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Vous êtes nés pour briller
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Livre électronique125 pages3 heures

Vous êtes nés pour briller

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À propos de ce livre électronique

Diplômé des hautes études en finance internationale dans une grande école française, Mamadou Sanogo, sans emploi depuis cinq années, s’estime victime de discrimination raciale et spartiate et s’enlise inexorablement dans la précarité sociale. Cependant, la rencontre du jeune homme avec un richissime nonagénaire subsaharien aux enseignements éclairés changera radicalement le cours de sa vie…

À PROPOS DE L'AUTEUR 

Patrick Ewonde Ngando a toujours manifesté un grand intérêt pour l’écriture. Il a ainsi eu l’occasion de rédiger plusieurs articles pour le quotidien L’Écho Républicain d’Eure et Loire. Attiré par tout ce qui concerne le développement personnel, il a entrepris la rédaction d’un roman explorant cette discipline avec une approche novatrice.
LangueFrançais
Date de sortie8 mars 2024
ISBN9791042221720
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    Aperçu du livre

    Vous êtes nés pour briller - Patrick Ewonde Ngando

    1

    En Afrique, quand un vieillard meurt, c’est une bibliothèque qui brûle

    Amadou Hampâté Bâ

    La salle municipale de la ville de Fontenay Sur Orge était archicomble. Elle ne contenait plus aucune place assise disponible et les retardataires dépités se tenaient debout au fond de la salle aménagée et rénovée pour l’occasion. Le député de l’Essonne, Mamadou Sanogo, était venu présenter à la population l’homme qui lui permit d’embrasser un destin doré après force déconvenues, celui dont l’enseignement édifiant lui permit de cueillir la rose enivrante du succès et d’en humer les effluves. Monsieur Sanogo était resplendissant de bonheur sur l’estrade, d’autant plus que les membres de sa fratrie et ses parents faisaient partie du public hétéroclite qui l’ovationnait sans discontinuer. La foule compacte de personnes issues de l’immigration était curieuse d’entendre le discours du nonagénaire Monsieur Mussima Douala, mentor du député Sanogo. Le jeune homme endimanché et radieux se saisit du micro et s’adressa avec assurance à son auditoire, non sans se départir d’un sourire radieux qui illuminait son visage.

    Un jeune homme doté d’une mine patibulaire se leva brusquement et interrompit avec véhémence le discours du député Sanogo.

    — Je m’inscris en faux, pesta-t-il… Vous racontez des sornettes éhontées. La France discrimine beaucoup les noirs, les arabes et les musulmans… C’est une vérité axiomatique agrémentée à celle de la Palice. Nous sommes les laissés-pour-compte de la république, Monsieur, et notre seul tort est d’habiter de l’autre côté du périphérique dans cette France d’en bas pour reprendre l’expression dédaigneuse à notre endroit d’un ancien premier ministre de la République Française.

    L’agressivité de l’homme monta crescendo. Il gesticulait tout en éructant. Le service d’ordre s’approcha de lui d’un pas décidé. Le jeune homme nullement impressionné reprit de plus belle son algarade verbale.

    Applaudissements d’approbations nourris dans la salle.

    Le jeune homme se rassit brusquement sous les acclamations d’une grande partie de la foule. La sueur perlait sur son visage renfrogné et ses propos vindicatifs provoquèrent un énorme tohu-bohu dans la salle. Le député Sanogo, guère déstabilisé par la rhétorique virulente du jeune homme, réclama le calme par des gestes ostentatoires, et interpella le jeune homme.

    Soudain, un vieil homme de type maghrébin interrompit l’allocution de M. Sanogo en criant :

    — Mon grand-père a participé à cette guerre contre la Prusse, il était tirailleur algérien, la France a perdu cette guerre et Napoléon III fut fait prisonnier à Sedan, M. Sanogo a parfaitement raison de rappeler le rôle joué par nos ancêtres lors des différentes guerres qui opposèrent la France à L’Allemagne.

    Une partie du public ovationna sans discontinuer l’intervention du vieil homme qui se rassit sagement et s’excusa par des gestes empreints d’urbanité d’avoir interrompu M. Sanogo qui embraya :

    Mamadou marqua un temps d’arrêt, puis jeta un regard empreint d’admiration en direction d’un homme âgé, de couleur noire à la chevelure extrêmement blanche. C’était son mentor, son conseiller spécial en développement personnel. Malgré le poids des ans, le vieil homme ne s’inscrivait aucunement dans la sénilité. Il était confortablement assis sur un fauteuil empire en acajou qui lui donnait une certaine prestance. Mamadou poursuivit son récit. – Après maintes déconvenues sociales et une traversée du désert dans la nuit interminable de la précarité sociale vint la lumière… Je rencontrai l’homme de ma vie, mon sauveur, un Homme omnipotent et omniscient. Je le dis derechef, je rencontrai l’Homme de ma vie.

    La salle tout entière éclata de rire, et Mamadou Sanogo ne fut pas en reste.

