Australie : Un cœur chaud et sec: L'Âme des peuples
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À propos de ce livre électronique
Une immensité. Un monde à part. Une histoire de violence façonnée par une colonisation pénitentiaire dont les vestiges sont promus au rang de trésors nationaux. L’Australie est née de la folie de navigateurs perdus dans les confins du Pacifique. Il fallut ensuite aux administrateurs venus d’Europe conquérir, éliminer, repousser toujours plus loin son peuple aborigène. L’Australie est un continent de cicatrices dont le cœur sec a longtemps battu au rythme de la pire des ségrégations.
Ce pays géant est taillé pour l’aventure. Les vagues qui se fracassent sur ses rivages vous transforment l’âme. Ses milliers de kilomètres de pistes burinent les visages, forgent les caractères et redonnent aux hommes qui les empruntent le goût de la redécouverte de soi-même. Et voilà que le visiteur se retrouve sur la côte, saisi par la passion de l’océan Pacifique et par la beauté de ses villes. Sydney l’indolente. Melbourne plus austère. Canberra la sévère.
Ce petit livre n’est pas un guide. C’est un décodeur. Il dit, avec amour, les secrets et les tourments de cet immense pays.
Un grand récit suivi d’entretiens avec Lyndall Ryan (Les Australiens ont peur de découvrir qui ils sont), Bernard Salt (La migration nous définit) et Linda Burney (L'âme australienne est une âme aborigène).
Un voyage historique, culturel et linguistique pour mieux connaître les passions australiennes. Et donc mieux les comprendre.
EXTRAIT
Dans le bouillonnement superficiel de la plus grande ville du pays s’est perdu l’écho du labeur des bagnards qui lui ont donné forme. Rares sont les premières constructions de baraques, entrepôts, installations portuaires qui ont échappé à la métamorphose de Sydney Cove dans la métropole contemporaine. Celles qui ont pu être préservées dans le quartier The Rocks, l’ont été au prix de la mobilisation des résidents locaux, avec le renfort de syndicats dans les années 1970. Au fil des quartiers, mêlé aux cantines asiatiques et centres commerciaux modernes, le cachet anglo-saxon s’avère toutefois indélébile, imprégné dans les frontons des pubs, des bâtiments officiels et les parcs de la ville.
CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE
- "(...) Belle et utile collection petit format chez Nevicata, dont chaque opuscule est dédié à un pays en particulier. Non pas un guide de voyage classique, mais, comme le dit le père de la collection, un «décodeur» des mentalités profondes et de la culture. Des journalistes, excellents connaisseurs des lieux, ont été sollicités (...). A chaque fois, un récit personnel et cultivé du pays suivi de trois entretiens avec des experts locaux. - Le Temps
- "Comment se familiariser avec "l'âme" d'un pays pour dépasser les clichés et déceler ce qu'il y a de juste dans les images, l'héritage historique, les traditions ? Une démarche d'enquête journalistique au service d'un authentique récit de voyage : le livre-compagnon idéal des guides factuels, le roman-vrai des pays et des villes que l'on s'apprête à découvrir." - Librairie Sciences Po
À PROPOS DE L'AUTEURE
Marie-Pauline Desset collabore à Sydney à l’agence de presse Belga depuis février 2016. Ce pays-continent ne cesse jamais de la fasciner.
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Aperçu du livre
Australie - Marie-Pauline Desset
AVANT-PROPOS
Pourquoi l’Australie ?
So follow, follow the sun,
The direction of the bird,
The direction of love
Xavier Rudd
Chaque minute, une personne pose le pied dans le lucky country¹, ce « pays chanceux » qu’est l’Australie, pour y amorcer une nouvelle tranche de vie. L’île-continent, dont le destin a basculé en s’improvisant colonie pénale britannique, continue de bâtir son futur sur l’arrivée de migrants. Je fais partie de ces nouveaux venus. Et si, sous bien des aspects, mon quotidien est similaire à ce qu’il était dans l’hémisphère nord, je m’amuse tous les jours de petits détails qui me rappellent que je suis bien perchée aux rebords du globe.
L’ibis qui marche avec nonchalance dans la rue pour picorer dans les poubelles. Les bougainvillées dont les fleurs fuchsia débordent du jardin voisin. Les planches de surf qui garnissent les balcons. L’opossum qui s’enfuit dans les branches en entendant mes pas, et le bruit des feuilles d’eucalyptus qui tremblent sous le vent. La brume matinale au parfum lourd me rappelle que l’Asie du Sud-Est est voisine, mais plus tard une brise sèche à l’odeur âcre porte aussi l’effluve des feux de brousse de l’arrière-pays. Au-delà de ces touches d’exotisme disséminées dans la vie de tous les jours, je me délecte particulièrement de la décontraction du quotidien australien et de cette bienveillance naturelle des habitants qui facilite les rapports humains.
