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Les enfants du Quartier
Les enfants du Quartier
Les enfants du Quartier
Livre électronique294 pages3 heures

Les enfants du Quartier

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À propos de ce livre électronique

Les enfants du Quartier arrivent en révolte aux Campanules pour un séjour en montagne d’un mois. Arrachés à leur cité, ils se heurtent immédiatement au groupe d’animateurs et aux autres enfants présents, trop différents d’eux. Vincent et l’équipe vont devoir les défier et faire appel à la montagne pour vaincre leur hostilité et gagner leur adhésion. Y parviendront-ils ?


À PROPOS DE L'AUTEUR


Gilles Zolner a gardé de ses origines un attachement sans faille aux espaces naturels et à la forêt. Tour à tour technicien, agriculteur puis professeur, il partage avec nous, à travers ce premier roman, ses deux passions : la montagne et l’éducation.
LangueFrançais
Date de sortie31 juil. 2023
ISBN9791037791412
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    Les enfants du Quartier - Gilles Zolner

    I

    Les Campanules

    1

    Ils venaient tout juste de descendre du car, devant le long bâtiment.

    Dans la confusion de l’arrivée, due aux autres enfants pressés de sortir récupérer leurs affaires, ils avaient esquivé l’équipe d’adultes au grand complet qui les attendait.

    C’est quoi cette colo de merde ?

    Y s’foutent de nous !!

    Venez, on s’tire !

    Y vont voir… On va leur montrer qui on est !

    Le temps que tout le monde soit regroupé, les 8 avaient disparu. Le plus grand, meneur de la bande, avait à peine onze ans.

    Ils arrivaient tout droit de l’une de ces banlieues sinistres de grande ville transformées en ghettos par une société égoïste et intolérante ; pas encore l’espace de non-loi qu’elle deviendrait plus tard, mais son ébauche. Un quartier déshérité et rejeté, où ils n’avaient connu, depuis leur naissance, que le béton, la misère et la débrouille pour survivre.

    Le centre social, espérant offrir à ces jeunes autre chose que leur sordide quotidien habituel, avait pu obtenir les aides permettant d’organiser ce séjour : un mois en montagne, dans le centre de vacances géré par la ville, construit quelques années auparavant.

    Trop heureuses de se débarrasser quasi gratuitement des mômes pour un mois, les familles avaient facilement donné leur accord ; mais les gosses, eux, n’avaient pas été associés le moins du monde à cette démarche, et ils étaient venus à contrecœur, voire en révolte.

    L’équipe d’animateurs, pleine de bonne volonté, n’avait aucune idée de la situation ; les 8 avaient facilement pu, dans l’agitation de l’arrivée, profiter de l’inattention dont ils faisaient l’objet pour filer au hameau voisin, y chercher tout ce qui leur tomberait sous la main : fourches, marteaux, barres de fer… avant de revenir en découdre, casser cette « colo de merde ».

    L’équipe compta et recompta les enfants devant le car, avant de constater l’évidence :

    Y a pas, il en manque huit !

    C’est pas possible ! T’es sûr ?

    J’ai recompté trois fois…

    Mais enfin où ils sont ? s’énerva l’un des animateurs qui avait fait le trajet dans le car. Au dernier arrêt, on avait tout le monde !

    Il faut les retrouver et vite !

    2

    La veille, les derniers kilomètres de son trajet avaient paru interminables à Vincent ; tout à sa hâte d’arriver, il rêvait avec joie de son futur séjour à la montagne, SA montagne chérie, sans laquelle il était orphelin ; presque deux ans d’abstinence, et il revenait enfin au seul endroit où il se sente chez lui.

    Après toutes ces semaines de préparation, il attendait avec l’impatience de ses vingt ans de découvrir enfin « Les Campanules », ce lieu de vacances qui n’était encore pour lui qu’un nom, où il allait pouvoir mettre en application toutes ces belles choses apprises et préparées, ce projet de séjour soigneusement mûri avec l’équipe.

