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Belgiques: Les politichats
Belgiques: Les politichats
Belgiques: Les politichats
Livre électronique117 pages1 heure

Belgiques: Les politichats

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À propos de ce livre électronique

Un portrait mosaïque de la Belgique.

Neuf portraits cocasses de nos stars politiques transformées en chats. Une Belgique comme on la connaît : décalée dans son conformisme, grinçante dans la décadence. À miauler de rire !
Belgiques est une collection de recueils de nouvelles. Chaque recueil, écrit par un seul auteur, est un portrait en mosaïque de la Belgique. Des paysages, des ambiances, du folklore, des traditions, de la gastronomie, de la politique, des langues… Tantôt humoristiques, tantôt doux-amers, chacun de ces tableaux impressionnistes est le reflet d’une Belgique : celle de l’auteur.

Découvrez la vision de la Belgique, des Belgiques, au travers du regard d'un auteur belge qui vous emmène dans ce pays qu'il aime.

EXTRAIT

L’orage vrille le ciel d’épouvantables éclairs et fusent des coups de tonnerre pires que les hurlements de l’horrible chienne de la ferme voisine. Quelle idée ont-ils eue de l’emmener en vacances dans ces Ardennes qu’il déteste et où, chaque fois, il a la nostalgie de sa belle maison en briques rouges du Brabant flamand ? Ici, tout lui semble différent, dangereux. Cette langue française, surtout, dont il ne reconnaît pas les intonations, les rondeurs, la tendresse. Un nouvel éclair plus fort que les autres fait trembler la nuit et la foudre tombe dans le champ, derrière le chalet dont toutes les portes sont fermées. Ils sont partis à une fête, l’ont laissé seul, juste une coupe de lait et un bol de croquettes, sous l’auvent, ignorant la menace orageuse et la panique qu’elle éveille en lui depuis le début de la soirée. « Un chat, ça ne reste pas à l’intérieur en notre absence ! Nous ne sommes pas chez nous. Et si tu fais des dégâts, ce sera pour notre pomme ! » De toute façon, à part miauler de mécontentement, Schildje n’avait rien eu à dire ! Il les a regardés partir et s’est blotti sous un buisson. La terre était chaude : ce ne serait sans doute qu’un mauvais moment à passer.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Frank Andriat griffonne ses premiers poèmes dès l'âge de treize ans, encouragé par son professeur, l’écrivain Jacques Crickillon. Depuis lors, devenu professeur à son tour, il n'a cessé d'écrire notamment sur l’importance de l’ouverture au vivant. Tous ses livres sont une manière de témoigner et de rendre hommage à la vie, à l’amour et aux autres, sans qui rien ne serait possible.
Il a publié plus de vingt livres dont notamment la série Bob Tarlouze parue chez Ker Editions.
Pour en savoir plus sur l'auteur rendez-vous sur son site : http://www.andriat.fr/
LangueFrançais
ÉditeurKer
Date de sortie20 mars 2019
ISBN9782875862457
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    Aperçu du livre

    Belgiques - Frank Andriat

    Saint Georges désarçonné

    Alors on sort pour oublier tous les problèmes

    Alors on danse

    Tous les jours de l’année

    Stromae, Alors on danse

    « Mon Doudou, mon petit roi, mon chéri… il n’y a pas meilleur chat que toi. Que deviendrais-je sans ta présence ? » ronronne la vieille Irma en faisant un gros câlin à Doudou, roulé en boule sur ses genoux. Poil soyeux, d’un beau noir brillant, Doudou accompagne la vie d’Irma depuis de longues et belles années : pour elle, il est devenu éternel et parfaitement incontournable. Comment vivre sans Doudou, comment se passer de sa présence consolante, de ses bons yeux compréhensifs et empathiques, de ses miaulements un tantinet aigus, toujours moelleux et de ce sourire, ce large sourire qui s’affiche sur sa bouille dès qu’il croise des personnes dans la rue ?

