The Winter Knife
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À propos de ce livre électronique
Lorsqu’un adolescent populaire est retrouvé mort, la tuerie est mise sur le compte d’une meute de chiens errants. Est-ce vraiment un hasard si sa disparition survient juste après avoir mis en furie la jeune Haley, 14 ans, une ado déchirée entre sa colère et son désir de faire partie de sa communauté ? D'autres attaques impliquent une créature mythique des bois de Northwoods, avec laquelle elle s'est liée d'amitié les étés précédents. Alors que la police mène une chasse au puma dans la ville, Haley élabore un plan désespéré, impliquant le vol d’une voiture et l’utilisation de son lien empathique pour éloigner la créature de la ville – seule au cœur d'un blizzard qui rend les routes dangereuses même pour des conducteurs expérimentés. Si elle échoue, son monstre, ou d’autres membres de sa communauté, mourront.
Laramie Kay Sasseville
Sono un membro dell'organizzazione Romance Writers of America e della Minnesota Scienctifiction Society a Minneapolis, MN, USA. Ho venduto racconti a pubblicazioni professionali e a Champagne Books e alla prima linea digitale di Kensington Book, Lyrical Press, prima di decidere di pubblicare come Indie quando sono rientrata in possesso dei miei diritti quest'anno.
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Aperçu du livre
The Winter Knife - Laramie Kay Sasseville
The Winter Knife
Laramie Sasseville
À la mémoire de
Howard Harrison,
probablement un oiseau à présent
Tous mes remerciements
à mes merveilleux partenaires critiques,
Lizbeth Selvig, Nancy Holland et Ellen Lindseth, à MFW, le meilleur groupe de soutien possible pour les écrivains en herbe, à Jill Boughner – pour ses encouragements depuis les débuts - au Minneapolis 4th Saturday Filkers et 2nd Sunday Rise Up Singers, une formidable communauté de soutien pour les musiciens qui aiment s’amuser.
The Winter Knife
par Laramie Sasseville
Traduit de l’anglais américain par Justine Reverdy
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Publié par Laramie Sasseville pour Kindle
Copyright 2017 Laramie Sasseville
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Kindle Edition, License Notes
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Édition Kindle, Mentions Légales
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The Winter Knife
Dédication
La Douzième Nuit: Samedi
L’Épiphanie: Dimanche
Lundi après les Vacances d’Hiver
Mardi
Mercredi
Jeudi
Vendredi
Samedi
Épilogue: Lundi Encore
Premier Aperçu
One of Me is Missing
Dédication
––––––––
À la mémoire de
Howard Harrison,
probablement un oiseau à présent
––––––––
Tous mes remerciements
à mes merveilleux partenaires critiques,
Lizbeth Selvig, Nancy Holland et Ellen Lindseth, à MFW, le meilleur groupe de soutien possible pour les écrivains en herbe, à Jill Boughner – pour ses encouragements depuis les débuts - au Minneapolis 4th Saturday Filkers et 2nd Sunday Rise Up Singers, une formidable communauté de soutien pour les musiciens qui aiment s’amuser.
La Douzième Nuit : Samedi
IcicleDagger.pngHaley Devereaux arpentait le trottoir gelé, glissant par moment, aussi vite qu’elle le pouvait, encombrée par sa guitare et emmitouflée pour faire face à la nuit glaciale. Le vent vif se découpait un passage dans l’air froid crépitant. Elle n’aurait pas été surprise de trouver des entailles sanglantes là où sa peau engourdie était exposée. À dix degrés en dessous de zéro, même la plus petite brise constituait un fort refroidissement éolien. Et cette brise se faisait sentir.
Se concentrer sur le froid l’empêchait de ressasser la façon dont elle s’était précipitée hors de la fête de la Douzième Nuit, avec à peine assez de présence d’esprit pour lui rappeler de s’habiller pour affronter les températures de la nuit, bien inférieures à zéro. Seules les habitudes profondément enracinées d’une Minnésotaine native lui firent rentrer son écharpe dans son sweatshirt sous son manteau, l’enrouler autour de sa bouche et de sa tête avant de rabattre sa capuche par-dessus, puis arrimer ses courroies de cuisse aux attaches de ses bottes, et enfin mettre ses gants doublés de polaire – le tout avant de quitter l’église. Une fois qu’elle eut mis un pied dehors, le froid mordant était presque suffisant pour la distraire du sentiment de rage bouillonnante qui l’agitait et ne lui était pas familier.
