Mourir à la française
Par José Carcel
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À propos de ce livre électronique
Ce roman met en lumière deux cultures, la française et l’espagnole, différentes mais complémentaires selon José Carcel, qui animent l’existence de Federico. L’une est fondée sur le « sentiment tragique de la vie » et l’autre, sur le désir de liberté, égalité et fraternité.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Psychologue clinicien, José Carcel a exercé dans les hôpitaux et dans les tribunaux en tant qu’expert. Actuellement à la retraite, il partage avec les lecteurs les idées issues de ses constats cliniques et, tout simplement, de son vécu.
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Avis sur Mourir à la française
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Aperçu du livre
Mourir à la française - José Carcel
Du même auteur
Désirs mis en scène – (2019, Édilivre) 5 pièces de théâtre :
I
Au tribunal… dans le bureau du juge Félon.
Il était 8 heures du matin. Le juge Félon, un homme de petite taille, au visage gros et laid, le cœur amer, feuilletait nerveusement le rapport des gendarmes. Soudain, il jeta un regard méprisant sur Federico et, en se tordant les doigts des mains, s’écria d’une voix autoritaire :
JUGE : Debout, Monsieur ! Comment vous appelez-vous ?
FEDERICO : Je m’appelle Federico Garcia Lorca !
JUGE : Pourquoi pas Antonio Machado !
FEDERICO : Monsieur le Juge, je m’appelle comme le poète fusillé par les franquistes en 1936, mais nous n’avons aucun lien de parenté.
Le juge se tourna vers la greffière.
JUGE : Madame Lafaille prenez note… Vous avez bien entendu ? « Federico Garcia Lorca »… encore un fils de « républicain »… un « autre » !
La greffière lui fit un large sourire de complicité.
GREFFIÈRE : Monsieur le juge Félon, soyez heureux, ça nous change des « Abdel-Kader », des « Mamadoux » et des « Mohamed » !
JUGE : En apparence, madame, seulement en apparence, il a sûrement le « même fond » que les autres. Rien qu’à voir ses allures, je sais déjà qu’il fait partie de la « racaille » comme tous les « autres » !
GREFFIÈRE : Monsieur le Juge, je suis entièrement d’accord avec vous, il aurait mieux fait de rester chez lui… Bon sang, qu’est-ce qu’il est venu chercher ici ?
JUGE : Madame Lafaille, je me charge de lui indiquer le chemin de retour, faites-moi confiance.
La greffière s’exclama :
GREFFIÈRE : Ah ! Les immigrés « républicains » ! Quel fléau !
JUGE : Madame, j’ai hâte que la « loi Kärcher » soit adoptée par le Sénat. En attendant, finissons vite et bien avec cette « racaille »… Madame, êtes-vous prête ?
GREFFIÈRE : Je suis prêt, Monsieur le Juge !
Le juge se tourna vers Federico.
JUGE : Monsieur « Federico Garcia Lorca », quand on comparaît devant un magistrat de la République française la moindre de choses est de se présenter en costume et cravate, rasé et bien coiffé.
FEDERICO : Monsieur le Juge, mon costume est resté de l’autre côté des Pyrénées… je suis désolé, j’ai fait une longue marche sous la pluie dans les montagnes…
JUGE : Monsieur, vos « randonnées » ne m’intéressent pas, entrons dans le vif du sujet, j’ai l’honneur de vous accuser d’avoir transgressé les lois de la République française.
Les yeux larmoyants, Federico se mit debout sous le regard méprisant du juge.
FEDERICO : Monsieur le Juge, je voudrais vous dire…
JUGE : Silence ! Asseyez-vous ! Vous parlerez quand je vous donnerai la parole. Vous n’avez pas honte d’avoir franchi la frontière de façon illégale ? Ah ! La racaille ! Vous êtes tous pareils, il est temps que la France vous barre la route.
FEDERICO : Monsieur le Juge, je ne suis pas…
JUGE : Silence ! Vous venez chez nous et vous vous comportez comme si vous étiez chez vous. Vous ne respectez rien ni personne, vous êtes tous des abrutis ! Bon, je voudrais savoir pourquoi vous êtes venu « chez nous » manger le pain des Français. Levez la main droite et dites « je jure de dire la vérité, toute la vérité et rien que la vérité ».
Federico s’empressa de dire d’une voix tremblante :
FEDERICO : Je jure de dire la vérité, toute la vérité et rien que la vérité.
JUGE : Très bien. Je vous mets en garde, pas de mensonges, la vérité et rien que la vérité… je vous écoute…
FEDERICO : Monsieur le Juge, je n’ai pas l’habitude de mentir… avec tout le respect que je vous dois, je dois vous dire que je n’ai pas honte d’être venu « chez vous », je suis fier d’avoir traversé les Pyrénées pour rejoindre la France !
JUGE : Insolent ! Ignorez-vous que vous parlez à un juge ? J’ai le pouvoir de vous mettre derrière les barreaux.
FEDERICO : Monsieur le Juge, je crois que je me suis mal exprimé ou, peut-être, que vous ne m’avez pas bien compris…
JUGE : Comprendre quoi ? Vous me prenez pour un idiot ? Ah ! Les étrangers ! D’où que vous veniez, vous êtes tous arrogants, impolis et menteurs, je vais vous apprendre que la France est aux Français et qu’elle n’est pas une vache à lait !
FEDERICO : Monsieur le Juge, vous faites erreur. Pourquoi êtes-vous si agressif avec moi ? Je n’ai fait de mal à personne.
JUGE : Monsieur « Federico Garcia Lorca », j’ai le sentiment que vos parents, « républicains », vous ont donné une mauvaise éducation. Je vous avertis, encore un mot de travers et vous irez en prison pour outrage à magistrat.
FEDERICO : Monsieur le Juge, vous m’avez demandé de dire la vérité et rien que la vérité…
JUGE : Vous ne manquez pas d’audace. Depuis quand la « racaille espagnole » dit la vérité ? Je vais vous apprendre les lois de la République française et les bonnes manières…
FEDERICO : Monsieur le Juge, je suis désolé de vous avoir vexé, je ne suis pas celui que vous décrivez. Je suis un Espagnol honnête, fier de mes origines et fier d’avoir rejoint la « France éternelle ».
JUGE : Bon, il est temps d’en finir, qu’avez-vous encore à déclarer ?
FEDERICO : Monsieur le Juge, je ne suis pas un mauvais garçon, je ne fais pas partie de la « racaille », j’ai reçu une bonne éducation, j’ai le sens de la dignité. Je suis venu en France parce que la France c’est le pays de mes rêves, mais aussi pour sauver ma vie.
JUGE : Et quoi encore ! Je connais la chanson… Monsieur Federico Garcia Lorca, la France ne peut pas accueillir tous les « rêveurs » comme vous, ni toute la misère du monde, sachez qu’elle appartient aux Français.
FEDERICO : Monsieur le Juge, je me permets de vous dire qu’elle représente la « maison commune » de tous ceux qui rêvent de la liberté et de la fraternité.
JUGE : Bon, je n’ai pas envie de perdre mon temps à vous écouter dire n’importe quoi. La « maison commune »… vous me faites bien rire…
FEDERICO : Monsieur le Juge, j’ai du mal à me faire comprendre… je vous demande seulement de m’aider à sauver ma vie. Je vous en supplie, ne m’obligez pas à retourner dans mon pays, vous me condamneriez à une mort certaine.
JUGE : J’ai déjà entendu ça de la bouche « d’autres menteurs » comme vous. Vous les « immigrés », vous êtes tous en « danger de mort », en réalité, vous êtes « un danger de mort » pour