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Les mystères de Rennes
Les mystères de Rennes
Les mystères de Rennes
Livre électronique488 pages7 heures

Les mystères de Rennes

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À propos de ce livre électronique

"Les mystères de Rennes" réécrit la mythologie de l’affaire de Rennes-le-Château. Dans un monde parallèle à l’esthétique victorienne, tout est animé par une divinité vue comme un Grand Architecte. Ce dernier guide les confréries dans leur maîtrise des arts et sciences, des instruments de la vie quotidienne aux grands temples, tous construits selon des lois mathématiques universelles qui s’entremêlent à la mythologie. Le lecteur est invité à explorer les frontières floues entre réel et imaginaire, et à puiser librement des vérités cachées dans cette œuvre riche et complexe.
LangueFrançais
Date de sortie1 mars 2024
ISBN9791042204846
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    Aperçu du livre

    Les mystères de Rennes - Pierre De Flamme

    Présentation de l’auteur

    Plongé dans un bien étrange univers, le lecteur se demandera parfois où se trouvent les limites entre son imaginaire et la réalité, entre notre monde véritable et celui qu’il visite. (Et les deux lignes ne sont pas parallèles. Elles se croisent !) Et c’est bien dans la fabuleuse marmite de : « Les mystères de Rennes » que l’auteur, Pierre De Flamme, est tombé lorsqu’il était enfant. Dans un village doté d’une tour bien mystérieuse, un très vieil homme déambulait dans les rues jour et nuit en criant que l’abbé de Rennes-le-château, Bérenger Saunière avait trouvé un trésor. Pierre connaît donc cette histoire depuis toujours, il a lu de nombreux livres sur le sujet, consulté un grand nombre de sites… Il avait envie de porter cette histoire au plus haut, de la magnifier plus encore…

    — LE DIX-SEPT JANVIER vaut [(72+30)+(24+54+48)+

    (18+30+84+24)+(60+6+84+36+54+30+12)] = 666 avec le codage Anglais hexaédrique.

    I

    L’horloge ne sonnait pas

    Un soir, il y a quelques semaines de cela, alors que j’étais en vacances dans le village de Guimbières dans le district départemental des Hautes-Lauthes, je m’avançais au milieu de la foule des crêteux, des cybers-zonars, des darks-sides et des post-vikings qui achetaient, qui déambulaient avec leurs plateaux et qui discutaient, pour aller manger dans une sorte de petit repas organisé sur la place, par une association de Punk riverains qui s’adonnait à la promotion du bien vivre et aussi du bien manger local. Je passais devant un puits décoré d’une petite pyramide inversée portant le signe R+C. Je restais, un instant, comme privé de mouvement, observant ce dessin, repensant aux héros (qui peuplaient les vignettes de certaines gazettes) qui tombent dans un puits, prélude d’une histoire qui va commencer par leur propre introversion. Ce qui signifiait que toute l’histoire de leur vie devenait symboliquement bien hermétique. Je repartais dans la direction que j’avais choisie. Je laissais se déplacer devant moi un groupe de NNN, des nanonains, qui gagnaient l’autre côté de la place. Je ne m’arrêtais pas. Je repérais une table peu remplie. Seuls deux hommes y étaient attablés. Je m’avançais ensuite vers eux pour m’installer à leurs côtés, écoutant une nouvelle conversation. Le plus âgé des deux parlait avec emphase de notre capitale, Éllyon ; ville où l’on venait de terminer la construction de la belle tour Zaepffel, une immense structure de gros rouages, de vis énormes et de masses métalliques qui semblaient monter jusqu’aux nuages. Et je n’avais jamais eu l’occasion d’aller visiter ce monument moi-même !

    Mais j’en avais vu des images dans : « L’incorrigible de gauche », le journal éminemment social. Ce fut la préparation de l’exposition mondiale de 1879 et la volonté de notre roi d’épater le reste de l’Æther qui décidait des premiers coups de pelle mécanique, le 26 janvier 1877. Le jour du vingt-six fut choisi par ce que selon notre calendrier, ce jour était bien divin. Tout était déjà préparé, des plans jusqu’aux sacs de ciment de Marseille. Il ne restait plus qu’à poser les deux millions cinq cent mille rivets pour assembler les immenses morceaux de métal, préparés bien à l’avance par les cent cinquante ouvriers de l’usine de Le Valois Perret puis, de tout peindre aux couleurs initiatiques de notre immense royaume, le bleu Gallian (le meilleur rapport absorption/émission de la lumière astrale se fera toujours dans un ton bleu foncé comme il est possible de le voir peint sur les volets des maisons de l’île de Ré). Certains jours, il y avait jusqu’à trois cents bons ouvriers sur le chantier ! Lorsque j’avais lu l’article dans le journal, je n’avais pas osé m’imaginer les sept mille trois cents tonnes d’acier bunké et les soixante de peinture sans plomb. Le 27 mars 1879, tout était terminé. Le chantier avait été exécuté… En très exactement sept cent quatre-vingt-dix jours ! Incroyable ! Parmi les cent huit projets qui furent proposés, ce fut celui de la géniale entrepreneuse inventeuse Geneviève Zaepffel qui fut retenue et qui, par conséquent, donna son nom au bâtiment. Cette femme, qui partait de rien, avait tout réussi. Elle avait monté une entreprise puis deux, en avait racheté trois ou quatre encore. Elle avait même racheté un club de ballon prisonnier, notre sport national. Pour l’occasion, elle avait choisi l’architecte Stephen Sauvestre et deux ingénieurs : Maurice Kœchlin et Émile Nouguier. Ce fut la plus grande prouesse technique qui ne fut mise au point après celle (plus ancienne) du phare d’Alexandria. Et c’était là, dans cette immense ville bondée qu’avait été boulonnée Steampunk Joe, la statue du Punker idéal et le héros de notre roman national.