Seulement trois rues jusqu’à l’arrêt de bus, mais trois rues à se concentrer sur chaque pas. Même aux endroits ayant été déneigés, de grandes plaques de verglas subsistaient et, là où le déneigement n’avait pas été fait, le passage réitéré des bottes avait compacté la neige en de tortueuses et glissantes pistes, rendues encore plus traîtres aux croisements où ils rencontraient les hautes crêtes laissées par le passage des chasse-neiges. Certains de ces monticules s’élevaient de près d’un mètre au-dessus du sol. Trois rues de cette marche traîtresse, tout en faisant attention de bien respirer par la bouche pour ne pas laisser se former de douloureux cristaux de glace dans ses narines, lui donnèrent l’impression de parcourir des kilomètres.
Le froid était presque suffisant pour empêcher Haley de penser à la fête. Presque, mais pas tout à fait. Et peut-être est-ce une bonne chose. La colère l’aidait contre le froid qui la transperçait jusqu’aux os. Elle n’avait jamais connu une telle fureur de sa vie. Cela l’inquiéta, mais la réchauffa également. Et maintenait en retrait ses larmes qui menaçaient de déborder. Elles auraient gelé directement sur ses joues si elle s’était laisser aller.
Le ciel formait une couverture grise au-dessus des quartiers du sud de Minneapolis tandis qu’Haley se dépêchait de passer devant les vieilles structures aux toits en pente, les porches, les pignons, les menuiseries et maçonneries finement élaborées. Elle passa devant des bâtiments neufs – de trapus blocs de deux étages de brique pâle. La neige accumulée sur chaque toit et porte donnait un air de solidarité aux divers immeubles face à l’Hiver, leur ennemi commun.
Ça aurait dû être sa nuit. Après tous ses efforts, ses entraînements quotidiens, les leçons qu’elle avait payées avec l’argent de ses baby-sittings. Penser qu’elle appréciait George avant ça ! Qu’elle l’admirait ! Ses talents de musicien avaient fait de lui l’une des stars du Select Ensemble, le groupe de l’église. Il jouait et chantait comme un pro.
Dommage qu’il soit un sombre crétin égocentrique. Il aurait dû être celui qui souffrait à cet instant : dehors dans l’air glacial, luttant contre le blizzard. Il ne lui avait même pas laissé une chance. Elle aurait dû le remettre à sa place.
Les larmes menaçaient toujours aux coins de ses yeux. Se rattrapant de justesse alors qu’elle glissait sur un morceau de trottoir verglacé, Haley passa sa guitare dans son autre main. Elle rétracta les doigts raidis par le froid de sa main libre à l’intérieur du gant, les réchauffant en formant un poing serré tandis qu’elle atteignait un tronçon de trottoir dégagé, qu’elle parcourut animée d’une vigueur renouvelée.
Elle s’était emmitouflée et était partie de l’église sans un mot. Personne ne semblait l’avoir remarqué. Qui l’aurait fait ? Sa famille n’était pas venue. Sa mère était encore en déplacement, inspectant les bureaux de conseillers financiers à Baton Rouge. Son père travaillait tard un samedi car « il y a toujours un problème avec le système hérité ». Tammy était à une soirée pyjama chez son amie Cheryl. Dan était sorti avec sa bande. Soit celle de son club d’athlétisme soit de son club de débat, elle ne se rappelait plus. Il avait juste dit, « si tu veux prendre le bus par ce temps pour aller dans une fête d’église toute naze, vas-y ; tu as ta carte de bus – tu peux sans doute aussi demander à Tom et Rick de te ramener. » Sauf que Rick était probablement toujours au concert et n’avait même pas remarqué son absence.