    Vincent était un vigoureux jeune homme, blond cendré aux yeux bleus rieurs et sympathiques, de taille moyenne, mais bien proportionné ; son corps musclé et façonné par ses innombrables escapades sur tout ce qui ressemblait à un monticule pouvant s’escalader, ajouté à son éternelle tenue sportive et à sa foulée énergique, témoignait d’un solide entraînement.

    ***

    Encore quelques virages, une dernière grimpée, et sa vieille, mais fidèle Renault, essoufflée et cahotante, déboucha au col d’où on découvrait en contrebas le plateau vallonné et boisé, but du voyage, sur lequel alternaient les prés fleuris et les hêtraies parsemées de sapins, entourant le charmant petit village niché au beau milieu.

    Elle avait connu des jours meilleurs sa pauvre compagne d’aventures, mais elle commençait à avoir du mal à suivre les nombreuses pérégrinations, rarement de tout repos pour elle, que son maître lui infligeait sans ménagements. Soulagée et ragaillardie, elle attaqua vaillamment la descente.

    Vincent n’y prêtait guère attention : son regard était rivé sur la tache bleue qui trônait au milieu du paysage, à quelques centaines de mètres du village, à proximité d’un hameau d’une dizaine de maisons.

    Les Campanules : ça ne pouvait être que ça… Ce n’était pas un modèle d’intégration paysagère, il faut bien l’avouer !

    C’était une de ces constructions bâties à la hâte partout en montagne, dans la frénésie touristique des années soixante-dix, alors qu’il fallait répondre dans l’urgence à une demande qui explosait ; peu importait la qualité de la réalisation, pourvu que ce fût terminé dans les délais imposés, toujours trop courts.

    D’un bleu… campanule, qui aurait pu être regardable s’il avait été un peu moins criard, le bâtiment construit depuis quelques années jurait abominablement dans le magnifique paysage du plateau, à proximité immédiate des chalets en bois et des maisons de pierres aux toits d’ardoise du pays.

    Difficile de ne pas le trouver, on ne voyait que lui !

    Tout en longueur sur deux étages, il n’avait rien d’un paradis pour vacanciers fortunés : Un large perron de quelques marches, encadré de deux rambardes en fer forgé, permettait d’accéder par des portes battantes vitrées à un sévère hall d’entrée, d’où on pouvait apercevoir une grande salle impersonnelle sur la droite, et un couloir qui semblait interminable sur la gauche. En face, un grand et large escalier menait à l’étage supérieur.

    On se serait plutôt cru à l’entrée d’un centre des impôts que dans un lieu de vacances destiné à accueillir des enfants…

    Situé dans un lieu calme à l’écart, l’espace extérieur était en revanche plus conforme à l’idée qu’on se fait d’un centre de vacances : La petite route qui desservait le bâtiment ne menait qu’à un chemin forestier un peu plus loin, ce qui assurait la tranquillité et la sécurité du lieu.

    Un grand terrain herbagé en légère pente, qui avait été un pré à vaches, entourait le bâtiment derrière et sur les côtés. Il permettait d’accéder à un vaste bois attenant, aéré et ouvert, constituant ainsi un espace de jeu idéal. L’ensemble formait un environnement agréable, tranquille et accueillant, contrastant davantage encore avec ces locaux bâclés.

    Mais tout cela ne retint en rien l’attention de Vincent. Son premier séjour ne faisait que commencer et il n’avait pas le recul suffisant pour appréhender d’entrée les difficultés que ce bâtiment malcommode et inadapté pouvait engendrer.

    Il n’avait perçu que le cadre magnifique qui l’entourait, où il allait passer ce mois de vacances, lorgnant les sommets qui dominaient le village, auxquels il faudrait qu’il fasse une visite au plus tôt…

    Il parcourut les derniers hectomètres à la hâte, et sans un regard de reconnaissance pour sa Renault exsangue, qui l’avait pourtant une fois de plus amené à bon port sans protester, il claqua sans douceur la portière pour aller à la rencontre de son ami Michel, qui, l’ayant vu arriver, l’attendait sur le perron.

