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Histoire en queue de poisson
Histoire en queue de poisson
Histoire en queue de poisson
Livre électronique114 pages2 heures

Histoire en queue de poisson

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À propos de ce livre électronique

Dans une petite ville portuaire, Colin éprouve des sentiments envers Lola, une jeune fille au charme exceptionnel. Cependant, tout bascule après un tragique accident, privant Lola de l'usage de ses jambes.Mais dans cette ville trop parfaite les gens différents ne sont pas les bienvenus…Une aventure pleine de défis et de découvertes les attend à chaque coin de rue !

À PROPOS DE L'AUTEUR

Gaëtan Bodet - Né en 1996 en Loire-Atlantique, Gaëtan a fait ses études à l’école de cinéma CinéCréatis à Nantes. Diplômé en Conception Réalisation Audiovisuelle, il aime partager des histoires touchantes avec des personnages uniques et attachants, marginaux et inspirants, pour le plus grand plaisir de ses lecteurs.
LangueFrançais
Date de sortie7 mars 2024
ISBN9782384601059
Histoire en queue de poisson

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    Histoire en queue de poisson - Gaëtan Bodet

    Gaëtan Bodet

    Jeunesse

    Cet ouvrage a été composé par les éditions La Grande Vague

    et imprimé en France par ICN Imprimerie Orthez.

    Graphisme : ©Leandra Design Sandra

    Illustration de Gaëtan Bodet

    Image libre de droit

    Photographe : ©Eddy Lamazzi

    Loi N°49-956 du 16 Juillet 1949 sur les publications destinées à la jeunesse

    ISBN numérique : 978-2-38460-081-6

    Dépôt légal : Février 2024

    Les Éditions La Grande Vague

    3 Allée des Coteaux, 64340 Boucau

    Site : www.editions-lagrandevague.fr

    CHAPITRE I

    Bienvenue à Nantard-sur-Mer

    Avant l’accident, Colin avait toujours eu du mal à trouver sa place dans cette petite ville portuaire qui pourtant paraissait si agréable. Ici, à Nantard-sur-Mer, le mot d’ordre était : sois parfait. Tout devait être propre, beau et rangé. Tous devaient être irréprochables, normaux et souriants. Il n’y avait pas de place pour les marginaux, il n’y avait pas de place pour Colin.

    Nantard-sur-Mer avait tout pour être un véritable petit paradis sur terre. C’était d’ailleurs écrit en grand sur leur panneau de bienvenue, à l’entrée de la presqu’île. Lieu prisé des vacanciers en été, cette petite ville de l’ouest de la France était connue pour son port de pêche. D’énormes poissons aux écailles dorées peuplaient les eaux de la région et faisaient la prospérité des pêcheurs locaux. Il n’était pas rare de voir sur les étals des monstres dépassant les deux mètres et demi. Au bord de la côte, les poissons étaient généralement plus petits, autour d’un mètre de long, ce qui était déjà remarquable.

    Mais Nantard-sur-Mer ne se résumait pas qu’à son port. Le Maire, Monsieur Dubel, faisait tout son possible pour rendre sa ville la plus belle possible. La perfection était pour cet homme une obsession maladive. Colin était trop jeune pour se souvenir de ce à quoi cette ville ressemblait avant que Monsieur Dubel arrive au pouvoir. Les maisons avaient-elles toujours eu ces couleurs vives ? Les poissons avaient-ils toujours été aussi gros ?

    La ville était parfaitement entretenue et très peu de voitures y circulaient. On aimait prendre son temps en flânant dans les rues piétonnes. L’odeur salée de la mer envoutait les narines. Les gens étaient exagérément souriants et courtois. Il y avait du travail pour tout le monde. Et pour couronner le tout, un magnifique soleil illuminait la ville toute l’année. En bref, il faisait bon vivre ici.

    Colin n’était cependant pas de cet avis. Ce cadre idyllique était pour lui une cage dorée dans laquelle il se sentait terriblement seul. C’était un enfant renfermé, timide, qui passait son temps la tête baissée, le visage caché par ses grosses lunettes rondes, bien trop grandes pour lui.

    Il était très discret, espérant ainsi éviter certaines moqueries de ses camarades de classe qui le trouvaient bizarre, différent, particulier. Il n’avait jamais réussi à s’intégrer, et à l’approche des vacances d’été, ses espoirs de finir l’année avec un groupe d’amis avaient disparu. Pendant que tous les enfants de son âge jouaient au football, Colin restait assis, seul, sur un petit banc en bois dans un coin isolé de la cour de récréation. La tête penchée sur son carnet à dessin, il prenait plaisir à esquisser les portraits de ses camarades à leur insu.

    « Je n’ai pas un nez comme ça. »

    « C’est quoi ces grosses oreilles tordues que tu m’as faites, là ? »

    En réalité, Colin dessinait remarquablement bien, mais ses dessins déplaisaient à ses camarades qui se complaisaient à se croire parfaits. C’était un jeune garçon calme, réservé, ayant un regard aiguisé sur ce qui l’entourait. Il aimait regarder les détails des veines d’une feuille morte. Il prenait le temps d’admirer une fleur onduler au gré du vent. Alors ses camarades, il les avait bien observés. Il les représentait parfaitement dans ses dessins. Il savait dessiner la beauté mais n’oubliait pas les détails et les petits défauts que chacun voulait cacher. Nul ne voulait entendre parler de ses mèches rebelles, de ses oreilles décollées, ou de son nez en patate. Tous refusaient d’accepter leurs défauts.