Elle était la seule de sa famille qui participait aux activités de la Première Église Unitarienne, plus parce qu’elle aimait la chorale que par esprit religieux. Sally, sa plus proche amie, était Épiscopalienne. Bien qu’elles aient beaucoup en commun, Sally ne s’intéressait pas aux activités de l’église d’Haley. Et Kristen, qui avait été sa meilleure amie à l’église durant l’école primaire, avait maintenant un groupe d’amis plus cool avec qui traîner. À savoir les membres du cercle de musique qu’Haley avait espéré impressionner ce soir.
Apparemment, Kristen ne pensait pas qu’elle était assez cool pour cette nouvelle bande. Ce soir aurait dû être sa chance de détromper son ancienne amie, détromper le directeur de la chorale, M. Chassen, de prouver qu’elle valait mieux que le peu de crédit qu’ils lui accordaient.
Puis George lui avait volé sa chance. C’était à son tour de jouer et il s’était précipité, avait bondi en avant comme si elle n’avait pas existé. Tout le monde, tous les autres membres du chœur présents qu’elle connaissait, n’y avaient pas prêté la moindre attention, trop occupés à applaudir George pour se rendre compte qu’elle s’était levée et était partie.
Peut-être que personne n’avait remarqué comment George l’avait reléguée au second plan. Peut-être n’était-elle pas aussi humiliée qu’elle le pensait. Peut-être qu’il ne l’avait pas remarqué. Était-ce mieux ? Était-ce mieux qu’il ne l’ait même pas remarqué plutôt qu’il l’ait effectivement remarqué et ait décidé qu’elle ne valait pas la peine d’être écoutée ?
Haley se sentie réchauffée par un accès de fureur renouvelée. Elle avait toujours pensé que « voir rouge » n’était qu’une expression, mais le quartier recouvert de neige et de glace autour d’elle se colorait d’une teinte vermeille. Elle se sentit pendant un instant telle une bête sauvage, prête à mettre George en pièces à l’aide de ses crocs et de ses griffes, et de le réduire à une pulpe sanguinolente. Wow ! N’était-elle pas la même personne qui refusait de tuer les mouches ? Mais comment osait-il ? Comment osait-il la traiter de la sorte ? Et pourquoi s’était-elle enfuie ? Elle aurait dû lui arracher sa maudite guitare des mains et la lui écraser sur le crâne !
« Ok, » murmura-t-elle. « Comme si piquer une crise devant tout le monde allait soudain me rendre super cool. » Sa propre voix lui parut étrangère dans le paysage stérile de la ville gelée. Elle n’avait vu passer aucune voiture depuis un moment. Il était onze heures passées. Même un samedi soir, bien peu étaient sortis s’amuser dans cette banlieue résidentielle en plein hiver Minnésotain. Le bulletin météo qualifiait cet hiver du plus froid depuis 1927 pour la région des Twin Cities. Vingt jours consécutifs de températures au-dessous de zéro, et l’on n’était encore qu’en Janvier. Elle avait entendu le signalement d’animaux d’élevages et sauvages retrouvés morts gelés. Les chutes de neige avaient déjà dépassé les deux mètres cinquante – quand la moyenne d’une saison entière était d’un mètre quatre-vingts, comme semblait se délecter de le rappeler à tout le monde le journaliste de Channel Four.
Haley atteignit enfin l’arrêt de bus désert, et put se mettre à l’abri du vent avec un soupir de soulagement. Elle enfonça le bouton de la lampe chauffante du plafond et regarda les horaires affichés. Repoussant gant et manche, elle vérifia l’heure sur la montre bon marché que sa mère considérait comme un substitut approprié de smartphone. Dix minutes à attendre. Dans le cercle limité par la lampe chauffante, elle fit les cent pas pour dégourdir ses pieds meurtris par le froid. Au moins les aiguillons qu’elle ressentait étaient l’assurance qu’ils n’étaient pas encore gelés.
