ABATS-TOI, une entreprise familiale à échelle humaine

Par Annabelle Breteau

Après le décès de son père, un jeune étudiant en biologie se retrouve sans ressource et doit trouver au plus vite un emploi d'autant plus que son ex-petite amie est enceinte. Dans son premier poste, la fatigue, les tremblements et la cadence infernale le conduisent à une faute et il est licencié. L'ANPE l'encourage alors à accepter un second emploi dans une entreprise familiale à échelle humaine assez dérangeante et peuplée d'employés assez dérangés ! Entre Dédé le matador, Claude qui s'invente des métiers loufoques pour ne pas faire honte à ses enfants et Alain qui se persuade d'être un bûcheron, sortira t-il indemne de ce nouveau travail sans sombrer dans la folie? Son humour noir et sa façon de tout tourner en dérision face à l'absurdité de sa tâche pourront-ils le sauver ?

• Langue: Français
• Éditeur: Books on Demand
• Date de sortie: 27 avr. 2021
• ISBN: 9782322155613

Aperçu du livre

ABATS-TOI, une entreprise familiale à échelle humaine

Section 1

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Section 1

Abats-toi (R)

une entreprise familiale

à échelle humaine

Des semaines maintenant que je souffre de dépression. En météorologie, une dépression, c’est un manque d’air, un surplus de vide par rapport à la matière... Enfin, quelque a choisi de ce genre. Ce diagnostique me convient tout à fait, j’ai un trop plein de vide et un manque de matière dans mon cerveau. Je préfère me présenter comme bûcheron. En boîte de nuit, ce métier fait rêver les filles, un peu sceptiques quand même à la vue de ma corpulence assez moyenne. Alors, sous les lumières du stroboscope, à travers les fumées enveloppant les fils entêtants des musiques, j’expose une théorie intéressante du contrôle de l’esprit sur la hache et la scie qui prédomine sur la force physique. Ce stratagème est aussi convaincant et me permet de rencontrer un tas de jolies filles ! Je ne souhaite pas finir la nuit avec vous mais permettez-moi ce mensonge, si je vous avouais dès maintenant mon véritable métier, vous fermeriez ce livre. Tout commençait plutôt bien jusqu’à mes vingt ans. Étudiant modèle dans une faculté de biologie, j’envisageais une belle carrière dans l’industrie agroalimentaire. Le décès de mon père changea la donne. Sur se voyait quelquefois, sur s’appréciait rarement et sur se détestait souvent. Cependant, une partie de ses faibles revenus sous-venait à mes études. Un peu de chagrin et toutes ses dettes occupèrent mes pensées pendentif de longues semaines. Pour couronner le tout, mon ex-petite amie Laura m’annonça qu’elle attendait un enfant et d’après sa mémoire, je suis l’heureux papa d’un embryon de deux mois. Il fallut donc trouver urgemment un emploi. Un rendez-vous de compétences fut organisé par l’agence nationale pour l’emploi. L’employée, assise confortablement derrière son bureau, je donne les résultats avec un grand sourire encourageant. Je rongeai mes ongles, me grattai les mains, puis discrètement les fesses, les ressorts de mon siège me semblèrent aussi agréables qu’une planche cloutée du fakir. Le bilan met en lumière des qualités incroyables qui enthousiasmèrent mon interlocutrice. Précision, esprit d’analyse très pointu (turlututu ), esprit d’initiative (Laura le confirmera), culture générale très étendue (si elle est aussi étendue et aride que les plaines russes, cela m’aidera sûrement), observateur, autonomie... Les camemberts, les diagrammes de toutes sortes défilèrent devant mes yeux. Avec de telles aptitudes, j’imaginai un poste à responsabilité dans