Petits secrets des grands palaces: Témoignage d'un homme aux clés d'or
Par Maurice Saelens
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À propos de ce livre électronique
Les palaces parisiens sont les derniers sanctuaires du luxe, des établissements mythiques par leur localisation dans les endroits les plus prestigieux de Paris. Ils sont toujours le symbole d’un monde secret, clos, réservé aux stars et aux plus fortunés.
L’auteur de cet ouvrage très particulier a exercé le métier prisé de concierge de grands palaces pendant vingt ans. Être « l’homme aux clés d’or » n’est pas un métier quelconque, c’est être un véritable organisateur du bienêtre des clients, un homme qui voit tout, organise tout et sait tout.
Maurice Saelens a décidé de raconter ces années de secrets bien gardés, lui qui a côtoyé les grands de ce monde, s’est amusé de leurs lubies, s’est énervé de leurs caprices et s’est attendri de leurs peines.
Le témoignage inédit d’un « homme aux clés d’or ».
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EXTRAIT
Au travail, j’avais de plus en plus de responsabilités. J’étais épaulé et protégé par un homme aux clefs d’or italien, un concierge de l’hôtel où je travaillais, qui me faisait confiance et qui peut-être comptait sur moi pour le remplacer un jour. C’est lui qui m’a appris une bonne partie des ficelles du métier. Je fus groom, puis ce que l’on appelle un « chasseur », c’est-à-dire que j’étais chargé d’accompagner les clients de leur premier à leur dernier jour à l’hôtel. Cela comprenait de faire des courses pour eux à l’extérieur et donc, de réserver des spectacles, des billets de train ou des billets d’avion. Apprendre à faire ces billets était un rude travail ! Il fallait connaître tous les horaires des trains pour pouvoir renseigner les clients et faire très attention à ne surtout pas leur donner de fausses indications. C’était toujours excessivement compliqué et ce n’était vraiment pas la facette la plus agréable du métier mais, heureusement pour moi, les autres n’étaient jamais très loin quand j’avais besoin d’aide. Les billets d’avion étaient encore plus compliqués. À cette époque, dans les grands hôtels, les agences de voyages nous donnaient des billets vierges à l’intention de clients très importants et nous devions les remplir nous-mêmes lorsqu’elles étaient fermées le week-end.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Maurice Saelens a travaillé pendant plus de vingt ans dans de grands palaces parisiens. Il a, par la suite, ouvert son propre hôtel et est aujourd’hui retraité.
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Aperçu du livre
Petits secrets des grands palaces - Maurice Saelens
Avant-propos
Cher lecteur, je vous propose ici un voyage dans mes souvenirs, ceux d’un jeune garçon des années 60 qui, en quelques années, s’est retrouvé concierge de grands hôtels. Issu d’une famille modeste, j’ai pu voyager sur la terre entière sans jamais sortir de ma loge parisienne : en choisissant ce métier, c’est tout un monde coloré, tourbillonnant et parfumé, fait de luxe et d’excentricité, qui s’est présenté aux portes de ma loge. J’ai pu, tout en restant dans le décor de ces palaces où j’officiais, fréquenter les puissants de ce monde, m’amuser de leurs lubies et parfois y participer, m’énerver de leurs caprices et, lorsqu’il leur prenait l’envie de faire de moi leur confident, m’attendrir de leurs peines.
J’espère avoir su rendre la saveur de cette époque particulière d’espoir et de liberté et j’espère surtout que mon lecteur s’amusera des anecdotes choisies que je consigne entre ces pages.
Voici l’histoire d’un homme aux clefs d’or, l’histoire de ma vie et celle des gens que j’ai rencontrés au cours de ces années de service dans les palaces de France et du monde.
