scène, intervient un homme qui a tout du jeune cadre dynamique.

    Les barres d’immeubles de la périphérie de Metz se dessinentà l’horizon. Le train ne va pas tarder à entrer dans la majestueuse gare en grès rose de la métropole mosellane.

    4

    Chaque fois que la vieille dame franchit la sortie de ce bâtiment plus que séculaire, par trois fois désigné plus belle gare de France, elle ne peut s’empêcher d’admirer les bas-reliefs et les détails architecturaux qui

    Vous aimez cet aperçu ?
    Page 1 sur 1