    (Une belle histoire façonnée d’après divers éléments historiques véritables, réarrangés, bien polis et lustrés pour les rendre beaux, merveilleux pour une masse d’enfants, d’adultes et de vieillards non pensants) Il était facile de comprendre pourquoi :

    « Toutes les voies de communication sont confisquées au profit d’une propagande massive et mensongère. Il est temps de changer de système. Parce que le peuple de Gallia se fait bien tous les jours confisquer sa démocratie par des urnes qui sont bourrées, par des organismes curieusement privés qui décident bien à leur place, par des commissions de nobles qui ne sont pas élus et par un système de signatures totalement honteux… »

    Du moins, c’est ce que prétendaient en substance les tracts Nomarchistes. Diverses autres curiosités peuplaient notre capitale formant ainsi tout un zoo de mécaniques monstrueuses et de parfaites pièces patinées par le temps : Parmi celles-ci, il était possible d’énumérer le haut-relief de : « L’ours à l’étoile polaire » (qui se caractérisait par des détails très saillants qui ne se détachaient toutefois pas trop de leur profondeur), la statue du Pingouin mécanique sur un pavé dont les couleurs alternaient le noir et le blanc, l’imposante énormité du : « Lion vert », celle d’un coq (de trois cent quatorze empans de hauteur), animal fier et majestueux, symbole éminent de notre nation, de la famille des gallinacées dont le nom venait de l’Hébreux גל, Gal (mot qui acceptait diverses traductions : pierres, ruines, monceaux, source, flots ou ondes. Les deux dernières acceptions peuvent faire référence aux rayons de lumière). Cet oiseau attribut d’Hélios et d’Apollon annonçait la résurrection quotidienne de l’astre du jour et présidait à la défaite des ténèbres. Il s’agrippait au serpent Python enroulé sous la forme d’un Ouroboros qui, lui, symbolisait les cycles de la matière. Il y avait encore le Sphinx de Tanis dans sa crypte (et bien d’autres). Éllyon et ses environs étaient également garnis de palais. De tête, il était possible de compter celui des Tuileries, ceux des Champs-Élysées, du Temple, de Commercy, de Versailles, de la contrefaçon, des arts militaires, de l’ancienne batellerie et du Louvre.

    À l’intérieur de ce dernier, toute une galerie initiatique était consacrée au frère jumeau d’Artémis (toujours ce même Apollon). Et enfin, il me fallait citer les catacombes, une œuvre au noir par excellence que tout : « Le petit peuple » qualifiait : « …d’endroit anxiogène pour bon nombre des citoyens de notre royaume ».

    J’avais fait le tour des échoppes montées pour l’occasion. Ce soir-là, de nombreux Steampunkers et des Steampulpeuses servaient de la nourriture à tout loisir et je dois dire ici que j’étais heureux d’avoir dépensé quelques Tournois. J’avais acheté mon plateau composé d’un plat de pâtes BIO aux plantes cueillies manuellement dans les causses du Quercy, de deux grosses tranches de pain de campagne au son biologique produit en permaculture, d’un fromage crémeux de chèvre BIO issu de race alpine, le Rocamadour AOP et d’une demi-bouteille de vin d’un célèbre vin BIO de Cahors, le Domaine-des-trois-gabelles. Quelqu’un me l’avait ouvert et je m’en versais quelques centimètres dans un beau verre en céramique naturelle. Élevée en fûts de chêne, cette prestigieuse cuvée, reconnaissable à sa robe grenat, me promettait un délicat petit bouquet de fruits rouges. Je laissais le vin s’aérer un peu, mangeant mes pâtes à satiété.

    Les deux Punks qui étaient assis non loin de moi discutaient d’un groupe bien curieux : « La fraternité d’Héliopolis » (en Grec, son nom désignait la cité du soleil). Ils se réunissaient dans l’arrière-salle d’une boutique spécialisée dans les ouvrages hermétiques anciens. Ils organisaient deux fêtes par an (celles des fous, des fainéants et des folichons. Elles avaient pour animal-totem, le zèbre, le cheval et l’âne. Trois animaux qui avaient pour caractéristiques d’être d’un genre equus ou caballus). Leur conversation commençait à bien m’intéresser lorsqu’un des protagonistes apprenait à l’autre que l’âne était une figuration de la matière première des métalalchimistes (au temps de la conception de l’ânon, la substance vitale du père était le véhicule du Soufre, la matière matricielle de la mère était le réceptacle du Mercure et le placenta dans lequel ils se réunissent figurait l’œuf philosophique).

