Maudit voyage de noces
Par Cynthia Maréchal
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À propos de ce livre électronique
Maxime, lui, n’a pas eu beaucoup de chemin à parcourir pour trouver la perle rare. Le coup de foudre lui est tombé dessus dans l’exercice de ses fonctions : garée illégale-ment, Audrey essayait de le convaincre de renoncer à lui remettre une contravention… En vacances à Cuba, les jeunes mariés dévoilent malgré eux des aspects insoupçonnés de leur personnalité, ce qui confère un goût plus acidulé à leur lune de miel.
Non loin de là, Luc et Marie-Josée inaugurent leur vie conjugale avec une croisière dans les Caraïbes. Seulement, l’acteur déchu a sous-estimé sa tolérance au mal de mer… et sa nouvelle flamme a surestimé sa patience. Alors qu’ils font la connaissance de passa-gers aussi sympathiques que désinvoltes, les frustrations s’accumulent sur le paquebot et, au fil des escales, les mésaventures se multiplient.
L’amour se montre-t-il vraiment à toute épreuve ? À travers cet océan d’imbroglios et de tentations, ces trois couples seront à même de le découvrir !
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Aperçu du livre
Maudit voyage de noces - Cynthia Maréchal
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chez Les Éditeurs réunis
Maudits voisins, 2020
Maudites chicanes de famille, 2019
Maudites vacances, 2019
Maudit temps des fêtes, 2018
Maudite Saint-Valentin, 2018
Prologue
Pour Sébastien Bérubé-Morin, ce n’était pas une journée différente des autres. En effet, depuis quelques mois, il travaillait à l’aéroport Pierre-Elliott-Trudeau en qualité de chauffeur de navette. Il transportait les voyageurs depuis les stationnements longue durée jusqu’au terminal de départ. La plupart du temps, ses clients traînaient leurs bagages tout autant que leur bonne humeur, induite par l’imminence et l’excitation d’un voyage. Des couples partaient pour un séjour d’amoureux en Italie, en France, ou encore en Angleterre. Ces trois destinations européennes étaient très prisées. Il y avait aussi des femmes et des hommes d’affaires reconnaissables à leurs vêtements élégants et, surtout, à la légèreté de leurs bagages : petites valises format cabine, ou tout simplement un porte-documents. Ces derniers faisaient par conséquent des voyages intérieurs à destination de grandes villes canadiennes. D’autres voyageurs encore allaient passer une ou deux semaines de vacances dans le Sud : en Floride, à Cuba, en République dominicaine et au Mexique, c’était sans conteste les destinations les plus populaires.
Lorsque Sébastien faisait monter des gens dans son autobus pour les conduire à leur terminal, il s’amusait toujours à tenter de deviner leur destination. Bien évidemment, ce petit jeu se faisait en silence dans sa tête. Par discrétion, il ne demandait jamais à tous ces gens où ils allaient. Il se contentait de faire son boulot et de les mener aux portes des départs et, à leur retour de voyage, il les conduisait vers le stationnement où ils avaient laissé leur voiture. Sébastien s’intéressait surtout aux couples qui, de toute évidence, partaient pour des séjours en amoureux. La plupart du temps, c’était eux, les voyageurs les plus enjoués.
En cette journée du début du mois de juillet, le jeune chauffeur fit justement monter ses premiers passagers de l’un des stationnements longue durée. Ils furent quatre à embarquer dans son minibus. Il y eut d’abord un homme en costume cravate, tenant un porte-documents. C’était sans doute un homme d’affaires qui allait à Toronto. Puis, ce fut au tour d’une femme de monter dans la navette. Très chic, elle n’avait qu’un bagage-cabine pour toute valise. Son attitude désinvolte lui laissait penser qu’elle était une habituée de ce genre de déplacements. Dans son cas également, il devait forcément s’agir d’un voyage d’affaires. Même si ces clients faisaient des voyages très courts, ils préféraient laisser leur voiture dans ce stationnement plus éloigné de l’aéroport, car celui-ci offrait des tarifs nettement moins chers.