    Colin préférait ainsi garder son carnet à dessin pour lui-même afin d’éviter toute confrontation. Ses camarades se pensaient supérieurs à lui et, avec le temps, il avait fini par se dire qu’ils avaient peut-être raison, qu’il y avait peut-être quelque chose qui n’allait pas chez lui, quelque chose qui expliquerait pourquoi il n’avait aucun ami.

    Dans la salle de sciences de l’école, Madame Legall faisait la leçon à sa classe de quatrième. Peu d’élèves étaient attentifs. L’année touchait à sa fin, plus aucun contrôle n’allait avoir lieu, mais Madame Legall était le genre de professeur assidu qui faisait la classe jusqu’à la dernière seconde du dernier cours. Son monologue soporifique poussait Colin à rêvasser en regardant par la fenêtre. Dehors, des employés de la mairie s’affairaient à planter des fleurs jaunes, bleues et roses pour remplacer celles qui faisaient grise mine. Il faisait beau, il faisait chaud. Même à travers la fenêtre, Colin pouvait entendre les oiseaux chanter. Il aurait alors tout donné pour pouvoir s’échapper de cette prison, se promener puis rentrer chez lui et être tranquille. La sonnette retentit, comme répondant à ses prières, mais non, ce n’était qu’une pause de plus où il devait rester entre les grilles.

    Il s’assit alors sur son banc habituel. Il sortit de son sac son carnet à dessin, ainsi que son crayon de bois qui était ridiculement petit tellement il l’avait utilisé et usé. C’est alors qu’il vit deux jambes avancer vers lui. Il leva la tête et vit Lola.

    C’était la plus belle fille de sa classe. Colin l’avait dessinée plus de fois que n’importe quel autre élève. Il aimait la représenter le plus fidèlement possible mais il avait beau chercher, il ne lui trouvait aucun défaut. Certes, elle portait un pull en laine bleu marine, pas vraiment à la mode et certainement un peu trop grand pour elle, mais tout lui allait si bien. Sa peau lisse, parsemée de taches de rousseur, lui donnait l’air d’une poupée de porcelaine. Ses cheveux d’un blanc pur volaient au gré d’une douce brise qui diffusait son parfum de fruits des bois. Colin était envoûté. Cette fille semblait parfaite sur tous les aspects. On aurait dit un ange.

    Cette vision divine fut perturbée par Mallorie Dubel qui se planta devant Colin aux côtés de Lola. Mallorie était la fille du Maire. Elle avait aussi un certain charme, en quelque sorte, mais c’était beaucoup moins naturel. Une frange et deux petites couettes blondes encadraient ses grosses joues roses qu'elle pinçait sans doute tous les matins pour leur donner cette couleur. Sa robe était assortie à cette teinte, comme ses petites ballerines toutes neuves. Elle était bien coiffée et bien habillée pour être la plus mignonne possible. Tant d’efforts pour être la plus belle, pourtant Mallorie était incapable d’égaler la beauté naturelle de Lola. Colin ne lui prêta d’ailleurs pas un seul regard.

    Colin ne l’écouta pas. À vrai dire, il ne suivait plus leur discours depuis quelques secondes déjà. La voix de Lola l’avait envoûté. Son cerveau ne fonctionnait plus, laissant place au cœur. Jamais une autre fille ne lui avait fait cet effet auparavant. Mallorie cessa de parler, et Colin sortit de sa transe lorsque Lola lui tendit une brochure. Il la prit timidement.

    Colin la regardait s’éloigner et disparaître au milieu de la cour. Il sourit. Il était amoureux.

    Pourquoi se mettait-il dans cet état ? Il n’y avait aucune chance qu’il lui plaise, se disait-il. Elle était si parfaite. Et il était si… différent.

    Colin se pencha à nouveau vers son seul compagnon, son carnet à dessin. Il passa le reste de la récréation à dessiner Lola. Il la cherchait du regard pour la dessiner sous de nouveaux angles. Jamais il ne s’en lasserait. C’était la seule fille qui n’avait aucun défaut. Ou alors peut être en avait-elle, comme tout le monde, mais contrairement aux autres, elle semblait s’assumer et ne rien cacher. Elle était elle-même et cela était terriblement séduisant.

    Colin rentra chez lui en se perdant dans ses pensées. Il aurait pu traverser le centre-ville et arriver en moins de cinq minutes, mais il préférait faire un détour pour se promener au bord de mer. Le vent faisait chanter les vagues et répandait une douce odeur salée. Colin prit une profonde inspiration et se détendit immédiatement. C’était son petit havre de paix. Il aimait venir ici, le long de la côte sauvage, isolé du reste de la ville grâce à la forêt qui l’encerclait. La plage était tapissée de rochers. Si quelqu’un voulait se baigner ici, il risquait de se heurter à l’un de ces blocs

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