Concerto pour Amy
Par Geneviève Pétrès
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À propos de ce livre électronique
Concerto pour Amy est une bouleversante histoire d'amitié, un périple à travers une Europe qui renait de ses cendres, et la quête d'un passé brisé par la guerre.
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Aperçu du livre
Concerto pour Amy - Geneviève Pétrès
Concerto pour Amy
Pages de titre
PRÉFACE
PARIS
VALENTINE
GILBERT
JEANNE
AMY
EVIAN
À LA RECHERCHE DE SES RACINES
BERLIN
LES RECHERCHES CONTINUENT
BUDAPEST ou les racines retrouvées
EGGER (Hongrie)
Page de copyright
PRÉFACE
Chaque famille a son lot de non-dits, de secrets gardés pour soi, d'histoires anciennes évoquées brièvement au détour d'un déjeuner de famille puis ravalées, étouffées, par pudeur peut-être, ou simplement parce qu'on ne saurait pas par où commencer.
De cette histoire nous ne savions rien. Peut-être en avait-elle déjà parlé de son amie Amy, mais pas en ces termes. Jamais nous n'aurions pu deviner la culpabilité qui a dévorée notre grand-mère une grande partie de sa vie. Jamais nous n'aurions pu imaginer le lot d'heureux hasards qui ont pavé sa route. Jamais nous n'aurions pu soupçonner sa vie, telle une détective privée sillonnant l'Europe pour recoller les morceaux d'un passé qui ne lui appartient pas. Au delà de l'amour dont son périple fait preuve, de son amitié sans frontière pour Amy, cette épopée cicatrise à sa manière les blessures infligées par cette terrible guerre. Lorsque nous avons su que notre grand-mère avait écrit un roman, il a fallut insister pour tenir entre nos mains son manuscrit. Elle nous avoua la promesse qu'elle a faite de réussir à l'éditer un jour. Elle n'y est jusque là jamais parvenue. Quelques années plus tard, les fichiers numériques se sont perdus et il ne reste de cette histoire que ce manuscrit imprimé que nous avons précieusement gardé.
A l'aube de ses 90 ans, nous avons décidé de l'aider à tenir cette promesse. Il nous fallait pour cela le retaper. Ainsi les mots réécrits un à un par nos soins sont comme devenus nôtres. Cette histoire laissée dans l'ombre trop longtemps nous a traversé pendant des semaines. Nous avons vécu la disparition de Jeanne, les retrouvailles avec Amy, la recherche de ses racines...
Aujourd'hui, sois tranquille, la promesse est tenue : le livre est proposé en version
numérique sur internet et quelques exemplaires ont été édités.
Pour que perdure à jamais cette histoire, ton histoire, notre histoire...
Celia, Adrien et Antoine.
PARIS
25 août 2004
Le maire de Paris, Bertrand DELANOE, a décidé de fêter dignement le 60e anniversaire de la libération de Paris. Il y aura une cérémonie officielle sur le parvis de l'Hôtel de Ville. Aucune publicité n'a été faite. Je l'ai su par ma fille Sylvie et son mari Patrick, vice-président d'une association de Danse Sportive. Jérôme SAVARY qui doit s'occuper de la partie spectacle avait besoin de beaucoup de figurants. Il a donc fait appel à plusieurs associations et dont des associations de danse. Connaissant la compétence de Jérôme SAVARY on imaginait bien que son objectif était de monter un grand spectacle mais hélas à peu de frais. Sylvie s'y est préparée de tout son cœur. Elle a cherché tout ce qui pourrait la faire ressembler à la très jeune fille que j'étais alors. J'ai donné mon avis étant la mieux placée pour la conseiller. Je lui ai déniché un carré de tissu au marché SAINT-PIERRE. C'est là que beaucoup d'artistes amateurs ou professionnels vont chercher les tissus nécessaires à la confection des tenues exigées par le metteur en scène. C'est justement une ancienne costumière aux doigts de fée qui m'a fait connaître cet établissement qui, jusqu'à ces dernières années était une caverne d'Ali Baba pour nous pauvres petites couturières sans diplôme. Les prix étaient et sont encore très raisonnables mais le choix malheureusement s'amenuise de plus en plus. La confection à bon marché remplace la couture faite à la maison tout comme le tricot machine a remplacé voilà presque deux décennies le tricot fait à la main. Je le déplore, mais c'est vrai nous ne pouvons pas rivaliser avec les machines perfectionnées qui font un tricot main beaucoup plus léger. Les enfants préfèrent un sweat en coton molletonné portant une marque connue à un pull jacquard même s'il représente Spiderman !