Peut-être que fracasser la guitare de George sur sa propre tête n’était pas la bonne solution. Il devait y avoir une façon plus mature de gérer les choses, autre que de ramasser ses affaires et de s’enfuir lâchement. Mais elle ne connaissait pas de façon plus mature. Elle n’avait que quatorze ans. Elle avait juste eu envie de partir. Elle n’avait pas voulu faire partie d’un monde où elle ne comptait pas. Elle voulait rentrer à la maison, s’enfermer dans sa chambre où elle pouvait être dans son monde à elle. Les larmes lui montèrent aux yeux. Non. Pas maintenant. Mieux valait rester en colère.
Mieux valait penser à réduire George en bouillie. Il ne pourrait plus l’ignorer alors, pas avec ses crocs plantés dans sa chair, pas anéanti et se contorsionnant de douleur...
Mais d’où venaient ces visions ? Elle resta un instant immobile, choquée de ses propres pensées, de la fureur qui avait balayé toute sa délicatesse habituelle et ses positions réfléchies. Que lui arrivait-il ? Elle n’avait pas de crocs, rien que ses dents parfaitement humaines. Non pas qu’elle l’aurait réellement mordu si elle avait eu des crocs. Pas quand tout le monde autour d’eux aurait pris son parti à lui et se serait retourné contre elle. Il était populaire. Tout le monde l’aimait bien. Tout ce qu’elle aurait récolté aurait été d’être ostracisée par le chœur, par l’église, par sa propre famille, par le monde entier. Elle ne pourrait le supporter. Le chœur était tout ce qu’elle avait. Chanter était la seule chose au monde qui lui donnait l’impression d’appartenir à un groupe.
De hauts feux orange apparurent au bas de la rue. Le bus. Dieu merci. Son estomac se contracta. Elle s’était enfuie de la fête, mais elle était censée retourner à l’église le lendemain matin. Avec les mêmes personnes qu’elle venait de quitter.
IcicleDagger.pngChaque été jusqu’à ses douze ans, lorsque sa mère obtint le grade d’Inspecteur, et que le cœur de sa grand-mère faillit à sa tâche, Haley et ses frères et sœurs passaient la plupart de leurs étés au chalet. Parfois leur mère venait avec eux, parfois leur père, parfois les deux, en fonction de leur habileté à poser leurs congés au bon moment. Mais les enfants restaient le mois de juillet entier et une partie du mois d’août, parfois avec leur grand-mère comme seule adulte présente.
Le chalet de grand-mère et grand-père Larson se tenait sur les rives de Snake Lake, à proximité des Grand Marais. La propriété s’étendait sur des kilomètres à la frontière la Forêt Nationale de Superior, où il n’y avait plus beaucoup à parcourir au nord avant de quitter les États-Unis. La campagne était densément recouverte de pins blancs et de sapins baumiers. Les bouleaux et les peupliers comblaient les espaces où la terre se remettait lentement de l’époque de l’intense exploitation forestière.
Le cabinet juridique de grand-père avait des bureaux à Minneapolis et Duluth. Il ne venait au chalet que les week-ends, ou pas du tout, tandis que grand-mère aimait la nature sauvage et le bout de jardin qu’elle avait réussi à faire jaillir de la terre rocailleuse et riche en fer qui entourait le lac. Les enfants adoraient le lac, même si ses ‘rives’ consistaient en de grandes pierres rouges aux bords tranchants, ce qui signifiait que vous deviez porter vos baskets pour pouvoir aller nager.
L’appeler ‘le’ chalet, donnait une fausse impression, mais personne ne s’en privait. Ils auraient dû les appeler les chalets, au pluriel. En plus du chalet principal où grand-mère vivait tout l’été et où les enfants restaient quand leurs parents n’étaient pas là, et où les oncles venaient à l’automne pour la saison de la chasse, il y avait aussi un chalet pour les invités, un hangar à bateaux avec une chambre au-dessus, un garage avec un étage aménagé en appartement, un local pour le puits (qui n’abritait que la pompe qui remontait l’eau du puits artésien), ainsi que plusieurs remises destinées à entreposer du matériel de pêche ou de chasse, ou encore diverses machines qui servaient à l’entretien de la propriété.
