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Profession géographe
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Livre électronique75 pages56 minutes

Profession géographe

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À propos de ce livre électronique

Pour révéler les multiples facettes de la profession de géographe, Rodolphe De Koninck a choisi la veine autobiographique. Ses lecteurs le suivront donc de l’Ouganda aux Cent-Îles du lac Saint-Pierre, de la Malaysia à la Grèce, de l’Indonésie à la Nouvelle-Orléans. Ils découvriront l’importance de la cartographie, ils verront comment la géographie a partie liée avec l’urbanisme et les sciences de l’environnement, ils revivront des crises (le tsunami de 2004, l’ouragan Katrina de 2005). Ils suivront à la trace un pédagogue et un citoyen engagé. Surtout, ils devront constater la place centrale que la géographie occupe dans leur vie.
Rodolphe De Koninck a été professeur au Département de géographie de l’Université Laval (Québec, Canada) de 1970 à 2002. Depuis 2002, il est titulaire de la Chaire de recherche du Canada en études asiatiques de l’Université de Montréal. Il est l’auteur de vingt livres, directeur de publication de quinze autres et de plus de 140 articles scientifiques parus dans 25 revues et journaux, dans douze pays et en cinq langues. Spécialiste de l’Asie du Sud-Est, Rodolphe De Koninck s’est aussi beaucoup intéressé à la géographie québécoise. En 1990, il a été élu membre de la Société royale du Canada. En 1998, il a reçu le prix Jacques-Rousseau (interdisciplinarité) de l’ACFAS et, l’année suivante, le prix Innis-Gérin (sciences humaines) de la Société royale du Canada.
LangueFrançais
Date de sortie26 mai 2011
ISBN9782760625723
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    Profession géographe - De Koninck, Rodolphe

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    Enseigner pour apprendre

    « C’est de la philosophie qu’est venue à l’origine

    l’idée de dresser la carte du monde. »

    Paul Pédech, La géographie des Grecs, 1976

    J’enseigne la géographie universitaire depuis 1970, année où, après avoir complété mes études doctorales à l’Université de Singapour, j’ai été engagé à l’Université Laval, à Québec. Je suis resté à l’emploi de cette institution jusqu’en 2002, alors que je me suis joint à l’Université de Montréal. Mais, à vrai dire, j’avais commencé à enseigner la géographie avant même d’entamer mes études supérieures à Bordeaux, en France, en octobre 1963. En effet, au tout début de septembre 1962, soit moins de trois mois après avoir complété mes études collégiales sous la forme d’un cursus classique au Petit Séminaire de Québec, je m’étais vu confier la responsabilité d’assurer la totalité des cours de géographie offerts dans un collège préuniversitaire établi près de Fort Portal. Cette petite ville est elle-même située au cœur de l’Afrique, plus précisément dans le sud-ouest de l’Ouganda, non loin des sources du Nil, dans la région des Grands Lacs et au pied des imposants monts Ruwenzori, les « Montagnes de la Lune » des Anciens. Comment j’en étais arrivé là à l’âge de 19 ans serait trop long à expliquer.

    Ce qu’il importe de dire ici, c’est que pendant les douze mois de mon rattachement au St Leo’s College il me fallut dispenser chaque semaine 24 heures de cours de géographie, une matière que je n’avais jamais beaucoup étudiée formellement. Certes, j’avais déjà un peu voyagé – y compris sillonné l’Europe pendant 70 jours avant de faire le saut vers l’Afrique – et lu bien des livres que l’on pourrait qualifier d’intérêt géographique, c’est-à-dire des récits de voyage ou d’exploration et des romans d’aventures, dont beaucoup se déroulant dans le Grand Nord canadien, en Afrique et en Asie. J’avais aussi apporté avec moi quelques livres savants fort précieux et déjà parcourus, dont deux classiques de la géographie : le deuxième volume du Traité de géographie physique d’Emmanuel de Martonne et Principes de géographie humaine de Paul Vidal de la Blache. Mais, à juste titre, je me sentais bien démuni pour affronter la tâche qui m’était confiée. Car il s’agissait de préparer quelque 240 collégiens africains aux examens qui, si réussis, leur permettraient d’obtenir un diplôme délivré par la métropole coloniale, en l’occurrence l’Overseas Cambridge Certificate. (L’Ouganda est devenu indépendant en octobre 1962, mais le système scolaire y est demeuré de type britannique.) Une fois obtenu, un tel diplôme autorisait son détenteur à poser sa candidature à des études supérieures, y compris dans ladite métropole coloniale.

    Je dus donc m’atteler à la tâche consistant à mettre au point et à offrir des cours de géographie, en anglais, aux élèves inscrits aux quatre niveaux de ce Senior Secondary College : au total, huit classes rassemblant chacune en moyenne une trentaine d’élèves, dont plusieurs ayant quasiment mon âge. Tout ou presque y est passé : la cosmographie et l’histoire de la géographie, la géographie physique, dont la géomorphologie, l’hydrologie et la climatologie, la géographie humaine, dont les géographies rurale et urbaine, enfin la géographie régionale, en particulier celle des îles britanniques et celle de l’Afrique orientale. J’en vins rapidement à éprouver un intense plaisir à étudier et à enseigner la géographie de cette formidable région du monde au cœur de laquelle je me trouvais.

    Je ne me fis pas prier pour profiter de chacune de mes fins de semaine ainsi que de mes périodes de vacances pour partir à la découverte, en moto ou en Land Rover, des paysages et pays environnants, souvent d’une beauté à couper le souffle. Je parcourus, en particulier, le district ougandais de Toro, du nom de l’ancien royaume précolonial et dont Fort Portal était le chef-lieu. Je réalisai aussi des virées dans le reste du pays, tout comme dans l’Est congolais, au Rwanda et au Burundi, au Kenya et au Tanganyika (devenu en 1964 la Tanzanie) jusqu’aux rives de l’océan Indien, me rendant même jusqu’au Nyassaland (le Malawi d’aujourd’hui), au sud, et jusqu’au Soudan, au nord.

    Les admirables hauts plateaux d’Afrique orientale ont laissé chez moi des souvenirs impérissables. Traversés par la double Grande Vallée d’effondrement, ou Rift Valley, ils sont couverts de volcans et de lacs, de forêts et de savanes, ces dernières immenses et largement peuplées d’une multitude d’espèces de mammifères et d’oiseaux. L’ensemble est animé par des peuples bigarrés, pour la plupart agriculteurs ou éleveurs, et, à mes yeux d’alors, tous plus exotiques les uns que les autres. Ils constituent un véritable manuel de géographie à ciel ouvert. Surtout, s’agissant de géographie, il me fut d’un grand secours de pouvoir utiliser ce que j’apprenais sur le tas, ce qui m’émerveillait, pour tenter d’expliquer aux élèves un élément du paysage, qu’il s’agisse d’une forme volcanique, d’un type d’élevage, de l’implantation d’une ville, d’un réseau de pistes ou

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