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Graine de V: Roman de science-fiction
Graine de V: Roman de science-fiction
Graine de V: Roman de science-fiction
Livre électronique194 pages2 heures

Graine de V: Roman de science-fiction

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À propos de ce livre électronique

Dans un futur proche post-apocalyptique, une nouvelle drogue fait fureur en zone sécurisée : la graine de V. Cette graine réveille la violence enfouie en chacun des citoyens de ces zones. Le jeune Gwendz cède à la tentation et commet l’irréparable. Après un procès numérisé de moins de cinq minutes, il se retrouve à l’extérieur. Sauf que son « contrôleur » le suit…
 
Le duo se met donc en quête de l’origine de la graine de V. L’arbre de V. Ils parcourent ensemble les univers souterrains des steampunks et rencontrent autant de difficultés que d’aides inattendues. La violence est toujours présente. C’est chez lanceurs d’alertes qu’ils trouveront une forme de repos, ou de nouvelle vie.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Conteur, comédien et auteur, Thierry Moral a publié une vingtaine d’ouvrages chez différents éditeurs (Spinelle, IS Édition, Lunatique, Téètras Magic…) dans différents registres (poésie, nouvelle, théâtre, albums jeunesse). Son domaine de prédilection reste le roman social, mais rester dans une seule case ne semble pas vraiment lui convenir.
Pour en savoir plus : www.thierrymoral.fr
LangueFrançais
Date de sortie6 déc. 2019
ISBN9791037702982
Graine de V: Roman de science-fiction

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    Aperçu du livre

    Graine de V - Thierry Moral

    Chapitre 1

    Message du futur à l’attention de toi, mon ancêtre – tout ce qui est écrit peut être arrivé, ou pas – le temps est une boucle qui ne fait que se répéter – parfois ce cercle temporel en rencontre un autre, créant ainsi une spirale infinie de huit renversés enchaînés les uns aux autres à défaut de plate éternité – c’est l’occasion pour moi de te parler – tu as un rôle à jouer, le tien – sois toi-même, connecte-toi avec ton être profond – ce qui doit advenir arrivera – nulle fatalité, juste la réalité du ressort du temps, qui s’allonge et se rétracte alternativement – les choses de l’existence sont ainsi positionnées – point d’échiquier, trêve de stratégie – la vie est ainsi faite, fête la vie, elle saura bien te le rendre, de toute façon, elle ne fait que donner – par donner, cela commence - pardonner, ce qui en découle et après – donner à chacun sa part – charité bien ordonnée commence par soi-même dit-on dans le dicton – or, donner, c’est prendre à soi – ordonner, c’est retirer la responsabilité d’autrui – l’or brille le jour, mais la nuit, redevient matière – alors si ce message ne te paraît pas clair, retourne-le dans tous les sens, à commencer par le sens interdit, puis emprunte celui du non-sens, il te surprendra, tu verras – si au final, l’étincelle ne se produit pas, c’est que ma prose aura été défectueuse – qu’à cela ne tienne, je recommencerai, nous finirons par nous retrouver

