Les mazurkas: Le monde d'après
Par Olivier Vetter
()
À propos de ce livre électronique
Trois époques. Un homme. David.
A 10 ans, après avoir quitté sa maison, il accompagne sa mère dans un centre de vacances transformé en camp de réfugiés. Il fait la connaissance de Nour, une jeune pianiste qui deviendra plus tard sa compagne. Bientôt déçu par les adultes, il apprend à se méfier de ses semblables.
A 20 ans, après une longue errance dans des camps de rééducation, à l'occasion d'un ultime transfert, il débarque dans une ville en ruine qui rejette les étrangers. Il y rencontre Angela, une rebelle débrouillarde qui lui redonne confiance.
A 40 ans, devenu père de famille, David comprend que rien n'est jamais acquis. Passé et avenir deviennent incertains. Qui est-il vraiment? Qui est cette femme qui prétend être sa génitrice?
Ce qui n'empêche pas Nour, la mère de ses jumelles, de préparer le concert qu'elle doit donner dans la cathédrale autour des mazurkas de Chopin.
Olivier Vetter
Né à Orléans, Olivier Vetter s'est installé dans le limousin en 2003 après un passage sur Paris. Il partage désormais sa vie entre Limoges et la Corrèze. Il écrit, pour le plaisir, des nouvelles et des romans. Il s'intéresse aux sujets de société, le féminisme, la cause lgbtqi+. Il est l'auteur du roman "Les mazurkas".
Lié à Les mazurkas
Livres électroniques liés
Derniers murmures avant la fin: Un roman où l'apocalyptique se mêle au suspense Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationUne nouvelle ère: Tome III : L’Apocalypse Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLa dernière menace Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationInsoumise, tome 1: Au delà du mur Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationSeuls sur Terre Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLES MORTS INSIGNIFIANTS Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationÀ la recherche du dragon d'or: La lignée des dragons - Tome 1 Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5La maison des hommes bleus Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLes veuves de juillet Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationTu ne filmeras point ! Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLes Enfants de Pangée - 3 : Jugement dernier: Les Enfants de Pangée, #3 Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5Il faut sauver Paul McCartney: Les trois Brestoises - Tome 14 Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationUsagers Cursifs Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe futur oublié Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLa prophétie d'Élange Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLes poussières de Psyché Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationSeth et le garçon-sirène Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationBienvenue en utopie Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationSeconde terre - Tome 3: Compte à rebours Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationL'Ange gardien de Montevideo: Un roman passionnant et singulier Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationProteus II: La guerre en héritage Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationEtoiles Mortes Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationUn feu d'artifice dans ma vie: Tome 2 - Apprivoiser l'inconnu Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationRéminiscences ?: Thriller Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationZone d'ombre tome 2 Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe jardin des morts: ZMTL 1 Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe garçon perdu: Les enquêtes de Détective Mark Turpin, #3 Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationJe suis Pompéi Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe jour où tout a commencé: L'Affranchi, Socrate et le Gouvernement : La Fable de l'éternité Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluation13 Effrois Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluation
Dystopie pour vous
Anges Gaiens, livre 1: La Toile de l'Eveil Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationRêves Érotiques 2 - Histoires Erotiques Très Chaudes: Dix Histoires De Sexe Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5Elle mord les Zombies ! Évaluation : 2 sur 5 étoiles2/5L'Asociale Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationAventures sexuelles privées - histoires de sexe: Dix nouvelles érotiques Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5Histoires courtes érotiques sales - Les femmes aiment le sexe: Recueil d'histoires érotiques de sexe entre adulte Évaluation : 1 sur 5 étoiles1/5Rien du tout Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationVivre Dans Le Nord: Un LitRPG Apocalyptique Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluation
Avis sur Les mazurkas
0 notation0 avis
Aperçu du livre
Les mazurkas - Olivier Vetter
Un grand merci à Isabelle Mégard-Navarro pour son travail, pour sa gentillesse et pour son soutien inconditionnel. Sans elle, je n’aurais sans doute pas poursuivi l’aventure.
Merci à Fabrice, le premier lecteur pour ses remarques constructives.
Merci à tous ceux qui ont lu et corrigé « les mazurkas ». Et même si les collaborations n’ont pas toujours été fructueuses pour différentes raisons, j’ai essayé de prendre en compte les multiples commentaires.