    Hey, Vincent, enfin te voilà ! Tu as fait bon voyage ?

    Michel ! J’ai trouvé le temps long, il me tardait d’arriver ! Les autres sont déjà là ?

    Tu es le dernier, comme d’habitude… il en faut bien un, heureusement qu’on t’a ! Entre boire quelque chose, tu t’installeras après.

    Le jeune animateur et son aîné se donnèrent l’accolade.

    3

    Michel approchait la quarantaine : plus grand que Vincent, assez longiligne, sa longue barbe bouclée, passablement négligée, ses cheveux châtains en broussaille et son air bonhomme attiraient immédiatement la sympathie, que ne démentait pas son attitude ouverte et franche.

    Vincent l’avait rencontré au stage de formation, quelques mois avant le séjour, et Michel lui avait immédiatement plu. Ils avaient sympathisé, discuté de choses et d’autres, avant que Michel ne lui explique qu’il était directeur de centres de vacances, et qu’il cherchait des animateurs pour l’été : c’était la raison principale de sa présence à ce rassemblement.

    Encouragé par la franchise et la vivacité de Vincent, sa connaissance de la montagne et cette tranquille assurance sans fanfaronnades surprenante chez quelqu’un d’aussi jeune, Michel lui avait proposé de rejoindre son équipe : Vincent avait accepté avec enthousiasme.

    Les nombreuses réunions de préparation qui avaient suivi avaient ensuite rapidement développé et scellé l’amitié entre les deux hommes.

    ***

    Michel précéda Vincent dans le couloir, et le fit entrer dans une petite pièce à gauche, où s’entassait toute l’équipe d’animateurs, autour d’une table jonchée de papiers, de verres, de boissons diverses et d’objets en tous genres.

    Cette pièce communiquait avec un bureau plus petit encore, dans lequel régnait un foutoir identique ; sans doute celui de Michel, qui comme Vincent, n’était pas un modèle d’ordre.

    Ils étaient tous là, à l’exception de Jérôme et Valérie qui devaient convoyer les enfants et arriveraient avec eux par le car, le lendemain ; une jeune et joyeuse équipe, dont Michel était de très loin l’aîné. Les autres avaient, à peu de choses près, l’âge de Vincent.

    Tiens, voilà le traînard ! lança joyeusement Isabelle, l’adjointe de Michel à la direction.

    Tu t’es perdu en route ? ça c’était la gouaille de son pote Julien ; pas besoin de le nommer, se dit Vincent.

    Mais non, c’est sa guimbarde qui lui a encore fait des misères ! railla Martine au bout de la table.

    Tous les autres, Céline, Bernard, Julie, y allèrent de leur petite taquinerie :

    Le réveil a pas sonné ?

    T’as p’têt encore l’agenda de l’année dernière ? Faudrait songer à le changer…

    Faut dire que le bâtiment est pas facile à repérer ; t’as dû chercher…

    Vincent s’assit en souriant : il avait l’habitude de ces boutades bon enfant sur ses éternels retards et son inguérissable tête en l’air. Son regard fit le tour de la table, saluant brièvement chacun.

    Isabelle, petite brune aux cheveux courts, avait quelques années de plus que les autres ; elle était aussi vive et spontanée que Michel était calme et réfléchi ; elle formait avec lui un couple de direction détonnant.

    Julien, assis à sa droite, était un grand brun dégingandé aux cheveux bouclés assez longs et au regard vif, qui donnait l’impression d’avoir grandi trop vite. Il avait toujours une plaisanterie à la bouche et s’entendait très bien avec Vincent : leur passion commune de la montagne les avait rapprochés.

    Les autres, de la petite et timide Julie, jolie blonde toute menue aux longs cheveux, à la grande Martine au visage taillé à coups de serpe, un peu garçon manqué dans ses manières comme dans sa façon de se tenir et de s’habiller, en passant par Bernard, avec sa barbiche blonde, ses ponchos et ses éternels rastas, étaient tous des copains d’équipe, rencontrés au cours des réunions de préparation.