    Chapitre 2

    Futur proche

    Bien qu’antérieur à l’anticipation

    Au milieu du siècle nouveau

    Comme pour fêter le centenaire

    De la Deuxième Guerre mondiale

    La troisième tant redoutée

    A passé son tour

    Le changement a pris une autre forme

    Catastrophe nucléaire

    C’était à prévoir

    Nombreux l’avaient prédit

    C’est arrivé

    Le blast

    Une centrale a sauté

    Entraînant d’autres

    Réactions en chaîne

    À l’échelle planétaire

    Certains prétendent que c’était volontaire

    D’autres que c’était écrit

    Quoiqu’il soit dit, c’est ainsi

    Seule l’Australie s’en est tirée

    Terre d’asile

    Pour les réfugiés climatiques

    Frontières fermées

    Une île, aussi grande soit-elle

    Ne peut accueillir toute la misère du monde

    L’humanité a subi un régime drastique

    Décollage démographique

    Sur le reste de la belle bleue

    On ne joue plus le même jeu

    Le capitalisme a abdiqué

    L’humanité a redressé la tête

    La survie est un jeu dangereux

    Auquel plus personne ou presque

    Ne souhaite se livrer

    Certaines métropoles

    Sont devenues des zones sécurisées

    Un dôme les protège

    Quatre sas

    Nord, Sud, Est, Ouest

    L’air y est plus ou moins naturel

    Dehors, la mutante nature règne en maître

    L’anarchie bouscule tous les écosystèmes

    La faune et la flore sont réduites à l’état de souvenirs

    Les rares arbres qui subsistent

    Sont des poumons gris

    Asphyxiés, mais encore debout

    Quelques espèces animales ont survécu

    Des charognards, pour la plupart

    Rats, corbeaux, chiens et insectes improbables

    Ceux qui vivent en dehors des zones sécurisées

    Se réfugient souvent dans les sous-sols

    Les ruines de cette civilisation

    Goûtent aux joies du recyclage

    Point de dictature économique

    Désormais, tout est choix

    Respecter les règles de survie à l’intérieur

    Ou en inventer d’autres à l’extérieur

    Tyrannie pragmatique

    Qui ne manque pas d’efficacité

    Les survivants ont réfléchi

    Puis ont fini par acter

    Argent, violence et pouvoir sont bannis

    Tout ce qui s’en rapproche est traqué

    Plus d’armée ni de police

    Les caméras de surveillance

    Et l’informatisation à tout va

    Font le travail

    Les robots virtuels, de fers ou de fils

    Exécutent ce qui doit être accompli

    Afin que l’humanité survive

    Plus de débat possible

    C’est pour le bien de tous

    Les citoyens ont enfin le temps de vivre

    La grande majorité

    Est désormais bio-connectée

    L’espérance de survie est décuplée

    La reproduction reste néanmoins compliquée

    Dommage collatéral, non des moindres

    Pour combler le vide existentiel

    On participe aux tâches communes

    Et surtout, on se cultive

    La culture pop explose tous les plafonds

    Les bases sont solides

    — car on peut désormais lire-assimiler tout Tolstoï en une journée –

    Alors on ne cesse de réinventer tout ce qui a été créé

    L’agressivité compétitive du

    « Qui en sait plus que l’autre »

    A supplanté la méritocratie

    Déplacement du problème

    Le genre humain reste ce qu’il hait

    L’absence de conflit

    En génère d’autres

    La violence retournée contre soi

    Est une menace statistique

    Prévention, socialisation, solidarité

    Un pour tous, tous contre le suicide

    Nouveau slogan

    Une cellule a été créée pour lutter contre ce fléau

    Le bureau des autolyses

    Des agents spécialisés dans le suivi des sujets à risques

    Travaillent chaque jour

    Afin d’éviter le passage à l’acte

    La valeur famille

    — quand elle subsiste –

    Trône en havre de paix

    La sérénité décomplexée de toute confession

    Et l’interculturalité complémentaire

    Ont eu raison de certaines erreurs itératives

    Tout a changé ?

    Rien n’a bougé ?

    Question de point de vue

    Ce qui demeure certain

    C’est que les faits ont perdu

    Leur suprême légitimité

    La hauteur cérébrale culmine

    — il était temps, non ? -

    La sagesse est l’alternative

    Le mythe qui persiste

    La majorité y adhère à sa manière

    L’Histoire a connu une faille

    Ceux qui l’ont colmaté

    Ont créé un nouveau consensus

    Sans violence, l’humanité a de nouveau ses chances

    Ce postulat unanime

    Anime les plus grandes avancées

    On ne raccommodera pas le passé

    Mais on peut tâcher de composer avec le présent

    Les rares migrants revenus de l’exil avorté

    N’osent pas prononcer un seul mot sur l’océan

    La description dépasse tout entendement

    L’île-continent continue de fonctionner « comme avant »

    — enfin sur certains points –

    Au final, le nouveau système n’est pas si mal

    Un sourire vers l’avenir

    Un soupir pour le passé

    Ce qui est fait est fait

    Le statu quo non violent

    A néanmoins ses faiblesses

    Alors que le taux de suicide régresse enfin

    Un nouveau fléau fait rage chez les adolescents

    La graine de V

    Est la drogue à abattre

    Elle réintroduit le dispositif marchand

    — non, elle n’est pas gratuite –

    Et surtout, elle réveille toutes les pulsions fondamentales

    Ceux qui en prennent ressentent de la colère et de la haine

    Certains passent à l’acte

    Les contrôleurs

    — bras non armés du système informatisé –

    Sont sur le qui-vive

    Qui diffuse cette substance ?