    C’est sa tête charmante et lumineuse qui a séduit Irma lorsqu’elle s’est rendue à la SPA à la recherche d’un nouveau compagnon à quatre pattes, il y a déjà plus de six ans. Ces refuges pour animaux sans maître sont toujours si déprimants : les chiens et les chats vous y observent avec des airs las, quémandeurs, suppliants. Irma était déjà trop vieille pour adopter un chien qu’il faudrait aller promener et qui causerait tant de désordre dans sa maison. Lors de sa visite, elle avait pourtant été émue par une jeune femelle épagneul aux grands yeux implorants. « C’est Roquette, avait précisé la bénévole, elle peut être câline, mais elle est souvent agressive. Trop remuante pour une dame âgée. Je vous la déconseille. » Irma avait longuement observé la chienne : « Qu’est-ce qu’elle semble en manque de tendresse ! C’est sans doute à cause de cela qu’elle se montre querelleuse. » avait-elle songé. Elle en avait adressé la remarque à la femme qui avait ri : « Je la connais, celle-ci. Elle vous apitoie avec son regard mouillé et en secouant la belle touffe de poils qu’elle a sur la tête, mais lorsque vous la prenez près de vous, elle vous plante les crocs dans le bras. J’en ai fait les frais ! Trop hargneuse. Ce n’est pas une chienne d’appartement, je l’imagine plutôt à l’entrée d’une ferme pour éloigner les intrus. »

    Dans le bâtiment réservé aux chats, Irma avait tout de suite repéré Doudou. Ils étaient rassemblés dans des grandes cages. Certains, recroquevillés dans un coin, dormaient, plusieurs miaulaient à fendre l’âme comme des candidats à Guantánamo, d’autres tournaient vainement en rond avec des airs de petits vieux qui cherchent le chemin de la mort sans le trouver. Une jeune chatte blanche semblait plus tranquille, elle se léchait les pattes gracieusement, sans se préoccuper du monde. Irma s’était arrêtée devant elle, avait souri, avait tourné les yeux vers la bénévole et avait dit : « Elle est gentille, celle-ci, non ? » À l’instant où la jeune femme allait lui répondre, son regard avait été attiré vers la cage voisine et elle avait aperçu Doudou. Elle n’avait pu retenir une exclamation surprise, n’avait pas entendu la réponse qu’on lui donnait et avait fait deux pas vers la gauche. Trônant, avec une majestueuse simplicité sur un imposant coussin de soie rouge, Doudou lui destinait un sourire enjôleur. « Vous avez vu, on dirait qu’il s’adresse à moi. C’est extraordinaire ! » avait lancé Irma. « Il est ici depuis longtemps ? » « Il est arrivé hier, avait répondu la bénévole. Un jeune mâle castré. Je ne le connais pas encore, mais je puis vous assurer qu’il ne restera pas longtemps sans maître ! Un vrai séducteur. Il a déjà fait craquer deux dames ce matin, elles voulaient absolument l’adopter, mais les maris s’y sont opposés. Je suis sûre qu’ils ont eu peur de la concurrence. » Irma avait souri. Le chat ne la quittait pas des yeux. Elle avait esquissé quelques pas vers la droite et avait eu l’impression qu’il fronçait les sourcils, elle était revenue vers la gauche et tout son corps s’était détendu. Il avait poussé un grand bâillement, avait exhibé une dentition parfaite, s’était tourné sur le coussin afin qu’elle pût l’admirer sous toutes les coutures, avait levé une belle queue touffue et s’était réinstallé sans lâcher son regard. Un véritable show ! « J’ai l’impression qu’il me sourit. Ce n’est pas possible ! » avait murmuré Irma. « C’est aussi la réflexion des deux visiteuses, ce matin. Et, depuis hier, j’ai eu la même sensation. » Irma s’était étonnée : « Comment a-t-il pu atterrir dans ce refuge ? On n’abandonne pas pareille merveille. » La bénévole avait levé les yeux au ciel, avait déclaré que les humains l’étonneraient toujours, « et plus souvent en mal qu’en bien, Madame ! Les bêtes, au moins, n’ont pas de mauvaises pensées. » Elle avait filé vers le bureau pour récupérer la fiche de Doudou. « Je n’étais pas de service, hier soir. Je vais vérifier ce qu’il est arrivé à ce chat. » Quelques instants plus tard, elle était revenue avec une mine consternée. « Il a été déposé par un certain Monsieur Michel, désolé de ne pouvoir le garder à cause d’une incompatibilité d’humeur avec César, son autre félin. Agressions, bagarres, intimidations. La maison transformée en champ de bataille ! Je peux comprendre : lorsque deux bêtes ne s’entendent pas, la vie peut devenir insupportable. En revanche, ce qui a motivé ce Monsieur Michel m’ahurit : il a choisi de « conserver le plus méchant des deux », selon ses propres termes. D’après lui, personne n’adopterait jamais César, mais son Doudou, si charmant, trouverait rapidement un nouveau foyer. Vous trouvez que ce raisonnement tient la route, vous ? »