    Il avait gardé Céline pour la fin. Lorsque son regard se posa sur elle, elle le fixait et un magnifique sourire illuminait son visage. Son cœur se mit à battre plus fort ; il faut dire qu’elle ne passait pas inaperçue, Céline !

    Ses yeux verts d’eau expressifs et pétillants, qui rayonnaient un charme indéfinissable, encadrés d’une magnifique chevelure auburn légèrement bouclée lui arrivant au milieu du dos, son visage fin et délicat piqueté de quelques taches de rousseur lui donnant un air un peu espiègle, sa superbe silhouette mince aux formes somptueuses, avaient attiré Vincent dès la première réunion de préparation.

    Mais il n’avait pas osé l’approcher ni échanger avec elle autre chose que des propos concernant le prochain séjour. Elle l’intimidait, bien qu’elle ne fasse rien pour cela.

    Troublé, il rougit et baissa les yeux, espérant que personne n’avait rien remarqué.

    4

    Bon, récapitulons l’organisation de l’arrivée des enfants demain, dit Michel après avoir réclamé le silence. Il est essentiel qu’ils se sentent les bienvenus et les premières minutes seront primordiales.

    Après l’arrivée remarquée de Vincent, la réunion avait repris dans un joyeux brouhaha. Michel avait été contraint de passer par son bureau pour regagner sa place, tant la petite salle était pleine à craquer. Ils avaient préféré s’installer dans cette pièce trop petite, que dans l’immense et froide salle de l’autre côté du hall d’entrée, qui n’était vraiment pas prévue pour y tenir une réunion sympathique… On se demandait bien pour quoi elle était prévue, d’ailleurs !

    Le projet minutieusement mûri depuis des mois allait enfin devenir réalité. Pour donner le ton, un jeu extérieur était prévu dès l’arrivée des enfants, afin de leur faire faire connaissance, avant même de les installer dans les chambres.

    Il était futuriste ce projet ! On voulait faire un séjour exemplaire, hors des normes et des clichés : autonomie maximale des enfants, que ce soit dans la vie quotidienne ou les activités proposées, levers, petits déjeuners et couchers échelonnés, adaptés aux rythmes individuels, accès permanent aux chambres, choix pour chaque enfant d’ateliers d’activité tous les jours…

    On l’avait peaufiné pendant des mois, on en était fiers. Les plus petits détails avaient été analysés, au cours d’interminables débats, dans des réunions animées se terminant à deux heures du matin.

    On avait tout envisagé… Sauf ces locaux « campanulesques » que Vincent, comme le reste de l’équipe, découvrait à son arrivée : en bon état, car récents, mais à part leur joli nom, catastrophiques, car totalement inadaptés.

    Le couloir, sombre et étroit, courait jusqu’à l’extrémité gauche du bâtiment. Il desservait différentes pièces, toutes trop petites, servant faute de mieux de bureaux, lieux de réunion, buanderie, infirmerie, locaux à matériel…

    La grande salle aperçue par Vincent à son arrivée, qui tenait lieu de salle d’activité, était aussi peu conviviale qu’il était possible : un trop grand rectangle où on aurait pu tenir un colloque, impersonnel et bien peu chaleureux, sans le moindre recoin où se mettre en petit groupe. Il faudrait tenter d’y remédier en créant des coins d’activités, qu’on séparerait comme on pourrait avec les moyens du bord, à l’aide de claustras fabriquées avec les enfants, à partir de matériaux naturels.

    Une autre grande salle attenante, tout aussi peu conviviale, constituait le lieu de repas ; on ne pouvait décemment pas appeler ça une salle de restaurant ! Au mieux, une cantine scolaire, avec ses tables alignées. Pour l’instant, le silence y régnait bien sûr, mais pleine d’enfants, ce serait un hall de gare !