    Ils considéraient que l’accroissement de la matière métallique était tout à fait analogue à celle du végétal et de l’animal. Il citait un magazine qui s’intitulait : « Les mystères du Punk ». Un journaliste y posait cette question :

    « Qu’est-ce que la Pierre philosophale ? »

    Il répondait à cette question par une affirmative :

    « La Pierre philosophale est un ferment métallique. Une diastase minérale. C’est une substance poussée au rouge. C’est le ferment qu’il nous faut utiliser. Il s’agit d’un composé organique. Il suffit de placer les trois substances dites philosophiques dans un œuf qui ira lui-même dans un fourneau à réverbère. Lorsque la conjonction s’opère, elle donne un ferment neutre. Il faut y mettre un peu d’or pour ce dernier devienne un ferment de l’or. »

    L’un des deux Punks lui demandait :

    « Très bien. Mais comment procéder à la fabrication ? »

    Je vais t’expliquer :

    « Le journaliste de : « Les mystères du Punk » écrivait qu’en premier, nous devions réduire notre or en une sorte de chaux. Nous avions besoin de prendre de l’or en feuilles. Nous devions le dissoudre dans du mercure vulgaire. Nous devions le laver (et le pétrir de façon à ce que l’amalgame soit dur) et que l’eau sorte claire. Il écrivait encore : dans une capsule de porcelaine, placez un amalgame (ainsi qu’un acide obtenu de la façon suivante : Prendre mille parts d’acide nitrique à quarante degrés. Ensuite, ajouter trois cents parts d’une matière animale quelconque sans graisse. Chauffez jusqu’à dissolution complète de la matière et filtrez. Le produit obtenu est un dérivé de l’acide oxalique (qui a pour composition : C2H2O4), la composition de cet acide est C4H2O9. Et tout en ne dissolvant pas l’or, cet acide fait disparaître le mercure. C’est ainsi que s’ouvre l’or : il s’agit du procédé de la calcination par voie humide ».

    « Et ensuite ? »

    « Ensuite, rappelle-toi de cette fameuse substance qui est une pierre (sans être une pierre) et qui est en fait, l’huile de pierre, le petra oléum. Lorsque les métaux vulgaires ont été ouverts, elle provoque leur évolution. Et l’auteur de l’article écrivait encore : « Le mélange de cette huile de pierre et de l’or bien ouvert produit une substance grasse qui va rendre le verre malléable. Selon les oxydes métalliques que vous rajouterez à ce petit mélange, vous donnerez au verre les différentes couleurs qu’ont les pierres précieuses. »

    Je m’approchais et j’intervenais dans la conversation.

    « Bonjour ! Toutes mes excuses, mais… Je vous ai entendus. J’aimerais moi-même bien savoir comment se fabrique le fameux mercure philosophique. »

    « Bonjour. Prenez cent parts de bismuth à l’état métallique (et porphyrisé) et trois cents parts de dichlorure de mercure. Mélangez le tout. Écrasez le tout sur un marbre de verre avec une molette en l’arrosant avec de l’alcool. Transformez la pâte obtenue en boulettes que vous ferez sécher lentement à l’étuve sur une plaque. Placez-les dans une cornue de porcelaine dont le chapiteau s’enlève à volonté, et au col de laquelle vous ajoute un vaisseau de rencontre muni d’un matras trempant dans un mélange réfrigérant. Les jointures lutées, vous chaufferez progressivement jusqu’à ce qu’une perle de mercure descende dans le vaisseau de rencontre. Quand il ne passe plus de mercure, vous chauffez jusqu’à cinq cents degrés afin d’en faire disparaître le reste. Vous démonterez tout l’appareil. Alors, vous apercevrez en haut du chapiteau des fleurs argentines cristallisées que vous retirerez. Dans la panse de la cornue, vous trouverez un caput mortuum que vous pulvériserez avec le mercure du matras en y ajoutant cent parts de dichlorure de mercure. Vous redistillerez jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de fleurs argentines. Vous introduirez les eaux provenant des deux distillations et les fleurs argentines dans un matras de forme ronde à long col. Vous placerez le tout au bain de sable et vous commencerez par une température de cinquante et un degrés pour finir à cent.

    Chaque jour, vous ferez faire un demi-tour au matras pendant quinze à vingt-huit jours jusqu’à ce que vous veniez obtenir une eau limpide aux reflets métalliques, brillante comme le mercure vulgaire (de même densité, mais de propriétés différentes), c’est cette eau limpide aux reflets métalliques qui est notre voûte. »

    Nous discutions en mangeant, en confrontant nos opinions et en prolongeant agréablement le temps, dans ce mois très anormalement ensoleillé de fin décembre. J’échangeais mon adresse avec l’un des deux personnages (le plus âgé). Le premier s’en allait vite lorsqu’il avait fini. Il me souhaitait une bonne soirée ainsi qu’une bonne nuit. Et lorsque j’avais à mon tour terminé, je me levais et je remerciais mon interlocuteur pour cette fameuse soirée. Je le laissais terminer son repas. Il avait (lui aussi) presque fini. Je traversais entre les tables, entre les différentes fraternités de Punks. Je me dirigeais en direction d’une poubelle. Je me plaçais dans la rangée.