    La vieille Irma avait éclaté de rire. « Ce Monsieur Michel est un fin politique ! Il a gagné son pari : son Doudou, je l’adopte ! » La bénévole avait fait la moue : « Garder une sale bête avec soi et abandonner un cœur d’amour, c’est quand même une drôle de politique, non ? Vous êtes sûre que vous ne préférez pas la petite chatte blanche ? Ce Doudou, j’ai peur qu’il vous mène par le bout du nez, vous paraissez si gentille. » Irma avait secoué la tête : « Vous êtes sans doute un peu jeune pour comprendre cela, mais il y a longtemps que je ne me suis plus laissé séduire et je suis prête à prendre quelques risques. »

    Tout de suite, Doudou avait montré que, s’il était charmeur, il pouvait aussi défendre crânement ses intérêts. Lorsque la bénévole était entrée dans la cage pour le saisir, il s’était enfoncé avec autorité dans son coussin rouge et s’y était agrippé de toutes ses griffes. « Il a la poigne d’un président de parti ! » s’était amusée Irma. La jeune femme, étonnée de l’attitude soudain obstinée de ce chat si plaisant, avait consulté la fiche qu’elle avait déposée à côté d’elle et avait poussé un soupir : « Et il sait ce qu’il veut ! Monsieur Michel l’a amené ici avec son coussin personnel : Doudou pète dans la soie ! Pour qu’il ne se sente pas complètement abandonné, son maître lui a donné un coussin qui gardait son odeur. Ce n’est pas parce qu’on a un coussin aux couleurs du Parti socialiste qu’on méprise le confort ! » avait-elle plaisanté. « J’ai compris, avait dit Irma, j’adopte le coussin rouge avec Doudou. Même si le rouge me semble un peu passé. » La bénévole avait souri : « Avec le temps, les couleurs se délavent, c’est normal. » avait-elle fait observer. « Comme les idées et comme l’amour ! » avait ajouté Irma avec mélancolie.

    Son père lui avait inculqué les valeurs de la solidarité et du partage. Après une carrière dans les mines de La Louvière, il avait choisi de vivre sa retraite dans la cité du Doudou, qui le faisait rêver depuis sa tendre enfance.

    À la mort de ses parents, Irma avait emménagé dans leur petite maison proche de la Grand-Place. À quatre-vingt-quatre ans, elle aspire à une vie paisible et, depuis qu’elle la partage avec Doudou, elle a trouvé un équilibre délicieux. Dès le premier jour, le chat au beau poil noir et brillant a pris ses marques, réussissant avec un étonnant talent à faire part de sa satisfaction ou de son inconfort. Au début, Irma avait difficilement compris les nuances qu’il mettait dans ses miaulements et dans sa façon toute poétique de bouger sa queue touffue. Heureux, Doudou causait légèrement grave, avec du ouaté dans la voix. Fâché, il démarrait dans les aigus et c’était agaçant pour les oreilles. Content, il ondulait plaisamment de l’arrière-train. Énervé, il balayait vivement le sol de son boubou soyeux, mais, quelle que soit son humeur, il conservait cette espèce de sourire éternel qui avait charmé Irma dans les allées de la SPA, un peu comme un Premier ministre voulant plaire à son peuple et lui annonçant des restrictions et une augmentation des taxes avec de la guimauve dans la bouche et une détermination joyeuse sur le visage : « Mes chers concitoyens, tout ce que j’entreprends, même si cela vous cause un peu de mal, je le fais pour votre bien et pour l’avenir de vos enfants. » Lorsqu’il voyait les manières hypocrites des politiques au journal télévisé, le père d’Irma, irrité, déclarait : « La politique, c’est l’art d’entuber le peuple avec de la vaseline sans qu’il y ait jamais de date de péremption sur l’emballage. » Et, à la fin de sa vie, les socialistes qu’il avait tant vénérés finissaient dans le même panier que les libéraux, les catholiques et les nationalistes flamands : « Je suis si déçu, ma petite, j’ai cru longtemps qu’il en existait certains pour racheter les autres. »

    Avec les années, Doudou et Irma ont

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