Néanmoins, le jeune chauffeur s’attarda davantage aux deux autres passagers qui suivaient. Un couple à la fin de la vingtaine, début de la trentaine. Elle, de taille moyenne, avait le teint très clair. Ses cheveux bruns étaient joliment mis en valeur grâce à une coupe à la mode Cléopâtre. Cela lui donnait un air sophistiqué. Le chauffeur trouva cela original. Elle semblait d’apparence assez délicate à côté de son partenaire. Ce jeune homme était plutôt bâti. On le voyait à ses bras musclés, nus et bien en évidence, étant donné qu’il était vêtu d’un t-shirt sans manches jaune et mauve arborant le logo d’une équipe de basketball. Le gars avait une physionomie que Sébastien avait du mal à définir. Yeux de jais presque noirs, cheveux noirs à la coupe militaire. Il traînait deux grosses valises à roulettes. Quant à sa compagne, elle s’occupait du bagage-cabine. Chose certaine, ce jeune couple respirait le bonheur, autrement dit la joie particulière engendrée par l’attrait du départ. Pendant que ces deux passagers prenaient place sur la banquette latérale juste derrière lui, Sébastien se surprit à avoir déjà une petite idée de leur destination. Selon lui, ce couple se rendait en Floride dans le condo d’un de leur parent pour passer du bon temps à la plage. Sans doute fêtaient-ils leur anniversaire de mariage ou de leur union, tout simplement. Tout dans leur comportement amoureux et un peu nerveux évoquait la lune de miel… Sébastien ne fut pas long à en savoir plus, puisque les deux se mirent à parler comme s’il n’était pas là. N’était-il pas qu’un chauffeur de bus concentré à conduire ses passagers ? Pourtant, même impassible, il ne perdait pas un mot de leur conversation.
— Ah ! Maxime, soupira la fille. Je suis vraiment heureuse qu’on fasse cette pause du quotidien pour aller deux semaines à Cuba. Je suis tellement excitée, mon chéri.
— Wow…, rétorqua le gars. C’est moi qui vais être chanceux si t’es tellement excitée, je vais m’arranger pour en profiter. Après tout, c’est notre voyage de noces, même si on s’est mariés en janvier dernier.
La fille rigola.
— Ce voyage tombe à la perfection, tu le sais, déclara-t-elle. On avait bien trop de travail ces derniers mois ! On n’aurait pas pu bouger ! Et tu sais très bien qu’on ne pouvait pas voyager !
— Ouais, je le sais, approuva le jeune homme. Moi, à remplir les coffres de la Ville de Québec en donnant des tickets de parking, et toi, en octroyant des prêts bancaires aux citoyens pour payer ces mêmes tickets. On fait une bonne équipe, mon minou.
Il éclata de rire.
Camille Comeau était conseillère au financement dans une caisse populaire de la vieille capitale. Maxime Robert, son mari, travaillait pour la même ville à la distribution de contraventions de stationnement. D’ailleurs, c’était grâce à ou à cause d’une histoire de contravention qu’ils s’étaient rencontrés la première fois, pour bien vite tomber amoureux.
Sébastien avait vu juste. Il s’agissait bien d’un couple qui partait en voyage de noces.
9712.jpgAu moment de son deuxième transport de la journée depuis le stationnement longue durée jusqu’à l’aérogare, la navette se remplit davantage. Il y eut quelques voyageurs solitaires et une famille nord-africaine. Toutefois, au milieu de ces nouveaux passagers, Sébastien identifia un couple qui, de toute évidence, partait en voyage d’agrément. Hélas, cette fois, il ne pouvait pas entendre leurs propos, car ces tourtereaux frisant la cinquantaine s’étaient assis à l’arrière de l’autobus. Néanmoins, depuis son rétroviseur, il les observait et s’amusait comme d’habitude à essayer de deviner où ils se rendaient. L’homme, assez grand, aux cheveux poivre et sel, dissimulait mal sa bedaine sous son ample chemise hawaïenne. Sébastien avait l’impression de l’avoir déjà vu. Sa conjointe, qui semblait avoir plus ou moins le même âge, avait clairement dû être une très belle femme dans sa jeunesse, car sa beauté attirait encore les regards. Sébastien l’épiait avec admiration depuis son rétroviseur. Elle s’en aperçut et baissa la tête, intimidée. Ce couple ne pouvait certainement pas aller en Europe. C’est du moins ce que le chauffeur déduisit : on ne porte pas une chemise arborant un imprimé à fleurs et encore moins à arbres, en l’occurrence des ananas et des palmiers pour aller en France. Non… ce couple devait sans doute partir en croisière. De surcroît, ce genre de voyage correspondait à leur groupe d’âge.
