Les égarés

Par José Carcel

Pierrot a librement choisi de vivre dans la rue où il rencontre Charlot qui, lui, a été contraint de devenir SDF. Chaque jour, ils se retrouvent à sept heures du matin dans le bistrot « In vino Veritas » où ils parlent avec passion et bonne humeur des évènements de la vie quotidienne, des souffrances du passé, des interrogations sur l’avenir et du regard que leur porte la société. Habité par l’idéal de son père, Pierrot songe à réaliser, avec le concours de Charlot, un projet ayant pour but d’aider les sans-abri à prendre en main leur destin. Ils invitent alors les hommes et les femmes « résidant » sous les ponts de la Seine à parler de leur désespoir et à réagir ensemble au sein du « Mouvement des Oubliés ».


À PROPOS DE L'AUTEUR


Psychologue clinicien, José Carcel a exercé dans les hôpitaux et dans les tribunaux en tant qu’expert. Actuellement à la retraite, il partage avec les lecteurs les idées issues de ses constats cliniques et, tout simplement, de son vécu.

• Langue: Français
• Éditeur: Le Lys Bleu Éditions
• Date de sortie: 29 juil. 2022
• ISBN: 9791037762290

Aperçu du livre

José Carcel

Les égarés

Roman

© Lys Bleu Éditions – José Carcel

ISBN : 979-10-377-6229-0

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Du même auteur

Désirs mis en scène (2019, Édilivre), 5 pièces de théâtre :

1) Quand on n’a que l’amour ;

2) Le dimitrisme ;

3) La pierre brute ;

4) L’emprise ;

5) Un heureux événement ;

6) D’un monde à l’autre.

Résumé

Farouchement opposés à la philosophie de la société de consommation, Charlot et Pierrot errent dans les rues de Paris depuis trente ans environ, avec comme seul bagage la force de vivre, les rêves, l’air, l’eau et le bonheur d’être là… Jour après jour, ils se retrouvent à sept du matin dans le bistrot « In vino Veritas » où ils parlent avec passion et bonne humeur des évènements de la vie quotidienne, des souffrances du passé, des interrogations sur l’avenir.

Habité par l’idéal de son père, Pierrot a choisi librement de vivre dans la rue… Avec son ami, Charlot, contraint par la vie à vivre dans la rue, ils s’adonnent à une réflexion sur le sens de leur vie. Guidés par le désir d’aider leurs semblables, ils rencontrent sous les ponts de la Seine des hommes et des femmes qui leur parlent de leur vécu et de leur désespoir.

I

Pierrot avait choisi librement de vivre dans la rue, Charlot devint SDF par contrainte.

Un matin de grand froid, heureux comme un enfant le jour de Noël, Charlot rejoignit Pierrot dans le bistrot « In vino Veritas ». Comme Pierrot s’apprêtait à remplir les verres d’une main tremblante, Charlot lui demanda :

— Pierrot, connais-tu l’histoire de Dieu ?

— Arrête tes conneries et réfléchis un peu, Dieu n’est pas un être d’histoire.

— Ah ! Bon ! S’il n’est pas un être d’histoire, il est qui ?

— Charlot, je n’en sais rien. Le seul être d’histoire, c’est l’homme, ça je le sais.

— Pierrot, je suis désolé de te dire que tu n’as rien compris à Dieu…

— Arrête, Charlot, je ne suis pas aussi mécréant que tu le crois, mais l’histoire de Dieu ne m’intéresse pas, simplement parce qu’elle n’existe pas.

— Je ne sais pas ce que tu as ce matin, tu n’es pas sympa comme d’habitude. Tu fais la tête ?

— Bon, raconte l’histoire de Dieu…

— Écoute : fier d’avoir créé les mers, les animaux, les arbres et les fleurs, il se dit : « Maintenant, je vais créer l’homme et la femme pour qu’ils s’en occupent. » Quelques millénaires après, il jeta un coup d’œil sur les mers, les animaux, les arbres et les fleurs et s’exclama : « Merde ! Je me suis trompé ! »

— Et après ?

— Pierrot… C’est tout !

— Ah ! Bon ! Il n’a rien dit d’autre ?

— Voyons Pierrot, qu’est-ce que tu veux qu’il dise de plus ? Es-tu devenu aveugle ? Regarde l’état du monde et les fonds marins, tout fout le camp.

— Charlot, ta belle histoire de Dieu, c’est comme toutes les histoires qu’on lui a attribuées, elle n’a ni queue ni tête… quoiqu’en réfléchissant je me dis qu’il n’avait peut-être pas tort…

— Pierrot, Dieu ne commet pas d’erreurs.

— C’est ce que tu crois, la preuve en est qu’il a créé l’homme et la femme avec un manque de sagesse, d’intelligence, de savoir-vivre et de savoir-être. Si les mers, les animaux, les arbres et les fleurs sont dans un piètre état, c’est de sa faute, ça lui apprendra à confier le monde à des fanatiques, des ignorants et des obsédés.

— Pierrot, on dirait que tu lui en veux…

— Mais non, je ne lui en veux pas… je dis simplement qu’il aurait dû réfléchir avant de lâcher dans la nature son « chef-d’œuvre ».

— Attention, Pierrot, il entend nos paroles et lit dans nos pensées !

— Je l’espère, cela l’aidera peut-être à se remettre en question.

— Pierrot, tu te rends compte de