    J’attendais derrière des métaverses, des mechtoriens, une blue bell’s girl, une spycie et aussi un dual-tone. Je m’avançais. Mon tour arrivait enfin. Je vidais mes déchets alimentaires dans un sac transparent en plastique BIO d’origine végétale qui serait incinéré dans une usine spécialisée. Les cendres ainsi produites pouvaient être retraitées et blanchies. Et elles seraient réutilisées un jour. Ensuite, je repartais avec mon plateau. Je retraversais la place en direction du stand de l’association de Punk riverains. Une dame attendait celles et ceux qui venaient lui ramener leurs plateaux (une charmante Pink-Punk). Elle me rendait un demi-Tournoi. Alors, je la remerciais en lui souriant. Elle me rendait mon sourire. Je lui disais :

    « Au revoir, merci et bonne soirée ».

    Elle me rendait mes salutations. Je repartais en repensant à la conversation que je venais d’avoir à table. Ils m’avaient donnes leurs adresses. J’en reverrais au moins un des deux un jour. J’avais lu des détails importants sur l’athanor (l’appareil qui servait à fabriquer la pierre). Il s’agissait : « d’un fourneau à réverbère composé de quatre parties indépendantes les unes des autres et pouvant se superposer. La première partie figurait une coupole ; elle était munie d’un thermomètre maintenu par un bouchon de liège. Dans la seconde partie (qui était un cylindre parfait), quatre ouvertures circulaires garnies de vitres. Elles étaient toutes percées. Ce qui permettait de surveiller l’opération. C’était bien dans cette partie que logeait le têt contenant du sable fin sur lequel reposait l’œuf philosophique (il me faudrait avoir soin d’enfoncer doucement l’œuf, jusqu’à ce que la surface de la matière qu’il renferme coïncide avec celle du sable). Le vase qui contenait du sable était supporté par une légère grille placée de façon horizontale entre la seconde et la troisième partie de l’athanor ou maintenu par des agrafes ».

    Je quittais la place et le remue-ménage provoqué par les riverains de Guimbières. Je croisais à nouveau quelques Punks. Deux dark-makers et un scaphandrier. J’allais me réfugier de l’autre côté de la rue. J’entrais dans un petit bar ambiance tout à fait sympathique (l’Atlas). Je m’asseyais seul à une petite table. Je commandais une blanquette de Limoux BIO. J’adorais. Bien fraîche. Une estrade était posée dans le bar. Je reconnaissais le présentateur (tout le monde connaissait le célèbre Luchino pour sa gouaille et son accent tout droit venu de l’île de Ré). Il venait présenter un show avec deux drag-queens. La demi-cocotte qui était venue m’aborder repartait vers le zinc (c’était bien là mon métal préféré). Je me laissais ainsi divertir par le spectacle. Car, je ne voyais pas le temps passer. Elle revenait avec ma boisson sur un plateau d’argent. Elle la déposait devant moi sur une petite cartonette joliment décorée aux couleurs d’une autre boisson… (nationale, celle-là : Le Bleu). Je lui laissais deux Tournois. Ensuite, elle repartait s’occuper d’autres clients. Je restais dans ce charmant bar une heure ou deux. Luchino venait de nous présenter Ballil, un transhumaniste (un magicien qui avait transmuté le grand roi de carreau en belle dame de cœur) ; je sirotais ma boisson. Je me délectais du spectacle. Je m’en allais tard dans la soirée. Je rentrais dans ma chambre d’hôtes.

    Trois jours s’étaient écoulés et j’étais rentré chez moi, dans mon village, à Hautefage-la-Tour. Mais quelle ne fut pas ma surprise de recevoir une lettre que j’allais cueillir, comme une jeune rose, toute fraîche, dans ma boîte, par un beau matin ensoleillé ! Je ne me doutais pas qu’il pouvait s’agir de l’un des Punks-habitants que j’avais rencontrés tout au long de mes vacances. Je rentrais chez moi, ma seule lettre à la main, marchant tout à fait normalement dans la rue. J’ouvrais la porte, je rentrais et je refermais derrière moi. Je posais ma lettre sur la table de la salle de séjour, en compagnie de mes clefs que je posais par-dessus. J’abandonnais quelques instants tout cela pour me diriger vers la cuisine. Je prenais de l’eau au robinet en tournant une manivelle qui actionnait une mécanique dont je ne soupçonnais pas l’existence et qui nettoyait, purifiait bien et convoyait le précieux liquide des montagnes et des rivières de notre pays. L’eau coulait dans une casserole noire que je plaçais sur mon electrogaz. J’appuyais sur un bouton pour l’allumer puis j’attendais quelques instants avant d’ouvrir un placard.