— Toutou, on dirait que le chauffeur de cette navette nous regarde bizarrement, dit la femme.
— Ben non, trancha l’homme. Arrête donc de paranoïer, chérie. Il doit sans doute m’avoir reconnu. Tu sais, cela arrive encore fréquemment.
— Je le sais, mon nounours, susurra la femme. Ce doit être l’excitation du voyage qui me fait réagir comme ça.
Luc Rivest et Marie-Josée Boivin avaient été longtemps voisins avant de devenir amants, puis officiellement mari et femme. Nouvellement mariés, ils partaient en voyage de noces en croisière dans les Caraïbes pour deux semaines. Avec tout le tumulte des dernières années (séparation et divorce pour lui ; décès de son premier mari pour elle), ils s’étaient trouvés envers et contre tous et avaient bien l’intention de profiter à plein temps de leur nouveau bonheur.
— Tu vas voir, mon amour, reprit Rivest, on va faire un beau voyage ! Te rends-tu compte ? Une suite royale avec une grande terrasse donnant tout le temps sur l’océan, juste pour nous. On va vraiment être bien ! T’inquiète pas, ma poulette.
— Je suis tellement contente, mon toutou, approuva-t-elle.
Puis elle ajouta, en s’esclaffant :
— J’espère que tu n’as pas oublié tes pantoufles !
Elle faisait allusion au côté très casanier de Luc. Toutefois, elle était très heureuse et reconnaissante qu’il ait surmonté son aversion pour les voyages en haute mer afin de lui faire connaître le véritable trip que représente une croisière.
— Tu te moques de moi ? ronchonna-t-il. OK, prépare les affaires, on arrive au terminal.
Le couple tira ses valises à roulettes en suivant les autres passagers pour sortir du bus. Lorsqu’il arriva à l’avant du véhicule, Luc Rivest glissa dix dollars dans la main de Sébastien.
— J’ai bien vu que vous m’aviez reconnu, jeune homme, proféra-t-il sur un ton un peu pompeux. Merci pour votre excellent service de navette.
— Oui, monsieur… Merci, répondit Sébastien.
Étant donné son jeune âge, le chauffeur n’avait aucune idée de qui était cet homme qui se conduisait comme un seigneur.
En fait, dans les années 1990, Luc Rivest avait été l’idole de ces dames au moment où il incarnait le légendaire rôle de Jean-Paul Delleau dans un feuilleton télé à succès. Cela s’était produit avant la naissance de Sébastien. Depuis, l’étoile de Rivest avait bien pâli : l’acteur autrefois populaire ne faisait désormais que des voix pour des publicités ou des traductions d’émissions américaines. Juste au moment où il allait descendre, Sébastien se racla la gorge.
— Excusez, monsieur !
Luc Rivest se retourna en levant un sourcil interrogateur.
— Où est-ce que vous allez en voyage ? demanda-t-il, dérogeant à son habitude de discrétion.
Rivest mit sa main en porte-voix pour le lui chuchoter comme si c’était un secret d’État :
— En croisière dans les Caraïbes pour deux semaines. Suite de luxe, en plus !
9726.jpgSébastien savait que son petit jeu de devinettes était puéril, mais en même temps cela contribuait à égayer ses longues journées répétitives à faire la navette. D’ailleurs, pour son dernier transport de la journée en fin d’après-midi, des sujets intéressants prirent placent sur la banquette latérale tout près de son poste de chauffeur. C’était un couple atypique. Lui était plutôt gringalet, court et mince, et il avait déjà les cheveux gris alors qu’il semblait ne pas avoir plus de quarante-cinq ans. Elle, plus grande et même plus large que lui, sans pour autant faire de l’embonpoint, avait plutôt un corps qui dégageait la force. De son visage ovale au regard clair émanaient la vitalité et la bonne humeur. Elle portait ses cheveux blonds très court. Selon l’estimation de Sébastien, ce couple devait certainement aller en Europe. En Italie ? Peut-être même en Espagne ?