    D’où provient-elle ?

    Que provoque-t-elle réellement dans le corps et l’esprit ?

    Personne n’a encore de réponses

    On a d’autres choses à gérer

    Mais en plus du mercantilisme

    Cette substance fait réapparaître

    Les histoires

    On n’a jamais cessé d’en raconter

    Elles sont littéraires, philosophiques, historiques…

    Et exclusivement virtuelles

    La parole à voix basse, mystérieuse et passionnée

    Renaît avec les graines de V

    La drogue est accompagnée de sa légende

    Légende qui se transmet de bouche à oreille

    Le système des zones sécurisées

    — presque plus humain depuis qu’il est confié à une intelligence artificielle –

    N’est pas très inquiet

    Optimiste, comme souvent

    L’espoir fait survivre

    Des solutions

    Des explications

    Finiront par émerger

    Il faut laisser le temps au temps

    Et pendant ce temps, justement

    Des jeunes découvrent ce qui est prohibé

    La violence

    Comme consommation addictive

    Comme libération d’un carcan

    Comme loi possible

    La violence

    Trouve toujours un moyen d’exister

    La finalité est sa propre survivance

    Sans actes, elle n’est rien

    Graines, racines, saisons

    Tout retrouve de son sens

    Dans cette substance

    Qui veut y goûter ?

    Chapitre 3

    — Alors, tu te décides ?

    Gwendz hésite. Sans connexion, il est plus lent à la détente, comme tout le monde aujourd’hui.

    — C’est pas la toile qui te dira quoi faire…

    Les trois jeunes l’entourent. Reculer, ou bien accepter. C’est ce pour quoi il est venu. Fichue contradiction.

    — Arrête de te reluquer le ciboulot, agis !

    Mettre la pression, une expression d’avant. On se la met tout seul désormais. Ces trois jeunes néo-geeks proactifs ont l’air de superhéros des années 2000 dans leurs combinaisons biosynthétiques. Trois visages défiants, vissés sur trois grandes tiges blondes filiformes, avec juste ce qu’il faut en muscle pour se mouvoir. Comment se développer physiquement avec ce qui est servi ici ? Comment progresser sans agir ?

    — Cinq au prix de trois, c’est à prendre ou à laisser.

    — Le prix ?

    — Oui, ces graines viennent du monde d’avant, dans lequel tout avait un prix.

    — Mais…

    — Qu’est-ce que tu crois ? T’inquiète, pas de monnaie, juste de l’échange.

    — Oui, je me souviens, on en avait causé.

    — Ça ne change rien, tu donnes ce que tu as et au lieu d’en recevoir trois, on t’en livre cinq. C’est tout bénef’ pour toi !

    Gwendz baisse la tête. Son look post-vingtième entièrement reconstitué ne lui plaît guère. Un jeans avait vraiment cette couleur ? Sa mère en avait un, qui appartenait à son père. Lors d’une inspection au Geiger, il a été repéré. Un souvenir de plus au crématorium. Gwendz regarde ses boots qui ne ressemblent à rien. Ce faux blouson de cuir, trop flashy pour être vrai, est ridicule. Qu’est-ce qui est encore authentique en lui ?

    — Alors ?

    Les trois gars s’approchent. Gwendz se plaque contre la paroi vitro-métallique noire laquée. L’un d’entre eux le tire vers lui d’un mouvement sec.

    — Si tu recules trop, tu reviens dans le champ de la caméra.

    — Pas d’entourloupe, pauvre naze.

    — Si j’en avalais une maintenant, je te réglerais ton compte une fois pour toutes, mais j’ai bonne âme, je préfère partager.

    Gwendz se laisse manipuler. S’il pouvait enfoncer sa tête dans ses épaules, il le ferait. La tortue est l’animal d’avant qui l’a toujours fasciné. Lent, rond et solide.

    — On bouge ! Tu vas finir par nous faire repérer.