    J’observais et je cherchais une boîte en métal que je trouvais rapidement. Je la récupérais, je la posais plus bas et j’en extrayais facilement un sachet de thé noir BIO. J’ouvrais la porte d’un second placard dans le but évident d’en retirer une tasse que je reposais plus bas après avoir refermé. L’eau commençait à bien se dandiner et à chanter. Je revenais vers elle avec ma tasse et le sachet à l’intérieur. J’éteignais mon moyen de chauffage. Je me redirigeais vite en sens inverse, en direction du séjour. Ma tasse commençait à bien me chauffer les mains. Je la posais et je m’asseyais tranquillement. Je déplaçais les clefs de ma boîte aux lettres pour aller les ranger sur le crochet où elles n’attendaient plus que mon bon vouloir (presque tous les jours de la semaine). Je reprenais la lettre dans mes mains, observant mon nom écrit à la punkplume. Ensuite, je la retournais. Je reconnaissais le nom. Je comprenais bien qu’il s’agissait évidemment de mon nouvel ami. À ce moment précis, j’eus un minuscule instant d’hésitation. Mais… Elle me semblait bien durer une éternité. Il m’écrivait.

    (Son écriture était toute en rondeur et en dénivelés) C’était pour me demander de venir le retrouver. Que devais-je lui répondre ? Sur l’instant, je n’en savais strictement rien. Mais, le jour où je venais le voir, je n’étais ni trop en avance, ni trop en retard sur ce que je lui avais répondu. Je voyageais en aérotransport. C’était une petite ligne qui se dirigeait en direction de Guimbières. J’étais assis sur un petit siège qui était très confortable. Mais j’étais gêné par du bruit. Un homme blond, à la voix suave qui portait un modèle de lunettes qui m’était inconnu, discutait avec deux autres passagers. Le ton grave de sa voix rendait mon repos assez difficile. Ils n’étaient pas du tout d’accord sur ce que pouvait être la notion ou la définition du divin. L’exercice que je m’apprêtais à réaliser avait pour but de démontrer que (comme dans la taille d’une pierre, le travail d’une idée imagée pouvait varier selon l’angle d’attaque) d’une personne à l’autre ou bien d’une situation à l’autre nous ne voyions pas du tout les mêmes détails des mêmes évènements (c’était uniquement une question de point de vue. De plus… C’était aussi une question philosophique et non technique. Puisque nos fraternités sont avant tout des écoles de philosophie). À ce Cyberprep d’un âge incertain (qui était grand et très large d’épaules) dont les cheveux étaient longs et blancs, je répondais :

    « Bonjour. Excusez-moi, mais je vais vous donner une réponse simple à votre questionnement, messieurs. Elle va se diviser en trois postulats de base. Voilà un postulat de base qui est bouddhiste : dans les échelles plus ou moins grandes de l’univers, il n’y a que les planètes, les étoiles et leurs variantes, quelques débris qui se baladent et ce qui ressemble pour nous à du vide (mais qui n’en est pas du tout…) À ces échelles, l’être humain n’existe pas. Dans l’infiniment petit, il n’y a que les protons, les neutrons et diverses autres sortes de particules toujours séparés par ce qui n’est pas réellement du vide. À ces échelles, l’humain n’existe pas non plus. En réalité, nous n’existons qu’à notre propre échelle de conscience et donc, tout n’est que le fruit de notre imagination.

    Et si tout n’est que le fruit de notre imagination, alors rien n’existe et ce que les anciennes religions nommaient Dieu non plus. Dans un postulat de base qui est gnostique : Si on considère que Dieu est l’univers et que l’univers est l’ensemble de la matière, vu que nous sommes faits de la matière des étoiles, donc de l’univers… Alors, nous sommes en Dieu et Dieu est en nous. Et finalement tout est Dieu. Alors puisque nous existons, Dieu existe. Dans un postulat de base qui est fraternel, hermétique et alchimique : La naissance des prophètes (quels que soient les noms qui leur étaient donnés autrefois) n’est qu’une belle allégorie de la création de la pierre philosophale. Des matières éparses et présentes tout autour de nous dans la nature peuvent être assemblées par un travail qui permettra de créer : La Pierre philosophale au blanc (une matière qui n’est absolument pas fixée), la Pierre philosophale au rouge (une matière transparente et brillante) qui est soluble dans l’alcool (elle constitue ce que les anciens appelaient l’élixir de vie éternelle). Là, elle est la matière dans lequel le porteur de lumière s’incarne. Donc, d’après ce postulat, Dieu existe bien en toute potentialité et peut être fabriqué ! »

    Les trois Punks m’avaient écouté avec avidité.

    « Eh bien dis-donc ! Vous en savez… »

    « Ah oui, c’est vrai… »

    Et ils repartaient très vite dans leur conversation et dans leurs tergiversations. Au lieu d’éteindre le foyer, je n’avais, hélas, fait que de le raviver. J’avais nourri toutes leurs spéculations. Je décidais de commander un grand verre d’eau à la première des Steamwarts qui passerait. Je prendrais une gélule de plantes pour dormir (un mélange de passiflore, escholzia, valériane et houblon BIO).