L’homme se mit à parler et Sébastien en apprit davantage :
— Je suis vraiment content, Carole, que tu aies pu prendre tes vacances deux semaines avant celles de la construction. Comme ça, cela nous permet de faire ce superbe voyage en France. Quelle bonne idée de renouveler nos vœux ! La France est l’endroit parfait pour un nouveau voyage de noces !
— C’est moi le boss, rétorqua Carole en souriant. C’est normal que je puisse prendre mes vacances quand je veux. De toute façon, Bob, mon foreman, va s’occuper des gars pendant mon absence.
— J’espère qu’on pourra aller souper au Jules Verne, le grand restaurant de la tour Eiffel, enchaîna-t-il. Si c’est pas trop cher… Wow ! C’est tellement romantique.
— Oui, mon chanceux… On va se régaler.
— Je suis tellement heureux, insista-t-il. Embrasse-moi, chérie.
Carole le fixa avec fermeté.
— Pas ici, Réjean… pas maintenant.
Sébastien surprit la moue de déception de l’homme. Il le trouva plutôt mou et soumis à son épouse. La navette se faufila entre les voitures stationnées en double file pour prendre position à son emplacement au débarcadère. Le dernier transport de vacanciers de sa journée s’était effectué sans encombre. Sébastien était content. Sa journée de travail était terminée, et, une fois de plus, il s’était bien amusé avec son jeu de devinettes. Il était content d’avoir transporté tant de gens heureux à la perspective de partir en voyage. Mais comme il avait déjà de l’expérience, il savait aussi que, parfois, au moment de leur retour au pays, ces mêmes voyageurs n’arboraient pas toujours des airs joyeux. Bien au contraire…
1
Le vol à destination de Cuba s’était passé sans encombre pour se terminer par un atterrissage en douceur à l’aéroport de Santa Clara. Étant donné les nouvelles mesures sanitaires à la suite de la COVID-19 qui s’étaient ajoutées aux sempiternelles mesures de sécurité, les moments qui avaient précédé le départ de l’aéroport Pierre-Elliott-Trudeau à Dorval avaient été nettement plus pénibles. Hélas, c’était maintenant le prix à payer pour voyager. La nouvelle réalité de la pandémie avait tout changé et avait induit d’interminables files d’attente dans les aéroports du monde entier. Heureusement, et à leur grand soulagement, les jeunes mariés, Camille Comeau et Maxime Robert, n’avaient pas trop traîné dans l’avion immobilisé dès qu’il s’était posé à Santa Clara. Aussitôt sortis, ils avaient descendu l’escalier menant au tarmac. Alors, ils humèrent la caractéristique bouffée d’air humide et tropical qui assaillait toujours les voyageurs débarquant directement sur la piste d’atterrissage. La petite troupe de touristes fut dirigée vers le bâtiment principal du petit aéroport. Camille avait le cœur qui battait la chamade. Elle avait de la difficulté à contenir son excitation. Pour elle, c’était une aventure, car c’était la première fois qu’elle se rendait dans un pays autre que le Canada et les États-Unis. C’était la même chose pour Maxime. De son côté, néanmoins, il cachait mieux ses émotions.
À l’intérieur du bâtiment, l’air était plus frais grâce à la climatisation. Le couple fut surpris de constater la simplicité du décor. À part quelques drapeaux cubains plantés ici et là dans la grande salle et une grande fresque murale représentant Fidel Castro et Che Guevara, tout semblait rudimentaire. La main de Camille se referma plus fortement sur celle de Maxime lorsque la jeune femme remarqua l’omniprésence de militaires. C’était pour la plupart des jeunes hommes. Ils étaient tous armés. Ces soldats fixaient les nouveaux arrivants d’un regard noir et froid. Cela contrastait avec la chaleur du peuple cubain qu’on avait tant vantée au couple au moment de la réservation de ce voyage. Un de ces soldats, d’un bref mouvement de carabine, fit signe aux nouveaux mariés hébétés d’avancer dans une espèce de cabine de passage. Là, un douanier les attendait derrière une paroi vitrée.