Sans oublier Alain, mon ultime lecteur, pour sa patience et son regard incisif.
Merci à tous les auteurs qui m’ont nourri.
TABLE
Jour J
La tempête
Jour J moins dix semaines
Jour J moins vingt ans
Jour J moins dix semaines
Jour J moins trente-six ans
Jour J moins dix semaines
Jour J moins vingt ans
Jour J moins dix semaines
Jour J moins trente ans
Jour J moins dix semaines
Jour J moins trente ans
Jour J moins vingt ans
Jour J moins trente ans
Jour J moins dix semaines
La colère
Jour J moins dix semaines
Jour J moins vingt ans
Jour J moins trente ans
Jour J moins dix semaines
Jour J moins vingt ans
Jour J moins cinq semaines
Jour J moins trente ans
Jour J moins vingt ans
Jour J moins trente ans
Jour J moins cinq semaines
Jour J moins trente ans
Jour J moins quatre semaines
Jour J moins vingt ans
Jour J moins trente ans
Jour J moins quatre semaines
Jour J moins trente ans
Jour J moins quatre semaines
Jour J moins trente ans
Jour J moins trois semaines
Jour J moins vingt ans
Nour
Jour J moins vingt-cinq ans
Jour J moins vingt ans
Jour J moins deux semaines
Jour J moins vingt et un ans
Jour J moins vingt ans
Jour J moins cinq jours
Jour J moins vingt ans
Jour J moins deux jours
Jour J moins vingt ans
Jour J
Jour J
Des notes sous la voûte.
Saluons la découverte d’un nouveau talent dans notre ville. Nour, cette prometteuse pianiste qui jouera ce soir à la cathédrale une sélection des mazurkas de Chopin, un compositeur qu’elle vénère.
Une seule question se pose : pourquoi a-t-elle attendu aussi longtemps pour nous faire partager son amour de la musique ? Tout simplement, « parce qu’elle n’était pas prête », prétend-elle. La vie ne l’a pas épargnée. Comme beaucoup, Nour a traversé de nombreuses épreuves, sans jamais perdre espoir. Meurtrie dans sa chair, elle s’est accrochée à son instrument contre vents et marées. « Sa bouée de sauvetage », comme elle se plaît à l’expliquer.
Ces dernières années, la belle pianiste s’est surtout occupée de ses filles, d’adorables jumelles passionnées de musique. La relève semble assurée.
De son propre aveu, Nour serait paresseuse. Le moindre effort la rebuterait. Que dire alors des interminables répétitions qui remplissent ses journées ?
Ne la croyez surtout pas et venez l’applaudir ce soir.
Vous ne serez pas déçus.
Article paru dans Le Renouveau de ce matin.
La tempête
Jour J moins dix semaines
Les notes de musique s’infiltrent dans l’esprit quadragénaire de David, l’incitent à reprendre pied. Il peut quitter son rêve, échapper à l’engourdissement. Un par un, ses neurones sortent de leur léthargie. Les synapses s’animent. Les idées se forment. Floues, puis de plus en plus claires. La conscience émerge.
David reconnaît le morceau. Une mazurka de Chopin. Un bon choix.
Il se tourne sur le côté, frôle Nour. Il pose ses lèvres au creux de son cou. Là où la peau est la plus soyeuse. Il lui murmure des mots doux. Un rituel quotidiennement renouvelé dont il ne se lasse pas.
Nour. Sa moitié. Son double. Celle qui lui a tant appris. La confiance. Le partage. L’abandon. Le détachement. L’amour. Chaque jour, depuis vingt ans, il mesure un peu plus sa chance. Tout chez elle l’émerveille. Ses yeux. Sa bouche. Sa peau. Son ventre. Ses cuisses. Ses cicatrices.
Trois fois par semaine, David s’éveille ainsi. Les lundi, mercredi et vendredi. En toute quiétude. Alors que les dernières brumes du sommeil s’estompent, il laisse la réalité l’imprégner.
Les autres matins, il émerge plus tard, en même temps que sa dulcinée. Ils peuvent alors se raconter leurs rêves, se caresser, s’embrasser et goûter au plaisir d’entamer une nouvelle journée ensemble.