    Je me retrouvais dans l’une des ruelles de Guimbières (dans l’intention de le revoir…) Je marchais tranquillement en repensant aux derniers moments de mon voyage dans le petit aérotransport. Les moteurs étaient arrêtés. La passerelle était descendue. Nous allions quitter l’aérostat en empruntant les marches.

    La conversation des trois Punks (ceux avec qui j’avais parlé) s’était maintenant terminée. Ils s’occupaient de leurs bagages (et sûrement de la suite de leurs voyages). Un green-veggie était derrière moi. Un couple de daft-punkers était devant moi (leurs corps étaient entièrement recouverts d’une combinaison grise métallisée. Leur tête était placée dans un grand haut de casque. C’était bien à ce moment que j’avais découvert que j’avais voyagé avec cette célèbre chanteuse : Isabelle Alexandra. Quelle rencontre ! Je n’en revenais toujours pas. Je continuais mon chemin dans les rues pavées lorsque j’arrivais sur une place que je reconnaissais très bien. Pourtant, sa physionomie avait changé du tout au tout. Les tables avaient disparu. Les marchands aussi. Ainsi que les conversations et tous les gens qui mangeaient. Comme si la vie avait disparu elle-même. Je regardais tout autour de moi. Cette place me paraissait bien plus grande que la première fois. Mon regard se retrouvait tout à coup attiré par un ensemble statuaire. Piqué par ma curiosité, je m’avançais (oubliant quelques instants mon rendez-vous). Je me rapprochais découvrant une statue de Michel. Assurément, je le reconnaissais : il levait une épée flamboyante vers le ciel, un rosier poussait à ses pieds. Elle portait trois fleurs. Ces trois fleurs étaient à trois différents stades : le bourgeonnement, l’ouverture et la pleine floraison. Le mot de rose venait du sanscrit Vrad qui désignait ce qui était un adoucissement. Je comprenais tout de suite le lien évident qu’il y avait avec le mot éolique ωρηοδιον, wrodion qui désignait la seule couleur rose. Cette citation me revenait à l’esprit :

    « Je ne puis me plaindre que les buissons de rose aient des épines ou me réjouir que les buissons d’épines portent des roses… »

    (Mais, après tout… La métalalchimie n’était-elle pas une poésie de la nature ?) Je continuais ma route. J’arrivais devant un bâtiment en pierre. Une petite porte gothique était en face de moi. Elle m’attendait. Cette devise figurait au fronton de l’entrée (de ce qui était en réalité une franche caverne) :

    « Que nul n’entre ici s’il n’est géomètre ! »

    Je me rappelais les avoir vus ces mots sur le fronton d’une école en Grèce (l’école de Platon). Dans les beaux jardins d’ακαδημoς, akadémos : Et la géométrie se pratiquait avec un compas et une équerre (qui associés entre eux forment un losange). J’étais presque pile à l’heure, même à la dernière minute près, au bon endroit, au bon moment. Mon nouvel ami discutait sur la place avec des proches. Il m’accueillit chaleureusement et me serrait la main et me présentait ses camarades, un crêteux et une métaverse. Il m’invitait à le suivre. À quarante-cinq ans, je pensais n’être encore pas trop mal. Du moins, en esprit. Mais toutes mes illusions s’égaraient rapidement devant l’intelligence des peintures qui transcendaient la crypte dans laquelle je me permettais de descendre (à sa suite) et qu’il avait aménagées toute sa vie en librairie. Ici, le symbolisme s’étalait partout. Il me montrait son tableau préféré, une toile d’Edgar Allen Poe.

    « L’image peut engager celui qui la regarde dans une voie de garage. Elle peut être un leurre pour l’esprit, pour celui qui ne sait pas en décoder la signification et ce dernier peut passer sa vie dans un aveuglement le plus total et n’y voir bien que du feu, sans rien comprendre. Il peut, aussi, se perdre corps et âme dans un labyrinthe de terre. Parfois l’art peut vous noyer sous une avalanche de couleur ou de formes très aériennes.

    Et pourtant, tout est tellement plus grand que cela ! Voyez-vous, le Grand Archipeintre n’est pas caché, c’est le Punk lambda qui est non-voyant. Et rendre la vue aux aveugles peut nous permettre de leur ouvrir les yeux sur les vérités et les beautés de notre monde. L’être humain, celui du monde commun, du monde profane, ne voit généralement pas plus loin que le bout de son nez ou de la rue et sa vision lointaine est absente en lui. C’est ainsi que je révèle un secret dans mon nouveau livre qui s’intitule : « L’art tend son miroir à la nature… » C’est une citation d’Oscar Wilde, vous l’aviez sûrement deviné, je suppose… »

    Il ne me laissait pas le temps de lui donner une réponse qu’il reprenait sa prose :