— Coudonc, chéri, on dirait qu’on s’en va en prison, chuchota Camille dont les battements de cœur demeuraient tout aussi rapides, mais désormais pour d’autres raisons.
— T’inquiète pas, Camille, affirma Maxime. C’est normal tout ça. Après tout, c’est un pays communiste, Cuba. Et depuis longtemps !
Maxime se voulait rassurant, cependant, lui-même était plus ou moins rassuré. Tous deux entrèrent dans le cubicule. Le douanier les observa avec suspicion, puis dit en anglais sur un ton sec :
— Passports.
Camille remit d’une main quasiment tremblante les deux documents officiels.
— First time in Cuba ? demanda l’homme d’un ton raide.
— Hein ! Quoi ? répondit Maxime qui ne connaissait presque pas un mot d’anglais.
— Yes, s’empressa de répondre Camille.
— Where do you go in Cuba ? poursuivit le fonctionnaire.
— Cayo Santa Maria, répondit Camille.
— Which hotel ?
— Grand Memories, débita-t-elle avec l’impression de vivre une sorte d’interrogatoire policier.
— How long do you stay ?
— Two weeks.
Maxime était impressionné de constater que sa douce épouse répondait aussi promptement et avec autant d’assurance à chaque question du douanier. Heureusement, et c’était une chance, Camille avait pris le contrôle, parce que lui-même aurait certainement cafouillé. Puis, chacun à leur tour, le douanier les fit se positionner devant un appareil pour prendre leur photo. Les deux réprimèrent un mouvement de surprise. Une autre affaire qui avait l’air d’une entrée dans un lieu carcéral. Ensuite, le douanier remit les passeports à Camille. Puis, il ajouta sur un ton légèrement plus aimable :
— Have a nice trip.
Le couple ne se fit pas prier pour déguerpir et se dirigea vers le carrousel à bagages pour récupérer ses deux grosses valises. Maintenant, il fallait encore attendre, car il y avait une file de touristes qui, cette fois, était immobilisée devant d’autres douaniers qui choisissaient au hasard des valises à fouiller. Un gros type chauve et tatoué planté juste devant eux dans la file fut choisi pour cette procédure désagréable. Heureusement, le couple fut invité à passer ensuite sans être fouillé. Enfin, Camille et Maxime sortirent dehors. Le soleil dardait ses chauds rayons et il n’y avait pas de brise. C’était un peu la cohue. Des employés en uniforme côtoyaient différents voyagistes qui attendaient les arrivants pour les conduire à bon port. Camille se renseigna auprès de l’un d’entre eux qui, d’un geste de la main, les dirigea vers le gros autobus à destination de Cayo Santa Maria.
Après avoir déposé leurs valises dans le compartiment à bagages, les deux amoureux montèrent dans le véhicule climatisé. Enfin, bien assis sur une banquette, protégés de la cohue régnant à l’extérieur, ils soufflèrent un peu. Camille fit un doux câlin à Maxime et lui dit :
— Enfin, mon chéri, on est à Cuba… Es-tu content ?
Maxime poussa un soupir de satisfaction significatif.
— Oui, répondit-il, mais je pensais pas que ça allait être si compliqué que ça d’entrer dans ce petit pays. En tout cas, tu as bien fait ça avec le douanier, ma chérie.
Sur ces paroles, ils s’embrassèrent, heureux à l’idée que leur voyage de noces commençait enfin !