Le prestige d’un grand palace est une chose difficile à appréhender de l’extérieur et dépend d’un ensemble de paramètres. En effet, outre la réputation de l’établissement, les clients sont très attentifs à la taille des chambres et des salles de bain, qui doivent être spacieuses et bien décorées et régulièrement remises au goût du jour. Il faut également faire attention à proposer un certain nombre d’équipements : grande télévision, matériel audiovisuel, téléphone… On ne peut pas se permettre de ne fournir qu’un sèche-cheveux ! Le mobilier de luxe qui sert à meubler ces chambres est d’un confort absolu, les matelas sont changés régulièrement et les fauteuils sont d’un moelleux incomparable. Le service est tout aussi important, ainsi que l’ambiance que le personnel parvient à insuffler. Il est très important que les clients se sentent dans un environnement à la fois très professionnel, mais également assez détendu, ce qui demande du doigté. Il ne faut pas en faire trop, ne pas envahir leur sphère personnelle et les mettre mal à l’aise, mais aussi leur faire sentir que nous sommes là pour répondre à leur moindre désir. Ces éléments sont aussi importants que l’emplacement géographique qui, à lui seul, permet parfois à des clients de faire leur choix entre deux palaces du même standing. En effet, l’adresse de l’hôtel est primordiale et d’ailleurs, les plus grands hôtels de la capitale ne sont pas très éloignés les uns des autres. Ces fleurons du luxe parisien sont régulièrement consacrés par des guides touristiques prestigieux et, à mon époque, le peloton de tête était constitué de six ou sept hôtels. Ces indétrônables étaient équivalents en termes de qualité : il n’y en avait pas un meilleur que l’autre et ils prenaient la place de numéro un à tour de rôle. Ils se différenciaient cependant par leur clientèle.
L’hôtel du Ritz, place Vendôme, accueillait beaucoup de représentants de l’aristocratie anglaise. Les Lords et les Ladies ont également pu y croiser la célèbre styliste Coco Chanel. Le Ritz, comme tous les grands hôtels, était déjà une institution quand je suis arrivé dans le milieu et plonge ses racines dans la fin du 19e siècle. Le tableau Le Dîner à l’hôtel Ritz à Paris de Pierre Georges Jeanniot permet de se faire une idée de l’atmosphère des débuts de ce palace, qui a toujours su viser l’excellence et le luxe.
En quittant la place Vendôme pour aller vers le Jardin de Tuileries, on passe par la rue de Castiglione où se situe l’hôtel Le Lotti. Celui-ci était plutôt prisé par la grande aristocratie italienne, ce qui s’accordait parfaitement avec le nom du bar, La Dolce Vita. Y descendaient également des hommes politiques influents et des artistes.
À quelques mètres de là, rue de Rivoli, l’hôtel Le Meurice recevait une clientèle plus classique, française, ainsi que des personnalités comme Salvador Dali, que je voyais souvent quitter l’hôtel pour aller se promener avec Amanda Lear, sa compagne et muse de l’époque. Ils avaient l’air de très bien s’entendre.
Un peu plus loin, sur la place de la Concorde, au pied des Champs Élysées, se dresse l’Hôtel de Crillon, qui comme Le Meurice avait été réquisitionné pendant l’Occupation de Paris lors de la Seconde Guerre mondiale. À mon époque, la clientèle y était un petit peu plus politique que dans les autres hôtels : on y trouvait les plus grands dirigeants de ce monde, tous bords politiques confondus. De grandes vedettes du cinéma ou de la chanson s’y rendaient également. D’ailleurs, la reine de la Pop, Madonna, s’y arrête encore aujourd’hui lorsqu’elle séjourne à Paris. Il faut dire que l’hôtel n’a rien perdu de sa superbe !
De la même façon, les hôtels le George V, le Plaza Athénée et le Prince de Galles figuraient au nombre de ces grands noms.
Ces palaces fantastiques resteront encore longtemps des indétrônables du luxe parisien et même de l’hôtellerie mondiale. Comment pourrait-il en être autrement ? Ce sont de véritables institutions, attentives à se renouveler, à se réinventer toujours, mais tellement chargées d’Histoire que leurs noms seront toujours associés à ce que Paris a connu de plus beau.
Chapitre I -
Préambule
Comme c’est étrange, la vie. On nous demande, très tôt, de choisir un métier. On assure aux enfants qu’on les accompagnera dans ce choix. Mais où est le choix ? Comment un enfant sans expérience aucune peut-il choisir le métier qu’il fera pendant le reste de sa vie ?
Je pense sincèrement que ce sont les rencontres, les conseils glanés çà et là auprès de professeurs ou de copains d’école, dans les couloirs des lycées ou à l’occasion de certaines soirées, qui pallient la naïveté et l’ignorance. C’est ainsi que cela s’est passé pour moi, à la fin des années 60.
J’ai eu la chance de naître de parents qui s’aimaient tendrement et avaient surmonté les restrictions liées à la guerre en étant heureux d’être ensemble. Nous habitions à Paris, dans un petit appartement au cinquième étage d’un immeuble du XVIIe arrondissement. Mon père était maître tailleur sur mesure. C’était un temps où les hommes ayant de belles situations se vêtaient avec soin et élégance, quitte à attendre plusieurs semaines pour un beau costume trois-pièces. Je me rappelle avoir observé mon père, dans son magasin, prendre les mensurations de ses clients avec une grande patience et un sens de l’observation qui forçaient le respect.