    « J’explique au néophyte, en préambule, que ce tableau est le premier d’une série de trois aux dominantes noires, blanches et rouges. Nous pourrions ainsi tous l’observer pendant des moments interminables, nous pourrions essayer d’en détailler son acrylique, voire même d’en résumer la détrempe à ceci ou cela que nous perdrions notre précieux temps. Il y a fort longtemps de cela maintenant, parce que l’auteur de cette toile nous a quittés, il y a très exactement cinquante et un ans, Edgar Allen Poe écrivait, de façon codée dans son testament qu’un secret existait dans ces trois œuvres et que ce secret n’apparaissait que dans la réunion des trois tableaux, les uns au-dessus des autres éclairés par une forte lumière. Comme vous devez le savoir, le second tableau est au Métropolitain Museum et le troisième est censé avoir été perdu. Mais, je ne doute guère, qu’en réalité, quelqu’un l’ait bien, oublié dans un coffre, une réserve ou même qu’il ait été recouvert par une autre peinture plus récente, elle. C’est-ce qui se dit… Aussi. »

    Je restais abasourdi par tant de connaissances sur l’art. Comment pouvais-je admirer une telle œuvre murale sans trop me poser de questions ? Et je constatais à mon grand désarroi que plus bas, les livres, tels des soldats, se positionnaient en rangs serrés sur les tables. Mon nouvel ami (que tout un chacun nommait Maître Mirah) me parlait d’une voix très chaleureuse, bien qu’enrayée par les bouffées de jovialité qui venaient nourrir ses réflexions.

    — MAÎTRE vaut (225+9+153+117+81+81) = 666 avec la table du Carré alphanumérique par neuf.

    — MIRAH vaut (600+10+200+8) = 818 (Mem final, Iod, Reish, Heith) (8+1+8) = 17 et (8+18) = 26 avec le codage de la Kabbale.

    Il guidait mes pas vers une autre œuvre.

    « Voyez-vous, cher ami, ceci est un vernis Byzantin. Malgré que cela soit très ancien, certains pensent que ça n’a pas de valeur, mais moi, je dis au contraire que ça n’a pas de prix. C’est une de ces représentations de Saint-Luc peignant la vierge.

    Regardez de plus près, à l’arrière-plan, vous y verrez un Grand Architecte maniant le compas à l’allure tout à fait mauresque. Et mieux, dans son arrière-plan à lui, qu’y voyons-nous ? Une rivière, un acacia et quelques épis de blé… L’un des promoteurs les plus importants de ces styles artistiques, différents, certes, mais unis par un même intérêt, fut le peintre et critique littéraire Joséphin Péladan, qui créa le salon de la Rose-Croix. Celui-ci accueillait alors, le temps de son existence, toute une série de présentations d’avant-garde artistiques… »

    Il arrivait à se livrer, à être dans l’instant présent de l’émotion et son enseignement était constamment ponctué d’anecdotes toutes aussi croustillantes et intéressantes les unes que les autres.

    « C’est lors d’un salon du livre, sur une petite place bordée d’un muret que je fis la connaissance de celui qui allait devenir mon maître à penser, mon mentor. Après mon arrivée, j’avais rencontré les organisateurs, pris un pot de bienvenue avec quelques croissants de lune et un Royal-café puis, je m’étais laissé guider par une dame charmante vers ma place. Mes deux livres étaient installés sur une table, en plusieurs exemplaires. Je discutais avec ma jeune voisine de gauche le temps de quelques instants. Puis, en milieu de matinée, mon voisin de droite m’interpellait de sa grosse voix éraillée par l’âge. C’était une voix du sud.

    « Eh, petit ! Tu t’y prends mal. Très mal. Il te faut engager la conversation avec les Punk-people qui passent devant toi. N’as-tu pas observé comment je fais ? Dans la conversation, commence à écrire et à dédicacer et si le cyber-zonar ou la harpie-zombie ne te prend pas le livre, arrache la page. Mais prévois avec ton éditeur de faire des livres avec deux ou trois pages blanches ! »

    Il s’agissait de faits du passé liés à son métier. Et au milieu de toutes ces œuvres anciennes, il y en avait de plus récentes de Man Ray, de Roberto Matta, d’Alberto Gironella, de Wifredo Lam, de Leonora Carrington, de Jean Degottex, de Gérard Schneider, de Serge Charchoune, d’Hervé Télémaque, de Hans Hartung…

    Il me racontait ensuite une histoire qui était arrivée à sa mère dans les années dix-huit cent soixante, lorsqu’elle tenait, elle aussi, une galerie :

    « L’un des tableaux que ma mère possédait était resté dix-sept ans à l’envers et personne ne s’en était jamais rendu compte. Un jour de septembre, une dame passait et reconnaissait les œuvres de son père parmi toutes les autres. Elle rejoignait alors la propriétaire, se présentait, discutait quelques instants avec elle et finissait par sortir de son sac en faux cuir, une image peinte, protégée sous un voile de papier transparent, de son père qui posait devant ledit objet qui était visiblement placé dans un autre sens. Et à sa grande stupéfaction, elle reconnaissait qu’elle s’était longtemps trompée. Elles s’aidèrent mutuellement, l’une l’autre, pour le renverser. Après une courte observation de satisfaction, elle s’aperçut de la présence d’une lettre R, ce qui faisait de son auteur un membre évident de l’Ancienne et Récente Confrérie de l’Airpunk (la fameuse A.R.C.A). Une confrérie invisible pour le monde commun des Steampunkers et des Steampulpeuses puisque c’était le groupe des aéronautes, avant que les vols modernes ne fussent inventés ».