9741.jpgPour des gens comme eux, qui n’avaient jamais voyagé dans un pays tropical, le seul fait d’observer le paysage qui défilait derrière les vitres de l’autobus était impressionnant. Les palmiers étaient nombreux et les arbustes rayonnaient de couleurs vives. Au début du parcours, alors qu’ils se trouvaient encore dans la ville de Santa Clara, le couple regarda avec attention les personnes qui marchaient sur les trottoirs. Le véhicule s’arrêtait souvent à des feux de circulation, ce qui leur permettait de découvrir la ville. Au grand étonnement du couple, les habitants n’avaient pas tous les cheveux noirs et le teint foncé, comme c’est le cas la plupart du temps chez les peuples latins. Il y avait en effet des personnes à la peau plus pâle et aux yeux bleus. Beaucoup circulaient à vélo ; parfois, deux ou même trois personnes se trouvaient sur la même bicyclette. Dans cette ville animée, étrangement, il n’y avait pas trop de circulation automobile. Quelques voitures japonaises, surtout des Nissan, roulaient ici et là. Toutefois, la plupart des autres voitures étaient de vieilles bagnoles américaines des années 1950. Elles pétaradaient dans des nuages de fumée et d’huile à moteur qui brûlait. Le couple de Québec était fasciné par ce retour inopiné dans le passé. Maxime jubilait presque, lui qui s’intéressait beaucoup aux voitures et pour cause : ne travaillait-il pas pour la Ville, dans le secteur des contraventions de stationnement ? Il ne pouvait pas s’empêcher de se dire que son emploi aurait été beaucoup plus agréable si, à Québec, les voitures avaient toutes été des belles d’antan comme celles qui l’éblouissaient.
— Ah ! Qu’elles sont belles, les bonnes vieilles Américaines ! lança un homme.
Maxime et Camille envoyèrent un regard étonné au sexagénaire bedonnant qui était assis sur la banquette à côté d’eux.
— Je veux dire, les voitures, rectifia l’homme, visiblement satisfait de sa blague.
— Ouais, pas mal belles, approuva Maxime, mais je me demande bien pourquoi il y en a autant ici, à Cuba…
L’homme esquissa un sourire.
— Ça, mon ti-gars, c’est parce qu’avant la révolution de 1959, ici à Cuba, de très nombreux Américains avaient investi dans des hôtels et des casinos. Surtout à La Havane, un vrai petit paradis de la corruption. Un paquet d’Américains s’en mettaient plein les poches. Mais, à la fin des années 1950, un grand barbu et sa bande ont décidé de faire une révolution pour prendre le contrôle du pays. C’est dans ces circonstances que les Américains ont été mis dehors.
— Oh, dit Maxime, tout ouïe. Mais quel est le rapport avec les autos ?
Le sexagénaire gloussa et enchaîna :
— Bien, les Américains ont foutu le camp en laissant leurs voitures ici, leurs hôtels, leurs grosses villas et leurs casinos. Étant donné que beaucoup d’entre eux ont perdu énormément d’argent dans cette histoire, ils se sont arrangés, bien sûr avec la complicité des politiciens, pour imposer des embargos aux Cubains. C’est pour ça que maintenant il y a autant de vieilles voitures américaines ici. L’import-export est difficile. Mais il faut savoir que, souvent, les moteurs ne sont plus d’origine ; ils ont été changés pour des moteurs de Hyundai ou de Kia.
— Wow ! s’exclama Maxime. Vous nous en apprenez des choses, vous !
Le jeune homme était maintenant piqué par la curiosité.
— Arrête avec le vous, maugréa l’homme. Moi, c’est Roger.
Le trio se sourit et se fit un signe de tête aimable.
— Moi, c’est Maxime, et voici ma femme, Camille.
— Allez-vous au Grand Memories ? demanda Roger.
— Oui, répondit le couple, en chœur.
— Moi aussi, souligna l’homme.
— Super ! Vous voyagez seul, Roger ? s’enquit Camille.
— Oui…, dit Roger. Mais ma blonde m’attend à l’hôtel.
— Elle a pris l’avion avant ? osa demander la jeune femme.
— Non, elle est cubaine, elle m’attend devant l’hôtel. Je vais lui acheter son bracelet.
— Ah bon ! fit Camille, qui ne comprenait plus rien.
Camille et Maxime se regardèrent, curieux d’en savoir plus long sur cet étrange couple séparé qui allait se retrouver. Décidément, leur voyage de noces commençait sur les chapeaux de roue. C’était le cas de le dire !