Beethoven et sa quatrième symphonie succèdent à Chopin. David soupire. À la fin du deuxième mouvement, il devra se lever, prendre son petit déjeuner, se doucher et partir. Hugo, le robot de la famille, aura tout préparé. L’eau sera réglée à la température idéale. Il écoutera les nouvelles du jour. Une sélection des sujets qui l’intéressent. La culture, la vie locale, l’écologie, et l’indispensable météo. Mais pour l’instant, il peut somnoler dans cet entre-deux.
Nour sourit dans son sommeil. Sa magnifique crinière rousse s’étale sur l’oreiller. Son visage est paisible. Ses traits sont gracieux. Souvent, David se surprend à envier sa sérénité.
Lui aussi pourrait rester au lit. Profiter du revenu de base pour se prélasser. Cette somme, versée par l’État fédéral, à partir de dix-huit ans, donne à tout le monde le droit de vivre décemment. Plus besoin de chercher un emploi ni de subir les affres du qu’en-dira-t-on, comme cela se passait trop fréquemment dans les temps anciens. Désormais, chacun est libre de rester chez soi.
David a choisi de travailler. Quinze heures par semaine. La durée légale. Son salaire permet d’améliorer le quotidien de sa famille. Les jumelles peuvent ainsi suivre leurs cours particuliers : la harpe pour Fanny, le violoncelle pour Clara. Chacune cultive son jardin, à l’instar de leur pianiste de mère.
Comme souvent, au réveil, David se laisse emporter par ses pensées. Les images se mêlent. La réalité lui échappe, et sans Hugo, pour le tirer de sa rêverie, il repartirait bien pour une seconde nuit de sommeil.
Trente minutes plus tard, un soleil de plomb l’accueille au pied de l’immeuble aux formes arrondies où il loue son appartement pour un montant dérisoire. Seul privilège, un rez-de-jardin qui lui coûte un supplément de loyer. Les jumelles peuvent ainsi jouir du parc qui entoure la résidence.
Les constructions actuelles ne dépassent pas trois étages, les imprimantes 3D ne pouvant pas œuvrer plus haut. Les angles droits de jadis ont cédé la place aux courbes, qui, en dehors de l’esthétisme, résistent mieux aux colères du ciel.
Une alerte écarlate a justement été lancée pour ce soir. Une fois de plus, il va falloir se claquemurer.
Il semblerait pourtant que la puissance des tempêtes diminue depuis quelques années. Cela reste à prouver. En règle générale, David est du genre sceptique. Il se méfie des rumeurs, trop souvent porteuses de fantasmes.
D’un pas de sénateur, il s’engage dans la rue des Préludes. Puis il gagne le boulevard des Sonates, un large ruban qui ceinture le centre-ville. Quelques cyclistes le dépassent. Les rares piétons qu’il croise le saluent.
Une navette le survole. Rose pâle. L’engin trace une courbe dans le ciel pour disparaître derrière un rideau d’arbres. Ces petites merveilles ont remplacé les véhicules individuels d’autrefois, s’adaptant aux besoins du passager. Elles peuvent voler, rouler, et parfois même fendre l’écume, selon le modèle. Gratuites. À la disposition de tous. Faciles à utiliser. Il suffit d’indiquer oralement la destination pour qu’elles vous y amènent.
David passe devant la station de trams des Mazurkas. Du nom de l’ancien quartier d’affaires qui occupait jadis les lieux. Toutes les rues portent des patronymes de compositeurs : Mozart, Bach, Berlioz, Mendelssohn, Schumann, Verdi. Une idée originale, surgie de l’esprit d’un élu mélomane ou d’un urbaniste cultivé, à l’époque lointaine où les façades de verre se succédaient avant d’être remplacées par les habitations qui ont poussé depuis vingt ans.
Perdu dans ses pensées, David se laisse surprendre par le hurlement strident de la sirène qui se déclenche brusquement, l’obligeant à se plaquer au sol, le nez dans l’herbe, entre les rails du tram. La dernière fois, il s’était aplati dans une crotte de chien. Il avait été obligé de rentrer se changer.
Autour de lui, tout s’est figé. Les navettes qui volaient se sont posées, procédure d’urgence oblige. Celles qui roulaient se sont arrêtées. Un silence de mort règne sur l’avenue.