    Tout à coup, un bruit de sonnette retentissait. Maître Mirah me regardait en levant un doigt au ciel.

    « Quelques instants. Je n’en ai pas pour longtemps ».

    Il se dirigeait vers l’entrée pour aller accueillir le client. Je me retrouvais positionné en retrait, un peu à l’arrière de cette échoppe. Je n’entendais presque rien de leur conversation, mais je comprenais que l’homme qui venait de rentrer, demandait le livre d’un homme politique. Ils se dirigeaient tous les deux vers une petite table. Le vendeur regardait à droite et à gauche puis, finalement, trouvait l’exemplaire demandé. Il en prenait un et le plaçait dans les mains de l’acheteur. Ils se dirigeaient vite vers la caisse. Le premier sortit une bourse de l’une de ses poches et lui tendait un gros billet. Le second tapait sur quelques touches mécaniques de sa caisse enregistreuse qui s’ouvrait, encaissait le billet et lui rendait de la monnaie.

    Il reconduisait le client vers la sortie, en le remerciant puis, d’un pas encore leste malgré le temps, il revenait vers moi. Cet après-midi-là, entre deux clients, il m’enseignait que, dans l’écriture d’un livre, le plus dur était de parler en plaçant un voile discret devant la réalité (c’était ce que je pensais avoir bien fait aujourd’hui…) Dans la conversation, il me proposait de venir avec lui à Rennes-le-Haut. Il y connaissait un ami, depuis de nombreuses années qui possédait pied-à-terre en campagne et un atelier discret dans la grange d’une propriété. J’allais enfin voir, après Gisors, le second lieu du plus grand mythe urbain de tous les temps, le mythe qui réunissait tous les mythes, si grand, si puissant, que tous les vingt ans, comme le phénix, il renaissait de ses cendres. Je revenais quelques semaines plus tard en compagnie de ma magnifique valise Vintage Olivers et de tout le nécessaire bien logé à l’intérieur. Le lendemain matin, nous partions. Il était habillé d’une vieille redingote tout usée de chez Steamer’s. Nous achetions donc chez le même couturier. Je m’en souviens, c’était un 14 janvier, trois jours avant la date fatidique du 17. Il faisait anormalement chaud à cette date. Il ne pleuvait pas ni ne neigeait. À vrai dire, il faisait beau ! À l’aérogare, nous montions dans l’Aquabus. Voilà, nous étions partis pour plusieurs heures. Il nous faudrait faire un changement et prendre une grande ligne volante entre Sainte-Agine et Veulx-la-Rouge puis, une seconde, plus petite pour débarquer dans la petite ville de Rennes-le-Bas quelque part au sein du district départemental des Laudes. Durant les trois vols, je me délectais de toutes ses anecdotes continuelles sur son métier.

    Il me racontait que très vite, il s’était passionné pour tout ce qui touchait au mystère et au paranormal. Mon maître se lançait encore cette histoire :

    « En mille cent soixante-dix ou peut-être un an plus tard, Reddae, comme on l’appelait à l’époque, tombait sous les coups de l’armée du roi d’Argonne et la ville basse fut rasée ».

    D’un air souriant, il me disait :

    « Imaginer donc : des centaines de cadavres et des ossuaires abandonnés un peu partout, cela en fait des morts à qui soustraire des bijoux. »

    « Oui, en théorie… Mais où chercher ? »

    « Eh bien, il suffit souvent de s’en remettre au hasard le plus pur et il arrive que sans chercher quoi que ce soit, des yuppies ou des demi-cocottes trouvent quelque chose. Différents auteurs du passé, tels que : Frédéric Lewis ou Louis-Charles Jeanteste ont écrit que : « Quelqu’un de Rennes-le-haut, en réalisant de courts travaux pour les fondations de base de l’un de ses bâtiments, découvrit un jour, un charnier dans une sorte de large piscine, de forme ovale et construite toute en pierre. C’était au lieu-dit : « Le chapeau », il y a presque un siècle de cela ! »

    « Cela circonscrit à peu près l’ancienne ville de Reddae »

    « Pensez-vous ! Une ville de trente mille habitants, au bas mot, avec de grandes villas agricoles… Notre moderne Rennes-le-Haut n’est bien (en réalité) que la partie émergée de l’iceberg. Parce que figurez-vous que différents tombeaux et d’autres charniers de l’époque Wisipuntique furent par la suite redécouverts à différents endroits des monts de notre district départemental ! Je pourrais en citer au moins… une demi-douzaine sur les communes de Bugarach, de Lavaldieu, de La Serpent, de Sougraigne, de Saint-Just-et-le-Bézu, de Fourtou, d’Arques, de Campagne-sur-Aude et un peu plus loin, de Périllos »

    Notre discussion, très intéressante sous tous ces rapports, ne se terminait pas.

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