    Le trio emmène l’indécis dans la rue. La ruelle était idéale pour la transaction, mais passé trois minutes hors des caméras, le logiciel de prévention des risques envoie un contrôleur. Ils marchent ensemble, tout sourire, blaguant comme des potes. Le plus petit est le chef de la bande. Les deux autres sont des jumeaux bio-procréés. Leur ressemblance est flippante, proche du clonage. Cette technique a été utilisée pour repeupler les zones sécurisées, mais les résultats étaient peu convaincants. Les portées ont fait naître trop de zigues déboussolés qui finissaient par se jeter du haut d’un immeuble. Gwendz regarde les frères copie-confirme. Leurs regards et leurs oreilles sont à l’affût de tout. « Au taquet ! », répètent-ils en boucle, pour montrer qu’ils sont au jus des expressions d’ancien argot, ce qui est très tendance. Gwendz se sent moins oppressé dans la rue. Pas de trottoir, parce qu’aucun véhicule à moteur ne circule, juste des vélos-cycles électro-assistés en tous genres. Les passants arborent des lunettes virtuelles. Aucun regard ne se croise. C’est peut-être ce manque de connexion avec le réel, avec les autres qui l’insupporte ? Gwendz cogite un peu trop. Le chef de troupe revient à l’assaut avec des arguments en béton.

    — Dans ton lycée d’enseignement pragmatique, on en a vendu un peu à d’autres types, mais je suis certain qu’ils n’ont pas eu le cran de les consommer. Alors que toi…

    Le guetteur blond fait un signe. Le chef se tait. Un contrôleur est dans les parages. Ils sont tous augmentés. Leurs oreilles et leurs yeux sont plus performants que la moyenne. Quelques robots transporteurs ou bricoleurs circulent. Eux aussi sont équipés de mouchards, alors méfiance.

    — C’est bon.

    — Je disais que toi, tu sembles prêt à passer le cap.

    — T’es sûr ?

    Ricane l’autre jumeau à l’ouïe affûtée.

    — Écrase, tu vas le démotiver.

    Gwendz se risque à demander.

    — Et on la prend comment ?

    — Ah, là, tu commences à me plaire. Jumoz, topo.

    Le jumeau de droite au regard hyperactif débite son discours.

    — La plupart l’avalent : petits bras, ça fait presque rien. Quelques-uns la fument, mais c’est plus risqué car personne ne fume plus rien de nos jours ici et surtout, le peu qui l’a fait a raconté que les effets étaient assez variables. Non, le mieux.

    — C’est de la sniffer.

    Jumoz jette un regard revanchard à son frère.

    — Me coupe pas ! C’est mon topo.

    — Sniffer ?

    Le capitaine reprend la main.

    — Tu prends ta graine, tu l’écrases en poudre bien lisse, puis tu aspires. Ça te monte direct aux corticales. Ton zob se dresse comme un pont-levis, tes yeux deviennent des viseurs et tes phalanges des marteaux burineurs. Gare à celui qui sera face à toi.

    — Chut !

    Jumod les alerte, tout sourire, comme si c’était un gag bien drôle. Gwendz cherche du regard une échappatoire. Prétexter d’aller au lycée ? C’est jour libre, et puis ses devoirs sont tous rendus. Sa mère est en séminaire de sérénité passive. C’est elle qui organise, alors elle ne pourra pas se démobiliser. Quand bien même il arriverait à la joindre, elle serait obligée de ne rien faire, histoire d’être cohérente avec son discours. Gwendz est mal à l’aise, cela en devient physique. C’est lui qui leur a dit qu’il était intéressé. C’est lui qui en a marre d’être un bon petit gars sans histoire. Et c’est lui qui doute, comme toujours. Pour sa défense, ce sont eux – les trois gaillards – qui le poussent dans ses retranchements. Maintenant, ils lui collent au train. À croire qu’ils ne doivent pas courir les rues, les crédules comme lui. Le tour du pâté de maisons est terminé. Retour à la case départ. Jumod se glisse dans la ruelle, puis réapparaît avec un air satisfait. Ils se remettent aussitôt en place, hors champ. Le chef dévisage Gwendz.

    — C’est maintenant ou jamais.

    — D’accord, j’en essaie une et si ça me va, je paie pour les quatre autres.

    La mère de Gwendz lui a beaucoup parlé d’avant, comment il fallait faire attention, gérer, négocier, se montrer prudent… au temps où il y avait encore une économie.

    — Carrément, il négocie le bougre ! s’esclaffe Jumoz.

    — Ça me plaît bien

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