Sylvie m'a donc suggéré de lui trouver un carré à pois. Pas de pois ! En fouinant, en demandant aux vendeuses très étonnées par mon choix j'ai fini par découvrir, relégué dans un coin un genre de tussor à toutes petites fleurs dans les tons bordeaux. L'employée me regardait d'un air dubitatif et même, disons le mot, dédaigneux. Elle n'était pas très jeune, plus près de la retraite que de l'entrée dans le monde du travail, aussi je tentais de lui expliquer que c'était pour une rétrospective de la libération de Paris. « Ah ! Bon, me fit-elle. Je n'en ai pas entendu parler. » Cela m'a un peu étonnée.
Le lendemain je suis partie rejoindre mes enfants, mes trois petits enfants au Rayol où le cher Sacha Distel a été enterré quelques jours plus tôt. J'ai emporté dans mes bagages le précieux morceau de tissu dont je ferai l'ourlet une fois arrivée si ce foulard lui convient.
Pour la convaincre du bien-fondé de mon choix, j'explique à ma fille que je l'ai choisi en repensant à sa ressemblance avec la jupe courte – un peu au-dessus du genou – bien froncée et un corsage blanc à manches bavolets assez démodé. Les chaussures blanches pourraient faire l'affaire si elles s'accompagnaient de socquettes blanches.
Des socquettes, tu crois ? Bien sûr, elles étaient indispensables à l'époque pour protéger les pieds abîmés par les engelures et aussi les chaussures trop petites. J'en ai une paire, je te la donnerai à Paris, inutile d'en acheter.
Elle se maquille les lèvres d'un rouge foncé mais l'a un peu trop tartiné à mon goût car à l'époque, nous étions très sobres dans nos tenues ou peut-être que nous économisions nos produits.
Et les yeux, est-ce que je dois les maquiller aussi ? D'après moi nous n'avions rien pour le faire. Nous avions un peu de poudre – pas beaucoup – et surtout du rouge à lèvres Bourgeois. Il était indélébile. Nous n'en portions pas souvent car il nous desséchait les lèvres ! Bien entendu, malgré cet inconvénient, il n'était pas question de s'en passer le dimanche même si comme moi on n'allait pas à la messe. Mais comment se présenter chez un commerçant ce jour-là sans rouge à lèvres ! Comme il n'y avait que Bourgeois qui en fabriquait encore, nous avions toutes le même et nous le repassions allègrement.
Sylvie est très fière de son turban que je dois le dire lui va à ravir. Il me semble, lui dis-je, que ce turban a été à la mode quelque temps plus tard. Les carrés ont été utilisés par les jeunes femmes rasées à la libération et inconsciemment nous l'avons toutes adopté par solidarité à l'égard de celles que nous connaissions et qui bien souvent ne méritaient pas cette humiliation servant de défoulement aux FFI de dernière heure.
À ces mots elle a un petit mouvement de recul. J'ai parlé plus pour moi-même, que pour elle, je le comprends trop tard.
Cela ne fait rien. On nous a demandé de mettre un turban, celui-ci est très joli, je le porterai avec plaisir.
Les enfants entrent à la queue leu leu et poussent des oh ! Des ah ! D'admiration. Mes petits enfants : Célia 17 ans, Adrien 15 ans et Antoine 10 ans trouvent leur mère changée mais très jolie et la transformation très réussie il ne reste donc plus qu'à faire le roulotté. Elle est ravie.