Les structures variées étaient éparpillées le long d’une bonne partie des berges, séparées par des bosquets d’arbres et des prairies sauvages, de telle sorte que chacune semblait isolée dans son propre petit bois, les rameaux de pin se pressant contre les fenêtres, et pour toutes, la vue sur le lac. L’électricité n’était installée que dans le chalet principal, le chalet des invités et le garage. Et seuls les deux premiers étaient équipés de plomberie intérieure.
Haley tenait tout cela pour acquis. Elle adorait le lac. Elle adorait les bois. Elle adorait observer, et parfois capturer et apprivoiser, le large éventail des créatures vivantes qui partageaient la propriété avec sa famille.
Les grenouilles et les serpents, les tamias et autres écureuils abondaient. Les oiseaux passaient et repassaient dans les bois en plongeant par intermittence dans le lac : pic-verts, huards, goélands, geais, cardinaux et colibris. Lapins, renards et ratons laveurs étaient partout. Un été, Haley avait aperçu à plusieurs reprises une biche et son faon dans le bois derrière la clôture qui marquait la propriété de M. Coleman. Grand-mère racontait des histoires dans lesquels figuraient des élans et des ours, mais aucun n’avait été vu depuis bien avant la naissance de Dan, le grand-frère d’Haley. Une tête d’élan avait été accrochée à l’un des murs du chalet principal – avant de tomber sur la tête de l’oncle Steve, n’endommageant heureusement que son amour-propre.
Hunter aussi, habitait les bois – la curieuse petite créature qu’Haley avait rencontrée lorsqu’elle avait dix ans, l’avant-dernier été qu’elle avait pu passer au chalet. Haley ne savait pas exactement quel type d’animal était Hunter. Il semblait proche de la famille des furets ou des loutres, plus grand que les premiers, plus petit que les secondes, cependant elle n’avait jamais entendu parler de furet à la fourrure verte. Pas verte comme l’herbe, plutôt brune avec des reflets verts, comme les aiguilles de pin fraîchement tombées au sol, au milieu des anciennes desséchées.
Elle ne voulait interroger personne à son sujet ; le garder secret la faisait se sentir spéciale. Personne d’autre n’avait d’animal de compagnie à la fourrure verte. De plus, les autres l’auraient effrayé et elle voulait l’apprivoiser.
Une colonie de tamias allait et venait précipitamment entre les interstices d’une pile de bûches qui s’appuyait contre la cabane qui abritait le matériel de chasse. La cabane et sa pile se tenaient à peu près aussi loin que possible du chalet principal tout en restant sur le domaine – tout au bout de la route d’accès, avec seulement les bois et la Forêt Nationale au-delà. C’était là qu’Haley avait rencontré son ami à la fourrure verte pour la première fois.
Les bouleaux bruissaient de toutes leurs feuilles, avec leurs longs fûts blancs tachetés du soleil estival. Le ciel surgissait par instants en une mosaïque bleue au travers du feuillage. Des marguerites sauvages qui poussaient parmi les herbes hautes effleurèrent ses mollets nus alors qu’elle s’approchait, portant un sac de papier craft à moitié rempli de graines pour les oiseaux et d’un sandwich à la mortadelle qui constituait son déjeuner. Le mélange pour oiseaux contenait beaucoup de graines de tournesol ; les tamias en raffolaient. Elle s’assit opportunément sur une souche près de la pile de bûches et d’un carré herbes foulées entouré de fleurs sauvages.
Face à la pile, à l’ombre des bouleaux et des pins, et enveloppée de la brise tiède qui rem0ontait depuis le lac à sa gauche, elle jeta une poignée de graines et resta assise immobile, anticipant ce qui allait se produire. Les seuls sons audibles venaient de la brise caressant les feuilles et les herbes ainsi que d’un faible ronronnement provenant d’un bateau à moteur de l’autre côté du lac. Un geai poussa un pépiement sonore depuis le sommet d’un des hauts pins.