C’était une enfance gaie, entourée de gens heureux d’être sortis de la guerre. Mes parents adoraient recevoir et je me souviens que nous donnions au moins trois dîners par semaine, ce qui parfois m’agaçait un peu, mais qui faisait plaisir à ma mère. Celle-ci s’occupait de la maison, c’était une maman très gaie et elle était d’un optimisme indestructible.
La première personne à avoir mentionné les hommes aux clefs d’or devant moi est un professeur de comptabilité qui dispensait ses cours dans le lycée spécialisé dans les hautes études comptables que j’avais intégré après avoir obtenu mon certificat d’études. Cet homme excentrique, que j’appréciais car il me sortait de la grisaille de l’ordinaire, ne tarissait pas d’éloge sur cette profession passionnante de concierge de grands palaces. Son discours faisait naître en moi des rêves aux couleurs et aux odeurs de voyages durant lesquels le temps et l’espace n’ont pas d’importance, où peuvent s’égarer les fortunes de princes et de comtesses qui se tutoient. J’entrevoyais un monde chatoyant de bruits de couloir, d’amours secrètes, de luxe parfumé. Un monde auquel l’homme aux clefs d’or pouvait participer. Mon professeur nous souhaitait de pouvoir un jour exercer ce métier de défi constant, pour lequel il faut maîtriser plusieurs langues étrangères, allier efficacité et discrétion, pour lequel il faut, tout en étant le témoin de la douce folie des nantis, se rappeler que comme le disait Léon Tolstoï : « De toutes les sciences que l’homme peut et doit savoir, la principale est la science de vivre de manière à faire le moins de mal et le plus de bien possible ».
Je restais longtemps après les cours à rêver de ce monde. À côté, la vie végétative que me proposait mon lycée sans couleurs me paraissait bien terne. Devant mon obsession nouvelle pour cette profession méconnue, mon père s’arrangea pour que j’en rencontre un représentant. En effet, il avait un homme aux clefs d’or parmi ses clients. Le terme d’homme aux clefs d’or reste encore aujourd’hui assez flou dans l’esprit de ceux qui ne sont pas du métier. Il est lié à une association, l’Amicale des clefs d’or, créée par un concierge de grands palaces, Pierre Quentin, dans les années 30 et ressuscitée par Ferdinand Gillet¹, concierge-chef à l’hôtel Scribe, après la Libération. Son fils Jean Gillet, qui était concierge aussi, travaillait à l’Hôtel Meurice à l’époque où j’étais groom et je le croisais tous les jours. Cette association s’appelle aujourd’hui l’Union Nationale des Concierges d’Hôtels — Clefs d’Or et a également une branche internationale qui a pour but d’aider les concierges du monde entier à satisfaire au mieux leur clientèle. Elle est un appui considérable qui nous fournissait les renseignements précieux dont nous avions besoin pour mener à bien nos missions. Les concierges y appartenant se reconnaissent aux deux petites clefs dorées et croisées qu’ils portent sur le revers de leur veste noire. Ce symbole viendrait du temps des rois et des châteaux, lorsque le concierge était chargé d’allumer et d’éteindre tous les cierges de la demeure et se servait pour cela d’un énorme trousseau composé des nombreuses clefs lui permettant d’entrer dans toutes les pièces. Le titre de concierge d’hôtel a traversé les siècles, ainsi que ce privilège : aujourd’hui encore, un concierge se doit d’avoir un double de toutes les clefs de son hôtel, pour pouvoir intervenir à la moindre urgence.
Ne sachant presque rien sur ce métier, il était important que je me renseigne avant d’infléchir le chemin de mon avenir, aussi nous prîmes rendez-vous avec cet homme. Il nous parla un long moment, sans donner beaucoup de détails sur sa profession, mais en me mettant largement en garde contre ses inconvénients. Il insista sur l’investissement moral énorme nécessaire pour gravir les échelons, sur les horaires souvent décalés, les jours fériés, nuits et dimanches travaillés et sur l’impact conséquent que cela pouvait avoir sur la vie quotidienne ou familiale. Moi, jeune homme crédule et insouciant, je n’avais pas songé à