De tels exercices sont fréquents. Officiellement destinés à maintenir la vigilance des habitants en cas d’attaque terroriste. David soupçonne les autorités de chercher à entretenir une dangereuse paranoïa, un climat de peur.
D’habitude, une seconde alerte clôt la séquence, autorisant chacun à reprendre le cours de sa vie. Pas aujourd’hui. David s’impatiente. Toutes ces précautions lui paraissent ridicules. Prenant appui sur ses mains, il commence à se redresser. Tant pis pour les consignes. En principe, des drones repèrent les contrevenants. Mais ce matin, le ciel reste vide. Personne ne viendra le verbaliser.
C’est alors qu’il perçoit une explosion, dans le lointain, suivie d’un panache de fumée noire. Aussitôt les haut-parleurs crachent leurs ordres :
‒ Ceci n’est pas un exercice.
La centrale à charbon a été attaquée. C’est tout au moins ce que prétend le bracelet connecté de David. Un terroriste s’y serait fait sauter.
‒ Ceci n’est pas un exercice.
‒ On a compris, ricane David.
Cet attentat tombe bien, cette centrale figurant à l’ordre du jour de la réunion de ce soir. La commission des transports et de l’énergie doit débattre de son sort. Ce sujet revient chaque année sur le tapis, avec ses pour et ses contres. Les opposants gagnent toujours. Jusqu’à quand ?
En tant que représentant du quartier, David aura son mot à dire. Cela fait une semaine qu’il prépare son argumentaire. Pas question pour lui de rouvrir cette usine polluante qui n’a pas été utilisée depuis des décennies. Sa destruction permettrait de régler définitivement le problème.
Sans attendre la fin de l’alerte, David reprend sa marche, le long de la ligne de tram, en évitant les passants étendus qui ont été surpris par la sirène. Une mère de famille rassure sa fillette effrayée. Un homme âgé se cramponne à sa canne. Un couple profite de l’occasion pour se bécoter. À chacun ses priorités.
Des herbes folles ondulent entre les rails. David n’y a jamais vu un engin circuler. Il est pourtant prévu de remettre le réseau en service afin de justifier la réouverture de la centrale. Foutaises !
La ville se développe d’année en année. Une nouvelle population, triée sur le volet, s’y installe. Des quotas ont été mis en place. N’importe qui ne peut pas franchir les portes de la cité. Ce qui n’était pas le cas jadis. Lorsque les cars déversaient leur cargaison de réfugiés. Comment oublier ?
Jour J moins vingt ans
En dix années d’errance, David n’avait jamais eu aussi froid. Un vent glacial transperçait la doudoune rose qu’un bénévole lui avait donnée au départ. Courte. Moulante. Il avait choisi la moins ridicule. D’autres n’avaient pas eu cette chance. Comme ce petit homme affublé d’un manteau violet, trop long, trop large. Un épouvantail ne l’aurait pas envié. David se raccrochait à ce qu’il pouvait. Lui au moins conservait une certaine dignité. Rose, certes.
Combien de temps avait duré le trajet ? Six heures. Sept heures. Peut-être davantage. Parti avant l’aube, le convoi s’était arrêté après le crépuscule. Les paysages s’étaient succédé. Des montagnes enneigées. Des forêts mystérieuses. Des plaines labourées. Des zones industrielles abandonnées. Des villages fantômes. Des cités inconnues. Ils avaient parcouru des centaines de kilomètres.
À vingt ans, la vie de David se résumait à une suite de transferts, plus ou moins rapprochés. Il avait été transbahuté depuis son enfance. De centres de rééducation en camps de redressement.
Une population hétéroclite s’entassait dans le car. De tous âges. De toutes origines. Des hommes et des femmes aux traits tirés. Certains conversaient. La plupart somnolaient.
La voisine de David s’était mise en boule au départ du convoi, pour ne plus changer de position avant son arrêt définitif. Rien n’était parvenu à troubler son sommeil. Ni les rares pauses. Ni les coups de frein du conducteur.
Des militaires les accueillirent. Armes aux poings. Pas question de s’écarter du groupe. Une fois ses affaires récupérées, chacun devait suivre le mouvement.
Le camp avait été installé à l’intérieur d’un ancien centre commercial. Avec sa galerie marchande, ses escaliers et