Dans un instant magique, un premier petit ‘chapardeur’ au dos rayé apparut, pointant le bout de son nez au milieu des herbes et des aiguilles de pin, puis un second, suivi bientôt d’une demi-douzaine de ses congénères se faufilant rapidement parmi les herbes. Il était impressionnant de voir la taille de leurs joues augmenter, comme de petits ballons emplis de graines.
Haley se déplaça lentement, en un mouvement fluide, pour lancer une nouvelle poignée de graines. Ce n’était pas la première fois qu’elle jouait à ce jeu. Les tamias la connaissaient maintenant, et reculèrent à peine lorsqu’elle bougea. Certains allèrent même jusqu’à ses pieds dans leur quête de graines.
Une brusque agitation dans la masse des petites créatures la fit sursauter. La plupart des tamias disparurent sans laisser de traces parmi les herbes, filant comme des flèches à travers les fissures du bois, tandis qu’un seul se retrouva à gesticuler dans les pattes de... quelque chose.
Haley étouffa un cri. Le nouveau venu n’était pas beaucoup plus gros qu’un chat, mais aucun chat n’avait de long corps sinueux, ou de queue aussi épaisse, ou de fourrure aux reflets verts. Il était presque invisible parmi les herbes et les pins. Elle ne l’avait pas vu jusqu’à son attaque. Ses yeux restaient posés sur elle, comme attendant de voir sa réaction. Le tamia paraissait encore sain et sauf alors qu’il se débattait entre les délicates pattes avant de la créature – plus proche des petites mains d’un raton laveur que des pattes d’un chat.
« Tiens, » dit Haley à voix basse, d’un ton rassurant tandis qu’elle attrapait doucement son sandwich. « Tu ne veux pas ce petit morceau de fourrure, n’est-ce pas ? Pas quand tu peux avoir de la mortadelle... »
Elle soutint le regard du prédateur à la fourrure verte pendant qu’elle glissait ses doigts sous la serviette enveloppant son sandwich, et en arrachait un coin. Elle lança le morceau pour qu’il atterrisse juste en face de l’étrange animal.
Il réagit à son mouvement mais ne s’enfuit pas. Son nez remua et il se pencha en avant, la quittant du regard tout juste un instant tandis qu’il reniflait la viande et le pain beurré. Haley resta aussi immobile que possible, mais continua de parler d’une voix douce, « Tout va bien. C’est bon. Je l’ai fait moi-même ce matin. Mais tu ne vas peut-être pas aimer les cornichons et la salade. »
La créature fit un pas en avant. Le tamia fila comme une balle de fusil, disparaissant dans une crevasse de la pile de longues bûches grises en un seul bond.
Fourrure verte toucha le bout de sandwich de la pointe du nez, le poussant légèrement tout en continuant de la fixer de ses yeux verts comme une eau profonde. Puis il happa le morceau avec des dents qui avaient l’air tranchantes comme des rasoirs. Il s’installa sur ses pattes arrière, tenant la nourriture entre ses pattes avant pour manger en petites bouchées rapides et nettes.
Haley découpa un autre morceau de sandwich pour la créature, puis prit une bouchée pour elle-même. Dan se serait moqué d’elle. Quelle différence cela faisait-il qu’un tamia ou qu’une vache (de quoi était faite cette mortadelle ?) meure pour servir de déjeuner au prédateur ? Et cette créature croquait probablement des tamias chaque jour de toute manière, lorsque Haley n’était pas là pour la tenter avec un mets nouveau. Mais elle ne voulait pas voir mourir l’un de ses petits amis aujourd’hui. Surtout lorsque c’était elle qui les avait attirés hors de leurs cachettes avec ses tentants cadeaux de graines.
Et peut-être pouvait-elle se faire un nouvel ami.
La créature sembla apprécier son sandwich à la mortadelle. Elle lui en donna la majeure partie, ne gardant pour elle que quelques bouchées, ainsi que les cornichons et la salade. Il fallait qu’elle le nomme autrement que ‘créature’.
« Tu es quoi, exactement ? »
Il l’étudia de ses grands yeux verts intelligents. Comme s’il s’attendait à ce qu’elle lise ses pensées. Ce devaient être des pensées aussi calmes et vertes que ses
