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Le Berry: Promenade en province berrichonne
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Livre électronique83 pages59 minutes

Le Berry: Promenade en province berrichonne

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À propos de ce livre électronique

À la découverte du Berry ancestral.


Patrick Bard, auteur de polars glaçants qui emmènent leurs lecteurs (nombreux) au bout du monde, livre ici une ode très émouvante à son pays de cœur, à cette terre de potiers du Berry dont ses fibres les plus intimes sont issues. À lire ce photographe de talent qu’il est aussi, on voit spontanément les images qu’il écrit sur la cuisine, sur la géographie, sur George Sand, sur ce terroir de vins et de sorciers qui a vu naître Jacques Cœur et Le Grand Meaulnes.

L'auteur nous invite avec tendresse à découvrir le Berry, pays plein de charme de son enfance.

EXTRAIT

 D’où suis-je vraiment ? Quelle est ma culture ? Celle de l’enfance ? Celle qui marche avec une langue, un accent, une cuisine, l’éducation des sens ? Qui suis-je ? Si je devais répondre à cette question, je dirais : « Berrichon. » De parents, de grands-parents, d’arrière, arrière-arrière, aussi loin qu’il vous serait possible de remonter la lignée incertaine de miséreux que je nomme ancêtres, glèbe collée aux sabots. Berrichon je suis, donc. Berrichon de toutes les vacances de mon enfance, Toussaint, Noël, Chandeleur et Pâques incluses, et croyez-moi, ça fait un paquet de temps…

À PROPOS DE L'AUTEUR

Patrick Bard, né le 13 avril 1958 à Montreuil-sous-Bois, est un photojournaliste et écrivain français.

LangueFrançais
ÉditeurMagellan & Cie Éditions
Date de sortie31 janv. 2018
ISBN9782350744803
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    Aperçu du livre

    Le Berry - Patrick Bard

    À mes grands-parents, Hélène et Alexandre…

    « J’adhérerai à SOS-racisme quand ils mettront un S à racisme. Il y a des racistes noirs, arabes, juifs, chinois et même des ocre-crème et des anthracite-argenté. Mais à SOS-Machin, ils ne fustigent que le Berrichon de base ou le Parisien-baguette. C’est sectaire. (…) Mais attention, il ne faut pas me prendre pour un suppôt de Le Pen sous prétexte que je suis contre tous les racismes. »

    Pierre Desproges,

    Fonds de tiroir, Éditions du Seuil

    « Changement d’herbage réjouit les veaux »,

    proverbe berrichon

    ÊTRE ET NAÎTRE

    On naît quelque part comme on est de quelque part. Quoique, s’il faut en croire Brassens, seuls les imbéciles heureux naissent quelque part et en tirent fierté. Je suis venu au monde à Montreuil-sous-bois. J’y ai passé vingt-quatre heures. La naissance est un hasard. L’être, lui, relève de l’enfance, de l’imprégnation, de la culture. En ce sens, je suis un banlieusard élevé en Seine-Saint-Denis. J’ai vécu vingt-sept ans sur les bords de Marne. Mais je suis aussi un Hispanique, par ma belle-famille, depuis trente-sept ans. Plutôt, non, espagnol-mexicain, d’ailleurs, pour avoir passé plusieurs années au pays de la tortilla. Et puis, tant qu’on y est, je suis Percheron, puisque je vis depuis sept ans dans le Perche, que ma fille y vit aussi, et que l’une de mes deux grand-mères y est enterrée bien qu’elle soit une pure Normande née à la Rivière Saint-Sauveur et habitante de Deauville. C’est beaucoup, je vous l’accorde bien volontiers. Mais qu’est-ce que ça fait de moi, au juste, cette somme d’être ? D’où suis-je vraiment ? Quelle est ma culture ? Celle de l’enfance ? Celle qui marche avec une langue, un accent, une cuisine, l’éducation des sens ? Qui suis-je ? Si je devais répondre à cette question, je dirais : « Berrichon. » De parents, de grands-parents, d’arrière, arrière-arrière, aussi loin qu’il vous serait possible de remonter la lignée incertaine de miséreux que je nomme ancêtres, glèbe collée aux sabots. Berrichon je suis, donc. Berrichon de toutes les vacances de mon enfance, Toussaint, Noël, Chandeleur et Pâques incluses, et croyez-moi, ça fait un paquet de temps. Berrichon, parce que mes grands-parents, sans doute, me consacrèrent plus de temps que mes parents ne le firent, trop occupés qu’ils étaient à leurs intestines querelles. Berrichon par la cuisine, au beurre, forcément au beurre. Par le vin, pinot noir ou cabernet-sauvignon. Par le pain, béni. Par la littérature – en Berry, on n’échappe pas à Sand –, par la terre, celle des potiers, par les eaux de l’Indre et du Cher, par le feu et le fer du forgeron du village, par le peintre-poète-écrivain-globe-trotter – du village aussi – qui indiquait sa profession sur un panneau cloué à sa porte et qui me fit rêver de lointains. Par l’odorat, par l’ouïe, le goût, le toucher, le regard, je le confesse, je suis berrichon, habitant de la planète Terre.

    Si l’on en croit le regretté Desproges, on est toujours le Berrichon d’un autre…

    Terre

    Bandez-moi les yeux, emmenez-moi en Berry, je vous dirai sans hésiter où je suis rien qu’à l’odeur de la terre. On prétend que l’odorat est le sens de la mémoire. Depuis ma naissance, j’ai senti, respiré le Berry, en toutes saisons. Ses fragrances sont inscrites dans mes cellules. Je l’ai dit, je descends d’une longue lignée de paysans, la plupart du temps sans terre. Des domestiques, des journaliers, des gardes-vignes. De Sainte-Lizaigne, en champagne berrichonne, jusqu’à Sassierges Saint-Germain, les miens ont parcouru un peu plus d’une trentaine de kilomètres en trois cent quarante ans. Cette terre-là est dans mes gênes. Elle n’est pas noire, ni grise argile. Elle est brun-clair, sensuelle, grumeleuse sous la pulpe des doigts, parsemée de calcaire et de silex. Avec un petit effort d’imagination, elle sentirait presque le pain. Cette terre-là, mes grands-parents l’ont retournée avant de la fuir pour échapper à la misère, avant d’y revenir, avant, enfin, d’y pourrir. Ma grand-mère, placée à huit ans comme bonne, mon grand-père confié à sept ans comme arpette dans une ferme. Ils se sont rencontrés dans un bal. Il y avait-là des sonneurs, des cornemuseux, des vieilleux. Hélène et Alexandre étaient pauvres, mais portaient des noms de héros antiques. Il se sont aimés sur un air de bourrée, de branle, et se le sont avoué en berriau, en langue berrichonne. Ils louèrent une maison, enfin, une maison, c’est beaucoup dire. Une bouinotte, plutôt, un genre de pièce unique au sol de terre battue, sans eau ni électricité, à Châtre, un hameau où mon grand-oncle et sa famille s’étaient installés comme fermiers. Enfant, je l’ai connu cette ferme-là, avec ses chèvres pour le lait, le fromage, quelques vaches, des poules, des lapins, des canards, un potager, un cheval percheron, des champs de blé et d’orge. Des bouchures. Des mares. Des garennes. Je me souviens de l’échelle en bois appuyée à la lucarne, de la porte fermière à double-battant, de la salle

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