2
Marie-Josée Boivin et Luc Rivest s’étaient trouvés sur le tard, et malgré vents et marées. Ces jeunes quinquagénaires, devenus amoureux comme des adolescents, avaient décidé de se marier et de fêter cela en effectuant une belle croisière de deux semaines dans les Caraïbes. Sans hésiter, avec l’accord de sa nouvelle épouse, Luc avait réservé une des luxueuses suites offertes sur le pont supérieur du paquebot d’une compagnie très réputée. Le coût de cette gâterie était prohibitif, mais il n’y avait pas lieu de tergiverser : après tout, ils célébraient leur voyage de noces ! Les deux amoureux, après un voyage en avion depuis Montréal jusqu’à Fort Lauderdale, en Floride, étaient bien excités d’être enfin assis l’un contre l’autre dans un taxi climatisé. Le chauffeur avançait sur d’interminables boulevards pour les conduire à leur hôtel, qui était situé tout près du quai d’embarquement du port de cette belle cité, appelée la Venise de la Floride. Quoi de plus romantique ?
Le jour précédent, le couple avait pris son avion en partance de l’aéroport Pierre-Elliott-Trudeau, à Dorval. Le vol de trois heures quinze minutes s’était passé sans problème. Le seul détail, et non le moindre, qui assombrissait la joie de voyager était bien entendu le désagrément des contrôles de sécurité ainsi que des contrôles sanitaires renforcés à la suite de la pandémie de 2020. Le couple avait pris son mal en patience, estimant que c’était bien normal que la société ne veuille pas répéter les mêmes erreurs. Toutefois, en dépit de toutes ses bonnes intentions, à l’arrivée à l’hôtel, Marie-Josée ne cacha pas sa déception : leur chambre n’avait strictement rien d’extraordinaire, elle était meublée de deux lits deux places posés sur une horrible moquette, d’une table de chevet fixée au mur avec une bible dans le premier tiroir, et de lampes sur pied d’un très mauvais goût. Le tout donnait sur une minuscule salle de bain qui avait de toute évidence connu de meilleurs jours. En plus, le stationnement donnait tout juste devant la porte de la chambre, et il fallait parfois hausser le ton pour couvrir la circulation dense sur Ocean Boulevard North. Décidément, ce n’était pas très agréable, surtout pour la première nuit de leur lune de miel. Luc avait minimisé l’affaire en assurant à sa femme que ce désagrément était vraiment passager, puisqu’il serait compensé par la somptueuse suite dans laquelle ils allaient passer les douze prochaines journées.
Au lendemain matin, après un copieux petit-déjeuner, Luc et Marie-Josée reprirent un taxi avec leurs valises pour se rendre sur les lieux de l’embarquement. Ce n’était pas très loin de leur hôtel minable qu’ils furent bien heureux de quitter. Très peu de temps après son départ, le taxi s’immobilisa en effet près du quai. Le couple de Repentigny fut absolument impressionné par l’imposant mastodonte que représentait ce paquebot. En gros lettrages stylisés sur la coque, le nom de ce monstre marin des Caraïbes était bien visible : PARADISE OF THE SEA. Même le chauffeur du taxi, sorti de son véhicule pour aider ses passagers à récupérer leurs valises, s’immobilisa quelques instants, question de prendre le temps d’observer le fabuleux bateau. Bientôt, il revint néanmoins vers la voiture et extirpa du coffre les gros bagages que Luc récupéra aussitôt.
— Toutou, as-tu vu ça ! s’exclama Marie-Josée, enfin émerveillée. C’est énorme comme embarcation !
— Oui, mon amour, approuva Luc avec fierté, c’est un des plus gros bateaux de croisière au monde. Pas pour rien que je l’ai choisi.
— Wow ! Je suis vraiment excitée, trépigna Marie-Josée. Viens ! Il faudrait pas manquer le départ.
Luc eut un sourire en coin et haussa les épaules avec nonchalance.
— Calme-toi, Marie-Josée, rigola-t-il, on a le temps en masse. Aide-moi donc à transporter une valise. Tiens ! Prends la mienne, elle est plus légère que la tienne.
Avant leur départ, lors de soirées en amoureux au creux d’une confortable