Ces explications sur le maquillage me valurent une très jolie boîte genre boîte à farine trouvée lors de notre promenade au village de Borme les Mimosas. Elle est décorée des images publicitaires de l'époque. Je pense aussitôt que je vais l'utiliser pour mes petits pinceaux ou les feutres aquarelles que je viens d'acheter pour faire des croquis. Nous sommes enchantées toutes les deux de cette emplette qui m'associe indirectement à cette commémoration.
Je promets à ma fille, une fois rentrée chez moi, de sortir la bague et la montre de ma mère, toutes deux de l'époque, de leurs écrins bien rangés dans un coffre à bijoux et de lui prêter pour l'occasion. Il est probable que, comme toutes les montres de ces années-là, elle ne marchera pas !
Dès mon retour, j'achète un programme détaillé de la semaine du 21 au 28 août. Aucune mention spéciale n'indique qu'il y aura une manifestation importante. Simplement les deux premières chaînes précisent qu'elles diffuseront à l'occasion du soixantième anniversaire de la Libération de Paris l'une la rétrospective de cette libération, l'autre une cérémonie qui aura lieu sur le parvis de l'Hôtel de Ville. Les diffusions d'ailleurs se chevauchent de près de trente minutes, si bien que si l'on veut enregistrer cette commémoration on perd une partie de la première au profit de la seconde et vice versa. Peu de précisions sur ces retransmissions.
La partie festive est prévue pour vingt et une heure à la Bastille. C'est sans doute à ce moment que mes enfants vont danser. Il va falloir se fier à notre instinct de téléspectateur pour discerner ce qui est le plus susceptible de nous intéresser.
Contrairement aux émissions de télé-réalité annoncées huit jours avant parfois toutes les demi-heures en surimpression du programme regardé même si c'est un programme sous-titré ce qui est dérangeant et ceci la veille et le jour même, là aucune publicité. C'est pourquoi devant cette indifférence des médias, j'ai été un peu sceptique sur l'ampleur annoncée et attendue par les organisateurs.
Pendant la Cérémonie qui se déroule en présence du président de la République et du Maire de Paris, la pluie s'est mise à tomber de plus en plus fort. Quelle différence avec le temps superbe qu'il faisait le 25 août 1944 ! Cette année-là il avait fait chaud depuis le 15 juin et la chaleur n'avait cessé de monter. D'ailleurs je me souviens que tous les ans, allant en classe jusqu'au 14 juillet, nous avions beaucoup de mal à supporter la chaleur des 15 derniers jours d'école pendant lesquels nous devions répéter la fête de fin d'année au cours de laquelle aurait eu lieu la distribution des prix tant attendue par les bonnes élèves, mais ô combien redoutée par les autres. Il n'était pas question que nous quittions nos blouses qui n'étaient pas plus légères l'été que l'hiver. Nous allions de temps en temps nous désaltérer au robinet destiné au nettoyage de la cour et du préau nous gardant bien de nous faire voir de la surveillante ou de l'institutrice.
Poussée par l'envie de pouvoir peut-être apercevoir Patrick et Sylvie sur le petit écran je me suis installée confortablement dans le grand fauteuil de cuir noir que j'occupe le soir, un travail de tricot à portée de mains pour les petits protégés de Paris tout Petit
au cas où…
J'ai gardé l'habitude de m'occuper les mains, soit pour réfléchir, soit pendant une émission de télé qui m'intéresse plus ou moins. Cela doit venir du temps de ma jeunesse quand ma mère, me voyant désœuvrée, me disait :
« Ne reste pas à rien faire ! » Sous-entendu : « Tricote, couds, lis. ». Elle-même s'est toujours appliqué cette règle puisque, jusqu'à la fin de sa vie, elle a tricoté pour les orphelins des P.T.T. C'est donc tout