    On a l’habitude de vous servir un discours compassionnel, voire misérabiliste dans les banlieues de France et de Navarre. J’ai fait venir ce monsieur d’un certain âge pour qu’il transforme vos vies comme il a transformé la mienne parce qu’aucun de vous n’est condamné à l’échec. Aucun de vous n’est condamné à vivre une vie infernale sous le prétexte fallacieux qu’il est originaire d’une cité sensible située de l’autre côté du périphérique. Personne n’est condamné à l’avance par ses origines sociales et ethniques. Je vous le dis de manière abrupte, ce n’est pas parce que vous êtes noir, arabe ou musulman que vous ne pouvez pas réussir votre vie sociale et professionnelle en France. Extirpez cette idéologie mortifère de vos têtes et votre avenir sera des plus radieux. Je vous en conjure… Nos origines sociales ne sont pas une tare, je l’ai longtemps cru comme beaucoup d’entre vous, ce qui a considérablement retardé mon éclosion sociale. Et pour terminer, effacez les blessures et les plaies de l’histoire. C’est vrai que notre histoire fut tragique, notre continent africain fut l’objet d’un esclavage et d’une colonisation sanglants, mais nous devons avancer. Cessez de regarder dans le rétroviseur de l’histoire parce que pour réussir vos vies sociales et professionnelles vous devez impérativement créer un écosystème positif excluant toutes formes de Jérémiades et de lamentations. Le mur des Lamentations est érigé à Jérusalem depuis des lustres, ne l’érigez pas dans vos cœurs, ceux-ci ne doivent qu’abriter des pensées positives.

    Le public ovationna Mamadou Sanogo pendant de longues minutes après sa longue tirade qui ressemblait à un prêche de quelque pasteur d’une église évangéliste. Le député se dirigea d’un pas décidé vers le jeune homme qui lui avait auparavant coupé la parole pour exposer avec virulences ses griefs contre la société Française qui l’ostracisait.

    Sourires et clameur dans la salle.

    — Vous devez aller au-delà de vos limites et cessez de porter la couleur de votre peau comme un fardeau.

    M. Rubicon répondit avec un agacement perceptible sur son visage.

    — M. le député, je ne crois pas en vos sornettes, les faits sont têtus. Nous sommes ostracisés, et discriminés depuis la nuit des temps dans cette République Française.

    — Très bien, répondit le député. Votre religion est faite, mais je garde espoir que le vieux Sage africain vous convertisse à la religion du succès et de l’optimisme béant.

    Le public attendait impatiemment le laïus du vieux Sage africain dont Mamadou Sanogo fit avec grandiloquence le panégyrique. Le chômage dans cette ville de Fontenay Sur Orge était endémique et supérieur à deux fois la moyenne nationale. Les jeunes s’estimaient systématiquement victimes de discrimination à l’embauche et avaient pour beaucoup définitivement enterré leurs grandes ambitions, convaincus qu’ils seraient toujours broyés par la machine à discriminer. Ils avaient coutume d’écouter des discours compassionnels et misérabilistes d’élus locaux et de dirigeants associatifs qui les confortaient dans leur victimisation et dans leur résignation. Ils étaient pour la plupart formatés à l’idée que les jeunes des quartiers sensibles seraient toujours rattrapés par leurs origines sociales et par le lieu géographique de leur habitation. Ils s’estimaient assignés à résidence identitaire. Mamadou Sanogo, devenu député et chef d’entreprise, était venu tordre le cou à l’idéologie contre-productive et mortifère de cette résignation. Il était le parfait exemple qu’on pouvait être né dans un quartier sensible et réussir socialement sa vie à condition de reformater son esprit et d’y instiller le culte de la pensée positive, et de la persévérance.

    Le député Sanogo s’épongea le front, un sourire illumina son visage parce que ses yeux croisèrent ceux de sa femme et de ses deux filles assises dans la salle composée d’un public cosmopolite.

    Le vieux Sage africain approcha à pas feutrés de l’estrade sans se départir d’un large sourire. Il se tint debout au côté du député Sanogo sous une salve d’applaudissements. Le public bigarré était debout comme un seul homme. On eût dit un rassemblement politique de quelque président de la République. Le public était composé majoritairement de personnes issues de l’immigration subsaharienne et saharienne. La ville était prévenue de la représentation du vieux Sage africain depuis quelques mois. Des habitants des villes avoisinantes étaient aussi venus écouter ce nonagénaire que le député Sanogo présentait avec emphase comme la solution à leurs déboires d’ordre professionnel et personnel. La presse locale était au rendez-vous, la télévision locale n’était pas en reste. Les grands médias nationaux avaient déployé tout un arsenal pour immortaliser cette conférence. Le député Sanogo avait mis les grands moyens pour que cette journée fût mémorable et fût le début d’une aventure entre le nonagénaire et les jeunes en échec social de la ville de Fontenay sur Orge. Cette grande journée ne pouvait en aucun cas être un épiphénomène.

    Mamadou Sanogo arborait un sourire resplendissant et transmit avec déférence le micro au vieux Sage africain.

    Le nonagénaire entama son discours d’une voix douce et apaisée qui tranchait radicalement avec le ton martial de M. Rubicon Georges.

    Le vieux Sage, nullement décontenancé, répondit avec calme, pondération et assurance.

    Le vieil homme interrompit son discours quelques instants puis jeta un regard circulaire dans le public et reprit la parole de plus belle.

    Le public écoutait religieusement le nonagénaire déployer son argumentaire avec sa verve légendaire. Il était conquis par l’érudition et la rhétorique frappées de bon sens du vieux Sage africain qui parlait sans notes et avec grandiloquence. Les applaudissements nourris ponctuaient de temps en temps ses phrases bien agencées. Le vieil homme était impressionnant de sagesse et de culture générale. L’admiration se lisait dans les regards ahuris de

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