Depuis la Vieille Europe, l’Australie semble bien lointaine, mais une fois aux antipodes, ce sentiment de distance s’évapore, tant les repères sont similaires. L’île-continent me donne parfois l’impression que la Toscane s’est invitée en Irlande, ou la Californie en Grande-Bretagne. L’éloignement se ressent davantage une fois confronté à l’immensité du territoire, à ces étendues qui entourent les villes et les isolent les unes des autres. Pour en prendre la mesure et se confronter à ces espaces vierges, il faut se lancer à l’assaut des longues langues de bitume qui quadrillent le pays, jusqu’à s’en détacher pour goûter aux pistes de terre battue. C’est alors que l’Australie se révèle dans toute sa splendeur, offrant à voir les paysages sauvages et rencontrer les personnages les plus rocambolesques.
Quand je suis retournée vivre à Sydney, des années après un premier séjour de quelques mois, j’ai acheté une voiture avant même d’avoir loué un logement. Je savais que pour savourer le pays, il fallait me donner les moyens d’embrasser ses merveilleux espaces. J’aspire à aller toujours plus loin : m’enfoncer dans les terres, quitter la civilisation et me fondre dans l’Outback, ou longer la côte infinie pour découvrir un spectacle sans cesse renouvelé de vagues s’écrasant sur les falaises de grès ou léchant de longues baies désertes.
Les vers de Dorothea Mackellar, rédigés en 1908 dans son poème My country (Mon pays), résument cette somme d’éléments qui nourrissent ma passion pour ce pays neuf et millénaire à la fois :
J’aime un pays brûlé par le soleil
Une terre de vastes plaines,
De chaînes de montagnes déchiquetées
De sécheresses et de pluies torrentielles.
J’aime ses horizons lointains,
J’aime le bijou qu’est sa mer,
Sa beauté et sa terreur
Cette immense terre brune pour moi !
(…)
Un pays au cœur d’opale
Une terre insoumise et généreuse
Vous tous qui ne l’avez pas aimé
Vous ne comprendrez jamais
Bien que la terre possède de nombreuses splendeurs,
Où que je meurs
Je sais vers quel pays marron
Mes pensées s’en retourneront.
Au fur et à mesure que l’on pénètre dans le ventre du pays, l’aspect neuf et rutilant des grandes villes s’étiole. Loin des caméras de surveillance et de la multitude de règles calibrant la vie des citadins, la nature s’impose dans toute sa majesté, au travers des récifs coralliens, forêts tropicales, plaines désertiques, canyons, gorges, sans parler de l’emblématique monolithe flamboyant d’Uluru. La violence des intempéries – à coups de cyclones, inondations, incendies de forêt, sécheresses – ne cesse de rappeler toutefois la vulnérabilité des insulaires face aux caprices climatiques.
C’est aussi dans le dénuement des communautés indigènes, nichées dans les régions les plus reculées du pays, que l’on goûte à plus d’humanité, au rythme de la débrouille et de la transmission de savoirs ancestraux. La complexité des riches cultures aborigènes reste une gifle au visage occidental qui n’a de cesse de vouloir en percer les mystères sans en panser les blessures coloniales.
C’est depuis le cœur sec et chaud de l’Australie que bat le pouls aborigène du pays. Chaque coup de pinceau des toiles pointillées de l’art indigène – même galvaudé dans les magasins de souvenirs bon marché – rappelle la détermination de survie de ce lignage millénaire.
Dans une contrée de peu d’hommes, désert humain où la culture s’éclipse à la faveur de monuments naturels, cette empreinte reste discrète, voire inaudible. Mais une fois que regard et cœur apprennent à distinguer les preuves subtiles de l’héritage ancestral, c’est un nouveau monde et une nouvelle lecture de l’histoire qui se révèlent.
1 Expression devenue culte du sociologue Donald Horne en 1964 qui, en réalité, tournait son pays en dérision : « L’Australie est un pays chanceux, géré par des gens de second ordre qui en partagent sa chance (…) En vertu des règles, l’Australie n’a pas mérité sa bonne fortune. »
Un cœur chaud et sec
Sydney hypnotise, alors que le soleil fait constamment scintiller les flots de sa baie, forçant à plisser les yeux. Un réflexe que les passagers des avions qui atterrissent dans Botany Bay de nos jours, partagent sans doute avec ceux des navires de la Première flotte qui y jeta l’ancre en 1788. Aux premiers abords, rien ne distingue fondamentalement Sydney aujourd’hui d’une autre ville occidentale, à part cette lumière, limpide et brillante, qui la sublime par rapport à ses sœurs de l’hémisphère nord. La métropole de cinq millions d’habitants, plus de deux siècles après l’arrivée des condamnés anglais – ou convicts –, reste encore la principale porte d’entrée pour pénétrer dans cet immense pays d’Océanie.
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