    À côté, les cuisines, assez fonctionnelles, et une équipe de service, constituée des trois personnes travaillant aux Campanules en permanence, bienveillantes et à l’écoute, avec qui Vincent sympathisa immédiatement : Robert le cuisinier, accompagné de Sylvie et Jeanine, aux fonctions multiples. Il fallait quand même bien qu’il y ait quelque chose qui fonctionne correctement dans ce centre !

    C’est quoi ces casiers à côté de l’escalier ? demanda Vincent, alors que Michel lui faisait faire le tour des locaux, avant de lui montrer sa chambre.

    Ah ça, c’est la petite surprise de l’organisateur, répondit celui-ci. Le sol des chambres à l’étage est entièrement recouvert d’un revêtement plastifié, glissant, fragile et difficile à nettoyer : il est formellement interdit d’y monter en chaussures ; il faut donc mettre des pantoufles et laisser les chaussures dans ces casiers…

    Ouais, pratique avec des gamins de 5 à 10 ans, ajouta Julien ; on va s’amuser comme des petits fous !

    Et mignon à souhait, tu vas voir, ajouta l’espiègle Isabelle, qui n’avait pas la langue dans sa poche.

    Ils montèrent à l’étage. Il était aussi mal agencé que le rez-de-chaussée, et magnifiquement inadapté à des enfants ! Des portes battantes s’ouvraient sur les deux côtés d’un perron en haut de l’escalier, donnant accès à des couloirs immenses, tout aussi sombres et étroits que celui du bas. Ils distribuaient des chambres de quatre lits, avec un côté filles et un côté garçons ; propres et en bon état, mais austères à pleurer !

    Isabelle n’avait pas exagéré…

    L’une d’entre elles attendait Vincent : il y déposa ses affaires. Les autres animateurs avaient chacun la leur : toutes identiques et plus petites que les chambres d’enfants, elles étaient réparties en différents points du couloir.

    Ça promettait… il ne croyait pas si bien dire Julien ! Et encore, il n’avait alors pas fait la connaissance de ce public d’enfants pour le moins particuliers, qu’ils allaient découvrir dès l’arrivée du car le lendemain matin !

    Peu adaptables, c’était un euphémisme, à ces locaux autant qu’à la vie quotidienne inhabituelle prévue par l’équipe…

    5

    Ah, les voilà !

    Où ils sont allés ?

    Qu’est-ce qu’ils ramènent ?

    Le petit groupe revenait, Karim, le meneur en tête, une barre de fer rouillée entre les mains ; les autres tenaient tous quelque chose de similaire. Ils s’arrêtèrent dans une attitude de défi, à une dizaine de mètres du groupe d’adultes éberlués, et attendirent.

    Michel demanda aux animateurs de rester en retrait :

    Laissez-moi leur parler et voir ce qu’ils veulent faire, dit-il, étrangement calme.

    Ceux des enfants qui venaient de la même cité que le groupe des « durs » se tenaient légèrement à l’écart des autres et multipliaient de loin, malgré leur jeune âge – cinq à six ans – les invectives et encouragements à leurs « grands frères ».

    Mais les autres enfants, qui constituaient la majorité de la bonne soixantaine descendue du car, auxquels s’ajoutait une dizaine d’autres amenés directement sur place par leurs familles, ne venaient pas du même milieu social que le petit groupe. Ils n’étaient guère préparés à ce qui se déroulait sous leurs yeux et attendaient groupés devant le perron, ahuris et apeurés par cette ambiance de guérilla.

    La conversation avec Michel, assisté d’Isabelle, dura, et Vincent mourait d’envie d’aller s’en mêler.

    Il ne sut pas comment l’équipe de direction avait fait, ce que Michel leur avait dit, mais au bout d’un bon quart d’heure de négociations, les 8 déposèrent les armes : Fourches, barres de fer, marteaux et autres ustensiles restèrent au sol. Ils prirent leurs bagages, et tous entrèrent dans la salle où les attendait le goûter prévu pour leur arrivée.

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